511 : Mort de Clovis, à l’âge approximatif de 46 ans
Il faudra attendre encore presque cinq cents ans pour que les Capétiens, inaugurant la troisième dynastie (après celle des Mérovingiens – fondée par Clovis – et celle des Carolingiens – à partir de Pépin le Bref -) posent les bases de « la France », dans l’acception actuelle du terme.
Pourtant le rôle, l’œuvre et l’action de Clovis sont immenses, et à cet égard, celui qui s’est fait baptiser à Reims le 25 décembre 498 est bien le premier Roi de France :
« Pour moi, l’histoire de France commence avec Clovis, choisi comme roi de France par la tribu des Francs, qui donnèrent leur nom à la France. Avant Clovis, nous avons la préhistoire gallo-romaine et gauloise. L’élément décisif pour moi, c’est que Clovis fut le premier roi à être baptisé chrétien. Mon pays est un pays chrétien et je commence à compter l’histoire de France à partir de l’accession d’un roi chrétien qui porte le nom des Francs » (Charles de Gaulle).
Sur Clovis, et l’importance capitale de son règne, voir les éphémérides du 25 décembre (baptême de Clovis) ; 1er mars (sur le sens véritable de l’épisode du vase de Soissons) ; et, sur les batailles décisives de Tolbiac et Vouillé, du 10 novembre (bataille de Tolbiac), et du 25 mars (bataille de Vouillé)
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De Jacques Bainville,
Histoire de France, chapitre II, L’essai mérovingien :
« …Il n’y a donc pas lieu de parler d’une conquête ni d’un asservissement de la Gaule par les Francs, mais plutôt d’une protection et d’une alliance, suivies d’une fusion rapide. La manière même dont les choses s’étaient passées, telles que nous venons de les voir, montre que l’élément gallo-romain avait appelé l’autorité de Clovis et que Clovis, de son côté, avait très bien vu que ce peuple désemparé, craignant le pire, désirait une autorité forte. S’il en eût été autrement, si les Gallo-Romains s’étaient bien trouvés du gouvernement des autres chefs barbares, Clovis ne fût pas allé loin. D’ailleurs les tribus franques n’étaient même pas assez nombreuses pour subjuguer toute la Gaule, pas plus qu’elles n’étaient capables de la diriger. Pour ces raisons, on vit tout de suite les Mérovingiens entourés de hauts fonctionnaires qui portaient des noms latins et qui sortaient des vieilles familles sénatoriales. Des généraux gallo-romains commandèrent des armées franques. Les lois, les impôts furent les mêmes pour tous. La population se mêla spontanément par les mariages et le latin devint la langue officielle des Francs qui oublièrent la leur, tandis que se formait la langue populaire, le roman, qui, à son tour, a donné naissance au français. Les Gallo-Romains furent si peu asservis que la plupart des emplois restèrent entre leurs mains dans la nouvelle administration qui continua l’administration impériale. Et ce furent les Francs qui protestèrent, au nom de leurs coutumes, contre ces règles nouvelles pour eux, Ils avaient, du droit et de la liberté, une notion germanique et anarchique contre laquelle les rois mérovingiens eurent à lutter. Les « hommes libres » avaient l’habitude de contrôler le chef par leurs assemblées. La discipline civile de Rome leur était odieuse. Il fut difficile de les y plier et, en définitive, ils furent conquis plutôt que conquérants. Ce qu’on a dit du partage des terres entre les guerriers francs n’est que fables et Fustel de Coulanges a démontré que la propriété gallo-romaine n’avait changé ni de caractère ni de mains… » [/size]
Ce qui deviendra « la France », sous Clovis
clovis 1er
1095 : Urbain II prêche la Croisade
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C’est à l’occasion du concile de Clermont que le pape Urbain II proposa une expédition en Terre sainte afin de libérer le tombeau du Christ, au main des musulmans (plus précisément, les Turcs Seldjoukides).
L’idée fut reçue avec enthousiasme : le concept de « croisade » ou « guerre sainte » était lancé et allait profondément marquer l’Occident médiéval.
Moins de quatre ans plus tard, en 1099, les premiers croisés s’empareront de Jérusalem (éphéméride du 15 juillet).
Dans son Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris, Chateaubriand propose une défense des Croisades (La Pléiade, Oeuvres romanesques, tome II, pages 1052/1053/1054) :
« …Les écrivains du XVIIIème siècle se sont plu à représenter les Croisades sous un jour odieux. J’ai réclamé un des premiers contre cette ignorance ou cette injustice. Les Croisades ne furent des folies, comme on affectait de les appeler, ni dans leur principe, ni dans leur résultat. Les Chrétiens n’étaient point les agresseurs.
Si les sujets d’Omar, partis de Jérusalem, après avoir fait le tour de l’Afrique, fondirent sur la Sicile, sur l’Espagne, sur la France même, où Charles Martel les extermina, pourquoi des sujets de Philippe Ier, sortis de la France, n’auraient-ils pas faits le tour de l’Asie pour se venger des descendants d’Omar jusque dans Jérusalem ?
C’est un grand spectacle sans doute que ces deux armées de l’Europe et de l’Asie, marchant en sens contraire autour de la Méditerranée, et venant, chacune sous la bannière de sa religion, attaquer Mahomet et Jésus-Christ au milieu de leurs adorateurs.
N’apercevoir dans les Croisades que des pèlerins armés qui courent délivrer un tombeau en Palestine, c’est montrer une vue très bornée en histoire. Il s’agissait, non seulement de la délivrance de ce Tombeau sacré, mais encore de savoir qui devait l’emporter sur la terre, ou d’un culte ennemi de la civilisation, favorable par système à l’ignorance, au despotisme, à l’esclavage, ou d’un culte qui a fait revivre chez les modernes le génie de la docte antiquité, et aboli la servitude ?
Il suffit de lire le discours du pape Urbain II au concile de Clermont, pour se convaincre que les chefs de ces entreprises guerrières n’avaient pas les petites idées qu’on leur suppose, et qu’ils pensaient à sauver le monde d’une inondation de nouveaux Barbares. L’esprit du Mahométisme est la persécution et la conquête; l’Evangile au contraire ne prêche que la tolérance et la paix. Aussi les chrétiens supportèrent-ils pendant sept cent soixante-quatre ans tous les maux que le fanatisme des Sarrasins leur voulut faire souffrir; ils tâchèrent seulement d’intéresser en leur faveur Charlemagne; mais ni les Espagne soumises, ni la Grèce et les deux Sicile ravagées, ni l’Afrique entière tombée dans les fers, ne purent déterminer, pendant près de huit siècles, les Chrétiens à prendre les armes.
Si enfin les cris de tant de victimes égorgées en Orient, si les progrès des Barbares déjà aux portes de Constantinople, réveillèrent la Chrétienté, et la firent courir à sa propre défense, qui oserait dire que la cause des Guerres Sacrées fut injuste ? Où en serions-nous, si nos pères n’eussent repoussé la force par la force ? Que l’on contemple la Grèce, et l’on verra ce que devient un peuple sous le joug des Musulmans. Ceux qui s’applaudissent tant aujourd’hui du progrès des lumières, auraient-ils donc voulu voir régner parmi nous une religion qui a brûlé la bibliothèque d’Alexandrie, qui se fait un mérite de fouler aux pieds les hommes, et de mépriser souverainement les lettres et les arts ?
Photo : Le Krak des Chevaliers, en Syrie l’éphéméride du 8 avril]Les Croisades, en affaiblissant les hordes mahométanes aux portes mêmes de l’Asie, nous ont empêchés de devenir la proie des Turcs et des Arabes. Elles ont fait plus : elles nous ont sauvé de nos propres révolutions; elles ont suspendu, par la paix de Dieu, nos guerres intestines; elles ont ouvert une issue à cet excès de population qui, tôt ou tard, cause la ruine des Etats; remarque que le Père Maimbourg a faite, et que M. de Bonald a développée.
Quant aux autres résultats des Croisades, on commence à convenir que ces entreprises guerrières ont été favorables aux progrès des lettres et de la civilisation. Robertson a parfaitement traité ce sujet dans son Histoire du Commerce des Anciens aux indes orientales. J’ajouterai qu’il ne faut pas, dans ces calculs, omettre la renommée que les armes européennes ont obtenue dans les expéditions d’outre-mer. Le temps de ces expéditions est le temps héroïque de notre histoire; c’est celui qui a donné naissance à notre poésie épique.
Tout ce qui répand du merveilleux sur une nation, ne doit point être méprisé par cette nation même. On voudrait en vain se le dissimuler, il y a quelque chose dans notre coeur qui nous fait aimer la gloire; l’homme ne se compose pas absolument de calculs positifs pour son bien et pour son mal, ce serait trop le ravaler; c’est en entretenant les Romains de l’éternité de leur ville, qu’on les a menés à la conquête du monde, et qu’on leur a fait laisser dans l’histoire un nom éternel… »
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Les Etats latins d’Orient
Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir les deux photos « La route des Croisades… (I/II) et « …et les Etats Latins d’Orient… (II/II) »
1400 : Louis II d’Anjou entame la reconstruction du château de Tarascon
L’imposant château est bâti sur un énorme rocher, qui domine le Rhône : la racine ligure « asc » signifie « cours d’eau », et le préfixe « tar », « rocher » : Tarascon est donc le « rocher de le rivière ».
Son fils Louis III poursuivra les travaux, ainsi que son frère René à la mort de Louis III, sans descendance.
Puis René d’Anjou, « le bon roi René », n’ayant pas, lui non plus, de descendant mâle, fera de son neveu Charles du Maine, son héritier, lui laissant l’Anjou et la Provence (éphéméride du 10 juillet).
Charles, déjà gravement malade, s’éteindra lui aussi sans héritier, le 11 décembre 1481, à Marseille et lèguera la Provence, l’Anjou et le Maine au Roi de France Louis XI (éphéméride du 15 janvier).
Ainsi, la France s’agrandissait-elle pacifiquement, et la frontière naturelle du Rhône disparaissait. Le Château de Tarascon faisait désormais partie du Royaume de France.
chateau / tarascon
Visite virtuelle du château
1635 : Naissance de Françoise d’Aubigné, future « Madame de Maintenon »
chateau versailles / personnages-de-cour / epoque-louis-xiv / madame-de-maintenonSur le château de Maintenon, son Aqueduc
chateau de maintenon
Chateaubriand écrivit, sur cet aqueduc :
« …les premières arcades, telles qu’elles existent, ont quatre–vingt–quatre pieds de hauteur et elles devaient être surmontées de deux autres rangs d’arcades.
Les aqueducs romains ne sont rien auprès des aqueducs de Maintenon ; ils défileraient tous sous un de ces portiques. Je ne connais que l’Aqueduc de Ségovie, en Espagne, qui rappelle la masse et la solidité de celui–ci ; mais il est plus court et plus bas. Si l’on se figure une trentaine d’arcs de triomphe enchaînés latéralement les uns aux autres, et à peu près semblables par la hauteur et par l’ouverture à l’arc de triomphe de l’Étoile, on aura une idée de l’aqueduc de Maintenon, mais encore faudra–t–il se souvenir qu’on ne voit là qu’un tiers de la perpendiculaire et de la découpure que devait former la triple galerie, destinée au chemin des eaux.
Les fragments tombés de cet aqueduc sont des blocs compacts de rochers ; ils sont couverts d’arbres autour desquels des corneilles de la grosseur d’une colombe voltigent : elles passent et repassent sous les cintres de l’aqueduc, comme de petites fées noires, exécutant des danses fatidiques sous des guirlandes.
À l’aspect de ce monument, on est frappé du caractère imposant qu’imprimait Louis XIV à ses ouvrages. Il est à jamais regrettable que ce conduit gigantesque n’ait pas été achevé : l’eau transportée à Versailles en eût alimenté les fontaines et eût créé une autre merveille, en rendant leurs eaux jaillissantes perpétuelles ; de là on aurait pu l’amener dans les faubourgs de Paris. Il est fâcheux, sans doute, que le camp formé pour les travaux à Maintenon en 1686 ait vu périr un grand nombre de soldats ; il est fâcheux que beaucoup de millions aient été dépensés pour une entreprise inachevée. Mais certes, il est encore plus fâcheux que Louis XIV, pressé par la nécessité, étonné par ces cris d’économie avec lesquels on renverse les plus hauts desseins, ait manqué de patience, le plus grand monument de la terre appartiendrait aujourd’hui à la France… »
1662 : Louis XIV rachète Dunkerque au roi d’Angleterre
Vauban fera de la ville le plus grand port de guerre du royaume, en y édifiant les extraordinaires fortifications qu’il faudra, malheureusement, détruire en 1713, le traité d’Utrecht imposant à la France de combler le port et de raser ces fortifications, sur la valeur desquelles les Anglais ne s’étaient pas trompés.
La couverture de l’ouvrage ci-dessous donne une très légère petite idée de ce qu’elles devaient être.
Les travaux de Vauban consistent en l’achèvement de la citadelle dressée par les Anglais. Contrairement aux habitudes de l’ingénieur, elle ne contrôle pas la ville. Sept lignes de défense s’échelonnent vers la mer, une seule regarde la cité.
Pour le port, Vauban fait approfondir le banc Schurken qui barre le chenal, qu’encadrent des jetées sur pilotis longues de 1.200 mètres. Les approches du port sont protégées par des forts bâtis sur la laine de mer : le fort du Risban, le fort Vert, le fort de l’Espérance, le fort de Revers, le fort Blanc et Château Gaillard.
Vauban fait de Dunkerque un véritable camp retranché qu’un canal relie à la ville de Bergues. Ainsi, les deux villes se couvrent mutuellement et peuvent se ravitailler. Entre les deux places, il fait construire deux forts à front de canal, les forts Louis et Saint-François, cernés de douves qui surveillent la voie d’eau.
1942 : Sabordage de la Marine française à Toulon
A 4h40 du matin, l’armée allemande envahit l’arsenal : les marins sabordent alors l’ensemble de la flotte. Navires, machines et artilleries sont entièrement détruits pour ne pas être livrés à l’Allemagne.
Seuls 4 sous-marins réussiront à fuir pour regagner l’Afrique du Nord.
Sabordage de la Marine française à Toulon
Pour une rapide présentation de l’importance militaire et stratégique de Toulon depuis Henri IV, voir l’éphéméride du 30 juin.