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 Les Comanches du débarquement

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MessageSujet: Les Comanches du débarquement   Les Comanches du débarquement Icon_minitimeDim Mai 31 2009, 10:38

Les Comanches du débarquement

Les Comanches du débarquement Sans_t20

« Ils n'ont pas pu casser le code Navajo dans le Pacifique et ils n'ont pas pu casser le code Comanche en Europe » ... Charles Chibitty. Ceux qu'on a appelés les Codes Talkers, originaires des nations indiennes, ont contribué à l'effort de guerre américain dans un domaine bien particulier, celui des transmissions. C'est ainsi que des Comanches débarquèrent en Normandie.

La libération de la France commence le 6 juin 1944 à six heures du matin. Des milliers d'Américains de la 4e division d'infanterie, torturés par le mal de mer, préfèrent de loin mettre le pied sur la terre ferme et saisir les défenseurs du mur de l'Atlantique dans l'engourdissement de ce demi-sommeil qui précède l'aube que rester à bord des navires. Parmi eux, une poignée d'Amérindiens :

les Comanches de la Fourth Signal Company. Ces hommes sont spécialisés dans l'interception. l'écoute et la transmission de messages. La plage d'Utah devient alors le théâtre de la première utilisation du code Comanche pour une sécurité tactique vocale. De Normandie fut passé le premier message militaire codé par les Alliés et ce dernier était en Comanche.


À l'instar du célèbre code Navajo utilisé dans le pacifique, le code Comanche ne fut jamais brisé.


L'HISTOIRE IGNORÉE DES CODE TALKERS

L'histoire de ces Code Talkers Comanches est une des moins connues des chapitres héroïques de la Seconde Guerre mondiale. Et pourtant, elle nous intéresse au premier chef puisqu'elle contribua, à sa manière, à la réussite de la libération de la France. Bien que l'État français ait honoré ces voix cachées et ces mots codés.
Le temps a érodé la mémoire de ces hommes de sorte que nous ne sachions jamais vraiment toutes leurs contributions à l'effort de guerre des alliés.

L'histoire débuta en 1940, le Comanche William Karty était alors directeur du Fort Cobb Indian Conservation Corps. En charge de surveiller les divers travaux agricoles donnés aux Indiens sur les terres fermières du sud-ouest de l'Oklahoma, il apprit que le camp devait fermer pour cause de conscription imminente. Karly reprit alors l'idée de sa femme de créer une unité de Code Tallcers entièrement composée de Comanches. Dix-sept Comanches furent enrôlés dans la 4th signal Company appartenant à la 4e division d'infanterie à Fort Benning en Georgie. The Comanche Signal Corp comprenait Charles Chibitty, Haddon Codynah, Robert Horlder, Forrest Kassanavoid, Wellington Mihecoby, Edward Nahquaddy, Perry Noyabad. Clifford, Otitovo, Simmons Parker, Melvin Permansu, Elgin Red Elk, Roderick Red Elk, Larry Saupitty, Morris (Sunrise) Tabbyetchy, Tony Tabbytitc, Ralph Wahnee et Willie Yackeschi.


TRADUIRE L'ANGLAIS EN COMANCHE...

A Fort Bennings, les Comanches rencontrèrent le sous-lieutenant Hugh Foster, juste sorti de West Point, et reçurent la mission de développer un système pour communiquer entre eux sans que l'ennemi voire même les autres Comanches puissent les comprendre. Foster rapporta que la mission comportait deux problèmes fondamentaux : la langue Comanche ne disposait pas de mots relatifs aux termes militaires standards et si un Comanche venait à être fait prisonnier, il serait probablement forcé de dévoiler le code.

Foster élabora donc dans un premier temps une liste de 250 mots militaires basiques en anglais décrivant à la fois les armes, les unités, les matériels, les véhicules et autres points de repère qu'il soumit au petit groupe d'Amérindiens. Ils commencèrent alors à identifier ceux pour lesquels une transcription Comanche fut possible ramenant ainsi la liste à 200 termes militaires à définir. A ce point de la mission, le jeune sous-lieutenant se
heurta au fait que la langue Comanche ne disposait d'aucune base lexicale écrite de référence ce qui signifiait que le processus entier était réduit à de la pure mémorisation. Si l'absence d'écriture rendit le travail de Foster plus difficile, il garantit cependant l'impénétrabilité du code et une totale sécurité pour le type d'opération envisagé. Foster créa alors sa propre phonétique et donna naissance au code comanche. Il soumettait le terme anglais aux Numunuu (nom que se donnaient les Comanches, qui se traduit par peuple) et ses derniers, après en avoir débattu ensemble, lui proposait une traduction en Comanche qu'il consignait dans un
petit carnet. Cet étonnant et inviolable code tenait dans un simple petit carnet vert que le sous-lieutenant conservait auprès de lui en permanence et qu'il perdit dans les sables d'Afrique du Nord.

Le choix des transcriptions militaires et leur traduction en Comanche furent l'occasion de mettre en avant le pragmatisme et l'humour amérindien. Foster nota ainsi le fou rire qui accompagna la transcription du mot «
bombardier ». Il existait bien un mot Comanche désignant un oiseau que les codeurs pouvaient rapporter aux avions, mais cela ne suffisait pas à spécifier le type d'appareil. Un des garçons rapporta que quand il allait pêcher les poissons-chats avec son père et qu'il les vidait. certains d'entre eux était plein d'œufs. comme un bombardier avec ses bombes. L'analogie retint l'attention du groupe et le bombardier fut traduit par l'expression - hutsuu no'avakattz (oiseau enceinte). Wakaree'e, (la tortue), désignait un tank du fait du blindage évoquant la carapace de l'animal. De nombreux termes du lexique militaire s'inspiraient ainsi de mots propres au milieu naturel.

Une autre analogie fut choisie pour le terme mitrailleuse qu'un Comanche proposa de désigner par l'expression tutsahkuna'tawo'i' - associant les termes machine à coudre et arme. Le staccato fait par la mitrailleuse rappelait ainsi le bruit de la vielle machine à coudre de la grand-mère d'un des codeurs.

Quand il s'agissait d'envoyer des messages comportant des noms de lieux ou d'objets précis, les Comanches utilisaient une méthode particulière. Ces derniers égrenaient une liste de mots Comanches qui une fois traduits en anglais permettait de recomposer le lieu en prenant la première lettre de chaque terme. Ainsi, Paris devenait - Wasape'atuhkapu (Pear en anglais (poire)) = P, puis aniku'ra (Ant (fourmi)) = A et ainsi de Suite. Quand ce genre de problème de traduction se posait, le transmetteur signalait alors le fait qu'il allait épeler un mot précis en disant : « Meekununa » qui signifiait : « Maintenant, écoute moi ».

Les Comanches du débarquement Sans_t21


LE CODE COMANCHE EN ACTION


A la fin des trois années et demie de formation, les Comanches n'étaient plus que quatorze. Ils entamèrent alors une odyssée qui allait les mener de la côte est des Etats-Unis au Royaume-uni, puis sur les plages normandes.
Pour l'État-major. le code Comanche avait pour vocation de supplanter le canal officiel de codage militaire dont la procédure était trop lente pour le théâtre des opérations. Les codeurs amérindiens pouvaient mentalement traduire un message écrit de l'anglais au code Comanche avec une rare efficacité et rapidité et le transmettre oralement à un autre codeur en bout de ligne qui traduisait immédiatement en anglais pour le destinataire. Ceci éliminait le temps nécessaire aux fastidieuses opérations de codage et de décodage par écrit. Envoyer des messages pour les Code Talkers n'était pas plus différent que parler au téléphone avec une liste spéciale de mots codés.

Le 18 janvier 1944, ils embarquèrent sur l'U.S.A.T. George Washington pour rejoindre Liverpool le 29 puis Tiverton, dans le Devon où ils stationnèrent quelques temps. Là, Morris Tabbyetchy (suntise) fut transféré au I.Corps pour ses compétences en cryptographie. Seuls treize codeurs Comanches prirent part à l'Opération Overlord et combattirent enfin à leur façon Taawohonuu (« Notre ennemi » : les Allemands)) et Po'sataiboo' (« l'Homme blanc fou », terme choisi pour désigner Adolph Hitler).

Les Code talkers étaient généralement mis en binôme par Infantry Regiment (RCT) et par Field Artillery Battalion (FABn). La tactique américaine consistait à placer deux unités en première ligne et une en
réserve avec son FA Bn assigné. Les Code talkers en trop étaient assignés à la Division Headquarters (division HQ). Ils assuraient généralement les communications entre la division et les régiments, et parfois, entre les régiments et les bataillons. Pour le D-Day, ils furent principalement placés au sein des FA Bn et de la Div HQ.

II arrivait qu'un super cryptage soit nécessaire quand le message en anglais était lui-même déjà codé. Mais malgré cela, aucune erreur ne fut commise. Parmi les mémorables messages que ces derniers eurent à coder, le général Théodore Roosevelt Junior fit transmettre, suite aux forts courants qui dispersèrent les premières vagues d'assaut de la « Fighting Four » à quelques kilomètres au sud de la zone prévue par I'Etat-major. le message suivant par son opérateur ­radio Comanche, Larry Saupitty : « Tsaaku nunnuwee Nous avons bien débarqué. Atahtu nunnuwee Nous avons débarqué au mauvais endroit ». Selon Forrest Kassanavoid. ce fut le premier message codé envoyé depuis le territoire français par les Alliés. Charles Chibitty se souvint aussi de son premier message passé le Jour J : « Cinq milles â la droite du secteur indiqué et cinq milles à l'intérieur, le combat est féroce et nous avons besoin d’aide ».


DES VOIX DISPARUES

Les Comanches assurèrent les transmissions et le codage des messages tout le long de l'invasion du Jour J, de la Libération de Paris (25 août 1944) et de la bataille des Ardennes. Ils prirent part activement à de nombreuses batailles parmi lesquelles celle de Saint-Lô en juillet 1944, plaque tournante du bocage manchois. Six semaines de combats meurtriers, à travers les haies avant d'atteindre la ville. La bataille pour Saint-Lô fut la plus rude, à cette époque, de la campagne de Normandie. Ils participèrent aussi à récupérer le fameux « bataillon perdu » et des troupes de la 30' Division assiégées au sommet de la cote 314, une colline à l'est de Mortain

Au cours de ces batailles, certains Code Talkers furent blessés, mais aucun ne mourut. Tous firent en sorte que la crainte de Foster ne se réalise pas. Aucun ne fut fait prisonnier. Charles Chibitty fit au cours d'une interview référence à cela en mentionnant le fait que contrairement aux Code Talkers navajos qui se voyaient assigner chacun un Marines pour les protéger et protéger le code, eux étaient seuls. « Nous étions des soldats et des codeurs, dit-il : Nous avons combattu et nous avons envoyé des messages. Nous étions là-bas avec les autres, et nous avons tous pris soin les uns des autres. »

Aujourd'hui, ceux qui se nommaient - Numurekwa'etuu - (« Ceux qui parlent Comanche »), ne sont plus. La dernière voix, celle de Charles Chibitty, s'est tue en juillet 2005.

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Source : Dossier l'actualité de l'histoire
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MessageSujet: Re: Les Comanches du débarquement   Les Comanches du débarquement Icon_minitimeDim Mai 31 2009, 11:08

Formidable récit ! Certaines parties étaient connues au sein des Transmissions , mais pas le détail . Merci Les Comanches du débarquement 926774
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MessageSujet: Re: Les Comanches du débarquement   Les Comanches du débarquement Icon_minitimeDim Mai 31 2009, 13:26

Super ton récit Ciel d'Azur car comme les gens de couleur ils ont été quelque peu oublié dans les livres d'histoire et pourtant ils ont collaborés à la victoire finale contre les nazis.
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MessageSujet: Re: Les Comanches du débarquement   Les Comanches du débarquement Icon_minitimeDim Mai 31 2009, 19:50

Merci pour ce récit Ciel d'Azur. Un film, de john WOO rend hommage à ces indiens dont le titre est: WINDTALKERS " Les messagers du vent"
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MessageSujet: Re: Les Comanches du débarquement   Les Comanches du débarquement Icon_minitimeDim Mai 31 2009, 22:48

je connaissais les Navaros(merci J .Woo)mais pas du tout cette histoire sur les Comanches en Normandie Merci CA et Gdlr
Et Surtout aux Numurekwa'etuu

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MessageSujet: Re: Les Comanches du débarquement   Les Comanches du débarquement Icon_minitimeLun Juin 01 2009, 06:38

Spendide récit !

Si le sujet du code navajo m'était connu, je ne savais pas que son pendant Comanche existait.

Je n'en avais jamais entendu parler bien que mes lectures de récits de guerre aient été nombreux .

Merci à toi C.A d'avoir rapporté ces faits historiques à ma connaissance .
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MessageSujet: Re: Les Comanches du débarquement   Les Comanches du débarquement Icon_minitimeMar Juin 02 2009, 12:46

merci CA Les Comanches du débarquement 926774



Les Comanches du débarquement 247322 respect
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MessageSujet: Re: Les Comanches du débarquement   Les Comanches du débarquement Icon_minitime

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