RETEX, INNOVATION ET ENTRAINEMENT POUR LES EQUIPAGES ISRAELIENS.
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Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
Sujet: RETEX, INNOVATION ET ENTRAINEMENT POUR LES EQUIPAGES ISRAELIENS. Ven Nov 17 2023, 20:11
RETEX, INNOVATION ET ENTRAINEMENT POUR LES EQUIPAGES ISRAELIENS.
L'apparition des protections de toit sur les Merkava moins d'une semaine après les attaques du Hamas illustre la réactivité de l'armée et des industriels israéliens mais également la prise en compte par ces mêmes acteurs des enseignements de la guerre en Ukraine.
Si ce conflit a été observé par plusieurs armées, les militaires israéliens et plus particulièrement ceux appartenant au Corps blindé ont étudié avec attention les erreurs commises par les unités blindées engagées dans ce conflit.
La démarche a été confirmée par le Général commandant le Corps blindé israélien en charge de la préparation opérationnelle qui a déclaré au journal The Economist :
" Nous avons vu comment les Russes combattent en Ukraine et les erreurs qu'ils ont commises ".
Toujours selon cet officier général, l'étude des erreurs commises par les unités blindées engagées en Ukraine doit permettre aux équipages israéliens de ne pas les reproduire au cours des prochains combats qui s'annoncent dans la bande de Gaza.
Pour les Israéliens la première défaillance constatée est le manque de coordination et d'intégration interarmes au sein des dispositifs blindés.
Pour les blindés de Tsahal, agir ainsi ne pourrait que renforcer l'efficacité de l'arsenal antichar détenu par le groupe terroriste allant de la roquette au missile capable d'attaquer par le haut.
L'autre facteur aggravant étant constitué par le réseau de tunnels et de bunkers à partir desquels les membres du Hamas peuvent engager et détruire les blindés israéliens.
Ces deux éléments étant amplifiés par le caractère urbain de la zone d'action, caractérisée par une forte densité de population et de nombreuses destructions d'infrastructures et de bâtiments rendant difficile la manœuvre et la détection des adversaires.
Pour pallier à ces risques l'armée israélienne a favorisé depuis plusieurs années la pratique du combat interarmes, poussant l'intégration des différents éléments engagés jusqu'au niveau le plus bas.
Selon l'état-major israélien, la mise en œuvre du combat interarmes permet de réduire les vulnérabilités du char en zone urbaine mais aussi d'augmenter son efficacité.
D9 en action devant un Merkava et un Namer
Sur ce dernier point, et contrairement aux agissements des troupes russes au début du conflit, le commandant du Corps blindé israélien accorde une grande importance à la communication entre les différentes entités déployées sur le terrain.
Pour lui, la mise en réseau des différents éléments engagés permet aux équipages de chars de disposer en temps réel d'informations précises provenant de différents capteurs tels que des des drones dont les images peuvent être reçues en temps réel par les équipages.
Cette innovation répond particulièrement aux exigences du combat urbain caractérisé par le cloisonnement de l'espace, une visibilité limitée et les difficultés de perception des événements survenant dans l'environnement du char.
Ces moyens de communication complètent ainsi les différents systèmes de surveillance périphériques capables de fournir des informations sur l'environnement immédiat du char comme le système Iron Vision d'Elbit dont la dernière version du Merkava est équipée.
Casque du système Iron Vision
Autre erreur relevée par les tankistes israéliens, la sous estimation de l'adversaire entraînant une perte d'objectivité et une trop grande confiance en soi.
Pour les Israéliens, les tankistes russes ont fait preuve d'une trop grande confiance qui les a conduits a sous-estimer l'adversaire ukrainien.
Les forces russes pensaient que leur supériorité numérique et technologique seraient suffisantes pour balayer les troupes ukrainiennes, mésestimant les réactions diplomatiques et politiques de leur intervention.
Cette confiance a conduit les forces russes à négliger la pratique des fondamentaux du combat blindé et à utiliser les atouts du char pour diminuer la menace et réduire les pertes.
De leur côté, les Israéliens sont parfaitement conscients des forces du Hamas et de sa détermination à mener le combat contre les troupes de Tsahal.
Bien que dépourvu d'engins blindés, le groupe terroriste reste pour les Israéliens un adversaire puissant capable de leur infliger de lourdes pertes.
Dans ce domaine, Tsahal a également tiré les leçons de l'opération menée au sud-Liban en 2006 dans laquelle les moyens aériens tenaient au départ le rôle principal. Les pertes subies par les unités terrestres ont rappelé que l'arme aérienne reste impuissante à conquérir et à tenir le terrain en dépit de sa puissance et de ses capacités.
Merkava détruit durant l'opération au sud Liban en 2006.
La perception par Tsahal des menaces constituées par les missiles antichars, les munitions rôdeuses et les drones a été amplifiée par les images des premières semaines de l'opération russe en Ukraine.
En dépit de la généralisation des systèmes de protection active Trophy sur les Merkava, Namer et bulldozers D9 ou Iron Fist sur l'Eitan, les chars et engins blindés israéliens ont été rapidement équipés de cages de protection contre les munitions attaquant par le haut.
La mise en place rapide et en nombre important de cet équipement accrédite l'hypothèse d'une préparation réalisée en amont et de la conduite de tests, motivés par l'observation des montages russes.
Protégeant la partie supérieure du char, traditionnellement moins blindée que les autres zones de l'engin, à l’exception de quelques chars comme le STRV 122 suédois, ces nouvelles protections devraient également se révéler utiles en zone urbaine au sein de laquelle les étages supérieurs des immeubles abritent souvent des positions de tir.
La destruction de ces immeubles comme on a pu le voir lors de la première incursion blindée israélienne dans la bande de Gaza constituant dans ce cadre une mesure de sauvegarde.
Namer équipé du système Trophy
Comme on le voit, les militaires israéliens ont su tirer profit des leçons du conflit ukrainien et les traduire concrètement.
Ajoutant ces observations à leur propre expérience déjà importante de ce type d'engagement, les unités de Tsahal ont probablement accentué l'importance de ces facteurs dans leur entraînement.
Même si l'adversaire ne possède pas les caractéristiques d'une armée régulière en termes d'organisation et de moyens, le conflit qui s'annonce est bien un engagement de haute intensité dans lequel la totalité des moyens terrestres de Tsahal sont engagés.
Le char bien que menacé par de nouvelles armes ou de nouvelles formes de combat reste au coeur des dispositifs israéliens auxquels il apporte ses caractéristiques.
Ce maintien du char au coeur du combat terrestre est permis par l'évolution technique de l'engin, l'existence de moyens interarmes dédiés et adaptés ainsi que la formation et l’entraînement des équipages, conformément au slogan du Corps blindé selon lequel : "l'HOMME dans le char sera victorieux."
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Alexderome Admin
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Sujet: Re: RETEX, INNOVATION ET ENTRAINEMENT POUR LES EQUIPAGES ISRAELIENS. Ven Nov 17 2023, 21:58
La coopération interarmes ce n'est pas nouveau, les Allemands avaient transformé l'infanterie en troupes de Panzergrenadier qui accompagnaient les Panzer. Quant à la vulnérabilité des tourelles des blindés , les Allemands en avaient fait l'amère expérience lors des combats urbains de Varsovie en 1944 ou bien les blindés soviétiques à Budapest en 1956, détruits au cocktail Molotov du haut des habitations.