En Lorraine, des passionnés d'histoire traquent les corps de soldats disparus Gérard Louis (g) et Philippe Sugg examinent des documents d'un avion écrasé à Vathimenil, le 6 août 2013
COMMEMORATION - Les deux hommes veulent retrouver les corps des soldats pour qu'ils reposent en paix... Dans la région de Lunéville (Meurthe-et-Moselle), deux passionnés d'histoire de la Seconde Guerre mondiale traquent les corps de soldats toujours portés disparus, pour qu'ils reposent enfin en paix.
«Bip-bip!»: dans un champ verdoyant du Lunévillois, le détecteur de métaux de Philippe Sugg, 56 ans, sa «poêle à frire» comme il l'appelle affectueusement, n'arrête pas de sonner.
Et pour cause: le 28 août 1944, un avion de chasse américain se serait écrasé et enfoncé dans ce champ, foudroyé par une rafale d'un fusil-mitrailleur allemand.
Les détectives de l'histoire «On est pratiquement sûr que le pilote n'a pas pu sauter, il volait à trop basse altitude et tous les témoins qu'on a interrogés ont confirmé qu'ils n'ont pas vu de parachute», explique Gérard Louis, un retraité de 66 ans qui assiste Philippe Sugg dans ses recherches.
Les deux hommes ont leur petite idée sur l'identité du pilote. Ce jour-là, le capitaine Albert Schlegel était parti avec son escadrille mitrailler des convois allemands sur la ligne de chemin de fer Paris-Strasbourg. Il n'est jamais revenu.
«Les rapports américains de l'époque sont très approximatifs, tous les avions de cette escadrille tombés ce jour-là sont signalés en Alsace», ajoute Gérard Louis.
«Un soldat c'est sacré» Pour ces deux détectives en herbe, «un soldat c'est sacré, il n'a rien à faire dans une forêt ou dans un champ, sa place est dans un cimetière avec ses copains», explique M. Sugg, qui est lui-même militaire à Lunéville.
«Certains collectionneurs le font, mais on n'a pas le droit de laisser un soldat, qu'il soit Allemand, Français ou Américain», insiste-t-il.
A eux deux, Philippe Sugg et Gérard Louis ont déjà aidé les services compétents à retrouver les restes de 29 combattants de la Seconde Guerre mondiale et ceux de 4 soldats allemands tombés en 1914. Les corps ont été inhumés dans des cimetières militaires et certains d'entre eux ont pu être identifiés.
«Caverne d'Ali Baba» Philippe Sugg s'est pris de passion pour la Seconde Guerre mondiale dès l'âge de dix ans, quand ses parents l'emmenaient dans la forêt de Parroy près de Lunéville cueillir des champignons ou du muguet.
A la fin des années 60, cette forêt «c'était la caverne d'Ali Baba! Il traînait encore partout du matériel de guerre: des armes, des munitions par milliers, des casques, des gourdes», raconte-t-il.
C'est ainsi qu'au fil des ans, de simple collectionneur il devient une encyclopédie vivante de l'histoire de la terrible bataille de Lorraine, un épisode relativement méconnu de la Libération, entre août 1944 et mars 1945. Une partie de ses recherches a déjà été compilée sur son site, www.histoire-lorraine.fr.
Avec AFP