Jean THEUREL, le plus vieux soldat
A NOS ANCIENS
18 juin 2010 - Par Au fil des mots et de l'histoire
D’après la monographie imprimée de Joseph Delaville Le Roulx « Portraits d’un fusilier centenaire ».
Jean Theurel, naquit à Orain (Côte d’Or) en Bourgogne, le 8 septembre 1699. Engagé au régiment de Touraine le 17 décembre 1716, il servait encore en 1783.
A cette date, admis aux vétérans, il reçut la récompense militaire de 200 livres, qui fut convertie en pension de 300 livres le 4 décembre 1787. En 1786 la seconde, en 1788 la troisième marque de véterance lui furent accordées. Il avait alors 88 ans, et refusait de suivre en voiture le régiment allant par étapes d’Avesnes à Rennes.
Un témoignage du temps en fait foi : « En 1787, son régiment reçut l’ordre de se mettre en marche pour s’embarquer. Il fit toute la route à pied, disant qu’il n’avoit jamais monté sur une voiture et qu’il ne commenceroit pas ». De Rennes, Theurel accompagna le régiment de Touraine à Perpignan, puis à Bayeux et à Cherbourg.
Il était dans cette dernière ville quand l’Assemblée nationale, le 30 janvier 1791, le comprenant dans l’état des « ci-devant pensionnaires », lui accorda une pension de 300 livres et un secours de 600 livres. Retraité en 1792 (29 janvier), il se retira à Tours. Toujours alerte et bien portant, il semblait ne donner aucune prise à la vieillesse.
Aux obsèques du général Meusnier (1er vendémiaire an X), sa place fut marquée comme celle du plus ancien soldat de l’Europe.
Napoléon, en créant l’ordre de la Légion d’Honneur, le nomma chevalier avec 1200 francs de pension (26 octobre 1804).
S’il faut en croire une tradition, dont nous avons trouvé plusieurs traces, le vieux légionnaire avait monté trois gardes sous Louis XIV, fait unique dans les annales de l’Ordre et digne d’être remarqué.
Le 10 mars 1807, ses obsèques furent célébrées avec une pompe et une solennité que justifiaient ses longs services et le respect dû à une vie toute d’honneur et de dévouement.
Jean Theurel servit successivement au régiment de Touraine, au régiment de Beauffremont (dragons), au régiment d’Anjou (cavalerie). Puis, en 1750, il contracta un nouvel engagement au régiment de Touraine qu’il ne quitta plus. Simple fusilier, il ne voulut jamais accepter d’avancement.
Son courage, cependant, et ses états de service lui donnaient droit d’y prétendre :
Au siège de Kehl (1733), un coup de fusil dans la poitrine. Sept coups de sabre, dont six à la tête, à la bataille de Minden (1759). Ses trois frères tués à ses côtés à Fontenoy, et son fils pendant la campagne d’Amérique (1782). Voilà des faits qui montrent bien que la bravoure était héréditaire dans la famille de Theurel. Un pareil soldat devait être un soldat modèle.
Il n’encourut qu’une seule punition pendant qu’il était au corps. C’était à l’assaut de Berg-op-Zoom, en 1747. Sorti de la ville, il s’aperçut, un soir, que les portes avaient été fermées. L’appel allait être rendu. Plutôt que d’y manquer, Theurel escalade les remparts, se précipite au quartier, et arrive pour répondre à l’appel de son nom. Mais son escalade avait été remarquée par les sentinelles, et une légère punition lui apprit les dangers de son audace.
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Françoise Klein on 28 juin 2011
Bonsoir,
Très souvent, je remarque une erreur flagrante !
Jean Theurel est bien né en 1699. Il est entré dans l’armée en 1716. Louis le quatorzième étant décédé en 1715, notre vétéran n’a pas pu monter la garde sous son règne…
L’a-t-il montée sous Louis XV ou sous Louis XVI… Je ne sais pas… A Vincennes, aux Archives Militaires, son dossier a été échangé/confondu avec celui de Jean-Baptiste, son fils, né le 2 avril 1767 à Strasbourg.
Ce dernier, enfant de troupe admis à la solde au régiment de Touraine infanterie, le 1/10/1771. Il servit de 1780 à 1783 en Amérique (son frère Dominique fut tué à la bataille de Yorktown en 1781), dans l’Armée du Rhin, de Moselle, de Sambre et Meuse… Grande Armée, Espagne jusqu’en 1814. Blessé à 4 reprises (boulet, coups de feu), membre de la Légion d’honneur le 14/4/1807 et officier de la Légion d’Honneur le 6 août 1811.
Capitaine en 1802, il prit sa retraite pour ancienneté de service par décision du 2/10/1816.