Éphéméride du 21 novembre
jeudi 21 novembre 2024
1430 : Jeanne d’Arc livrée aux Anglais
Jean de Luxembourg, qui l’avait capturée à Compiègne, remet Jeanne d’Arc aux Anglais pour la somme de 10.000 livres. Du point de vue humain, c’est pour elle le commencement de la fin, et de l’échec apparent : elle fut jugée à Rouen, au cours d’un procès instruit par Pierre Cauchon (évêque de Beauvais, car Jeanne avait été prise dans son diocèse) et par Jean Lemaître, vice-inquisiteur de France.
Condamnée, elle sera brûlée vive le 30 mai 1431 sur la Place du Vieux-Marché, à Rouen.
Et pourtant !
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Du chapitre VI de l’ Histoire de France, de Jacques Bainville :
» Du point de vue le plus terrestre, du point de vue politique, ce qu’il y a d’incomparable chez Jeanne d’Arc, c’est la justesse du coup d’œil, le bon sens, la rectitude du jugement. Pour sauver la France créée par ses rois, confondue avec eux, il fallait relever la royauté. Pour relever la royauté, il fallait rendre confiance et prestige à l’héritier qui finissait par perdre espoir, et peut-être doutait de sa naissance même. C’est pourquoi la première rencontre de Jeanne et de Charles VII est si émouvante. Le geste de Jeanne, reconnaissant le dauphin qui la met à l’épreuve, et tombant à ses genoux, est décisif. Le principe sauveur, la monarchie, est désigné. À l’homme, au roi légitime, la confiance en lui-même est rendue… »
Charles VII couronné, la Guerre de Cent Ans ne durerait plus guère…
Dès 1450, Charles VII ouvrit une enquête sur son procès et son supplice, et le pape Calixte III prononça sa réhabilitation en 1456.
Béatifiée en 1909, Jeanne d’Arc fut canonisée par Benoît XV le 9 mai 1920. Un mois après, le 24 juin, et suite à la vigoureuse campagne menée, entre autres, par l’Action française (10.000 jours de prison cumulés pour les Camelots du Roi) le Parlement français décida qu’une fête nationale aurait lieu en son honneur le deuxième dimanche de mai : la loi promulguant cette Fête nationale parut le 10 juillet 1920 (éphéméride du 10 juillet).
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo « Guerre de Cent ans (4/4) : deuxième rétablissement ».
Place des Pyramides, Paris.
Il ne faut pas omettre non plus de rendre hommage à l’action et à l’engagement de Maurice Barrès dans l’instauration du culte de Jeanne d’Arc, comme Sainte de la Patrie mais aussi symbole unificateur.
« Chacun de nous peut personnifier en elle son idéal. Êtes-vous catholique ? C’est une martyre et une sainte que l’Église vient de mettre sur les autels. Êtes-vous royaliste ? C’est l’héroïne qui a fait consacrer le fils de saint Louis par le sacrement gallican de Reims. Pour les républicains c’est l’enfant du peuple qui dépasse en magnanimité toutes les grandeurs établies… Enfin les socialistes ne peuvent oublier qu’elle disait : « J’ai été été envoyée pour la consolation des pauvres et des malheureux. » Ainsi tous les partis peuvent se réclamer de Jeanne d’Arc. Mais elle les dépasse tous. Nul ne peut la confisquer. » Maurice Barrès. La Geste héroïque de Jeanne est un moment fondamental de notre Histoire nationale : ses moments essentiels en sont relatés dans ces éphémérides aux 25 février (rencontre de Jeanne et du Dauphin, à Chinon), 8 mai (libération d’Orléans), 18 juin (victoire de Patay), 17 juillet (sacre de Reims), 23 mai et 21 novembre (capture, et livraison aux Anglais), 30 mai (martyre), 16 mai (canonisation), 10 juillet (instauration de la Fête nationale).
1629 : Louis XIII nomme le cardinal de Richelieu « principal ministre d’état » et « conseiller en nos dits conseils »
Le 26, il sera fait duc et pair de France. Singulier destin que d’être fils de Henri IV et père de Louis XIV.
De Michel Mourre :
« Il serait tout à fait erroné de ne voir en Louis XIII qu’un souverain fantoche, dominé par un tout puissant ministre. De faible santé, timide, gauche, dissimulé, le roi était cependant très soucieux de ses devoirs et de son autorité; sa piété le portait à se juger responsable personnellement devant Dieu de tout ce qui était fait en son nom. Aucune grande décision de Richelieu ne fut prise sans son consentement, et c’est Louis XIII, lors des grands complots qui agitèrent le règne, qui refusa les grâces et exigea des châtiments exemplaires.
Après la mort du cardinal, Louis XIII poursuivit sans hésitation la politique de Richelieu, à laquelle il n’avait cessé d’être étroitement associé… »
1694 : Naissance de Voltaire.
De Chateaubriand, sur Voltaire et le Christianisme… (tiré de notre album Ecrivains royalistes (I) : Chateaubriand, photo « Sur Voltaire ».) : « Une chose m’étonne toujours quand je pense à Voltaire : avec un esprit supérieur, raisonnable, éclairé, il est resté complètement étranger au christianisme; jamais il n’a vu ce que chacun voit : que l’établissement de l’Evangile, à ne considérer que le rapport humain, est la plus grande révolution qui se soit opérée sur la terre.
Il est vrai de dire qu’au siècle de Voltaire cette idée n’était venue dans la tête de personne. Les théologiens défendaient le christianisme comme un fait accompli, comme une vérité fondée sur des lois émanées de l’autorité spirituelle et temporelle; les philosophes l’attaquaient comme un abus venu de prêtres et des rois : on n’allait pas plus loin que cela.
Je ne doute pas que si l’on eût pu présenter tout à coup à Voltaire l’autre côté de la question, son intelligence lucide et prompte n’en eût été frappée: on rougit de la manière mesquine et bornée dont il traitait un sujet qui n’embrasse rien moins que la transformation des peuples, l’introduction de la morale, un principe nouveau de société, un autre droit des gens, un autre ordre d’idées, le changement total de l’humanité.
Malheureusement le grand écrivain qui se perd en répandant des idées funestes entraine beaucoup d’esprits d’une moindre étendue dans sa chute : il ressemble à ces anciens despotes de l’Orient sur le tombeau desquels on immolait des esclaves. »
(Mémoires d’Outre-Tombe, La Pléiade, tome 2, page 505.)
1721 : Mort d’Antoine Watteau
Portrait de Watteau de Rosalba Carriera (Venise 1675-1757)
antoine-watteau
1709 : Mort de Jacques Vaucanson
De Michel Mourre :
« …Mécanicien, il se fit une réputation européenne par ses automates. Les premiers furent « le joueur de flûte traversière » (1737) et « le joueur de tambourin » (1738), mais on admirait surtout ses animaux artificiels – ses premiers essais furent des canards – qui semblaient prendre leur nourriture, l’avaler et la digérer.
Nommé inspecteur des manufactures de soie (1761), Vaucanson perfectionna le métier à organsiner (tordre deux fois les fils de soie, ndlr) et inventa le premier métier à tisser entièrement automatique (vers 1745). Plusieurs des machines de Vaucanson se trouvent au Conservatoire des arts et métier à Paris « .
1783 : Premier voyage en montgolfière
Pilâtre de Rozier et le marquis d’Arlandes s’envolent à bord d’une montgolfière de 2200 mètres cubes : les deux hommes réalisent le premier voyage aérien.
Le départ est donné du château de la Muette à Paris et c’est au dessus des Tuileries qu’ils atteignent leur altitude maximale, 1000 mètres. Après 20 minutes de vol, l’appareil se pose à la Butte aux cailles près de la place d’Italie.
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1806 : Par le « Décret De Berlin », Napoléon instaure le « Blocus continental »
De Jacques Bainville, Napoléon (pages 304 à 307) :
« …Atteindre « Carthage » dans sa vitalité, dans son commerce, riposter par des prohibitions à ses offensives, il y avait, nous l’avons vu mais il est nécessaire de le répéter, des années que la France de la Révolution ne faisait pas autre chose. Napoléon, dans toute sa puissance, n’a rien trouvé de plus et de mieux que la Convention et le Directoire pour lutter contre les dominateurs de la mer. Il avait agrandi jusqu’à la conception du camp de Boulogne la vieille idée d’une descente dans les îles ennemies. Fort de sa carte de guerre, il élargit les représailles économiques jusqu’au blocus continental.
Représailles est le mot exact, puisque, de son côté, l’Angleterre a déjà déclaré en état de blocus la France et ses annexes. Blocus « sur le papier », et ici c’est une controverse séculaire qui monte à l’exaspération. Les Anglais prétendent bloquer, par décret, les ports et les rivages devant lesquels ils n’ont aucune force navale. D’où suit le droit, qu’ils s’arrogent, d’interdire, même aux neutres, le commerce avec leurs ennemis. Napoléon retourne le système. Par décret aussi, daté de Berlin, il interdit le commerce avec l’Angleterre pour la France, les pays dépendants ou alliés de la France et les territoires occupés, et des sanctions rigoureuses, des saisies équivalant aux droits de prise devront être prononcées contre tous ceux qui braveraient l’interdiction.
« Répondre à la clôture de la mer par celle de la terre », ce n’est pas seulement l’imagination logique de Bonaparte qui lui dicte cette mesure à laquelle on a mis l’épithète de « formidable ». C’est la nécessité. Depuis l’abandon du projet de Boulogne, depuis Trafalgar surtout, depuis que sa marine est réduite à quelques frégates, quel moyen a-t-il de soutenir la lutte contre la puissance invulnérable qui ne se lasse pas de susciter les coalitions (on en est à la quatrième), d’en acquitter les frais ? Le décret de Berlin, le fameux décret du 21 novembre 1806, n’est pas de l’orgueil, un enivrement de puissance. C’est l’acte d’un homme enfermé sur la terre qui s’acharne à forcer la ceinture des flots. Le fond secret de sa pensée, c’est : « Que tenter d’autre ? Essayons cela. » Et si l’on y réfléchit, on ne voit pas ce qu’il eût pu tenter de différent. Sans doute la pression du blocus continental n’était pas irrésistible, l’évènement l’a prouvé… Il expliquait à son frère Louis qu’il s’agissait de « conquérir la mer par la puissance de terre », définition juste du résultat qu’il devait chercher par l’unique moyen qui fût à sa portée. Recherche de l’impossible. Chimère… Peut-être n’a-t-il pas assez vu que le succès demanderait un effort démesuré. Du moins il n’a dissimulé à personne que, pour vaincre par la terre les maîtres de la mer, l’effort serait gigantesque…
…Le moment viendra très vite où l’empereur ne dirigera plus le système, où il en sera le prisonnier comme d’une machine qui aura échappé à sa direction, qu’il ne gouvernera plus et qui le gouvernera… »
1818 : Le congrès d’Aix-la-Chapelle met fin à l’occupation militaire de la France
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes , voir la photo « La France occupée en 1815 ».
De Jacques Bainvillle, Histoire de France, chapitre XVIII, La Restauration :
« …Quand on juge la Restauration à ses résultats, on trouve que les Français ont eu la paix et la prospérité et que ces bienfaits les ont laissés à peu près insensibles. La Restauration a été un régime honnête et sage, qui a mérité deux fois son nom, puisque la France, après avoir subi de si rudes secousses, se releva rapidement. Beaucoup de ceux qui contribuèrent à le renverser l’ont regretté plus tard. Mais il n’y eut pas plus de bonne volonté à ce moment-là qu’à un autre….
Louis XVIII mourut au mois d’août 1824. On doit lui rendre cette justice qu’il avait rempli la tâche pour laquelle il avait été rappelé deux fois sur le trône. Après avoir empêché le démembrement de la France, il l’avait rétablie à son rang. En 1818, au Congrès d’Aix-la-Chapelle, la France était entrée dans la Sainte-Alliance, créée pour la sauvegarde des traités de Vienne comme la Société des Nations l’a été pour la sauvegarde des traités de 1919. Trois ans après Waterloo, le territoire français était évacué par les armées étrangères, l’indemnité réduite de plus de quatre cent millions, malgré les colères et l’âpreté de la Prusse… »
Il serait très difficile – et d’ailleurs parfaitement vain… – de chercher à savoir qui fut « le plus grand » roi de France.
Par contre, sans risque de se tromper, on peut affirmer que Louis XVIII fut, très certainement, l’un des plus grands ne serait-ce que par l’immense service qu’il a rendu, en 1814 et 1815, en évitant le démembrement de la France.
Sur le roi tout à fait exceptionnel que fut le grand Louis XVIII, voir nos éphémérides : • du 16 septembre (jour de sa mort);
• du 4 juin (Louis XVIII établit la Charte constitutionnelle) et du 8 juillet (retour définitif du roi à Paris);
• du 20 février et du 26 février sur l’échange de lettres entre le Roi et Napoléon;
• du 21 novembre (jour où les troupes Alliées quittent définitivement la France : concrètement, jour de notre libération nationale)
1982 : Mort de Pierre Gaxotte
Le Siècle de Louis XV est l’un de ces maîtres-livres qui comptent dans « l’histoire de l’histoire ».
Paru en 1933, réimprimé des dizaines de fois, remanié à plusieurs reprises par son auteur, il a tiré le XVIIIème siècle et la figure de ce roi de la pénombre dans laquelle les tenaient relégués trop d’historiens.
Sur le document suivant de l’INA (9’43 ») écoutez ( et « voyez », car les photos de lui sont rares) Pierre Gaxotte défendre un prince qui fut au sens vrai du terme un roi de progrès.
(Sur l’autre ouvrage magistral de Pierre Gaxotte, La Révolution française, voir l’éphéméride du 19 novembre)
academie-francaise / les-immortels / pierre-gaxotte
2017 : Patrick Buisson déclare sur France Inter : « En matière de Terrorisme d’Etat, la Terreur, c’est nous qui l’avons inventée. »
Et après l’entretien ci-dessus, réponse en direct aux auditeurs de France Inter.