7e Régiment de Chasseurs à Cheval
Concentration - Offensive en Belgique - Retraite (du 5 août 1914 au 5 septembre 1914)Article publié le mardi 9 novembre 2004.
Le 5 août 1914, sous le commandement du Colonel REY, le 7ème Régiment de Chasseurs (état-major et quatre escadrons) s’embarque en gare d’Évreux. Il débarque le même jour à Poix-Terron et reçoit l’ordre d’aller occuper le lendemain les ponts de la Meuse, entre Mézières et Sedan. Il séjourne ensuite quelques temps à Vrigne-aux-Bois.De là sont envoyées diverses reconnaissances dont plusieurs rencontrent des patouilles de cavalerie ennemie.
Du 15 au 19 août, le Régiment se porte sur la Sambre avec la mission d’en tenir les passages, en même temps qu’il éclairera en avant de la ligne des avant-postes du 3ème Corps d’Armée.
Le 18 août, il est rejoint par le 5ème Chasseurs d’Afrique, qui forme avec lui une brigade provisoire sous le commandement du Colonel REY.
Les officiers et sous-officiers chargés des reconnaissances rivalisent d’entrain et d’audace.
Le Sous-Lieutenant de COLBERT-TURGIS reçoit ainsi l’ordre de se porter sur Viesville, au nord de Gosselies, et de prendre contact, sans cependant s’engager, avec la cavalerie allemande signalée dans ces parages.
Quelques kilomètres sont à peine franchis que le jeune officier aperçoit une patrouille de quatre cavaliers ennemis. Il se lance à leur poursuite. Ceux-ci se dirigent vers une haie précédée d’un chemin creux qui barre la plaine et disparaissent. De la haie part alors un feu nourri ; les balles sifflent autour de nos chasseurs. COLBERT ne doit pas s’engager ; mais il lui faut cependant savoir ce qu’il a devant lui, et, pour cela, voir derrière la haie. Il n’hésite pas et fonce sur l’obstacle, et, par-dessus la tête des cavaliers à pied qui tirent affolés, la patrouille bondit.
Le cavalier GRIFFOULT tombe mortellement frappé d’une balle au front. Le cheval du cavalier PARASOL s’écroule sous lui. Le Sous-Lieutenant de COLBERT a la cheville traversée par une balle qui pénètre dans le ventre de son cheval.
Mais il ne s’arrête pas et découvre ce qu’il cherchait : le gros de la cavalerie ennemie.
Alors seulement, sa mission remplie, il revient. Les cavaliers du chemin creux se sont enfuis. PARASOL est retrouvé sain et sauf. La reconnaissance rentre. Le cheval du Sous-Lieutenant de COLBERT doit être abattu et lui-même est transporté dans une ambulance, dont, hélas ! Il ne pourra être évacué à la retraite prochaine, de sorte qu’il tombera aux mains de l’ennemi. Bien courte, sa campagne n’en aura pas moins été glorieuse.
Le 20 août, deux escadrons composés des plus jeunes classes de réserve, le 5ème et le 6ème, rejoignent le Régiment, et le 6ème Escadron est aussitôt partagé en deux groupes de deux pelotons affectés chacun à l’une des deux divisions du Corps d’Armée.
Les 21 et 22 août, le Régiment coopère à la bataille sur la Sambre.
Reconnaissances et patrouilles de liaison déploient une inlassable activité pour éclairer et renseigner les 5ème et 6ème Divisions, engagées dans une effroyable bataille. Mais, dans l’après-midi du 22, le corps d’Armée ne peut tenir sous la poussée de l’ennemi, supérieur en nombre et en artillerie lourde. C’est la retraite qui commence. La Brigade va recevoir la mission de la couvrir et de la protéger.
Le 25 août, le 5ème Chasseurs d’Afrique reçoit des ordres particuliers ; Le 7ème Chasseurs reste seul pour la lourde tâche de la sécurité du mouvement de retraite du Corps d’Armée et de sa liaison avec les colonnes voisines.
Il s’accroche au terrain, et, par de fréquents combats à pied, ralentit la poursuite de l’ennemi.
Vivres et fourrages manquent souvent. Les chevaux, épuisés commencent à faiblir, mais le cœur de tous reste confiant.
Le 28 août, le Corps d’Armée fait tête à l’ennemi en se développant sur les hauteurs au sud de l’Oise, face à Guise.
Le 7ème Chasseurs le couvre sur son flanc gauche en le reliant au 18ème Corps.
Le 29, la bataille se développe, et le 6ème Chasseurs d’Afrique reçoit l’ordre de se joindre au 7ème Chasseurs pour former une brigade sous le commandement du Colonel REY.
Le 30, le 3ème et le 18ème Corps progressent, l’ennemi recule. Déjà l’espoir renaît de voir la retraite enrayée, lorsque, vers 14 heures, le Général en chef envoie au Corps d’Armée l’ordre de se replier en toute hâte.
Le mouvement vers le sud est repris. Le 7ème Chasseurs forme l’arrière-garde avec la 6ème Division d’Infanterie. Les 31 août, 1er et 2 septembre, de rudes étapes sont couvertes.
Dans la nuit du 2 au 3 septembre, le Régiment, harassé, cantonne à l’abbaye d’Igny. Le 3, à 5 heures du matin, des patrouilles rendent compte qu’une force ennemie (cavalerie, cyclistes, artillerie) marche sur le Régiment en venant du nord-est.
L’ordre de mouvement n’est pas parvenu ; les avant-postes d’infanterie se sont repliés sans qu’on le sût ; le Régiment est isolé avec son convoi.
Au moment où le colonel essaie de sauver ce dernier sous la protection du 5ème Escadron, les obus ennemis y jettent le désordre ; des chevaux d’attelage tombent, des voitures éventrées barrent la route. Force est d’abandonner le convoi en battant en retraite à travers bois, sous la protection des combattants à pied du 5ème Escadron et des hommes du convoi qui tiennent par leur feu l’ennemi en respect. Lorsque celui-ci arrive, après avoir tué trois chasseurs et blessé trois autres, il ne trouve plus que les voitures.
Les combattants à pied ne se sont pas rendus. Ils se sont jeté dans les bois. Quelques gradés résolus : l’Adjudant MASSIN, le Maréchal des Logis MAGNIN, d’autres encore, les ont groupés. Pour eux va commencer à l’intérieur des lignes allemandes une périlleuse odyssée au cours de laquelle ils montreront que la confiance et l’espoir n’abandonnent jamais les chasseurs du 7ème.
Telle fut, par exemple, celle du groupe de l’Adjudant MASSIN, Maître Armurier du Régiment, avec le Maréchal des Logis HELLMAN, les Brigadiers HENDOUX et BOULLEY, le Maréchal METAYER, les Cavaliers SIMON, PINARD, VALLIOT, GANGOLF, JOLY, LEPILLIER, BLANCHET, BIGEARD, SAVÉAN.
Les Allemands, voyant le convoi abandonné, continuent leur poursuite vers le sud. Toute la journée, leurs colonnes défilent sur les routes voisines que la petite troupe, tapie dans le bois, observe. La nuit venue, l’Adjudant MASSIN gagne l’abbaye pour avoir quelques renseignements.
Elle est pleine d’Allemands ; mais un père abbé confie à MASSIN que des officiers ont raconté que Reims n’était pas occupé, et il conseille à l’Adjudant de diriger sa petite troupe sur cette ville.
Bravant le danger d’une rencontre avec quelques patrouilles ou sentinelles ennemies, MASSIN, avec quelques hommes, vient fouiller les fourgons. Il emporte les pièces comptables et tout ce qu’il peut de conserves et de vivres. Puis, la colonne organisée, le Maréchal des Logis en éclaireur avec le Brigadier HENDOUX, on se met en marche. Mais il ne faut pas être découvert ; force est de n’avancer guère que de nuit ; le jour, la petite troupe se cache dans les bois touffus, se tapit dans les caves de maisons démolies ; l’on s’égare, on tourne dans les bois ; les vivres manquent. Au risque d’être pris ou tués, les plus hardis se dévouent pour trouver du pain dans les fermes.
Le 6, voici le groupe à Marfaux. Là, mauvaise nouvelle. Reims est occupé par l’ennemi. Personne, cependant, ne perd courage ; l’Adjudant et le Maréchal des Logis délibèrent. On marchera sur Chalons.
Le 8, voici le bois du Roi, on aperçoit Venteuil, la Marne, mais la fatigue est extrême, la faim se fait plus puissante ; de plus, la plaine est remplie d’ennemis, des pionniers allemands envahissent même le bois du Roi ; ils creusent hâtivement des tranchées à la lisière. La situation devient critique. MASSIN secoue les énergies. Il décide que la Marne sera passée à la nage.
Auparavant, le Brigadier HENDOUX va tâcher de ravitailler la troupe. Il doit se glisser dans Venteuil ; pourra t-il revenir ? Le voici avec deux pains et, mieux encore, avec une bonne nouvelle que tous attendaient chaque jour confiants : L’ennemi se replie.
Le 11, en effet, les colonnes allemandes passent, fuyant vers le nord.
Le soir, les troupes françaises sont à Venteuil. C’est le 8ème Régiment d’Infanterie qui accueille ces braves qui n’ont pas désespéré.
Dans un autre groupe, le Mitrailleur PLOUIN, dont la pièce, en réparation, était sur une voiture à la prise du convoi, n’a pas voulu que son engin eût un jour tiré sur des Français. Dès la première nuit, il est retourné fouiller les voitures ; la mitrailleuse y était encore. Il la prend, l’enterre dans les bois, reste huit jours près d’elle, et quand le Régiment repasse, son engin sur l’épaule, PLOUIN se présente au Colonel.
Après l’alerte d’Igny, le Régiment avait repris sa mission d’arrière-garde. Le 4 septembre, une batterie d’artillerie, menacée d’une attaque de cavalerie ennemie, appelle des chasseurs à son secours. Le 4ème Escadron part à l’avant-garde. Il s’élance au galop. Est-ce enfin le jour tant souhaité de se mesurer à l’arme blanche avec ces uhlans qu’on voit toujours et qu’on n’atteint jamais ? Le Capitaine de La NOË déploie son Escadron. Hélas ! Une fois de plus, l’infâme traquenard : Les cavaliers ennemis se replient, et l’Escadron, attiré sur une lisière de bois barré de fils de fer et d’où partent des coups de fusil, n’a que le temps de se rallier sur un flanc sans trop de mal.
7ème Régiment de Chasseurs à cheval - Morts pour la France - Concentration - Offensive en Belgique - Retraite
NOM, Prénom Grade Unité Observations
GRIFFOUL André, Alexandre | Chasseur | 7ème Régiment de Chasseurs à cheval | + 21/08/1914 tué à Gosselies-B- (sépulture non retrouvée) |
GUYOT Robert, Maurice | Maréchal-des-logis | 7ème Régiment de Chasseurs à cheval | + 27/08/1914 suites bles. à Rocquigny (sépulture non retrouvée) |
RIVALAN Maurice, Pierre, Albert | Chasseur | 7ème Régiment de Chasseurs à cheval | + 3/09/1914 tué à Arcis-le-Ponsart (sépulture non retrouvée) |
DROUARD André, René, Louis | Chasseur | 7ème Régiment de Chasseurs à cheval | + 4/09/1914 tué à Corrobert (sépulture non retrouvée) |
MAUPAS Gaston, Jean | Chasseur | 7ème Régiment de Chasseurs à cheval | + 4/09/1914 tué à Arcis-le-Ponsart (sépulture non retrouvée) |
PAQUIN Adolphe, Charles | Chasseur | 7ème Régiment de Chasseurs à cheval | + 4/09/1914 suites bles. à Echellé (sépulture non retrouvée) |
VERGNAUD Noël | Chasseur | 7ème Régiment de Chasseurs à cheval | + 4/09/1914 tué à Arcis-le-Ponsart (sépulture non retrouvée) |