bonjour,
Après les Vaches, voici une autre anecdote qui m'est restée en mémoire.
Parachute ascensionnel
Ces faits, rigoureusement authentiques, se déroulèrent à la caserne des Petites Ecuries à Versailles, instructeur para, je faisais , seul ce jour là, alors qu'il y a normalement deux instructeurs, une démonstration de la technique pour dégrafer le harnais à de jeunes prémilitaires, quand le parachutiste , par vent fort, est traîné sur le sol par la voilure.
A défaut de vent , nous utilisons une méthode simple qui consiste à faire traîner le para harnaché par deux hommes qui tirent la voilure par la cheminée. Des parachutes réformés de vieux T4 et T5 américains, destinés à l’instruction nous servaient pour cet exercice
Ce jour là, c'était en Novembre, je crois,le ciel était menaçant et le vent très irrégulier, Après avoir démêlé les suspentes pour permettre à la coupole de se gonfler sans problème,(opération pénible en salle car elle perturbe l'attention des jeunes qui se laissent facilement distraire et prélude a la démonstration de pliage que j'avais programmée).
J'entraînais les jeunes à l'extérieur et enfilais le harnais, joignant le geste à la parole, j’explique comment procéder pour stopper le training sur le ventre en tirant quelques suspentes pour amener le bord d’attaque de la voilure vers soi, de cette façon la surface étant réduite , le vent n’a plus de prise et la coupole s’affaisse...Sur le dos dans le harnais, je me fis traîner par deux costauds sur les pavés de la cour, puis passant sur le ventre d'un coup de rein, je leur montrai comment procéder, insistant sur l'importance de la rapidité de cet affaissement de voilure au combat.
La démonstration terminée, je demande un volontaire, un jeune pré-militaire prend ma place dans le harnais, casque lourd U.S sur la tête se couche sur le sol, tandis que deux de ses camarades soulèvent le bord d’attaque pour que le vent assez faible à cet instant, s’y engouffre. Le résultat ne fut pas celui escompté, une rafale soudaine et violente arriva arrachant la voilure des mains des deux tireurs surpris et sous mes yeux ébahis, je vis le jeune traîné sur le sol durant quelques mètres puis subitement décoller à la verticale, le parachute entièrement gonflé pris de l’altitude, traversa toute la vaste cour de la caserne et s’accrocha au sommet de la façade du bâtiment, deux étages plus haut, a quelques dix mètres de hauteur!Le jeune, percuta le mur avec assez de violence, mais il était de la trempe dont sont fait les guerriers, amortissant le choc avec ses deux jambes il encaissa le coup sans dégâts , il fit le geste bien connu, pouce levé ‟ je suis OK ‟
Le problème était que nous n’avions pas d’échelle pour aller le dégager, grimper les escaliers a toute allure et chercher la bonne fenêtre fut l’affaire de quelques minutes
.Suivant mes conseils, il se dégagea de son harnais et l'agrippant par son treillis et les jambes nous le ramenâmes à l’intérieur de la pièce.
Ce jeune venait de connaître une expérience unique, il n'avait pas encore sauté mais pouvait désormais s'enorgueillir d'un fait mémorable: " J'ai décollé du sol en parachute"
Un parachute, comme son nom l’indique, est fait pour ralentir une chute, pas pour décoller, mais 54 m2 de voilure subitement gonflés par une rafale développe assez de puissance pour entraîner, voire soulever, une personne de 65 kg.
Cela se passait en 1952 ; gageons que ce jeune s'en souvient encore, tout comme moi même, je revois encore, stupéfait, ce gars décoller et littéralement s'envoler ; il avait eu beaucoup de chance de s’en tirer sans une égratignure.... et moi aussi !
S'il s'était blessé, j'en aurai eu pour des jours a remplir compte-rendu et paperasse.
Fin de récit