On apprend avec émotion la mort, cette nuit, de Philippe Séguin, 66 ans, des suites d'une crise cardiaque. L'armée française lui doit la présence dans son ordre de bataille actuel d'un régiment de tirailleurs, héritiers des traditions de toutes les unités de tirailleurs algériens, tunisiens et marocains, qui avaient été dissoutes, en 1964, après la guerre d'Algérie.
Philippe Séguin était le fils de l'aspirant Robert Séguin, tué le 7 septembre 1944, alors qu'il combattait au sein du 4ème régiment de tirailleurs tunisiens pour la Libération de la France. Il tomba au col de Ferrière, à proximité de Clerval (Doubs), laissant derrière lui, à 22 ans, une jeune veuve et un fils, Philippe, né le 21 avril 1943.
Cette absence du père fut l'un des grands traits de la personnalité de Philippe Séguin. Un demi-siècle plus tard, maire d'Epinal et député des Vosges, il parvint à convaincre le ministre de la Défense François Léotard de
rebaptiser le 170 ème régiment d'infanterie, qui tient garnison à Epinal, en 1er régiment de tirailleurs. Ce fut fait le 1er mai 1994.
Les traditions de l'Armée d'Afrique était relevée et le 1er Tir possède sa nouba, ses tenues de tradition nord-africaines et son bélier. A l'époque, les régiments d'infanterie mécanisée possèdaient des chars
AMX-30 et l'un d'entre eux portait le nom d'aspirant Séguin.
En 1996, Philippe Séguin, alors président de l'Assemblée nationale, dirigea les travaux de la commission sur la professionnalisation des armées, avec le député Olivier Darrason. Personnellement hostile à la suppression du service national voulu par Jacques Chirac, il tenta, en vain, de maintenir une forme de formation militaire obligatoire.
En 1998, il s'était vivement opposé à la réhabilitation des mutins de 1917, défendue alors par le premier ministre Lionel Jospin, évoquant un
"néo-révisionnisme" destiné à
"satisfaire le courant pacifiste". Excessif comme il savait l'être, il s'interrogeait alors pour savoir s'il fallait aussi
"réhabiliter les Waffen SS" français, puisque que Jospin regrettait que "
l'on arrive pas à assumer toute notre histoire". Gaulliste, grand admirateur de l'oeuvre du Second Empire, Philippe Séguin avait un caractère rugueux, qui le déservit dans sa carrière politique. A titre personnel, qu'il soit cependant permis au pacha de ce blog de voir partir avec tristesse l'homme du Non à Maastricht.
Source : secret défense