Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis !
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis !

Forum pour Parachutistes et Sympathisants de par le Monde
 
AccueilPortailDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -29%
DYSON V8 Origin – Aspirateur balai sans fil
Voir le deal
269.99 €

 

 EPHEMERIDE Du JSF du 03. sept par Athos 79

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Athos79
modérateur
modérateur
Athos79


Masculin
Nombre de messages : 6635
Age : 84
Emploi : Retraité -Fonction publique
Date d'inscription : 08/09/2019

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Empty
MessageSujet: EPHEMERIDE Du JSF du 03. sept par Athos 79   EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Icon_minitimeDim Sep 03 2023, 08:02

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 36109657
Éphéméride du 3 septembre
dimanche 3 septembre 2023

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 3.09-1
Déclaration de guerre à l’Allemagne, le 3 septembre 1939

1120 : Mort de Gérard Tenque 

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 3.09-2-ordre-de-malte
[url][/url]
Gérard Tenque est le fondateur de l’Ordre de Malte, dont le nom complet est Ordre souverain militaire hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte.
Natif de Martigues (où il est né en 1040) Gérard fonda son Ordre en Palestine, en 1113.
Celui-ci devait connaître l’immense essor que l’on sait.  
Le 11 Août 1891, Martigues, sa ville, organisa une grande fête en son honneur : ce jour-là, Frédéric Mistral et des représentants de tout le Félibrige inaugurèrent une plaque en marbre, apposée au premier étage de la Mairie, l’Hôtel Colla de Pradines, pour rendre l’hommage qu’il méritait au fondateur de l’Ordre de Malte. 
La plaque porte ces mots :
L’AN DOU SAN CRIST MXL
DINS NOSTO CIEUTA DOU MARTEGUE
NASQUE LOUS BENUROUS
GERARD TENQUE
FOUNDATOUR DI MOUNGE ESPITALIE
DE SAN JAN DE JERUSALEN
E
LOU XI D’AVOUST
MDCCCXI
LI CIGALIE ME LI FELIBRE
AN OUNOURA PER AQUEST MABRE
LA MEMORI
DOU GRAND PROUVENCAU PIETADOUS
L’an du saint Christ 1.040
Dans notre ville de Martigues
Naquit le Bienheureux Gérard Tenque
Fondateur des Moines Hospitaliers
De Saint Jean de Jérusalem
Et
Le 11 Août
1.891
Les majoraux (1) et les félibres
Ont honoré par ce marbre 
La mémoire
Du grand provençal miséricordieux 
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 1248684674
[url][/url]
Charles Maurras, l’autre gloire de Martigues, a également honoré la mémoire de Gérard Tenque. Il le fit dans le jardin de sa maison du Chemin de Paradis, à Martigues, quartier de Ferrières : voir notre album Une visite chez Charles Maurras.
Ordre de Malte France

1783 : Fin de la guerre d’Indépendance américaine

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Fin-de-la-guerre-dIndependance-americaine-3.09.2023
Tableau du Musée national de Versailles : devant la tente, à gauche, tendant le bras droit et regardant vers sa droite, Rochambeau ; Washington, plus grand, est à droite de Rochambeau, et regarde dans la direction opposée; les deux généraux sont « coiffés »; seul le jeune La Fayette (vingt-quatre ans) est tête nue, juste derrière Washington, et à sa gauche
Le traité de Paris est signé entre la France et l’Angleterre, qui reconnaît l’indépendance des treize colonies américaines. Le traité de Versailles est signé le même jour entre l’Angleterre, la France et l’Espagne.
La France se voit reconnaître la possession de comptoirs aux Indes et au Sénégal, et celle de Saint-Pierre-et-Miquelon. En outre, la Grande-Bretagne perd Minorque et la Floride (qui devient espagnole) mais conserve Gibraltar.
La reddition de Lord Cornwallis à Yorktown (ci dessous), le 19 octobre 1781, avait marqué la défaite inéluctable de l’Angleterre (éphéméride du 19 octobre). 
Tableau du Musée national de Versailles : devant la tente, à gauche, tendant le bras droit et regardant vers sa droite, Rochambeau; Washington, plus grand, est à droite (donc, à la gauche de Rochambeau, et regarde dans la direction opposée; les deux généraux sont « coiffés »; seul le jeune La Fayette (vingt-quatre ans) est tête nue, juste derrière Washington, et à sa gauche

1792 : Le major Karl von Bachmann, commandant des Suisses lors de l’insurrection du 10 août, est guillotiné

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 3.09.2022-Karl-von-Bachmann-229x300
Originaire d’une famille noble et catholique du Canton de Glaris, le jeune Karl s’engage très tôt dans le Régiment des Gardes Suisses, créé à la suite de la Paix de Fribourg, instituant la Paix perpétuelle entre la France et la Suisse (voir l’éphéméride du 29 novembre). Il devint lieutenant-colonel du régiment en 1792, et c’est parce que son supérieur hiérarchique, le colonel Louis-Auguste d’Affry, malade, était resté chez lui ce jour-là que Karl von Bachmann fut amené à commander le régiment des Gardes suisses.
On sait comment finit l’émeute (voir l’éphéméride du 10 août) : le major Bachmann échappa au massacre mais fut arrêté peu après et conduit à la Conciergerie. Le 2 septembre, la seconde section du Tribunal criminel, présidée par le juge révolutionnaire Matthieu, le condamna à la peine de mort, conformément à l’article 11 de la deuxième section du titre premier de la deuxième partie du Code pénal. C’était l’époque où les bourreaux et les assassins étaient devenus Juges ! C’était la triste époque de la révolution française…
Le major Bachmann, lui, monta sereinement à l’échafaud, fièrement revêtu de la veste rouge des gardes suisses : l’honneur des hommes, face aux « bourraux barbouilleurs de lois » (André Chénier, poète lui aussi guillotiné !).
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 806171941
[url][/url]
 Notre album Drapeaux des Régiments du Royaume de France vous propose 467 photos : l’intégralité de sa partie 3 (soit 86 photos) est consacrée aux Suisses, depuis les origines (« Au début furent les Cent Suisses ») jusqu’à leur fin tragique mais héroïque et grande et noble, dans l’ignominie qui la causa (« Ea est fiducia gentes ») : gloire et honneur, à jamais et pour l’éternité, aux Suisses courageux et loyaux, serviteurs fidèles jusqu’à la mort au Roi de France.

1792 : Assassinat de la princesse de Lamballe, et scènes d’anthropophagie révolutionnaire 

De Raphaël Dargent, Marie-Antoinette, le Procès de la Reine (pages 291/292/293) :
« …C’est un autre crime, celui-là bien réel », que raconte Daujon quand il narre la scène qui suit :
« Deux individus traînaient par les jambes un corps nu, sans tête, le dos contre terre et le ventre ouvert jusqu’à la poitrine… A ma droite, au bout dune pique, était une tête qui souvent touchait mon visage par les mouvements du porteur en gesticulant. A ma gauche, un autre plus horrible tenait, d’une main, les entrailles de la victime, appliquées sur mon sein, et de l’autre un grand couteau. Par derrière eux un grand charbonnier tenait, suspendu à une pique au-dessus de mon front, un lambeau de chemise trempé de sang et de fange. »
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 4226416498

Ce corps nu, sans tête, ouvert jusqu’à la poitrine, qu’on traîne à même le sol, n’est autre que celui de la princesse de Lamballe (ci contre) qu’on s’apprête à venir montrer à la reine ! Daujon précise que la dépouille, ce tas de chair et de sang, est « étalé avec appareil  et les membres arrangés avec une espèce d’art et surtout un sang-froid qui laisse un vaste champ aux méditations du sage ».Vous parlez d’une formule délicate pour dire l’abomination de la scène ! Oui, la Lamballe est là, ou plutôt ce qu’il en reste. On est allé la chercher à la prison de la Force; on l’a violée, assommée, décapitée, ouverte de part en part; un fou, plus fou que les autres, un monstre, plus monstre que les autres, s’est acharné sur son sexe dont il exhibe maintenant les parties déchirées, les lambeaux arrachés; ses poils pubiens lui servent de moustache. La tête de la Lamballe, tuméfiée, cadavérique, et qu’on a eu l’indécence de poudrer, avec ses cheveux blonds poisseux et collés par le sang, s’élève au-dessus de la troupe en furie, brandie au bout d’une pique. Chacun a arraché au pauvre corps mutilé ce qu’il en a pu…
Plusieurs voix s’élèvent alors pour que Marie-Antoinette se mette à la croisée (elle est enfermée à la prison du Temple) ; d’autres réclament l’autorisation de monter, si elle ne se montre pas, afin de lui « faire baiser la tête de sa putain » ! Marie-Antoinette tire le store de sa main tremblante, elle ne voit rien d’autre d’abord que la petite troupe hurlante et levant ses piques. Puis, malgré le sang collé sur le visage et dans les cheveux de la tête qu’on lui brandit, elle reconnaît, derrière ce rictus hideux, les traits de sa favorite. Elle pousse un petit cri de stupeur, met la main à la bouche et s’évanouit. Alexandre Dumas imagine la reine, interdite, immobile, figée après cette vision d’horreur. « La terreur l’avait changée en statue », écrit le grand écrivain.
On racontera ensuite toutes sortes d’horreurs concernant cette mort, et on se vantera – oui, on se vantera – non seulement de lui avoir arraché le coeur – ce qui était le cas – mais encore de l’avoir mangé ! Toute la nuit, Marie-Antoinette sanglota tandis que les tambours continuaient à battre la générale. Quand nous parlions d’anthropophages… »  
Que dire et que penser devant de telles abominations ? La Révolution est bien la matrice de toutes les horreurs et des tous les crimes des totalitarismes du XXème siècle, dont tous les criminels contre l’humanité que l’on ne connaît que trop bien sont les héritiers, de Staline à Pol Pot, Mao, Ho Chi Minh, Hitler, Ceaucescu, Kim Il Sung et ses descendants.
Comme le dit si justement Chateaubriand : « Il y a des temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux. » 
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 1096185227
donarussiak/la mort atroce de madame de lamballe le 3 septembre 1792

1883 : Mort de Tourgueniev, à Bougival 

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 2647356744
La « datcha » où Tourgueniev vécut les dernières années de sa vie, et où il mourut
terresdecrivains/Ivan TOURGUENIEV a Paris Bougival

1939 : Londres et Paris déclarent la guerre à l’Allemagne 

Suite à l’invasion de la Pologne le 1er septembre par les troupes allemandes, la Grande-Bretagne se déclare en guerre, à 12 heures. La France fait de même à 15 heures : la Seconde Guerre mondiale a commencé.
Mais le régime républicain n’a rien fait pour contrer Hitler quand il en était temps; et voilà qu’il commet la folie de lui déclarer la guerre au moment le plus mal choisi, à lui qui, depuis des années, a transformé l’Allemagne en forges de Vulcain, alors que la France, à l’inverse, n’est, évidemment, pas prête.
Le régime renouvelle ainsi la folie de Napoléon III, qui, lui aussi, avait déclaré une guerre pour laquelle nous n’étions pas prêts : au moins, en 1914, si nous n’étions toujours pas prêts, c’est Guillaume II qui a mis le feu à l’Europe en nous déclarant la guerre.
En somme, Empire ou République, ni en 1870, ni en 1914, ni en 1939, et à cause de son régime politique, la France n’était pas prête à affronter ce qu’elle allait devoir affronter : quand l’inconscience politique se double de toutes les formes possibles d’incompétence, ces folies renouvelées suffisent à elles seules à condamner un Régime. 
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 426663859
Dès 1918, analysant les vices d’un mauvais traité de paix, dont il prévoyait les méfaits ( « Trop fort dans ce qu’il a de faible, trop faible dans ce qu’il a de fort » ), Bainville prédisait un nouveau conflit, inévitable « dans les vingt ans ». 
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 03.09.2022-Bainville-268x300
Pour la France, ce sera le plus grand désastre de son Histoire. Peu de temps auparavant, Paul Reynaud avait déclaré : « Nous vaincrons, parce que nous sommes les plus forts ». Aveuglement ? Inconscience ? Ou les deux à la fois… De Gaulle a raconté, dans ses Mémoires, comment il était sorti, furieux, de chez Léon Blum, alors Président du conseil, qui venait de refuser de voter les crédits militaires pour faire face à un danger devenu aveuglant, et alors que de précieuses années avaient déjà été perdues: se faisant pressant sur ce sujet, Blum lui avait répondu en substance -raconte de Gaulle- qu’il ne pouvait pas pas, lui le pacifiste de toujours, voter les crédits militaires !
Moyennant quoi, par impréparation, la France fut écrasée, envahie et occupée, la chambre du Front Populaire ne trouvant rien de mieux à faire, une fois le désastre prévisible survenu, que de prendre la fuite, éperdue, non sans avoir voté les pleins pouvoirs – à une très large majorité- au Maréchal Pétain.
C’est une fois de plus chez Jacques Bainville que l’on trouvera l’explication la plus lumineuse des faits. Pas dans l’Histoire de France cette fois, mais dans L’Histoire de deux peuples et L’Histoire de deux peuples continuée jusqu’à Hitler. 
Comme pour l’Histoire de France, il faut tout lire de ce chef d’œuvre.
Voici l’intégralité du chapitre VII (et dernier), Le réveil de la Walkyrie, de cet ouvrage remarquable en tous points. Bainville y remonte aux sources, c’est à dire au calamiteux Traité de Versailles de 1918, qui a gâché la paix, après une guerre qui avait coûté tant de sacrifices matériels et humains au peuple français. 
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 3.09-livre-bainville-215x300-1

« Restitutions, réparations, garanties. » Tels furent les trois principes qui inspirèrent la paix, conçue comme un jugement. D’autres traités avaient été des traités politiques. Celui-là était un traité moral, pesé dans les balances de la justice. Il était moral que l’Allemagne fût désarmée et qu’elle perdît, en fait de territoires, ceux qu’elle avait pris à d’autres nations non germaniques et ceux-là seulement. Il était moral, au plus haut degré, que les responsables de la guerre fussent jugés, Guillaume II à leur tête. Il est vrai qu’ils ne l’ont pas été, que le peuple allemand a été unanime à refuser de livrer ces otages et que la révision du traité a commencé par cet article-là. Il était moral que l’Allemagne fût privée de ses colonies. Elle n’était pas jugée digne de compter parmi les peuples colonisateurs. Enfin il était moral, deux fois moral, qu’elle fût astreinte à payer, d’abord parce qu’elle avait à réparer les dommages causés à autrui, ensuite parce qu’il fallait que le peuple allemand comprît que la guerre est une mauvaise opération et qui ne rapporte rien. Ainsi cette paix, rendue comme un arrêt de justice, aurait encore l’avantage de moraliser le condamné. « J’espère, disait M. Lloyd George, que l’Allemagne a fait son salut en la débarrassant du militarisme, des Junkers, des Hohenzollern. Elle a payé un prix élevé pour sa délivrance. Je crois qu’elle trouva que cela en valait la peine. » 
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 310438810

Fondée sur de pareilles illusions, est-il étonnant que la paix ait laissé tant de déboires aux vainqueurs ? Voici, en regard, ce qu’était la réalité. (De gauche à droite : LLoyd George, Orlando, Clémenceau, Wilson)
Une Allemagne diminuée d’environ 100.000 kilomètres carrés mais qui, sur ce territoire réduit, réunissait encore 60 millions d’habitants, un tiers de plus que la France, subsistait au centre de l’Europe. L’oeuvre de Bismarck et des Hohenzollern était respectée dans ce qu’elle avait d’essentiel. L’unité allemande n’était pas seulement maintenue mais renforcée. Les alliés avaient affirmé leur volonté de ne pas intervenir dans les affaires intérieures allemandes. Ils y étaient intervenus pourtant. Les mesures qu’ils avaient prises, la voie qu’ils avaient montrée, celle de la République unitaire, avaient eu pour effet de centraliser l’Etat fédéral allemand et d’affermir les anciennes annexions de la Prusse dans le Reich lui-même. S’il y avait, parmi les populations allemandes, des aspirations à l’autonomie, elles étaient étouffées. Le traité enfermait, entre des frontières rétrécies, 60 millions d’hommes unis en un seul corps. Telle lut l’Allemagne au nom de laquelle deux ministres de la nouvelle République vinrent signer à Versailles, le 28 juin 1919. 
Du fond de la Galerie des Glaces, Müller et Bell, de noir habillés, avaient comparu devant les représentants de vingt-sept peuples assemblés. Dans le même lieu, sous les mêmes peintures, l’Empire allemand avait été proclamé quarante-sept ans plus tôt (ci dessous). Il y revenait pour s’entendre déclarer à la fois coupable et légitime, intangible et criminel. À sa condamnation il gagnait d’être absous comme si la forme républicaine eût suffi à le rénover.         
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 1874747714

Obscurs délégués d’une Allemagne vaincue mais toujours compacte, Müller et Bell, comparaissant devant ce tribunal, pensaient-ils à ce que la défaite laissait survivre d’essentiel pour leur pays ? Le redoutable Empire de Guillaume II était humilié. La voix coupante de Clemenceau ajoutait à l’humiliation : « Il est bien entendu, Messieurs les Délégués allemands, que tous les engagements que vous allez signer doivent être tenus intégralement et loyalement. » Les témoins de cette scène historique entendront toujours et ce verbe tranchant et les deux Ia, indifférents et mous, qui sortiront de la bouche de Müller et de Bell. Qui pouvaient-ils engager ? Déjà le traité de Versailles mettait en mouvement des forces qui échappaient à la volonté de ses auteurs. 
Ce traité enlevait tout aux vaincus, sauf le principal, sauf la puissance politique génératrice de toute puissance. Il croyait ôter à l’Allemagne les moyens de nuire qu’elle possédait en 1914. Il lui accordait le premier de ces moyens, celui qui permet de retrouver les autres, l’Etat central, l’Etat prussien avec lequel toute l’Allemagne était désormais confondue. Ainsi l’unité sortait plus forte de la défaite. 
Ce n’est pas tout. Les Alliés, pour consentir à déposer les armes, avaient exigé le renversement des Hohenzollern. Mais la chute de cette dynastie avait été précédée de celle de tous les autres princes allemands. Quand Guillaume Il avait fui, les rois de Bavière, de Saxe, de Wurtemberg, les grands-ducs et les ducs étaient déjà tombés. Bismarck avait calculé que la révolution était impossible parce que, si l’empereur-roi de Berlin tombait, les princes confédérés reprendraient leur liberté et que ce serait la désagrégation du Reich. Or, et ce n’est sans doute pas par hasard, la révolution allemande de 1918 a commencé par le Sud. Il n’y avait plus de Habsbourg à Vienne ni de Wittelsbach à Munich. Le support du particularisme, qui était dynastique, avait disparu. Pour que le trône des Hohenzollern pût s’écrouler sans dommages pour l’unité, il fallait que les autres trônes allemands fussent vides. Cette condition extraordinaire et imprévue était remplie. 
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 161488569
La République s’installait. Elle devait unir encore davantage les Allemands. Un socialiste l’avait dit dès le 3 novembre : « Plus le Reich est démocratique, plus son unité devient sûre et plus grande sa force d’attraction. La grande Allemagne, qui déjà semblait se faire en 1848 et dont les contours se dessinent de nouveau devant nous, avait été conçue sous la forme d’un Etat démocratique. » C’était vrai. Les Alliés avaient confirmé l’unité allemande par le traité de Versailles lui-même. Ils l’avaient rendue encore plus forte en exigeant l’abdication de Guillaume Il et en poussant le Reich à adopter le régime républicain. Par une inconséquence remarquable, ils exigeaient d’ailleurs que l’Autriche restât distincte de la communauté germanique dont elle avait fait partie jusqu’en 1866. En même temps, alléguant que le démembrement de l’Empire n’était pas dans leurs intentions, ils avaient, pour reconstituer la Pologne, séparé la Prusse orientale du reste de la Prusse remise dans l’état où l’avait trouvée Frédéric II. Ainsi, l’Allemagne, unifiée dans son esprit, était blessée dans sa chair.
Parmi les vainqueurs, les uns, l’anglais Lloyd George et l’américain Wilson regardaient la dissociation du Reich comme contraire au principe ou comme trop propre à faire de la France la plus grande puissance du continent. Clemenceau la tenait pour impossible ou, s’il la désirait, c’était faiblement. Il voulait que l’Allemagne fût punie. Il lui répugnait de distinguer entre les Allemands à qui il réservait en bloc sa sévérité. L’ancienne politique française des « Allemagnes » était oubliée à ce point que les tentatives des autonomistes rhénans furent découragées et même accueillies ironiquement. Le général Mangin fut rappelé de Mayence pour les avoir soutenues. 
En somme, l’idée des auteurs de la paix était à peu près la suivante. Il devait suffire de verser une certaine dose de démocratie dans l’édifice élevé par Bismarck et par les Hohenzollern, après l’avoir réduit à ses parties authentiquement allemandes. Alors, moyennant quelques précautions d’ordre militaire destinées à durer jusqu’à la conversion parfaite du peuple allemand, on aurait fait ce qu’il était humainement possible de faire pour la paix de l’Europe et le progrès de l’humanité. C’était un nouveau baptême des  Saxons, à la façon de Charlemagne, un baptême démocratique. On disait tout haut que le régime républicain affaiblirait les sentiments belliqueux. Peut-être, tout bas, pensait-on qu’il agirait à la manière d’un dissolvant. 
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 3.09-3-traite-calligraphie-220x300

Il est vrai que, pendant plusieurs années, il sembla que le chaos germanique fût revenu. L’Allemagne était secouée de violentes convulsions. Devenu tout-puissant à la faveur de la République, le socialisme y exerçait plus de ravages que la défaite. L’Allemagne semblait vaincue deux fois. On eût dit qu’elle tournait sa fureur contre elle-même. 
Mais elle n’acceptait rien. Sa défaite lui apparaissait comme une injustice du sort ou une maldonne. Du traité, un social-démocrate, Scheidemann, avait dit que sa main sécherait plutôt que de signer cette humiliation. L’Allemagne était en révolte contre la « paix dictée », contre le Diktat. Cependant elle était impuissante. Le paiement des réparations, le « tribut », devait d’abord provoquer sa résistance. Jetée dans l’inflation par les désordres de sa politique, elle allait jusqu’au bout, elle tuait sa monnaie pour se rendre insolvable (ci dessous). Forts du droit des créanciers, les Français occupèrent la Ruhr sans coup férir. En 1923, l’Allemagne parut plus bas que le jour où ses généraux avaient arboré le drapeau blanc et demandé l’armistice.(Traité calligraphié, signé Raymond Poincaré)
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 1468375162
Alors parut l’homme qui devait la sauver, homme d’une haute intelligence, d’un véritable génie. Disciple du chancelier de fer, Gustave Stresemann se souvint que son maître n’avait pas toujours frappé du poing. Avant de dire que la force prime le droit, c’est-à-dire avant que la Prusse fût forte, Bismarck avait ménagé l’Autriche, ménagé la France. Il avait, à Biarritz, dans une entrevue célèbre, séduit Napoléon III. Stresemann comprit que l’Allemagne ne pouvait rien par la violence et qu’il fallait essayer de la ruse et de la douceur. 
Fidèle aux Hohenzollern quoique républicain par opportunisme, il a expliqué dans une lettre historique, une lettre au Kronprinz publiée après sa mort, qu’il importait pour le salut de l’Allemagne d’entrer dans les idées de l’adversaire, de « finasser ». La France, déjà lasse de l’effort que lui imposait l’exécution du traité, lui offrait un interlocuteur tel qu’il n’eût pu le souhaiter qu’en rêve. Démagogue profond jusqu’à la perversité, Aristide Briand calculait l’écho, la puissante vertu électorale que possèdent les mots de paix, de rapprochement des peuples, de réconciliation. Lui-même se grisait de son rôle, se sentait devenir grand homme, voyant, apôtre. Stresemann le prit par son faible comme Bismarck avait pris Napoléon III par le sien, qui était le principe des nationalités. 
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 3.09-4-groupe-negociateurs-du-traite-300x215

Sedan, Bismarck et Napoléon III s’étaient retrouvés face à face. La mort n’a permis ni à Stresemann d’assister à son triomphe, ni à Briand de voir les effets de son aveuglement. Les années de Locarno ont été celles d’une des plus grandes duperies de l’histoire. La faveur dont Frédéric avait joui en France autrefois fut dépassée. Le rayonnement de Stresemann éblouissait. Il embellissait tout. Les signes se multipliaient en vain. Quand la République allemande marchait, d’un mouvement continu, de gauche à droite, on s’obstinait à croire qu’elle suivait l’exemple de la République française qui avait marché de droite à gauche. Quand le maréchal Hindenburg, au plébiscite, fut élu président, remplaçant le socialiste Ebert, on voulut, après un moment de surprise, se persuader qu’il serait, comme le maréchal de Mac-Mahon, fidèle gardien des institutions qu’il n’aimait pas.  (Ci-dessus, à  Locarno, de gauche à droite, Stresemann, Chamberlain, Briand).
Stresemann avait déjà disparu de la scène, lorsque son oeuvre fut couronnée par l’évacuation de Mayence. La France avait le droit d’occuper jusqu’en 1935 la ville que Thiers, jadis, appelait « la place la plus importante de l’Europe ». Avertissements, pressentiments, tout fut inutile. On alla jusqu’au bout du système de Locarno comme on était allé jusqu’au bout de la guerre. Ce qui répondait du respect des traités et même de l’existence de la démocratie allemande fut abandonné. 
Alors ce fut comme si l’Allemagne, libérée dans son territoire, l’était dans ses passions. En quelques mois elle fut embrasée à la voix d’un étrange Messie. On se refusait encore à croire qu’elle pût se livrer à Hitler. En quelques étapes il conquit le pouvoir que lui ouvrait le maréchal Hindenburg dont il avait été le concurrent et qu’il avait violemment combattu. Puis, en quelques jours, l’Allemagne se donnait à l’expression la plus extrême du nationalisme. L’Empire des Hohenzollern commença, en secret, d’être regretté dans le monde comme une forme de gouvernement modérée et libérale auprès du régime hitlérien. Conservée dans son unité, l’Allemagne avait donc mûri ce fruit ! Et même, l’unité sauvée par les vainqueurs, Hitler la consommait. Il allait plus loin que Bismarck, plus loin que la révolution de 1918 et que l’assemblée de Weimar. Il supprimait les dernières traces du fédéralisme. Il mettait un statthalter prussien jusqu’à Munich et la Bavière protestait encore moins qu’en 1871 lorsqu’elle avait été « avalée ».   
EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 3.09-1a-300x200

Ainsi l’histoire des deux peuples se poursuit. Elle offre, dans la phase qui finit et dans celle qui commence, ce caractère redoutable que jamais les Français n’ont si peu compris les Allemands. Leurs raisonnements et leurs sentiments nous échappent. Leur monde intellectuel et passionnel n’est pas le nôtre. Jamais peut-être ils n’ont été plus différents de nous. Même l’art est fertile en malentendus. Lorsque nous écoutons Siegfried, lorsque le héros, traversant le cercle de feu, réveille Brunhilde endormie, ce théâtre est pour nous de la mythologie puérile, prétexte à musique. Cette musique, pour Wagner, était celle « de l’avenir ». Et la Walkyrie chante :« Salut à toi, soleil ! Salut à toi, lumière ! Jour brillant, salut ! Long fut mon sommeil. Quel héros m’a réveillée ? » Paroles d’opéra ici. Là-bas, symbole de la résurrection et de la métamorphose. Autre et semblable à elle-même, l’Allemagne annonce quels destins ?

L’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler.

Regarder ces images saisissantes – Écouter le commentaire où il faut sans-doute prendre et laisser mais qui est assez évocateur de ce qui se passait et allait secouer le monde.  
   


EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Gettyimages-905655862-1024x1024-Copie-Copie-256x300

1918 – La France vient de gagner la guerre, au prix effroyable d’un million et demi de morts et de quatorze départements ravagés pendant quatre ans : la République, le Régime, le Système (peu importe le nom qu’on lui donne…) va perdre la paix en ne supprimant pas l’unité allemande – qui n’avait pas un demi-siècle d’existence ! – mais en supprimant l’Empire Austro-Hongrois, catholique et « stabilisateur », haï par l’anticlérical forcené qu’était Clemenceau : on aura Hitler vingt ans plus tard, conformément à l’analyse de Bainville et de tous les lucides de l’époque. 
Les désastres de la Seconde Guerre mondiale sont directement le fruit de la nocivité du Système idéologique hérité de la révolution française.


___________________________________ ____________________________________

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Croix_11

Inri  - Igne - Natura - Renovatur - Intégra


Pour une plus grande tolérance dans la plus stricte indépendance

Commandoair40 et 81/06 aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Commandoair40
Admin
Admin
Commandoair40


Masculin
Nombre de messages : 29167
Age : 78
Emploi : Français Radicalisé .
Date d'inscription : 07/11/2014

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Empty
MessageSujet: Re: EPHEMERIDE Du JSF du 03. sept par Athos 79   EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Icon_minitimeDim Sep 03 2023, 11:23

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 926774  EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 373769  Merci mon Athos  EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 373769  EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 926774  

Magnifique post , malgré une grande tristesse qui m'envahit .

Je confirme :

Que dire et que penser devant de telles abominations ?

La Révolution est bien la matrice de toutes les horreurs et de tous les crimes des totalitarismes du XXème siècle, dont tous les criminels contre l’humanité que l’on ne connaît que trop bien sont les héritiers, de Staline à Pol Pot, Mao, Ho Chi Minh, Hitler, Ceaucescu, Kim Il Sung et ses descendants

Comme le dit si justement Chateaubriand :

« Il y a des temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux. »


EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Images?q=tbn:ANd9GcR2hWVbzykviHooti90y27mtLqb_PGK-9AZA2B-BWbA_Nzqki-hPgpJea3pXkDdvmEGZYw&usqp=CAU

___________________________________ ____________________________________

Sicut-Aquila

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 908920120 EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Cocoye10 EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

81/06 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas
Commandoair40
Admin
Admin
Commandoair40


Masculin
Nombre de messages : 29167
Age : 78
Emploi : Français Radicalisé .
Date d'inscription : 07/11/2014

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Empty
MessageSujet: Re: EPHEMERIDE Du JSF du 03. sept par Athos 79   EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Icon_minitimeDim Sep 03 2023, 19:42

Edmond Dziembowski : "La Révolution française est la mère du complotisme contemporain"

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 HIPDU3WFVJAKFGO3NVHJ7NTRQQ

Anglais, protestants, francs-maçons… L’historien revient sur la poussée conspirationniste au moment de la Révolution française.

Dès les premiers mois de 1789, la France est prise d’une "fièvre complotiste" qui s’obstine à chercher les causes occultes de la Révolution.

Pour bien des contemporains, cet événement inouï ne peut être que le fruit d’une conspiration.

Dans La Main cachée - Une autre histoire de la Révolution française (Perrin, 368 p., 24 euros), Edmond Dziembowski, spécialiste de la période, retrace l’histoire de cette croyance.

Son ouvrage révèle les troublants échos du complotisme révolutionnaire avec le nôtre, sans nier les différences.

L'Express : En quoi la Révolution française est-elle la mère du complotisme ?

Edmond Dziembowski :

Bien entendu, le complotisme n’a pas attendu la Révolution française pour se manifester.

Un siècle plus tôt, pendant la Restauration Stuart, l’Angleterre a connu une vague anti-conspirationniste, anti-papiste et anti-catholique extrêmement virulente.

Mais à des moments de crise politique extrêmement grave, certains observateurs ont tendance, plutôt que de regarder les choses en face, à interpréter les événements à l’aide d’une grille alternative moins traumatisante.

Ce complotisme atteint, sous la Révolution française, une densité remarquable.

Il se décline selon plusieurs variantes, qui se manifestent dès les premiers jours de la Révolution.

Ces explications se poursuivront pendant tout le processus révolutionnaire, pour se tasser progressivement pendant l’Empire.

Du fait de la dimension exceptionnelle du phénomène, la Révolution a donc joué un rôle essentiel dans la naissance du complotisme contemporain.

Qui sont ces complotistes ? Peut-on en dresser un portrait-robot ?

Leur profil psychologique ressemble à celui des théoriciens du complot actuels qu’a décrit l’essayiste américain Richard Hofstadter.

Leur démarche est foncièrement paranoïaque et autiste.

Si l’on s’évertue à leur prouver qu’ils ont tort, ils répondront que nous sommes de tristes naïfs en donnant du crédit à la version officielle des faits.

Ou même que nous sommes les agents du complot qu’ils dénoncent !

Politiquement parlant, ces complotistes de l’époque révolutionnaire sont par ailleurs fort bigarrés.

Beaucoup appartiennent au camp royaliste et clérical.

Mais certains révolutionnaires ont également adhéré à ces interprétations alternatives.

Pour ne citer que lui, en 1793, Camille Desmoulins était persuadé que la Révolution avait été fomentée dès ses débuts par l’Angleterre.

En quoi la peur du complot a-t-elle infléchi le cours de la Révolution ?

Dans les premières semaines de la Révolution a pris forme la phobie qu’a analysée Georges Lefebvre dans son livre La Grande Peur de 1789.

Des bandes de brigands se seraient répandues à travers toute la France et menaceraient les chaumières.

Circule en parallèle une autre rumeur : celle du complot aristocratique.

On annonce que les partisans de l’Ancien Régime sont prêts à tout pour saper les bases du processus révolutionnaire, quitte à s’attaquer aux récoltes.

Cette rumeur, infondée, a favorisé, dans certaines provinces, l’attaque des châteaux par la paysannerie.

Enfin, dès le déclenchement du processus révolutionnaire, une dernière rumeur commence à se répandre :

La Révolution française a été minutieusement préparée, jusqu’à ses moindres détails.

Certains accusent l’Angleterre de l’avoir fomentée : pourquoi ? Cette attaque repose-t-elle sur une parcelle de vérité ?

Cette manière de considérer les choses repose beaucoup sur le sentiment anglophobe, très présent dans le pays.

Elle est totalement infondée.

On affirme entre autres que l’Angleterre aurait déclenché la Révolution pour se venger de la participation française à la guerre en Amérique du Nord.

En réalité, dès le début des événements révolutionnaires, le gouvernement de William Pitt adopte une position de neutralité.

Mais les choses évoluent à partir de 1793, quand la France déclare la guerre à l’Angleterre.

Dans ce contexte de conflit, notamment économique, celle-ci fabrique de faux assignats pour précipiter l’effondrement des finances françaises.

Plus tard, sous le Directoire, elle essaie d’influencer, par la corruption, le cours des élections annuelles.

Mais, contrairement aux accusations des complotistes, l’objectif n’est pas de mettre de l’huile sur le feu de la Révolution, mais, au contraire, de faciliter l’élection des candidats modérés et/ou royalistes.

Et les autres accusés, à savoir les francs-maçons, les protestants et les philosophes des Lumières ?

Derrière une théorie du complot se trouvent des faits, mais des faits tronqués et réinterprétés.

Pour le complot imaginaire des philosophes des Lumières, le théoricien le plus célèbre a été l’abbé Barruel.

Dans ses Mémoires pour servir à l’histoire du jacobinisme (1797), il s’appuie sur des citations de Voltaire, de Diderot, des grands encyclopédistes, sorties de leur contexte.

En réalité, les philosophes des Lumières n’ont jamais été des révolutionnaires.

Bien installés dans la société, ils n’avaient aucune envie de la mettre à mal.

Idem pour le mythe du complot protestant, qui ne tient pas debout.

On prétend que la Révolution aurait été fomentée par un ministre de cette confession, Jacques Necker.

On incrimine sa politique réformatrice qui s’appuyait, de façon très moderne, sur l’opinion publique.

Enfin, Barruel établit un lien de cause à effet entre le développement des loges maçonniques et l’essor des clubs révolutionnaires.

Tous les spécialistes de la franc-maçonnerie ont démontré l’absurdité de cette thèse.

Comment expliquer cette profusion de théories du complot ? Par le désarroi face à un événement aussi inouï que la Révolution française ?

Face à une actualité dérangeante, voire terrifiante, on cherche et on trouve ce qui rassure.

Chacun est tenté de trouver l’explication en adéquation avec son opinion de la société, de la religion, de l’ordre politique.

Cela vaut pour les aristocrates, qui incriminent les philosophes et les francs-maçons.

Mais aussi pour les révolutionnaires, qui s’en prennent à l’Angleterre.

En 1793, Robespierre affirme à son tour que, jusqu’à la prise des Tuileries, le 10 août 1792, la Révolution française a été l’œuvre de l’Angleterre.

Il y aurait d’abord eu une révolution d’origine étrangère, préparée et manipulée par l’Angleterre pour favoriser sa domination mondiale, puis, au bout de trois ans, une révolution enfin française, républicaine et égalitaire, œuvre des sans-culottes et des Montagnards.

Vous affirmez que le complotisme comporte toujours une part de xénophobie. Pourquoi ?

Analyser le complotisme revient à s’attaquer à ce que Jean Delumeau a étudié dans un grand livre :

Les peurs ancestrales qui, de tout temps, ont pesé sur le déroulement des faits.

Parmi ces peurs, celle de l’étranger.

Dès 1789, les étrangers sont sur la sellette :

C’est le Genevois Necker qui est soupçonné d’avoir préparé l’effondrement de l’Ancien Régime, ce sont les innombrables et prétendus agents de l’Angleterre qui auraient facilité le déclenchement de la Révolution et qui, ensuite, auraient contribué à sa radicalisation.

Cette xénophobie est exploitée de main de maître sous le Consulat (1799-1804) quand la propagande s’efforce de distinguer entre une "bonne" Révolution, celle de 1789, dont les principes sont ceux du régime consulaire et bientôt impérial, et une mauvaise révolution, celle de la Terreur et de la déchristianisation.

Cette mauvaise révolution aurait été l’œuvre exclusive de la Perfide Albion.

Pour tourner enfin la page de l’épisode révolutionnaire, il importe pour les écrivains aux ordres de Bonaparte de "dénationaliser" tout ce qui porte atteinte à l’image de 1789, moment fondateur de l’ordre qui se met en place.

Le complotisme d’hier est-il le même que celui d’aujourd’hui ?

Aujourd’hui, lancer une théorie du complot est beaucoup plus facile qu’au XVIIIe siècle.

Si vous exposez sur Internet les pires absurdités, vous trouverez aussitôt des personnes pour vous croire.

Et avec l’effet multiplicateur des réseaux sociaux, la rumeur se propagera comme l’éclair.

Par ailleurs, les théories du complot actuelles sont bien plus extravagantes que celles des années 1790.

Sous la Révolution, la civilisation du livre régnait sans partage.

Les libraires-imprimeurs n’auraient jamais accepté de publier certaines théories qui ont cours aujourd’hui…

Même dans ses excès les plus douteux, le complotisme de l’époque révolutionnaire était le reflet de l’intelligentsia du siècle éclairé qui l’avait précédé.

Notre imaginaire politique, social et culturel n’a plus beaucoup de rapport avec celui de 1789.

Barruel était un homme très cultivé, ce qui est loin d’être le cas de nos complotistes du XXIe siècle.


Source : https://www.lexpress.fr/

___________________________________ ____________________________________

Sicut-Aquila

EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 908920120 EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Cocoye10 EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

81/06 aime ce message

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Empty
MessageSujet: Re: EPHEMERIDE Du JSF du 03. sept par Athos 79   EPHEMERIDE Du JSF  du 03. sept  par Athos 79 Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
EPHEMERIDE Du JSF du 03. sept par Athos 79
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» EPHEMERIDE du JSF. du 26 Juin. par Athos 79
» LES EPHEMERIDES du JSF du 1er sept par Athos 79
» Athos presente le JSF du 02 sept et ses ephemerides
» Les ephemerides du JSF du.19 sept. presentées. par Athos 79.
» EPHEMERIDE JSF Par ATHOS79

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis ! :: LE FOYER :: Le Bar de l'Ancien, les Infos du Monde-
Sauter vers: