JE N’AIME PAS LES MARCHES BLANCHES ET LES CONCERTS DE CASSEROLES !
«… Je manifeste toujours tout seul. Mes idées sont trop originales pour susciter l’adhésion des masses bêlantes ataviquement acquises aux promiscuités transpirantes et braillardes inhérentes à la vulgarité du régime démocratique imposé chez nous depuis deux siècles par la canaille régicide… »
(Pierre Desproges)
Coup de cœur livre : Desproges par Desproges - Vivre à L'Alpe du Grand Serre
Plus le temps passe et plus j’ai l’impression d’être un étranger, un Patagon, dans mon propre pays : je n’en comprends plus les coutumes, la langue, les traditions, les pseudos valeurs (« ripoux-blicaines »). Cet attachement, aussi idiot que forcené, aux «droits-de-l’homme» (sans Dieu); cette hystérie pour défendre bec et ongles un « état laïc » (imposé par les Loges maçonniques) alors que nous sommes, qu’on le veuille ou non, imprégnés par 1500 ans de culture chrétienne ; ce goût masochiste pour la repentance et l’auto-flagellation ; cette détestation du « petit Blanc » au profit d’une faune allogène et bigarrée qui refuse nos lois, nous insulte et brûle notre drapeau.
Aujourd’hui, j’ai envie m’approprier une belle envolée d’Eric Brunet qui date de l’époque où il écrivait encore dans « Valeurs actuelles », il y a deux ou trois ans :
« Tout ce qui est français me paraît médiocre : le cinéma, les voitures, l’art contemporain, la politique, les mesures pour redresser le pays. Je ne suis plus amoureux de la France… Je ne supporte plus ses jérémiades, son arrogance, sa vision racornie du monde, sa connerie…Moi le patriote, le cocardier barrésien, hier candidat à toutes les exaltations tricolores, comment suis-je devenu cet être détaché ? Aujourd’hui je ressens de l’amertume quand je pense à mon ancien amour…Alors, évitez de me parler de patriotisme économique, de « made in France », de Marseillaise…. L’amour de la France, j’ai déjà donné. Trop peut-être. Je déserte. J’emporte avec moi Stendhal et Brassens. Le reste vous pouvez le garder… ».
Je pourrais écrire la même chose, mais je remplacerais Stendhal, qui me tombe des mains, par Jean Raspail, Pierre Schoendoerffer ou les « Hussards » !
J’appartiens à une espèce en voie d’extinction, honnie par le pouvoir, les médias à sa botte, les minorités qui imposent leur loi dans le pays, et une jeunesse d’enfants trop gâtés qui ne voient dans les « séniors » que des « boomers », des « has been » ou des « gros fachos »(1). Il est vrai que je coche toutes les cases pour inspirer, que dis-je, pour légitimer la détestation : je vote à droite et je suis blanc, retraité, aristo, catholique, et hétérosexuel. Bref, je cumule toutes les tares et je n’en éprouve pas le moindre regret ou remord. Pire, j’en veux énormément à ma génération – celles des soixante-huitards – d’avoir œuvré à la déliquescence et à la dégénérescence de mon pays.
En mai 68, j’avais 18 ans et j’assistais, goguenard, à cette « chienlit » qui semblait terroriser le pouvoir gaullien ; cette colère, ce caprice de fils de bourgeois qui crachaient dans la soupe en cassant leurs jouets. De Gaulle qui fuyait pour se réfugier auprès de Massu à Baden-Baden. Or j’en voulais à De Gaulle d’avoir bradé l’Algérie et à Massu de ne pas avoir participé au putsch d’avril 1961 à Alger (car sa présence et celle de Bigeard auraient pu changer le cours de l’histoire).
Le seul point positif de cette pantalonnade aura été l’amnistie des défenseurs de l’Algérie française. On raconte que cette amnistie aurait été obtenue par Massu pour se faire pardonner de s’être défaussé lors du putsch des généraux d’Alger. D’autres attribuent cette clémence gaullienne à l’insistance de Georges Pompidou, qui aurait mis sa démission dans la balance, mais peu importe. Depuis, on nous parle régulièrement des « acquis de mai 1968 » ; vaste foutaise !
Les « Accords de Grenelle » sont grandement responsables de notre désindustrialisation, et la fameuse « libération des mœurs », le droit de « baiser » avec n’importe qui (les cuistres appellent ça « vagabondage sexuel ») – aura provoqué, dans un premier temps, la propagation du Sida, puis la primauté donnée aux invertis (PACS, mariage…), puis les revendications des féministes qui veulent toutes « balancer (leur) porc ». Mai 1968, c’est en effet une bénédiction… pour les fabricants de préservatifs, les avocats spécialisés dans le divorce, et les organisateurs de « gay-pride».
Il arrive assez régulièrement que les «anciens combattants» de mai 68 – Cohn-Bendit, Serge July, Romain Goupil et quelques autres – soient invités sur les plateaux télé pour raconter « leur guerre ». On aime aduler des tocards mais, après tout, le pays a les héros qu’il mérite !
« Et en même temps » comme dirait l’avorton présidentiel, on dénigre les vrais héros, ceux qui ont fait la France ou sont morts pour elle. On déboulonne leurs statues, on débaptise leurs rues, on réécrit leur histoire à la sauce repentante et on les traite comme des criminels.
Vous aurez remarqué, par exemple, que chez nous, quand on évoque 14-18, c’est toujours pour parler des mutineries de 1917, des fusillés «pour l’exemple», de la chanson de Craonne, des fraternisations entre communistes français et allemands (2). Et il est important de ne jamais dire un mot – l’omerta totale – sur celui qui mit fin aux mutineries en améliorant et en humanisant le sort des poilus, le général Philippe Pétain. Pourtant la boucherie qu’a été la Première Guerre Mondiale a inspiré quelques beaux romans qui marquèrent la littérature du XX° siècle. C’est cette littérature qu’on devrait enseigner aux enfants dans les collèges et lycées pour qu’ils sachent que leurs aïeux, leurs arrières grands-parents, ont risqué leur peau (et ont souvent donné leur vie) pour leur patrie, à une époque où la patrie signifiait encore quelque chose et n’était pas un vulgaire « land » européen.
Ceux de 14Je pense aux « Croix de bois » de Roland Dorgelès, à « Ceux de 14 » de Maurice Genevoix, à « La main coupée » de Blaise Cendrars, et, naturellement,Voyage au bout de la nuit (Blanche) à l’extraordinaire « Voyage au bout de la nuit » de Louis-Ferdinand Céline. Dans le camp d’en face, du côté allemand, la moisson a été aussi fertile avec, notamment : « Orages d’acier », d’Ernst Jünger et « A l’Ouest rien de nouveau » d’Erich Maria Remarque. Pour moi, un autre grand roman mérite d’y être associé, « Les Réprouvés » d’Ernst von Salomon. Un roman que j’ai découvert en 1970, deux ans à peine avant la mort de son auteur.
Si je vous en parle aujourd’hui, c’est parce qu’il m’est revenu en mémoire en écrivant deux articles sur la guerre d’Espagne. Quel rapport avec la guerre d’Espagne ? Aucun sinon la notion de devoir chez le militaire, et ce que certains auteurs ont appelé « la mystique du soldat ».
Ernst von Salomon, né en 1902, était trop jeune pour connaître l’enfer des tranchées. Il appartenait à la génération des « tard-venus, dont le héros romanesque est Fabrice del Dongo». Pour autant, son patriotisme n’admettait ni la défaite de l’Allemagne, ni le chaos de la jeune République de Weimar. Le personnage principal de son livre lui ressemble comme un frère, comme un clone.
Il y a, chez ce protestant prussien, un kantien qui ne sommeille pas. L’action qu’il va mener lui sera donc dictée par le devoir qui, non seulement sera désintéressé, mais lui coûtera cinq années de prison. C’est l’illustration, assez caricaturale, de son idéal moral !
Ernst von Salomon s’engagera dans ces «Corps Francs» dont beaucoup ignorent aujourd’hui l’existence (3) tant cette période des années 1920 outre-Rhin reste nébuleuse aux yeux des Français.
Au sein des «Corps Francs», il combattra les Spartakistes à Berlin et les Bolchevistes – c’est ainsi qu’il les nomme – dans les Pays Baltes, en Haute-Silésie.
Faute d’avoir trouvé un étendard germanique sous lequel servir, il rejoindra pour quelques mois les rangs des Russes blancs pour se battre contre les « Rouges ». Il était révolté par le mépris total dans lequel la « populace rouge » et la bourgeoisie, préoccupée par son confort, tenaient les combattants revenus du front. Il ira jusqu’à participer au complot d’un groupe nationaliste qui aboutira, le 24 juin 1922, à l’assassinat de Walter Rathenau, ministre des Affaires Étrangères.
Par facilité intellectuelle, on pourrait attribuer cet engagement radical d’un garçon de 16 ans à un goût d’adolescent pour l’aventure. Ce serait une erreur, car d’autres clés de lecture s’imposent, deux notions fondamentales de la culture allemande qui lui étaient contemporaines.
D’abord la théorie géopolitique du « Lebensraum » qui fut définie par Friedrich Ratzel (1844-1904) (4) et qui dessinait les frontières du Reich incluant l’Alsace-Lorraine à l’Ouest et de nombreux territoires à l’Est (Autriche, Pologne, Tchéquie, etc.). Cette vision pangermaniste nourrissait, depuis la fin du XIX° siècle, l’imaginaire de beaucoup d’Allemands. Elle survivra à la défaite de 1918 et servira, plus tard, de prétexte à la folie expansionniste d’Adolf Hitler.
Ensuite, il faut prendre en compte la « masculinité » de la culture allemande (5).
Une masculinité qui aurait pu s’accommoder d’une « défaite honorable», mais qui ne pouvait accepter l’humiliation imposée par les Alliés (dommages de guerre colossaux, occupation partielle du territoire, désarmement…etc.). Ce sentiment demeure, pour nous Français, difficile à comprendre.
Il s’exprimait pourtant, inconsciemment, jusque dans les mots de nos langues respectives :
Notre représentation symbolique de la France est une figure féminine, « Marianne » ou la « Mère-Patrie ». D’ailleurs, dans ses « Mémoires de guerre », De Gaulle ne l’imagine pas dans une statue de Vercingétorix ou de Charlemagne, mais dans « la princesse des contes ou la madone aux fresques des murs ». A l’opposé, le patriotisme allemand fera référence au « Vaterland », symbole résolument masculin qui tient à la fois de la « Terre du Père » et de la notion de « Père-Patrie ». Ces deux paramètres, négligés par le Traité de Versailles, feront le lit du Nazisme.
Pour autant, Ernst von Salomon n’adhèrera pas au parti nazi et se tiendra éloigné du conflit.
« Les Réprouvés » n’est pas un roman historique. L’histoire lui sert simplement de toile de fond. L’auteur s’y dévoile dans un texte magnifique, noir, sans illusion, parfois cynique.
Il y exalte des valeurs viriles d’une manière qui, de nos jours, déroutera bien des lecteurs aseptisés par la féminisation à outrance de notre époque pleurnicharde.
Les bien-pensants vous diront que l’extrême-droite européenne en a fait son livre de chevet mais la bonne littérature doit échapper aux classifications partisanes et « Les Réprouvés » appartient incontestablement au très grand genre littéraire : il s’affranchit de toute récupération. Le style d’Ernst von Salomon s’impose, exceptionnellement pur, puissant, habité, saisissant même. Il offre au lecteur un plaisir rare, celui de découvrir à chaque page un véritable chef-d’œuvre, même si ce terme est aujourd’hui totalement galvaudé. Evidemment, les imbéciles qui voient des « fachos » partout ; ceux qui, par idéologie politique, voudraient occulter l’œuvre de Charles Maurras et les pamphlets de Louis-Ferdinand Céline, ne recommanderont jamais la lecture de ce livre magnifique.
Du côté français, le Traité de Versailles, le pacifisme bêlant de l’après-guerre puis le « Front Populaire » nous ont conduits à la mémorable raclée de juin 1940. Avec la « Société des Nations », ancêtre de l’ONU, on voulait se persuader que la grande saignée de 14-18 serait « La der des der », grossière erreur ! Le réveil a été douloureux ! Mais il faut croire que rien ne nous sert de leçon.
Depuis 1945, on nous a fabriqué le mythe de « la France libérée par elle-même », histoire de donner bonne conscience à un peuple qui comptait 40 millions de pétainistes en mai 1944 et qui, comme par miracle, comptait 40 millions de gaullistes après le débarquement du 6 juin 1944 (6).
On a tout fait pour ramollir notre peuple, pour annihiler chez lui toute volonté de combattre. Il ne sait plus ce qu’est une « légitime indignation », celle-là même qui pousse les plus pleutres, les plus lâches, à sortir de leur zone de confort. Les psys et autres charlatans de la détresse humaine en ont fait des victimes geignardes qui attendent tout de l’État providence et rien d’eux-mêmes.
Personnellement, je préfère, et de très loin, l’exaltation des valeurs d’Ernst von Salomon aux « marches blanches » pleurnichardes une rose à la main, aux « post-it », bougies, peluches, et aux slogans niaiseux du genre « vous n’aurez pas ma haine ». Et que dire de ces concerts de casseroles, ridicules, qui me rappellent mon enfance. A l’époque les partisans de l’Algérie française utilisaient les klaxons de voiture et les casseroles pour clamer que l’Algérie devait rester française. On connaît la suite. Je note que la casserole est (re) devenue un instrument de gauche. Je note aussi que, dans un pays où, selon Eric Zemmour, « L’homme est devenu une femme comme tout le monde » il n’est pas surprenant que la casserole devienne une arme – non létale – pour exprimer sa colère.
Et tant pis si mes propos irritent Marlène Schiappa ou Sandrine Rousseau !
Éric de Verdelhan
29 avril 2023
1)- Car pour beaucoup de jeunes, si on n’est pas écolo de gauche, on est forcément « facho ».
2)- J’en veux pour preuve le film de Jean Becker, au demeurant très bon, « le collier rouge » tiré d’un roman de Jean-Christophe Ruffin.
3)- Lire, sur ce sujet, le livre – remarquable – de Dominique Venner : « Baltikum ».
4)- Et non par Adolf Hitler comme des imbéciles se plaisent à l’écrire aujourd’hui.
5)- Telle que définie par le sociologue Gert Hofstede.
6)- Lire à ce sujet « 40 millions de pétainistes » d’Henri Amouroux. C’est le tome 2 de la grande série (13 livres) de « La grande histoire des Français sous l’occupation ».