De 1492 à aujourd’hui, le Golfe d’Ajaccio
1492 : Fondation d’Ajaccio, achèvement de la construction du bastion fortifié
(Source : Corse Matin) « La citadelle est une silhouette familière aux Ajacciens. À l’heure où elle semble n’être qu’une coquille quasiment vide, il n’est pas inutile de rappeler son histoire. La fondation de cette fortification, qui n’était à l’origine qu’un modeste château, fut l’élément déterminant qui, à partir de 1492, permit à la jeune cité d’Ajaccio de s’imposer comme la principale ville du Delà des Monts. De nombreux documents d’époque, pour la plupart édités par Jean Cancellieri, Noël Pinzuti et Antoine-Marie Graziani, permettent de reconstituer le contexte historique. Tout commence en 1483. à cette date, l’office de Saint-Georges reprend le contrôle de la Corse. L’office est une puissante institution financière, composée d’hommes d’affaires génois, à qui Gênes avait confié, dès 1453, l’administration de l’île. Soucieux de faire fructifier sa possession, il doit soumettre les contre-pouvoirs locaux et disposer de points d’appui sûrs. D’où l’idée d’installer un site fortifié portuaire. Après quelques hésitations entre les golfes de Sagone et d’Ajaccio, le choix se porte sur ce dernier site.
Entre 1491 et 1492, une commission d’experts visite les lieux. Elle est dirigée par le lieutenant du Delà des Monts et bientôt « Surintendant à la construction d’Ajaccio », Domenico de Negrone, assisté d’un architecte lombard, Cristofaro de Gandino. Les hommes hésitent entre deux options : la base du Castel Vecchio ou construire un nouvel édifice, sur un cap dénommé par les Génois « Punta della leccia » (ci contre). C’est ce dernier, plus sain, disposant d’un mouillage capable d’accueillir de gros navires et facile à fortifier, puisque la mer l’entoure sur trois côtés, qui est choisi. Le 15 avril 1492, les ouvriers génois débarquent pour dégager le site et entreposer les matériaux de construction. Le 30 avril, la première pierre du château est posée. Le bastion est achevé le 5 mai. En novembre, elle est dotée de pièces d’artillerie. Ajaccio se résume alors à une tour carrée d’une dizaine de mètres de haut, entourée de baraques où sont cantonnées les troupes, le tout protégé par un système de fossés et une enceinte bastionnée. Dès 1494, la place joue son rôle et accueille les troupes envoyées pour mater les féodaux. Le site semble attractif puisque le lieutenant du Delà le préfère souvent à sa résidence habituelle de Vico, pendant que plusieurs soldats de la garnison et même des principali corses fidèles de Gênes comme les Ornano ou les Pozzo di Borgo, achètent des concessions près du château pour y bâtir des maisons.
Ces modestes édifices, entourés d’un jardin potager ou même d’écuries, s’organisent progressivement autour d’un axe principal qui deviendra plus tard le Carrughju drittu (actuelle rue Bonaparte). En 1502, l’agglomération est suffisamment développée pour que l’office la fasse entourer de murailles qui courent depuis le château jusqu’à l’actuelle place du Diamant, délimitant ainsi l’espace à urbaniser. »
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Ajaccio aujourd’hui, et la citadelle toujours en pointe…
www.ajaccio.fr/Histoire-de-la-ville-d-Ajaccio_a12.html
1789 : Ouverture à Versailles des États Généraux
Il faudrait tout citer du lumineux chapitre XV de l’Histoire de France de Jacques Bainville, Louis XVI et la naissance de la révolution, chapitre particulièrement remarquable d’un ensemble où tout est, justement, remarquable.
I : Commençons par un court extrait de ce qui a rendu obligatoire cette convocation des États Généraux : le funeste rappel des Parlements.
« …Sous Louis XV, la grande affaire avait été celle des Parlements. Choiseul avait gouverné avec eux, Maupeou sans eux. Le coup d’État de Maupeou (ou « renvoi des Parlements », voir l’Ephéméride du 19 janvier, ndlr) – on disait même sa révolution – était encore tout frais en 1774 et les avis restaient partagés. Mais la suppression des Parlements avait été un acte autoritaire et Louis XVI, comme le montre toute la suite de son règne, n’avait ni le sens ni le goût de l’autorité. Le nouveau roi donna tort à son grand-père. « Il trouva, dit Michelet, que le Parlement avait des titres, après tout, aussi bien que la royauté; que Louis XV, en y touchant, avait fait une chose dangereuse, révolutionnaire. Le rétablir, c’était réparer une brèche que le roi même avait faite dans l’édifice monarchique. Turgot, en vain, lutta et réclama… Le Parlement rentra (novembre 1774) hautain, tel qu’il était parti, hargneux, et résistant aux réformes les plus utiles. »
Ainsi, pour l’école de la tradition, la suppression des Parlements avait été une altération de la monarchie, l’indépendance de la magistrature étant une des lois fondamentales du royaume. Mais le recours aux états généraux en était une aussi. Il y avait plus d’un siècle et demi que la monarchie avait cessé de convoquer les états généraux, parce qu’ils avaient presque toujours été une occasion de désordre. L’indépendance des Parlements avait été supprimée à son tour, parce que l’opposition des parlementaires redevenait aussi dangereuse qu’au temps de la Fronde et paralysait le gouvernement. Le conflit, qui n’allait pas tarder à renaître entre la couronne et le Parlement, rendrait inévitable le recours aux états généraux. Bien qu’on ne l’ait pas vu sur le moment, il est donc clair que le retour à la tradition, qui était au fond de la pensée de Louis XVI et qui s’unissait dans son esprit à un programme de réformes, sans moyen de les réaliser, ramenait la monarchie aux difficultés dont elle avait voulu sortir sous Louis XIV et sous Louis XV… »
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Parlementaire, Jean-Jacques Duval d’Eprémesnil finira lui-même sur l’échafaud; il symbolise bien cette caste de privilégiés qui, par inconscience, par égoïsme et par intérêt, s’opposèrent à toutes les réformes indispensables, rendant ainsi la Révolution inéluctable
II : Ensuite, tout découle, logiquement, et fatalement, de cette folle erreur initiale du rappel des Parlements.
« …La fin de l’année 1787 eut ceci de particulièrement funeste pour la monarchie qu’elle mit Louis XVI en contradiction avec lui-même : il fut obligé d’entrer en lutte ouverte avec les Parlements qu’il avait rétablis. Refus d’enregistrer les édits qui créaient les nouvelles taxes, refus de reconnaître les nouvelles assemblées provinciales : sur tous les points, les Cours souveraines se montraient intraitables. Elles invoquaient, elles aussi, ces lois fondamentales, ces antiques traditions du royaume en vertu desquelles le roi les avait restaurées : respect des anciennes coutumes provinciales, indépendance et inamovibilité des magistrats, vote des subsides par les états généraux. Devant cette opposition opiniâtre, il fallut revenir aux lits de justice, à l’exil des Parlements, aux arrestations de parlementaires : le gouvernement était ramené aux procédés du règne de Louis XV sans pouvoir les appliquer avec la même énergie et en ayant, cette fois, l’opinion publique contre lui. La résistance des Parlements, désormais liée à la convocation des états généraux, était populaire. L’idée de consulter la nation était lancée dans la circulation et s’associait à l’idée de liberté : l’école philosophique du despotisme éclairé, celle qui avait soutenu Choiseul et Maupeou, avait disparu; le libéralisme mis en vogue par la littérature et propagé par l’exemple américain la remplaçait… »
III : Mais rien ne se passa comme prévu.
« …La vieille outre des états généraux, remise en honneur par les amateurs d’anciennetés, allait s’emplir de vin nouveau. Chose curieuse, qui n’étonne plus après ce que nous avons vu déjà : des retardataires comptaient sur les Etats pour y faire de la politique, y défendre habilement leurs intérêts, comme à ceux de 1614. Certains « cahiers » montrent que la noblesse espérait rejeter le poids des impôts sur le clergé et réciproquement. Il n’y aura qu’un grand balayage, où disparaîtront privilèges, exemptions, vieilles franchises provinciales, Parlements eux-mêmes, gouvernement et monarchie, tout ce qui avait cru, par le retour à l’antique institution, se conserver ou se rajeunir… Le langage du temps, particulièrement déclamatoire, les mots célèbres, parfois arrangés, ont donné à ces événements un caractère héroïque et fabuleux. À la vérité, ils surprirent tout le monde et il arriva ce que personne n’avait voulu… »
1821 : Mort de Napoléon
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Dans notre albumMaîtres et témoins(II) : Jacques Bainville., voir la photo « 15 octobre 1931 : parution du « Napoléon » (I/III) » et les deux suivantes
Dans ce qu’il appelait lui-même sa « brochure », publiée le 31 mars 1815, « De Buonaparte et des Bourbons », Chateaubriand écrit, entre autres :
« …L’avenir doutera si cet homme a été plus coupable par le mal qu’il a fait que par le bien qu’il eût pu faire et qu’il n’a pas fait….Il a plus corrompu les hommes, plus fait de mal au genre humain dans le court espace de dix années que tous les tyrans de Rome ensemble, depuis Néron jusqu’au dernier persécuteur des chrétiens….Né surtout pour détruire, Bonaparte porte le mal dans son sein…. »
Il y dénonce les « rêves d’un fou et d’un furieux », qui osait affirmer, devant un Metternich sidéré, cette monstruosité: « J’ai trois cent mille hommes de revenu ! »
Lorsqu’on lit ou relit ce texte, près de deux siècles après sa publication, on comprend mieux le sens des mots pamphlet et polémique, et l’on est saisi par sa force et sa puissance, en constatant qu’il n’a rien perdu ni de l’une ni de l’autre, après tant de temps.
On n’a rien écrit de mieux depuis sur le sujet, à part le Napoléon de Jacques Bainville, dans lequel celui-ci prononce ce jugement définitif :
« Sauf pour la gloire, sauf pour l’Art, il eut probablement mieux valu que cet homme n’eût jamais existé. »
On se rappellera – comme en écho de cette phrase de Bainville – que Napoléon lui-même, en visite sur la tombe de Rousseau, à Ermenonville, s’était laissé aller à cette confidence :
« L’Histoire dira s’il n’eût pas mieux valu pour l’humanité que ni lui ni moi n’eussions jamais existé… » (éphéméride du 28 août)
1912 : Naissance de Gérald Van der Kemp, le « sauveur » de Versailles
Le passage de Gérald van der Kemp à la Conservation en chef de Versailles — poste qu’il occupera pendant vingt-sept ans — marque un tournant majeur dans la restauration du domaine : on peut l’appeler, à bon droit, « le sauveur de Versailles ».
Lorsqu’il prend ses fonctions, il déclare avoir trouvé le palais « dégoûtant, vide, mort » et affiche son ambition : qu’il « redevienne vivant, beau à regarder, ce qu’il était du temps des rois… ».
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histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/gerald-van-der-kemp-et-versailles
L’hommage de Marc Ladreit de Lacharriere, son successeur à l’Institut :
academie-des-beaux-arts/receptions/2006/Ladreit_de_lacharriere/discoursladreit