Après l’exploit de la prise de la batterie de Mauvannes, le général de Lattre de Tassigny confie aux Commandos d’Afrique la périlleuse mission d’enlever le fort du mont Coudon tenu par une compagnie de la Kriegsmarine. A bord de camions de la 1ère DFL, le GCA au grand complet se dirige vers l’objectif mais les chauffeurs se perdent en pleine nuit et c’est à pied que les 700 hommes de Bouvet doivent effectuer leur approche. Ducournau est chargé de coordonner l’assaut du fort de l’Est avec le 1er et le 3e Commandos, le 2e reste en réserve. La progression débute au petit matin du 21 août, la section du sous-lieutenant de Curières de Castelnau (3e Commando) doit s’emparer de l’ouvrage du Bau Pointu qu’il trouve vidé de ses occupant puis se dirige vers la poterne du fort de l’Est.
Nid d’aigle culminant à 702 m à l’est de la rade de Toulon, le fort de l’Est ancré au sommet du mont Coudon est un poste d’observation de premier choix pour Allemands et un objectif de premier plan pour les commandos d’Afrique dont la prise permet de contrôler et prendre sous ses feux les autres batteries des forts environnants.
.Mais la garnison qui compte 120 hommes est bien retranchée derrière les murs épais des fortifications et bloque leur avancée. Vers treize heures, le capitaine Ducournau décide d’escalader la muraille nord-ouest haute de huit mètres jugée infranchissable et qui n’est pas défendue par les Allemands. Il se déchausse et entame l’ascension avec le lieutenant Girardon et les hommes du 1er Commando. Les marins de la Kriegsmarine sont surpris par cette intrusion mais réagissent en ouvrant le feu. Les combats virent au corps à corps.
Les premiers Allemands commencent à se rendre. A 15h30, le commandant de la garnison lancé une fusée rouge en direction des batteries de Saint-Mandrier signifiant ’’tirez sur nous ’’. Les schrapnells fauchent indistinctement les assaillants et les assiégés. Ducournau fait rassembler les Allemands dans la cour. Il ordonne à l’ Oberleutnant Zur See de faire cesser le feu s’il ne veut pas que ses hommes succombent sous les tirs amis. Las, il envoie une fusée blanche dans le ciel, les canons de Saint-Mandrier se taisent. Le lieutenant Girardon monté sur les superstructures du fort est fauché par un dernier tir.
Toulon est libéré le 24 août et le lendemain, le Groupe des Commandos d’Afrique défile dans la ville. Après un repos bien mérité, l’unité fait mouvement dans les Vosges en octobre. Mais c’est en Provence que cette troupe de choc a écrit dans le sang les plus belles pages de son histoire.
Le lieutenant Girardon repose à la nécropole nationale de Boulouris. En 1946, le fort de l’Est est rebaptisé du nom du lieutenant Girardon et réaffecté en 1959 à une base d’expérimentation de l’armement de la DGA.
Sources
ANDRÉ Jean-Patrick et Olivier, L’épopée des Commandos d’Afrique, libérateurs du Lavandou 1943-1945. Mairie du Lavandou (pdf).
De GMELINE Patrick, Commandos d’Afrique. De l’île d’Elbe au Danube. Collection Troupes de choc. Presses de la Cité. 1980.
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« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier