Le Sergent-Chef Sentenac, brave parmi les Braves

Le Sergent-Chef Sentenac 

Le 22 novembre 1957, l'un des hommes les plus braves de l'Histoire de France était tué au combat. Le Sergent-chef René Sentenac, parachutiste d'exception, survivant de la terrible bataille de Dien Bien Phu, évadé des camps du Viêt Minh, mourrait en Algérie sous les tirs d'un soldat ennemi. Cette figure du 3e Régiment de parachutistes coloniaux, ami intime du général Marcel Bigeard, faisait don de sa vie, laissant une femme et un enfant

Né le 11 septembre 1930 à Toulouse, René Sentenac est engagé volontaire dès ses 18 ans dans les parachutistes coloniaux, en 1948. Il est envoyé rapidement en Indochine et va servir sous les ordres de celui qui n'est encore que commandant, Marcel Bigeard. René est caporal-chef au 6e Bataillon de parachutistes coloniaux lors de la Bataille de Điện Biên Phủ. Il va combattre vaillamment, étant blessé. Bigeard dira de lui qu'il était l'un des plus braves. Mais comme ses camarades, René est fait prisonnier le 7 mai 1954 par les forces de l'Armée Populaire Vietnamienne après la chute du camp retranché.

Il parvient à s'enfuir le 11 mai, avec trois parachutistes de son unité (les sergent-chefs Maurice Rilhac, Jacques Sautereau et Michel Skrodzki). Ils vont parcourir près de 200 km dans la brousse. Finalement, le 24 mai, ils tombent sur d'autres évadés, des parachutistes du 35e régiment d'artillerie légère parachutiste, les soldats Nallet, Charrier et René Delobel. Le 7 juin, le groupe, privé de Jacques Sautereau qui décéda d'une crise de paludisme pernicieux le 12 juin 1954, se dirige vers un Groupement de Commandos Mixtes aéroportés.

Très affaiblis, ils sont recueillis par des paras français près du village de Te-Kin et le 2 juillet, ils sont évacués par hélicoptère puis rapatriés vers la capitale Hanoï et vers la France. René Sentenac est alors promu sergent après son arrivée en France. Pourtant, une fois remis de ses blessures, René demande à retourner au combat et auprès des parachutistes.

Il est affecté au 3e Régiment de parachutistes coloniaux et retrouve son chef, le Colonel Bigeard. Mais le destin est cruel : lors de la bataille de Timimoun, le 21 novembre 1957, René est pris pour cible par un tireur d'élite algérien alors qu'il se trouve avec d'autres soldats en position d'attente. Il est touché, juste avant le lieutenant Pierre Roher et l'infirmier Roland Fialon. René va agoniser sous les yeux des autres militaires, qui ne peuvent rien faire. Mais ses derniers instants sont immortalisés par le photographe de guerre Marc Flament.

Ces photos prises par Flament, relayées dans plusieurs médias, vont faire du sergent-chef Sentenac une icône du mythe du soldat parachutiste de l’époque. René est déjà connu du grand public : ses actions héroïques lors de la bataille de Diên Biên Phu et son évasion des camps ennemis l'ont rendu célèbre. À sa mort, René était titulaire de la Légion d'honneur et de la Médaille militaire, avec 6 blessures et 13 citations.

La légende veut que le général Bigeard, très affecté par la mort de son frère d'arme et ami, emportait partout où il se trouvait une photo de René Sentenac, mourant, la tête reposant sur un sac, les yeux clos. Cette photo figure encore aujourd'hui dans le bureau du général, dans sa maison de Toul, désormais abandonnée de l'illustre général.

Bigeard lui dédiera son livre « Aucune bête au monde », avec une photo de Sentenac en couverture. Désormais, les deux soldats exceptionnels se trouvent ensemble. Dans les cieux.

Source : Soldats-de-france ; Wikimilitary

Poème écrit en son temps par une dame fidèle lectrice de « Paris-Match » et qui avait, dit-elle :

« Été frappée et bouleversée par les images que ce journal donnait sur les derniers instants d'un parachutiste : Sentenac.

Ces documents saisissants, m'ont inspirée et j'ai composé un poème en me basant sur ces images et la grande admiration que j'ai pour les « Paras ».

C'est un corps d'élite admirable et l'on devrait parler, d'eux plus souvent.

Je vous envoie ce poème pour vous qui l'avez connu, j'ose espérer qu'il vous laissera quelque chose, j'y ai mis tout mon cœur. »

Frère d'armes d'élite dont la noble figure

Exalte l'endurance dans l'ardeur du combat

Ta mémoire survit au-delà du trépas

Et préside au destin des victoires futures ! ...

Pendant tout un long jour nous nous sommes battus

La sueur et le sable nous collaient au visage

Les ronces des chemins nous griffaient au passage

Épuisés, nous marchions, jusqu'à n'en pouvoir plus.

Les lèvres desséchées par une soif ardente

Les tenues déchirées, meurtris et trébuchants

Et sur nous, sans égard, le soleil accablant

Répandait sur nos corps son haleine brûlante...

Des profondeurs sournoises tu vis surgir la mort ;

C'est au creux d'un djebel que t'attendait la Gloire,

Augmentant la cohorte des conquérants notoires,

Ta grande âme accepta de partager leur sort.

Et Timimoun, hélas, fut l'étape dernière...

Mais par delà les crêtes, ton regard s'attarda...

Et vers son Créateur, ton âme s'envola...

-Puis, une main amie abaissa tes paupières...

Rien n'a pu retenir ton élan spontané.

Quel mot pourrait traduire ton noble sacrifice,

Ton être dépouillé est tombé dans la lice.

« Le guerrier, pour combattre, d'avance a tout donné ».

Emus, tes camarades, ce soir-là, retrouvèrent

Les prières, qu'enfants, ils récitaient jadis....

Près de ton humble couche, sur ton front endormi

Invisibles gardiens, les anges s'inclinèrent...

« Des lendemains épiques » surviennent chaque jour

La lutte est là, partout, semant ses Hécatombes.

Qu'importe, si Demain, creusera notre tombe,

Puissions-nous comme Toi, demeurer sans détour...

Pour nous ton souvenir sera ineffaçable

Et la France à son tour en « Promotion d'Honneur »

Aux jeunes bataillons massés avec ferveur

Marqua de ton nom, ce jour inoubliable.

Que jamais se dénoue le lien qui nous unit,

Que chaque anniversaire ramène ta présence,

Et fiers, nous penserons dans ce pieux silence :

« J'ai connu Sentenac, il était mon ami. »

Marcelle Pradier

Ce beau poème est tombé dans l'oubli, dans les profondeurs d’un forum....

21 Novembre 1957.

Depuis des jours, le 3e RPC de Bigeard mène de rudes combats dans les dunes au sud de Colomb-Béchar. La base arrière est à Timimoun, un lieu qui restera attaché au nom d'un des plus emblématiques sous-officiers : le sergent-chef René Sentenac, un des rares ayant réussi l'exploit de s'évader que camp retranché de Dien Bien Phu et d'en être revenu vivant.

En cette journée, malgré un bilan très positif, le 3 subira des pertes sérieuses, 12 tués et 8 blessés, que les hélicos de "Brunet" ramèneront dans les meilleurs délais. Mais Sentenac ne rentrera pas... Le jeune sergent-chef est touché à l'abdomen, il sait immédiatement la gravité de sa blessure, il donne ses dernières consignes. Flament, dont les photos feront le tour du monde, photographiera cette scène tragique et pourtant belle.

Notre ami Sentenac 

"Le James Dean des Paras", c'est bien possible ! Cette photo vieille de soixante ans en atteste....

Elle ornera l'un des murs du bureau du général Bigeard, encore après sa mort.... Ainsi placée, elle prenait un aspect encore plus impressionnant, plus émouvant.... comme une sorte d'éternel rappel au devoir de Mémoire que nous devons à tous ceux qui tombèrent....