a
Éphéméride du 5 mars
mardi 5 mars 2024
2OO7 : Création du Parc national de la Réunion
1543 : Naissance de Louis Berton de Crillon de Balbe
Il est souvent appelé Crillon le brave ou le brave des braves. Henri IV l’appelait Le premier Capitaine du monde, et c’est à lui qu’il a écrit la phrase célèbre :
« Brave Crillon, pendez-vous de n’avoir été ici près de moi lundi dernier à la plus belle occasion qui se soit jamais vue et qui peut-être se verra jamais. Croyez que je vous y ai bien désiré. »
Une phrase souvent rendue par « Pends-toi, brave Crillon, nous avons combattu à Arques et tu n’y étais pas ! »
De Michel Mourre :
« Il s’illustra sous les règnes successifs de cinq rois, d’Henri II à Henri IV; il alla combattre à Lépante sous les ordres de Don Juan d’Autriche (1571), accompagna en Pologne le duc d’Anjou (futur Henri III) et le défendit plus tard contre la Ligue mais refusa de se prêter à l’assassinat du duc de Guise. Henri IV l’estimait beaucoup… Crillon fut le premier à recevoir le grade de colonel-général de l’infanterie française. »
Ci dessus, sa statue sur la place principale de Crillon le brave (Vaucluse).
1759 : Signature de l’expertise de fin de travaux du Château de Merville
A 20 km de Toulouse, Le Château de Merville constitue un témoignage unique de l’architecture et de l’art des jardins du XVIIIème siècle dans le midi toulousain. Son labyrinthe de buis, principale curiosité du parc avec ses 6 km de haies, en fait un exemple unique en Europe.
Terminé 30 ans avant la Révolution, après une quinzaine d’année de travaux, cet ensemble Château/Jardins est l’une des plus belles illustrations de la pensée de Talleyrand :
Qui n’a pas vécu dans les années voisines de 1789 ne sait pas ce que c’est que la douceur de vivre.
chateau-merville
1800 : Bonaparte, Premier consul, reçoit Cadoudal et une délégation royaliste aux Tuileries
De Jean Sévillia (Le Figaro magazine, 3 octobre 2014) : « …Le 5 mars 1800, une délégation comprenant le général de Bourmont, le comte de Châtillon, le chevalier de La Haye-Saint-Hilaire et Georges (Cadoudal, ndlr) est reçue aux Tuileries. En fin de journée, Bonaparte écrit à Brune : « J’ai vu, ce matin, Georges; il m’a paru un gros Breton dont peut-être il sera possible de tirer parti pour les intérêts mêmes de la patrie. »
« Un gros Breton. » L’expression est méprisante. Face à des interlocuteurs qui étaient tous nobles, à l’exception de Georges, le Premier consul s’est rappelé qu’il était le fils de Charles de Buonaparte. Il en a joué dans son opération de séduction des royalistes, marquant la différence avec Cadoudal, le fils de paysans, au risque de le braquer.
A une date inconnue, peut-être le 29 mars 1800, une seconde rencontre a lieu aux Tuileries entre Bonaparte et Cadoudal. Il s’agit cette fois d’un entretien particulier. L’entretien durera une demi-heure. Que se sont dit els deux hommes ? La rencontre du petit Corse et du colosse Breton excite l’imagination. Ce n’est pas un hasard si Alexandre Dumas, dans Les Compagnons de Jéhu (1857), a tenté de reconstituer la scène. Dans les faits, on n’en sait que ce qu’ont raconté, après coup, des mémorialistes qui n’ont pas assisté à l’échange historique. Bourrienne, dans ses Mémoires, évoque des éclats de voix, Georges marchant de long en large, le Premier consul tentant vainement de le séduire en lui offrant un commandement dans les armées républicaines, et prenant congé de lui en ces termes : « Vous voyez mal les choses et vous avez tort de ne vouloir entendre aucun arrangement. Mais si vous persistez à retourner dans votre pays, vous irez aussi librement que vous êtes venu à Paris. » Cadoudal parti, Bonaparte aurait ajouté ce commentaire : « L’exagération de ses principes prend sa source dans de nobles sentiments qui doivent lui donner beaucoup d’influence sur les siens. Il faudra pourtant en finir. »
Une autre version a été recueillie par Las Cases auprès de Napoléon lui-même : « Georges eut son tour. L’Empereur dit qu’il tâta toutes les fibres, parcourut toutes les cordes; ce fut en vain : le clavier fut épuisé sans produire aucune vibration. Il le trouva constamment insensible à tout sentiment vraiment élevé. Georges ne se montra que froidement avide de pouvoir; il en demeurait toujours à vouloir commander ses cantons. Le Premier consul, après avoir épuisé toute conciliation, prit le langage du premier magistrat. Il le congédia en lui recommandant d’aller vivre tranquille et soumis, et de ne pas se méprendre, surtout, sur la nature de al démarche qu’il venait de faire à cet instant (lui offrir un commandement ?), de ne pas attribuer à la faiblesse ce qui n’était que le résultat de sa modération et de sa grande force; qu’il se dît bien, et répétât à tous les siens, que tant que le Premier consul tiendrait les rênes de l’autorité il n’y aurait ni chance ni salut pour quiconque oserait conspirer. »
Quant à l’état d’esprit de Cadoudal au sortir de son entrevue avec Bonaparte, nous en savons ce qu’en rapporte son ami Hyde de Neuville, à qui le chouan se serait confié au sortir des Tuileries : « Quelle envie j’avais d’étouffer ce petit homme entre mes deux bras ! »
Georges Cadoudal, par Joseph Ducreux, Musée des Beaux-Arts d’Orléans
1893 : Mort d’Hippoyte Taine
Portait par Jean Béraud
academie-francaise/les-immortels/hippolyte-taine
Voici quelques extraits fort intéressants d’une sorte de présentation de Taine, écrite par Jean Bourdeau, dans Les maîtres de la pensée contemporaine :
« En 1819, ayant vingt et un ans, j’étais électeur et fort embarrassé. » Ne sachant pour qui voter, Taine nous dit dans sa préface qu’il prit cette immense détour, qu’il a dû faire cet effort considérable de travailler vingt ans dans les archives et d’écrire dix volumes, pour apprendre ce dont le dernier des politiciens de village croit posséder la science infuse. Voter semble à nombre de gens la fonction la plus simple, et ils ne verraient là qu’un excès de scrupule : autant vaudrait dire que pour digérer il est indispensable de connaître l’anatomie et la physiologie de l’estomac. Mais combien dans cette ignorance suivent une mauvaise hygiène ! Nous savons quel est le régime qui nous agrée, mais non celui qui nous convient. Nous ne l’apprenons qu’à nos dépens. Et assez de fois, depuis un demi-siècle, le suffrage universel s’est pris et dépris, engoué et dégoûté des partis et des hommes : ses erreurs nous ont coûté cher.
« La forme sociale et politique dans laquelle un peuple peut entrer et rester n’est pas livrée à son arbitraire, mais déterminée par son caractère et son passé… Dix millions d’ignorants ne font pas un savoir. Un peuple consulté peut, à la rigueur, dire la forme de gouvernement qui lui plaît, niais non celle dont il a besoin ; il ne le saura qu’à l’usage. »
C’est dans le goût des théories abstraites, dans notre rationalisme, dans notre absence de sens historique et de sens pratique, que Taine signale le vice radical de l’esprit français, qu’il a si merveilleusement analysé sous le nom d’esprit classique, esprit singulièrement dangereux, si on l’applique au gouvernement des sociétés, non plus aux idées, mais à la chair vivante. La Révolution a été avant tout une erreur de psychologie. Ses précurseurs et ses théoriciens considéraient l’homme naturel comme un être essentiellement raisonnable et bon, accidentellement dépravé par une organisation sociale défectueuse, qu’il suffirait de détruire de fond en comble pour ramener la paix idyllique de l’âge d’or. L’expérience a été faite, et à peine les chaînes de l’ordre légal tombaient-elles avec fracas, que l’homme bon et raisonnable nous est apparu sous les traits d’un sauvage hideux et féroce : « Tout est philanthropie dans les mots, tout est violence dans les actes et désordre dans les choses. »
On a reproché à Taine d’avoir représenté de préférence les émeutes et les jacqueries, dans toutes ces pages d’où s’élève comme une buée de sang, d’admirables eaux-fortes, que l’on parcourt avec le même frisson que Les Désastres de la guerre d’un Goya. Schérer, M. Challemel-Lacour, s’émerveillent de cette découverte, que la Révolution ne s’est pas faite à l’eau de rose. Du moins, comme on l’a dit, le résultat de cette érudition microscopique, qui met en lumière le rôle des petits dans la vie sociale, rôle aussi important que dans la nature, devrait être de préserver de la légende cette grande époque, de l’affranchir de la superstition et du fanatisme.
Taine suit à travers la Révolution la marche éternellement monotone que la nature humaine imprime aux troubles civils. C’est un mécontentement populaire, exploité par des énergumènes, puis par des ambitieux qui, au nom des idées les plus généreuses, font la conquête du pouvoir et déplacent les abus à leur profit. Voilà l’histoire de la secte jacobine. « Le dogme qui proclame la souveraineté du peuple aboutit en fait à la dictature de quelques-uns. » Les Jacobins deviennent, au nom de l’égalité, une nouvelle aristocratie. On en retrouve parmi les grands dignitaires de l’empire, d’autres fondent des dynasties républicaines.
Des réformes étaient urgentes, on entreprenait de les accomplir, lorsque le soulèvement populaire est venu les entraver. Du bilan de la Révolution, il ressort que les gains n’ont pas compensé les pertes. Ceux-là même au profit desquels les Jacobins prétendaient tout bouleverser ont été les premiers à pâtir. Combien périrent sur les champs de bataille de l’Europe ! L’effort de Taine est d’ébranler ce préjugé infiniment redoutable, que le progrès politique et social n’a été réalisé dans le passé et ne pourra l’être dans l’avenir que par la violence.
L’histoire des Origines de la France contemporaine paraît écrite sous l’influence d’une philosophie purement pessimiste, et bien des pages justifieraient en apparence cette opinion. Taine a de la nature humaine, de ses folies et de ses dangers, de sa méchanceté surtout, une conception tragique ou sombre, qui dépasse parfois en force et en éloquence celle d’un Swift, et qui contraste étrangement avec la douce quiétude, l’ironie souriante qui éclaire l’œuvre de Renan. « Que l’homme est bon, Messieurs ! » Taine est aux antipodes de l’optimisme humanitaire de Condorcet et de Rousseau. Vous admirez le silence, la paix de la nature : si vous aviez seulement la vue assez pénétrante, vous n’y verriez qu’un carnage et qu’un charnier ; si votre ouïe était assez fine, vous entendriez surgir un gémissement éternel, plus douloureux que celui qui monte de l’enfer de Dante : « La condition naturelle d’un homme, comme d’un animal, c’est d’être assommé ou de mourir de faim. »
L’homme par sa structure est une bête très voisine du singe, un carnassier. Il est mauvais, il est égoïste et à moitié fou. La santé de l’esprit, comme celle des organes, n’est qu’une réussite heureuse et un bel accident. Dans la conduite de l’homme et de l’humanité, l’influence de la raison est intime, sauf sur quelques froides et lucides intelligences. Au vice de l’intelligence se joint d’ordinaire le vice du cœur ; à l’imbécillité s’ajoute l’égoïsme : il n’y a peut-être pas un homme sur mille dont la conduite soit déterminée par des mobiles désintéressés. La brutalité, la férocité primitive, les instincts violents, destructeurs, persistent en lui, et il s’y ajoute, s’il est Français, « la gaieté, le rire, et le plus étrange besoin de gambader, de polissonner au milieu des dégâts qu’il fait ».
Malgré ces citations, que nous pourrions multiplier, il n’est pourtant pas exact de dire que Taine soit un pessimiste. Pessimisme et déterminisme se concilient mal ; les choses sont ce qu’elles sont ; peu importe le blâme ou la louange que le spectateur, qui est aussi acteur et victime, leur attribue. Taine n’est pas seulement observateur de détail, il s’élève à des vues d’ensemble. Ce n’est pas assez d’une observation exacte, il faut encore une observation complète, et le spectacle du présent n’est pas vrai sans le souvenir du passé. Mesurez le point de départ et le chemin parcouru, songez que le gorille féroce et lubrique, dans la lente évolution des âges, s’est élevé à l’idée de pitié, de pureté, de justice, qu’il en a réalisé quelques parcelles, que son intelligence débile a fini par créer l’art et la science. Si le présent est encore plein de misères, l’homme d’autrefois en soutirait bien davantage. L’expérience agrandie a diminué la folie des imaginations, la fougue des passions et la brutalité des mœurs. Chaque siècle voit s’accroître la science et la puissance de l’homme, sa modération et sa sécurité.
Mais ne nous laissons point bercer par les chimères, réduisons le progrès à sa mesure et à ses limites. Notre bien-être grandit notre sensibilité. Nous soutirons autant pour de moindres maux ; notre corps est mieux garanti, mais notre âme est plus malade… Une seule chose s’accroît, l’expérience, et avec elle la science, l’industrie, la puissance ; dans le reste on perd autant qu’on gagne, et nous devons nous y résigner… L’homme n’est point transformé, il n’est qu’adouci. Jamais la nature et la structure ne laissent effacer leur premier pli : l’homme est un carnassier ; comme le chien et le renard il possède des canines, et il les a enfoncées dès l’origine dans la chair d’autrui. Le bienfait de la civilisation serait d’en faire un carnassier apprivoisé et domestiqué, de lui tenir soigneusement limés les dents et les ongles.
De cette idée de l’homme découle logiquement la philosophie politique de Taine. Le pur pessimisme, à la façon de Hobbes, conclut à la nécessité du despotisme, le pur optimisme à la façon de Rousseau mène droit à l’anarchie. Taine éprouve une égale horreur pour la tyrannie et pour le désordre. Les hommes ont besoin d’être contenus ; c’est la fonction de l’État de les empêcher de se ruer les uns sur les autres, et c’est la seule. Qu’il soit bon gendarme et bon chien de garde, hors de là il est malfaisant. Que les hommes se groupent donc en dehors de lui selon leurs affinités naturelles, qu’ils se créent dans des associations de toute sorte, formées selon leur libre initiative, des tutelles volontaires, qu’ils choisissent des guides expérimentés, mus par le sentiment de leur responsabilité individuelle, mais que l’État, cet être si aisément corrompu et si corrupteur, ne se mêle ni de l’éducation ni de la religion, ni de l’industrie ni du commerce, ni de l’art ni de la science. Son incompétence générale fait son incompétence spéciale. »
Taine est aux antipodes de l’optimisme humanitaire de Condorcet et de Rousseau
« C’est un mécontentement populaire, exploité par des énergumènes, puis par des ambitieux qui, au nom des idées les plus généreuses, font la conquête du pouvoir et déplacent les abus à leur profit. Voilà l’histoire de la secte jacobine. »
1953 : L’Humanité ose glorifier Staline, décédé
Et pourtant ! Pourtant, tout le monde « savait ». Et dès les débuts, dès la prise du pouvoir par Lénine, dès les premières années, puis, plus encore, après la prise du pouvoir par Iossif Vissarionovitch Djougachvili, qui s’est appelé lui-même ‘l’homme d’acier » (« Staline », en russe), tout le monde savait ce qui se passait en U.R.S.S. : le plus terrible despotisme de toute l’histoire de l’humanité, assis sur la Terreur comme son modèle, dont il se voulait la quintessence : la Révolution française. Pillages, exécutions de masse, internements dans les goulags, asservissements, famines et assassinats de masse : voilà le bilan de l’idéologie la plus meurtrière du monde (au bas mot, cent vingt millions de victimes), qui aura terrorisé et asservi la Russie pendant soixante-dix ans, l’Europe de l’Est pendant près de cinquante ans, et se sera étendue à près d’un quart du globe en asservissant une part de l’Asie (Chine, Viet-Nam, etc. ).
Le Parti Communiste Français ne pouvait évidemment pas ignorer tout cela, et pourtant il a exprimé son « deuil » et son « immense amour » pour « le grand Staline » !
Il est vrai qu’il y avait là – dans l’odieux – une logique impeccable : en 1939, la même Humanité avait été interdite de parution parce qu’elle soutenait le pacte Germano-Soviétique de non-agression signé entre Hitler et Staline (éphéméride du 25 août). Clandestine dès lors, L’Humanité alla même, un an plus tard, jusqu’à célébrer la paix avec Hitler. (éphéméride du 28 août).
Meilleurs tacticiens, car plus roués, que les royalistes d’Action Française – et, surtout, aidés en tout et massivement par un Staline et un Komintern alors au faîte de leur puissance – les communistes réalisèrent le prodige, à la fin de la guerre, d’accaparer largement la Résistance et, en tout cas, de faire régner une nouvelle Terreur, baptisée Epuration (!), de briser le mouvement royaliste, de le spolier de son imprimerie ultra-moderne (volée par le PCF) au nom de l’inique Dévolution des Biens de presse (éphéméride du 11 mai) et de faire condamner Maurras pour « intelligence avec l’ennemi » (éphéméride du 28 janvier) alors que, dès les premiers jours du conflit, l’Action française fut à la pointe du combat antiallemand : c’était le triste temps où les premiers collabos faisaient condamner les premiers résistants !
Ignominie, abjection : comme le dit si bien Chateaubriand, « Il est des temps où il ne faut dispenser le mépris qu’avec parcimonie, vu le grand nombre de nécessiteux » !
2007 : Création du Parc national de la Réunion
reunion-parcnational