Éphéméride du 9 novembre
samedi 9 novembre 2024
La salle des Rubens, au Louvre
1600 : Marie de Médicis arrive en France
Marie de Médicis, Rubens La nouvelle reine de France, seconde épouse de Henri IV – après la répudiation de la reine Margot, qui ne lui avait pas donné d’enfants (éphéméride du 24 octobre) – débarque à Marseille, venant de Florence, via Livourne.
La riche et plantureuse Florentine, âgée de bientôt vingt-sept ans, arrive à Marseille sur une galère de soixante-dix pieds de long, couverte « au-dedans comme au-dehors » de nacres, de dorures et de pierreries et escortée des quelque dix-sept autres galères du grand-duc de Toscane.
Ci dessous, son arrivée à Marseille, par Rubens.
A l’avant-plan, en plus des tritons et de Neptune, le peintre a représenté des Néréides, c’est-à-dire des nymphes marines. Dans une parfaite fusion entre l’histoire-réalité et l’allégorie-symbole, la reine débarquant d’une superbe galère aux armes des Médicis (très ornée et richement sculptée) est accueillie par la France en robe fleurdelisée et par la ville de Marseille, tandis que la Renommée porte la nouvelle au roi, façon de souligner l’enchaînement narratif inhérent à cette suite picturale. Avec une suite de deux mille chevaux elle entrera à Aix le 17 novembre suivant, à Avignon le 20, et sera à Lyon le 3 décembre.
Le mariage devait y être célébré le 17, mais le roi Henri, impatient, se présentera dès le 9 décembre au soir à son épouse, « venu à cheval sans avoir averti personne », avec l’espoir, « n’ayant pas de lit pour la nuit, qu’elle voudrait bien lui offrir la moitié du sien ».
Ainsi fut fait puisque, selon l’Estoile, Marie ne se trouvait évidemment là que « pour complaire et obéir aux volontés de Sa Majesté, comme sa très humble servante. ».
En 1622, la reine Marie de Médicis commande à Rubens une suite de vingt-quatre tableaux pour décorer la galerie occidentale du premier étage de son palais du Luxembourg à Paris (actuel Sénat). Cette série se trouve aujourd’hui dans une salle spéciale du Musée du Louvre, la Galerie Médicis.
rubens et la galerie medicis au musee du louvre
1844 : Mort de Marie Harel
C’est à Marie Harel, née Fontaine le 28 avril 1761, près de Vimoutiers, en Normandie que l’on doit l’invention du camembert. En réalité, il se fabriquait, depuis la fin du XVIIe siècle un fromage renommé dans le pays de Camembert : Thomas Corneille signale dans son Dictionnaire géographique publié en 1708 : « Vimonstiers : … on y tient tous les lundis un gros marché où l’on apporte les excellents fromages de Livarot et de Camembert ».
Mais, là où l’affaire se corse, si l’on peut dire, c’est que Marie Harel aurait bénéficié des conseils d’un prêtre réfractaire, l’abbé Charles-Jean Bonvoust, caché vers 1796/1797 au manoir de Beaumoncel, où elle travaillait. Doit-on en déduire que… les royalistes sont à l’origine du camembert ?
Quoi qu’il en soit, la proximité de Marie Harel avec les contre-révolutionnaires est un fait historique, et cela mérite bien d’être rappelé à chaque fois que l’on évoque ce monument de la gastronomie française.
1918 : Mort de Guillaume Apollinaire
Ci dessous, sa tombe au Père Lachaise
Engagé volontaire, le poète Guillaume Apollinaire se bat dans l’artillerie, puis comme sous-lieutenant au 96ème régiment d’infanterie. Alors qu’il vient d’avoir notification de sa naturalisation, il prend position le 14 mars au Bois des Buttes, à l’extrémité est du plateau de Craonne, au pied du Chemin des Dames. Il y est blessé, le 17, à quatre heures de l’après-midi, d’un éclat d’obus à la tempe droite.
Dans son carnet il écrit :
« Je lisais à découvert au centre de ma section, je lisais Le Mercure de France. A quatre heures un 150 éclate à 20 mètres, un éclat perce le casque et troue le crâne… On m’endort pour fouiller, l’éclat a enfoncé la boîte crânienne. et y est resté, on l’y laisse… »
Casque d’Apollinaire et, à gauche, un poème écrit de sa main apollinaire
Guillaume Apollinaire lit « Le pont Mirabeau »
C’est un document radiophonique exceptionnel, enregistré entre 1911 et 1914. Le son, certes lointain, donne à entendre la voix de Guillaume Apollinaire lui-même lisant « Le Pont Mirabeau ».
À écouter aussi
De Guillaume Apollinaire, ce Pont Mirabeau superbement chanté (par Léo Ferré).
1970 : Mort de Charles de Gaulle
Le Général s’éteint à Colombey-les-Deux-Eglises, un an et demi après sa démission. Selon ses vœux, son enterrement se fait dans l’intimité, seuls les habitants du village et ses compagnons de l’Ordre de la Libération étant invités à la messe. Toutefois, la cérémonie officielle à Notre Dame de Paris rassemblera plus de 80 présidents et Chefs d’Etat. « A mesure que l’âge m’envahit, la nature me devient plus proche. Chaque année, en quatre saisons qui sont autant de leçons, sa sagesse vient me consoler. Elle chante, au printemps : « Quoi qu’il ait pu, jadis, arriver, je suis au commencement ! Tout est clair, malgré les giboulées ; jeune, y compris les arbres rabougris ; beau, même ces champs caillouteux. L’amour fait monter en moi des sèves et des certitudes si radieuses et si puissantes qu’elles ne finiront jamais ! »
Elle proclame, en été : « Quelle gloire est ma fécondité ! A grand effort, sort de moi tout ce qui nourrit les êtres. Chaque vie dépend de ma chaleur. Ces grains, ces fruits, ces troupeaux, qu’inonde à présent le soleil, ils sont une réussite que rien ne saurait détruire. Désormais, l’avenir m’appartient ! »
En automne, elle soupire : « Ma tâche est près de son terme. J’ai donné mes fleurs, mes moissons, mes fruits. Maintenant, je me recueille. Voyez comme je suis belle encore, dans ma robe de pourpre et d’or, sous la déchirante lumière. Hélas ! les vents et les frimas viendront bientôt m’arracher ma parure. Mais, un jour, sur mon corps dépouillé, refleurira ma jeunesse ! »
En hiver, elle gémit : « Me voici, stérile et glacée. Combien de plantes, de bêtes, d’oiseaux, que je fis naître et que j’aimais, meurent sur mon sein qui ne peut plus les nourrir ni les réchauffer ! Le destin est-il donc scellé ? Est-ce, pour toujours, la victoire de la mort ? Non ! Déjà, sous mon sol inerte, un sourd travail s’accomplit. Immobile au fond des ténèbres, je pressens le merveilleux retour de la lumière et de la vie. »
Vieille Terre, rongée par les âges, rabotée de pluies et de tempêtes, épuisée de végétation, mais prête, indéfiniment, à produire ce qu’il faut pour que se succèdent les vivants !
Vieille France, accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau !
Vieil homme, recru d’épreuves, détaché des entreprises, sentant venir le froid éternel, mais jamais las de guetter dans l’ombre la lueur de l’espérance ! » (Conclusion des Mémoires de guerre, t. 3, p. 290.)
L’immense Croix de Lorraine de Colombey-les-deux Eglises
Sur l’origine de cette Croix, voir l’éphéméride du 5 janvier.
1989 : Chute du Mur de Berlin
C’est sans-doute depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’événement le plus important, d’une portée considérable pour l’Europe, France comprise, et pour l’équilibre du monde tout entier.
Voici quelques brèves images de cette nuit du 9 novembre 1989 où l’Allemagne s’est réunifiée, le bloc communiste s’est effondré, le monde libéral s’est cru maître du « village global » mondialisé marquent la fin de l’Histoire réduite au marché. Rêves qui ont fait long feu depuis.
Voici de brèves images historiques de cette nuit berlinoise décisive du 9 novembre 1989.