Demain, 30 juillet, triste anniversaire de la catastrophe du Nord 2501 sur la zone de saut de Wright.
Le 30 juillet 1971 une promotion d'élèves officiers qui avait prit place à bord d'un Nord 2501 pour le Brevet de Parachutisme
Militaire s'écrase sur la lande Paloise.
le 1er R.C.P. participera à la levée des corps.
LA CATASTROPHE DE PAU
JE VAIS TENTER DE.......
Le personnel de la tour de contrôle de la base aérienne 119 de Pau n'entendra rien de plus.
Le nord 2501 FR.BABB, avec à son bord 34 parachutistes et 3 membres d'équipage
vient de s'écraser dans la lande qui entoure la zone de saut.
il est 14 heures 54 ce 30 juillet 1971.
des débris de l'avion d'où s'élève une colonne de fumée noire les sauveteurs mettront 3 heures pour dégager les corps.
l'endroit de l'accident
Dans le groupe désigné pour sauter en premier, vingt trois élèves promus sous-lieutenants le 25 juillet, sept sous-officiers
d'encadrement, et deux officiers, tous venus de Coetquidan.
Avec eux un capitaine et un sous-officier moniteurs a l' E.T.A.P.
Dans la cabine de pilotage du "noratlas" deux pilotes et un mécanicien.
deux autres hommes les accompagnaient.
TOUT ÉTAIT NORMAL A BORD
le capitaine de Montlebert et le lieutenant Garrot de l' E.M.I.A. sautèrent 2 minutes avant l'accident.
Sur la base aérienne 119 ils sont des milliers à s'entasser dans un hangar d'aviation tendu de toiles de parachutes pour rendre
hommage aux 37 victimes du nord 2501.
derrière les 2 rangées de cercueil recouvert du drapeau tricolore, l'autel sur lequel monseigneur Vanel,vicaire aux armées et
monseigneur Vincent, évêque de Bayonne, célèbreront la messe.
En attendant l'arrivée des personnalités, dans le silence impressionnant parfois entrecoupé d'un sanglot, un harmonium joue en
sourdine.
a 10 heures 50, un mystère 20 se pose sur la piste.
le ministre d'état chargé de la défense nationale vient s'associer à la douleur des familles.
Tous les grands chefs militaires français l'accompagnent.
Éloge funèbre
des victimes de l'accident aérien de PAU
prononcé le 3 août 1971 par
Monsieur Michel DEBRÉ
Ministre d'État chargé de la Défense Nationale
Vendredi, alors que familles accablées, camarades désolés, français tristes et stupéfaits apprenaient, par le télégraphe, le téléphone, la radio, la télévision, tous les moyens modernes grâce auxquels le monde désormais connait tout, partout et tout de suite, à combien d'entre nous s'est imposée une image qu'un poète vieux de deux mille ans a éternisée ! Dans l'empire des morts, un visiteur, étreint par l'angoisse, voit défiler devant lui l'ombre des personnages illustres dont le récitant rappelle tour à tour les mérites remarquables. Surgit l'ombre d'un adolescent et le poète dit "Tu seras Marcellus". Il ajoute "Apportez des lis à pleines mains". Ce simple vers évoque l'homme jeune que son esprit, sa vocation, son audace, destinaient à une carrière insigne et que la mort a saisi alors qu'il était promesse et espérance. Devant ces jeunes cercueils, devant tant de promesses en un instant brisées, tant d'espérances en quelques secondes anéanties, comment ne pas redire "Apportez des lis à pleines mains" !
BERTHE, BOJU, CARTAL, COULLEREZ, DEL-TOSO, DELARCHE, DHÔME, DUCATILLION, ERBA, FLORI, GUILLAMET, KERLEGUER, LABRIET, LAFFITTE, LANTERME, MEGEVAND, PETERS, PINA, PY, ROUSSEAU, SENSFELDER, TACHET, ZANGARELLI, vingt-trois dont aucun n'avait plus de trente ans, dont beaucoup n'avaient pas vingt-cinq ans - il y a moins de dix jours, sur la place d'armes de COËTQUIDAN, pour saluer ce galon de sous-lieutenant, consécration tant attendue de vos années de service et de vos longues heures de travail, un genou en terre, avec toute votre promotion, vous chantiez. Dans la nuit d'été qui couvrait la lande bretonne, avec ses astres brillants et ses étoiles nombreuses, vos voix graves montaient vers le ciel "Mon Dieu donne moi la foi - donne moi force et courage et l'ardeur au combat - Mon Dieu donne moi la souffrance".
Pour mieux résumer les sentiments de fierté que vous éprouviez à l'égard de ces jeunes, général RICHARD, qui les connaissiez si bien, vous m'avez dit "une centaine d'entre eux m'ont demandé de prendre sur leur temps de permission, la durée d'un dernier stage a l'École de PAU, afin d'être officier parachutiste et, dès demain, volontairement, ils y partent".
Ils avaient la foi. Ils avaient force et courage. Ils ont eu la souffrance et sont morts comme meurt le soldat au combat.
Avec eux, pour eux sont morts des officiers et sous-officiers de l'École militaire interarmes de COËTQUIDAN qui, responsables de l'entraînement physique et des sports, les avaient accompagnés. Avec eux, pour eux sont morts un officier et un sous-officier de l'École des troupes aéroportées de PAU qui avaient la charge de leur stage. Avec eux, pour eux sont morts un officier et deux sous-officiers de l'Armée de l'Air qui formaient l'équipage de l'avion.
Capitaine BUISSON, et capitaine MALLET, lieutenant GALICE et lieutenant REMY, adjudant ABDI, adjudant HAVET, adjudant SERGENT, adjudant SION, maréchaux des logis-chefs CARLU, GRUSELLE et PERRON, sergents-chefs PICCERELLE et TONDEUR, sergent DUBOSQ, vous aviez dans l'armée de nombreuses années de service. Plusieurs d'entre vous s'étaient signalés dans les batailles d'hier et des croix méritées brillaient sur vos poitrines, dont la Légion d'Honneur du capitaine BUISSON et du capitaine MALLET et plusieurs croix de la valeur militaire. Tous vous aviez la passion de votre métier, les uns d'instructeurs ou de moniteurs, les autres de pilotes ou de mécaniciens. La tâche quotidienne qu'avec zèle vous accomplissiez était éclairée par la flamme du dévouement qui brillait dans vos cœurs de soldats. Vous n'avez jamais hésité devant l'entreprise d'un devoir que vous saviez périlleux. Vous portiez très haut un témoignage - celui de la qualité dans nos écoles militaires, des chefs et gradés qui, pour mieux instruire, donnent l'exemple.
Épouses, enfants, parents, vous pour qui désormais les jours ne seront jamais plus ce qu'ils étaient, amis et camarades, qui garderez fidèlement le souvenir de ceux que vous avez si bien connus - au-delà de votre douleur - au-delà de cette marque officielle de compassion que les forces armées de la France vous apportent par ma voix - au-delà du message qu'en votre épreuve je vous transmets au nom du Président de la République - au-delà des condoléances que vous adressent le Gouvernement et les commissions parlementaires de la Défense - au-delà de ce cérémonial militaire qui, par sa sobriété émouvante, traduit notre unanime émotion - que la pensée de ces morts nous confirme dans nos convictions et nous guide dans notre action.
La vocation militaire n'a rien de mystérieux. Elle traduit la volonté de donner un certain sens à la vie. Pour les uns, avec une conscience très claire des exigences nationales et du bien de l'État, pour d'autres, plus confusément peut-être, mais avec le même désintéressement et la même noblesse, il s'agit de mettre son corps et son esprit en état de servir une cause, qui est celle de la patrie française. Que le corps soit prêt à toutes les exigences de l'effort, de la compétition, du danger, que l'esprit soit disposé à toutes les techniques et tactiques du combat, qu'au-delà du corps et de l'esprit l'âme soit ouverte aux risques d'un métier élevé par ses servitudes autant que par ses gloires au rang d'une vocation ! Françaises et Français, dans les peines et les joies, les soucis et les insouciances de la vie quotidienne, doivent savoir que leur fierté de femmes et d'hommes libres tient à de telles vocations et qu'aucun grand peuple ne peut subsister si chaque année ne jaillit de son sein des hommes de foi et de caractère, totalement disponibles à son service.
Ceux qui sont morts étaient de ces hommes là !
En un temps où aucune nécessité de combat ne nous mobilise, où aucune menace directe, immédiate, n'apparaît sur nos têtes, on surprend ici et là des recherches sur la hiérarchie des valeurs humaines et sociales. Certains dont la mémoire est courte, et sommaire le jugement sur les réalités terrestres, s'interrogent même sur le meilleur usage de la liberté. Curieuses recherches et inutiles interrogations ! Depuis des temps très lointains, la réponse a été donnée et les générations qui avaient l'âge d'homme alentour des années 14 et 40 de notre siècle peuvent le confirmer sans peine. La première des valeurs, c'est la dignité humaine, et la première des vertus à son service, c'est le courage ; sans courage, point d'honneur ; sans courage, point de sens des responsabilités ; sans courage, point de foi ! Or, où il n'est point d'honneur, de sens des responsabilités, de foi, il n'est ni dignité humaine ni ardeur nationale pour l'assurer.
Jeunes sous-lieutenants qui veniez à peine de terminer votre temps d'école, instructeurs et moniteurs de l'école de COËTQUIDAN et de l'école de PAU, membres de l'équipage de l'air, vous apparteniez a la race de ces Français courageux qui font la France, et votre mort, dans notre souvenir, vous place au premier rang. Au moment où une profonde peine désespère celles et ceux qui vous étaient proches, et pour qui vous étiez les êtres les plus précieux ; au moment où une grave tristesse étreint le cœur de vos chefs, assombrit les jours de vos amis - nous éprouvons de votre mort une volonté plus ferme de mieux satisfaire aux impératifs qui furent ceux de votre vie trop brève : le bien de la Nation, qui ne vous oubliera pas - la liberté des citoyens, qui savent les obligations qu'ils vous doivent, à vous et à vos pareils, et la gloire d'une armée que votre mort renforce dans la connaissance de sa mission éternelle.