Éphéméride du 28 juillet
vendredi 28 juillet 2023
1659 : Départ de Louis XIV pour Saint-Jean-de- Luz
L’une des clauses du Traité des Pyrénées, en cours de signature avec l’Espagne, stipule que le Roi de France doit épouser la fille du Roi d’Espagne.
En réalité, les pourparlers et la signature du Traité traînant en longueur, le voyage durera presque un an, le Roi ne rentrant à Paris que le 13 juillet 1660.
Il en profitera pour faire un long détour dans les provinces du Sud Est et y consolider son autorité.
La Cour quitte d’abord Fontainebleau pour Bordeaux, où elle restera du 19 août au 5 octobre; elle sera ensuite à Toulouse, du 14 octobre au 27 décembre, puis à Montpellier, du 5 au 8 janvier 1660; elle arrive à Nîmes le 9 janvier, et le Roi visite le Pont du Gard le lendemain, 10 janvier (voir l’éphéméride du 10 janvier).
Ensuite, le 17 janvier, la Cour arrive à Aix-en-Provence, où elle restera 12 jours, avant de se rendre à Toulon, pour douze jours également.
Louis XIV en profitera pour aller en pèlerinage à Cotignac, pour témoigner sa reconnaissance à Notre-Dame de Grâce, à qui il devait sa naissance (voir la partie III de l’éphéméride du 10 février, sur le Vœu de Louis XIII).
Louis XIV à cheval et sa mère en chaise à porteurs – le Cardinal, malade, resté à St-Maximin – sont venus à Nans et montés à la Ste-Baume. On en a un récit détaillé. Deux siècles plus tard, en 1860, Mistral et ses amis firent le même pèlerinage. Roumanille l’a raconté en détail dans ses « Oubreto en proso ».
Le 2 mars, le Roi entre dans Marseille, mais pas par la Porte de la Ville : il fait ouvrir une brèche dans le rempart, afin de punir l’indocilité des habitants : le 17 octobre précédent, un Ordre du Roi avait en effet été déchiré en pleine séance à l’Hôtel de Ville (éphéméride du 11 février).
Le Roi ordonne que l’on construise une citadelle (le Fort Saint Nicolas, ci contre) afin de tenir en respect la ville remuante.
Ne manquant pas d’humour, et ayant appris que les marseillais appelaient « bastides » leurs résidences à la campagne, il déclara au Conseil municipal qu’il voulait, lui aussi, avoir sa bastide à Marseille.
Le 27 mars, le Roi est à Orange : c’est là que, visitant le Théâtre antique, il eut le mot fameux : « Voici la plus belle muraille de mon royaume !… »(éphéméride du 27 mars).
Cette reprise en main générale ayant été effectuée, le Roi put enfin penser à aller se marier à Saint-Jean-de-Luz, le 9 juin 1660 (voir l’éphéméride du 9 juin), avant de retourner à Paris, presque un an après l’avoir quittée.
1755 : Le « Grand dérangement »
Au Canada, le Conseil de Nouvelle-Ecosse décide de déporter les Acadiens (colons d’origine française): c’est le Grand Dérangement…
En 1713, la France avait cédé ses colonies canadiennes à l’Angleterre. Devant l’imminence d’un nouveau conflit entre les deux royaumes, la population francophone est déportée en Nouvelle-Angleterre (nord-est des Etats-Unis). Plus de 7 000 personnes, sur 13 000, mourront pendant l’exode. Certains seront rapatriés en France, d’autres de sédentariseront au Québec et en Louisiane.
Le Grand Dérangement des Acadiens
1794 : Exécution de Robespierre et de ses partisans
Au premier rang de ceux-ci : Antoine Simon, cordonnier, geôlier du Dauphin, et Saint Just (À droite).
« ‘Convaincu que la Révolution n’était rien de moins que l’avènement du divin sur la terre, ce jeune fanatique, dont les paroles, au jugement de Barrère, « étaient comme des coups de hache », n’allait plus cesser de pousser son ami Robespierre aux mesures extrêmes » (Michel Mourre).
« Ce qui constitue une République, – disait-il –c’est la destruction de tout ce qui s’oppose à elle »… Ou encore : « …Je ne juge pas, je tue… Une nation ne se régénère que sur des monceaux de cadavres. »
De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XVI, La Révolution :
« …La guerre continuant, la Terreur devait continuer aussi. Mais elle servait à autre chose : elle était un instrument de confiscation. Elle servait à prendre les biens des émigrés, à spolier les suspects et les riches, dans l’illusion, qui durait depuis la Constituante, qu’on donnerait enfin une garantie solide aux assignats.
La Terreur ne pouvait donc pas s’arrêter d’un signe. Robespierre était conduit à se comporter comme un chef. Il commençait à redouter l’anarchie : le premier il osa frapper la canaille parisienne avec Hébert et les hébertistes. Tout de suite après, ce furent Danton et les dantonistes, les « indulgents », ceux qui penchaient pour une paix prématurée, qu’il envoya à la guillotine. L’illuminisme de Robespierre, son jargon prétentieux et mystique n’empêchent pas de remarquer l’insistance avec laquelle, à chacun des grands procès politiques, il parle des traîtres, des agents anglais, du rôle des banquiers, des étrangers suspects comme Anacharsis Clootz, qui pullulaient depuis les débuts de la Révolution, tout un monde bizarre, inquiétant, où il « épura » sans pitié, mais peut-être pas toujours sans discernement, et qu’il expédia à la guillotine, à côté de ce qu’il y avait en France de plus noble et de meilleur, pêle-mêle avec des innocents, des savants et des poètes. Robespierre se faisait appeler « l’incorruptible ». Il y avait donc des corrompus ? On a ici l’impression de ces histoires d’argent, de police et d’espionnage qui sont communes à tous les milieux révolutionnaires.
[url][/url] Exécution de Robespierre, gravure de J. Idnarpila (anagramme d’Aliprandi)
Au mois d’avril 1794, la Terreur dure toujours. Danton a été supprimé, Camille Desmoulins et sa Lucile aussi. Les hommes de la Révolution se sont dévorés entre eux. Seuls ont échappé les prudents et les habiles, ceux qui ont eu, comme disait Sieyès, le talent de vivre. Mais à force d’épurer la Révolution, Robespierre en a tari la sève. Lui-même, avec le jacobinisme, il est toute la Révolution. Il n’y avait plus rien après les opinions de Marat. Il n’y a plus personne après Robespierre. Il a grandi, depuis la Constituante, par les surenchères que favorisait le principe politique en vigueur depuis 1789 : pas d’ennemis à gauche. Maintenant, quelles sont ses idées ? Que veut-il ? Où va-t-il ? Il ne le sait pas lui-même.
On prête à ce despote les projets les plus bizarres, et la cour de Vienne s’intéresse à « Monsieur de Robespierre ». Pourtant il n’invente plus autre chose que la fête ridicule de l’Être suprême, tandis que la guillotine fauche tous les jours, éclaircit les rangs de l’Assemblée, dégarnit jusqu’à la Montagne. Il ne restait plus guère que ceux qui, par peur, avaient dit oui à tout. Une peur suprême leur donna le courage du désespoir. Robespierre sentit que la Convention lui échappait et il voulut recourir au moyen ordinaire, celui dont l’effet, jusque là, n’avait jamais manqué : l’intervention de la Commune.
[url][/url]Caricature royaliste : on lit, sur la « pyramide » derrière le bourreau empanaché (les révolutionnaires ne craignaient ni la boursouflure verbale, ni l’outrance et la grandiloquence, ni le ridicule vestimentaire) « Ci-gît toute la France »…
On vit alors, au 9 thermidor, cette chose extraordinaire. Les Conventionnels qui survivaient étaient les plus sagaces et les plus subtils, puisqu’ils avaient réussi à sauver leur tête. Ils s’avisèrent de ce qu’on ne semblait jamais avoir compris depuis le 10 août : que ces fameuses « journées » n’étaient au fond que de petites affaires de quartier, qu’avec un peu de méthode, d’adresse et d’énergie, il était possible de mettre les émeutiers en échec.
Sur quoi reposait la Commune jacobine ? Sur les sections. Il s’agissait, pour empêcher une « journée », pour arrêter Santerre et Henriot, de protéger d’abord le point menacé avec des sections modérées, puis de prendre l’offensive contre l’émeute. Il ne suffisait donc pas, pour renverser Robespierre, de voter sa mise en accusation. Il fallait être sûr de ce qui se passerait hors de l’Assemblée. Tallien et Barras se chargèrent de la manœuvre. Elle réussit grâce à une seule section, la section Le Pelletier, qui donna le signal de la résistance.
Robespierre, réfugié à l’Hôtel de Ville, connaissait trop bien le mécanisme de la Révolution pour ne pas savoir qu’il était perdu si l’émeute et la Commune commençaient à reculer. ll voulut se tuer, se manqua et, le lendemain, fut porté tout sanglant sur l’échafaud (27-29 juillet 1794). »
[url][/url] Exécution de Robespierre et de ses partisans.
Son épitaphe (apocryphe, mais savoureuse) :
« Passant, ne pleure pas sur ma mort :
Si je vivais tu serais mort ! »
Dans notre album Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, « Guerre de Géants... » voir la photo « Robespierre jugé par Jaurès ».
1833 : Loi Guizot sur l’Enseignement primaire
Ministre de l’Instruction publique, François Guizot (ci dessous) fait voter une loi qui va bouleverser l’enseignement primaire.
Elle oblige les communes de plus de 500 habitants à se munir d’au moins une école primaire de garçons et à entretenir au moins un instituteur.
De plus, chaque département français doit désormais disposer d’une École normale d’instituteurs. Par ailleurs, les établissements privés sont légalisés et l’instruction religieuse maintenue.
L’instruction publique sera modifiée plus tard par les lois Falloux et Ferry.