Pour votre info
lionel
Allocution pour la cérémonie du Souvenir
le 22 juin à 17h30 à CAEN
Monsieur le Préfet, monsieur le maire-adjoint, mon colonel DMD, messieurs les colonels de la gendarmerie, mesdames et messieurs les élus, messieurs les officiers généraux, monsieur le directeur de l'ONAC, monsieur le directeur des RG, chers camarades parachutistes, mesdames, messieurs, chers amis, je vous salue avec joie, amitié et déférence.
Aujourd'hui la ville de CAEN, et bon nombre de ses habitants nous accueillent pour participer à cette cérémonie de la mémoire et du souvenir. La ville a payé un lourd tribut lors de la libération de la France en juin 1944 par les Alliés et a subi d'énormes destructions dans la violente bataille de résistance des Allemands. Ville meurtrie, haut lieu de l'Histoire, Caen donne, aujourd'hui, dans un lieu symbolique prestigieux la possibilité aux parachutistes de se rassembler et de marquer avec force, solennité et recueillement les 70 ans de leur existence et de leur passé.
Je tiens particulièrement à exprimer toute ma reconnaissance à madame le maire, à toutes les Caennaises et Caennais présents qui par leur participation témoignent admiration, estime et considération aux parachutistes. Nous y sommes particulièrement sensibles.
Vous le savez, c'est au milieu des drames, du fracas des armes et des déchirures de la seconde guerre mondiale que se sont illustrés pour la première fois les parachutistes français nés peu avant en 1935 dans l'Armée de l'Air. Ils firent partie des premiers à refuser l'oppression, à prendre les armes pour résister, ne pas subir et libérer notre pays.
Véritables soldats de l'insolite et de l'impossible, voués aux missions les plus risquées et les plus difficiles, ils ont été marqués, sans doute plus que d'autres, par cette tragique période où la France tentait de reprendre son rang et sa liberté et de retrouver son honneur et sa fierté.
Souvenons-nous parachutistes, des SAS de la Crête et du Capitaine Bergé en 1941, des déserts brûlants d'Egypte, de la Lybie et de l'aspirant Zirnheld en 1942, des 3e et 4e SAS en avril 44 à Amherst, de Saint-Marcel et du colonel Bourgoin en juin 44.
Souvenons-nous aussi parachutistes des assauts meurtriers livrés par les paras du 1er RCP pour percer Colmar fin 1944, souvenons-nous encore du sacrifice quasi-total du 1er BEP dans les calcaires de Coc Xa sur la RC4 en Indochine en octobre 1950, souvenons-nous de l'engagement de ceux qui acceptèrent ou demandèrent à être parachutés dans la fournaise de DBP quelques jours avant la chute du camp retranché, souvenons-nous toujours de l'héroïque résistance des appelés du 9e RCP encerclés lors de la bataille de Souk-Arras, souvenons-nous enfin des charniers de Kolwezi et de la remarquable opération conduite par le 2e REP en 1978.
De 1940 à 1962, les parachutistes français n'ont pratiquement pas cessé de combattre dans toutes les circonstances, loin du territoire national et sous les cieux les plus divers en Europe, dans les marécages de la Plaine des Joncs, dans la fournaise de Dien Bien Phu où sept bataillons paras furent décimés. Ensuite ce fut les djebels, Suez, la Casbah d'Alger, les dunes sanglantes de Timimoun, puis Bizerte. Partout, avec cœur et panache, mais aussi dans la souffrance, le sacrifice, la sueur, les larmes, ils accomplirent sans jamais faillir les missions qui leur avaient été confiées.
Pendant ces 20 ans de guerre ininterrompue beaucoup, des plus illustres aux plus obscurs, ont écrit des pages de gloire, d'héroïsme de la longue route des parachutistes qui ont défendu la liberté et une certaine idée de la France. Ils ont donné leur vie, versé leur sang, livré des combats douloureux et meurtriers pour l'honneur de notre Patrie et la grandeur des Armes de la France.
Puis, fidèles à leurs aînés, leurs frères d'armes plus jeunes ont continué dans les opérations extérieures à s'illustrer au Tchad, au Liban, au Kosovo, à Beyrouth ou souvenir douloureux, le 23 octobre 1983, 58 d'entre eux furent lâchement assassinés dans le terrible attentat suicide du Drakkar.
Faut-il encore citer pour se limiter à l'essentiel l'Irak, la Bosnie, l'Afghanistan ou sept parachutistes récemment sont tombés dans l'accomplissement de leur devoir ? La liste exhaustive pourrait être encore longue.
Tous ces jeunes d'aujourd'hui ont pris la relève de leurs Anciens sur la voie de l'honneur, du devoir et du sacrifice. Ils continuent partout à assurer des missions dont les autres ne veulent pas.
Ils cultivent le fameux "esprit para" où le sens de l'honneur individuel se confond avec celui de l'honneur de la Patrie, ou le sens de l'Amitié le dispute à celui du sacrifice où le courage physique et moral ne laissent pas de place à la faiblesse, la lâcheté et la médiocrité.
Esprit de corps et de communauté fraternelle, culte du risque et de l'audace, mépris des valeurs de sécurité et de confort, acceptation du sacrifice et de la mort caractérisent l'éthique parachutiste. Cette éthique s'ins­crit ainsi en opposition avec le code dominant d'usages, de pensées et de sentiments qui est au­jourd'hui celui des sociétés modernes de l'Occident. Elle peut apparaître dans une large mesure comme l'expression d'un défi. Mais c'est en cela même peut-être que, par un inévitable para­doxe, cette éthique parle toujours si puissamment aux imaginations et aux cœurs.
Les parachutistes aiment la vie, ils la croquent à pleines dents car, pour l'avoir souvent risquée, ils en connaissent l'inestimable prix. Ils ne sont pas les fous, les tueurs, les tortionnaires, les monstres que certains imaginent, dénoncent, accablent et sur lesquels des médias malveillants s'acharnent mensongèrement en toutes occasions. Non, ils sont seulement des Hommes qui ont le goût du risque, l'esprit de sacrifice, l'Amour de la Patrie pour l'honneur de laquelle ils combattent et meurent parfois avec toute leur force, leur courage et leur Foi.
L'UNP a été créée à un moment où cela pouvait paraître un défi, dans le but majeur de recueillir et de garder intacte une certaine image du Para qu'il fallait léguer à l'Histoire ; image faite de droiture, de rigueur, d'efficacité mais aussi de fidélité à la parole donnée et à la raison pour laquelle tant de sacrifices ont été consentis.
A travers l'UNP, nous avons été, nous sommes toujours et nous devons rester les gardiens des valeurs qui traversent toutes les époques, celles de la France éternelle qui a longtemps été le phare du monde.
La sauvegarde de cette image, cette identité et ces fondements a exigé de nos Anciens, au fil des années difficiles qu'ils ont traversées et continuera encore d'exiger de nous, une indépendance totale et une neutralité souvent délicates à comprendre par certains, mais pourtant indispensables pour garantir la pérennité et la force de l'UNP.
Oui, aujourd'hui, fiers de notre passé et résolument tournés vers l'avenir, il convient, jour de mémoire, de souvenir, mais aussi d'émotion et de recueillement, de rendre un vibrant hommage à tous ceux qui nous ont précédés, à ceux qui ont fait don de leur vie et de leur jeunesse à la France et ont porté "haut et fier" ses couleurs dans le monde.
Il convient aussi d'associer à cet hommage les combattants de toutes les guerres tombés au champ d'honneur et particulièrement ceux très nombreux de CAEN.
C'est l'honneur des vivants de se souvenir, c'est l'honneur de l'UNP que de témoigner à tous les combattants de toutes les époques, de tous les conflits de toutes les générations son éternelle fidélité et sa profonde reconnaissance.
Que le devoir de mémoire fasse que la France ne les oublie jamais !
Général de Corps d'Armée (2S) Christian PIQUEMAL
Président National de l'UNP