Jean de Dieu Soult ,
duc de Dalmatie, Maréchal (1804).
(Saint-Amans-La Bastide (Tarn), 1769 - id, 1851)
L’une des plus belles carrières militaires de l’époque.
Soult, en sa qualité d’aîné, est destiné à reprendre l’étude de son père, notaire. Il préfère s’engager à quatorze ans dans l’Armée royale. Sa première paie permet d’épargner à sa famille la saisie des meubles. Après deux ans de service, il abandonne les armes, tente de se faire boulanger, mais se ré-engage rapidement.
En 1789, il adopte les idées révolutionnaires et gravit les échelons militaires. En 1794, à 25 ans, il est remarqué lors de la bataille de Fleurus et nommé général de brigade. Deux ans plus tard, il s’illustre à la bataille d’Altenkirchen (4 juin 1796).
En septembre 1799, devenu général de division à l’armée d’Helvétie, il prend part à la victoire de Zurich sous les ordres de Masséna. Il suit ce dernier à l’Armée d’Italie et prend part à la défense de Gênes, tandis que Bonaparte franchit le col du Grand-Saint Bernard.
A la fin de l’année 1800, il est chargé par le Premier Consul de pacifier le Piémont. En 1802, Soult est devenu colonel général de l’infanterie légère de la Garde consulaire et ardent bonapartiste. L’avènement de l’Empire (1804) lui apporte titres et gloire. Il est nommé maréchal le 19 mai et grand officier de la Légion d’Honneur.
Commandant du camp de Saint-Omer, à Boulogne, il forme le IVème corps de la Grande Armée, imposant une discipline sévère à ses hommes. C’est le début d’une réputation de chef impitoyable qui lui vaut le surnom de «Bras de fer» par ses soldats.
Son corps d’armée joue un rôle essentiel lors de la bataille d’Austerlitz (2 décembre 1805), en s’emparant du plateau du Pratzen. Napoléon lui en fait compliment, le qualifiant de «premier manœuvrier d’Europe». Soult participe ensuite à la campagne de Prusse et de Pologne, et s’illustre notamment à Iéna (14 octobre 1806) et à Eylau (8 février 1807). Le 16 juin 1807, il prend la ville de Kœnigsberg.
En 1808, il accompagne Napoléon en Espagne. Fait duc de Dalmatie, il commande le IIème corps de la Grande Armée. D’abord victorieux, il s’avance jusqu’au Portugal. Il y impose l’ordre et laisse parler de lui comme du futur Roi du Portugal. Wellington brise ses espoirs en le battant à Oporto. Le maréchal français prend sa revanche à Ocaña, le 19 novembre 1809.
Major général de Joseph, restauré sur le trône espagnol, il parvient à soumettre l’Andalousie en 1810 et devient le gouverneur de cette province. En 1812, il est forcé à la retraite par les victoires de Wellington.
En 1813, après un bref passage en Allemagne, Soult est à nouveau renvoyé en Espagne pour contrer Wellington. Il ne peut arrêter le général anglais, dont les forces sont quatre fois supérieures aux siennes, et doit repasser les Pyrénées. Battu à Orthez le 27 février 1814, il résiste avec acharnement, freinant l’avance de Wellington par tous les moyens. A Toulouse, en avril, il soutient le siège à 25 000 hommes contre 100 000 jusqu’à la nouvelle de l’abdication de l’Empereur.
Sous Louis XVIII, Soult devient ministre de la Guerre. Napoléon, de retour de l’île d’Elbe, lui pardonne ses proclamations anti-bonapartistes, Soult l’a qualifié d’«usurpateur» et d’«aventurier» pour le placer major général de son armée. S’il n’atteint pas l’efficacité de Berthier, il combat néanmoins bravement à Waterloo, du 15 au 18 juin 1815.
Après la défaite, il se retire dans son château de Soulberg, parmi une très belle collection de tableaux de maîtres espagnols, fruit de ses pillages. Ses protestations n’ont en effet pas infléchi le Roi. Il sera pardonné en 1819 et rétabli dans ses titres l’année suivante.
Pair de France sous Charles X, il joue son plus grand rôle politique sous Louis-Philippe. Il est d’abord ministre de la Guerre puis président du Conseil. En avril 1838, il est l’ambassadeur de la France pour le couronnement de la reine Victoria en Angleterre. C’est le prélude d’une carrière de ministre des Affaires Etrangères, interrompue en 1840 par le retour au pouvoir de son adversaire, Thiers qu'il appelait "Foutriquet". Le ministère de ce dernier ne devait durer que huit mois. Guizot succédant à Thiers, Soult est nommé président du Conseil. Poste qu'il occupe sans interruption de 1840 à 1847.
En 1847, le vieux maréchal se retire définitivement pour raison de santé, avec le glorieux titre de maréchal général et s'éteint le 19 novembre 1851, dans son village natal, aujourd'hui SAINT AMANS SOULT, soit quelques jours avant le coup d'état de LOUIS NAPOLEON.
L'avis de Napoléon à Sainte-Hélène
«C'est un excellent ministre de la Guerre ou major général : il sait beaucoup mieux disposer une armée que commander en chef».