« LA LAIDEUR SE VEND MAL », MON ŒIL !
L’écrivain-aventurier Sylvain Tesson pensait, jusqu’à un grave accident, que la nostalgie était une maladie presque honteuse, « un peu comme la cirrhose du foie » disait-il. Je pense le contraire, car moi, la nostalgie m’aide à vivre – ou à survivre ? – dans ce monde de cinglés.
Dans le dictionnaire, le mot « nostalgie » répond à deux définitions :
– Le « mal du pays », or comme Joachim du Bellay, j’ai le mal d’une France « terre des arts, des armes et des lois » ; une France qui existait encore dans les années 1960, quand j’étais enfant.
– Un « regret mélancolique d’une chose révolue ». Je n’ai aucun regret ; les regrets ne servent à rien, le mal est fait et il est irrémédiable. Il n’y aura pas de retour en arrière mais ma mémoire est sélective, en dehors de quelques soirs de spleen, elle ne retient que les bons souvenirs.
Je cauchemarde rarement. Je pense souvent aux bons moments de ma vie, à mes nombreux voyages, à mes vols en parapente, à mes virées en moto, à la « baraka » qui m’accompagne depuis longtemps (en espérant que ça dure !) et surtout à mes amis, bien vivants ou disparus…
Il parait qu’on est ringard quand on ose dire « c’était mieux avant ». D’ailleurs, je ne suis pas convaincu que le sort et le niveau de vie des ouvriers durant les « trente glorieuses » (et bien au delà) aient été enviables. Dans mon enfance dans les Hautes Pyrénées, j’ai connu des « ouvriers-paysans » qui exploitaient un petit lopin de terre, élevaient quelques vaches, et qui partaient tous les matins tôt, par tous les temps, en bicyclette ou en cyclomoteur pour travailler en usine à Tarbes.
Les enfants trop gâtés du XXI° siècle, qui passent leur temps à geindre sur leur triste sort, ne savent pas ce que c’est que de se lever très tôt, dans une chambre glaciale où le poêle-à-bois est éteint, et de partir en vélo pour l’école, qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il vente. Moi je le sais, comme beaucoup de gens de mon âge. Ma génération, c’est celle des soixante-huitards. Je ne parlerai pas de l’héritage de mai 68 tant il est calamiteux. Mais notre génération n’a pas connu la guerre, du coup, nous serions, parait-il, des privilégiés. Et bien, remettons les pendules à l’heure ! Mai 1968, c’est une colère de gosses de riches, à une époque où 20% des jeunes accédaient aux universités.
Mai 68 : commémorations, piège à cons !
Cette « chienlit », comme disait De Gaulle, n’a concerné qu’une partie de la population, mais ses conséquences ont été désastreuses pour le pays. Beaucoup d’anciens soixante-huitards sont devenus les bobos de la gauche-caviar ; ceux-là sont sans doute, financièrement, des privilégiés, mais pas les autres, tant s’en faut ! Le chômage a explosé, en France, à partir du milieu des années 1970, lors du premier choc pétrolier (1973). Cela s’est traduit par un fort ralentissement conjoint de la productivité ET de la croissance. C’était la fin des « trente glorieuses », le début des « quarante piteuses » (lesquelles sont devenues calamiteuses, et ce n’est pas fini !). C’est à partir de cette époque que le chômage s’est installé durablement chez nous. Georges Pompidou craignait des émeutes si le chômage venait à dépasser les 300 000 personnes. Notre génération l’a vu monter à 2, puis 3, puis 4 millions ; on ne sait plus car les chiffres officiels sont volontairement falsifiés !
Le socialisme larvé de Giscard d’Estaing, le socialisme assumé de Mitterrand, et la course à toujours plus d’Europe de tous nos dirigeants, sans exception, ont eu raison de notre industrie et, par là même, de notre économie. Depuis Giscard, la France n’a plus connu un budget en équilibre. Nous ne produisons quasiment plus rien, en dehors du luxe, de l’aéronautique et de l’armement lourd.
Carte générale des hauts fourneaux, des forges pour fer et acier et des aciéries de cémentation…, dressée en 1846
Nos mines ont fermé, les hauts fourneaux de nos aciéries aussi. Depuis les années 80, notre industrie a détruit des millions d’emplois. La classe ouvrière n’existe quasiment plus.
Pour éviter des charges ou des impôts trop élevés, ou des normes drastiques – techniques ou environnementales – imposées par Bruxelles, nos industriels ont préféré délocaliser leur production.
Et, tandis que la classe ouvrière allait pointer au chômage, la France, avec le « regroupement familial » de Giscard, laissait rentrer massivement sur son sol une immigration attirée par nos aides sociales aussi généreuses que variées, sans parler de l’immigration clandestine.
Qu’il est facile à la jeune génération, dont l’ambition se limite souvent aux loisirs ou à faire du cocooning chez papa-maman, celle des 35 heures, du Smartphone et des réseaux sociaux, de nous traiter de privilégiés. S’imagine-t-elle que tout a été rose, que tout a été facile, pour nous ?
Durant toute ma vie, j’ai vu mon pays se déliter, perdre ses emplois, ses repères, ses valeurs. Certains quartiers sont devenus des ghettos aux mains de dealers allogènes, et les « Français de souche » en ont été chassés. Nous avons (re)découvert l’ « ensauvagement » et la barbarie.
Jadis, nos aïeux se battaient pour un idéal : leur fief, leur Dieu, leur Roi, leur patrie, leurs frontières. Notre pays a été immolé sur l’autel des banquiers apatrides, des européistes forcenés et de l’économie mondialisée. Une reddition sans combattre, une capitulation honteuse !
Mais certains crétins me disent encore que, pour nous, « tout était plus facile ».
Non, tout n’était pas mieux avant mais, de cette époque lointaine dont j’ai la nostalgie, il est indéniable que nous avons perdu deux choses essentielles : la liberté et…la beauté.
Je ne m’attarderai pas sur la notion de liberté, car ça nécessiterait un long développement. Notre société, sur pression de Bruxelles et/ou diktat des minorités – raciales, religieuses ou sexuelles – est devenue totalement liberticide. Si nos grands-parents revenaient sur terre, ils deviendraient fous devant le nombre de règlements, directives, lois et oukases qui restreignent nos libertés.
Mais notre époque a également perdu le sens de la beauté, ce qui est assez révélateur de la dégénérescence de notre civilisation. Et la laideur sévit, hélas, dans tous les domaines.
En disant ça, je pense à mon professeur de « marketing-pub » à l’ENAss (1), un sympathique quinquagénaire obsédé par le « porno-chic », qui m’avait conseillé de lire le La laideur se vend mal - 1livre de Raymond Loewy, « La laideur se vend mal » (2). Loewy est considéré comme le père-fondateur du design industriel. En 1952, il publiait son autobiographie « Never leave well enough alone », éditée en français sous le titre « La laideur se vend mal ». A son époque, la laideur faisait fuir le client, mais ça, comme dit la pub, « c’était avant » car, de nos jours, la laideur est omniprésente ; on se complet, on se vautre comme un porc dans la fange, dans le laid, le moche, le crapoteux, le dégueulasse. Pour illustrer mon propos, je me contenterai de quelques exemples mais la liste n’est pas exhaustive.
Commençons par ce qu’on appelle pompeusement « l’urbanisme ». Au pays des bâtisseurs de Cathédrales, les abords des villes se ressemblent tous. Dans d’interminables zones commerciales, des panneaux publicitaires géants et des bâtiments industriels sont là pour promouvoir « Mac Do » (officine à fabriquer des obèses), « Intersport », « Décathlon » (« à fond l’informe ! »), « Aldi » (« place au nouveau CON…sommateur ») et d’autres grandes enseignes. On se fout éperdument du citoyen attaché à sa nation ; seul compte le consommateur mondialisé.
Je ne sais plus qui a dit :
« le marketing consiste à vendre à des gens qui n’ont pas les moyens, des produits dont ils n’ont pas besoin » ?
Mais c’est un bon résumé !
Et que dire de l’architecture contemporaine ? Pour les nouveaux architectes, la beauté est considérée comme suspecte. Elle est perçue comme un attribut bourgeois. C’est un désastre cognitif de mai 68, de la névrose marxiste. Les vieux soixante-huitards vont même jusqu’à dire que la beauté est fasciste. La laideur est devenue la norme, elle est « politiquement correcte ».
Le mal a commencé dans les écoles d’architecture où quelques enseignants, plus pédocrates que pédagogues, brillent sur le dos des élèves grâce à une sous-culture d’emprunt ; l’inverse d’une culture d’expérience. C’est la culture « Wikipédia », l’encyclopédie pour les nuls.
Quand la ville moderne «fuck the context» – Le Cycle 2019Une des références dans les écoles d’architecture a été le Hollandais Rem Koolhaas, qui disait « Fuck the context », vaste programme ! Et l’architecte Adolf Loos déclarait « l’ornement est un crime ».
Les bâtiments des architectes contemporains ne parlent que d’une amnésie, pathétique et anxiogène, décrite en quelques mots ! On a perdu la mémoire, le savoir, le labeur, la foi, celle des bâtisseurs de Cathédrales. Ajoutons à cela que l’habitait individuel, soumis aux normes écologiques, est souvent contraint à la laideur. Les maisons « durables », « responsables » (3), normées par l’UE, surmontées d’antennes paraboliques et de panneaux solaires, sans la moindre recherche esthétique, sont souvent bâties « à l’américaine », avec du bois mal étuvé, qui après deux ou trois hivers, les fera ressembler à des cages-à-lapins ou à des bidonvilles.
Personnellement, j’aime la simplicité des longères bretonnes, la rudesse des mas cévenols, la magnificence des châteaux Renaissance ou le luxe bourgeois des immeubles haussmanniens.
En revanche, je vomis certaines constructions contemporaines qui illustrent l’attirance pour la laideur des architectes qui les ont conçues. Si vous allez à Bordeaux, par exemple, vous pourrez voir de loin l’énorme bâtiment de la « Cité du vin ». Cette horreur est censée représenter un cep de vigne. En fait on dirait un gigantesque…étron. Mais le Bobo vous dira que c’est magnifique
En matière de musique, mes goûts sont assez éclectiques : Bach, Beethoven, Mozart, Vivaldi, mais aussi la chanson populaire française, « Amazing grace » à la cornemuse (4), les concertos à la guitare espagnols, les musiques de film de Sergio Léone et, bien sûr, Brel et Brassens. Mais je déteste le Rap, c’est une musique barbare (assortie de paroles haineuses contre la race blanche).
La laideur a atteint les canons de beauté féminins. Qui n’était pas sensible au charme de nos belles actrices d’antan ? Martine Carol, Michèle Mercier, notre « BB », Marie Laforêt, qui jouait si bien les garces distinguées, ou Caroline Cellier les garces tout court, sans oublier Laura Antonelli, Monica Bellucci et quelques autres canons de la beauté transalpine. Mais la jolie femme est en voie de disparition. Elle est remplacée par le standard américano-mondialiste : vulgaire, obèse, mal habillé, tatoué. Jadis le mâle normal fantasmait sur la vision d’un porte-jarretelles ; maintenant on lui offre des cuissots peu appétissants sur lesquels le tatouage voisine avec les vergetures et les varices.Tess Holliday : mannequin, obèse et décomplexée !
La race mute, et pas forcément en bien ! Elle se laisse aller physiquement, mentalement et moralement, s’abandonne à la laideur et revient au tribalisme à coups de piercings et de tatouages.
L’Homo mondialus s’apparente au porc. Il en a la goinfrerie et le mental. Sa femelle vire à la truie, c’est assez logique dans un monde qui rêve à l’égalité homme/femme. Autrefois on aimait les hommes forts et les femmes belles, maintenant on prône le lope « non genrée ».Qui vous dit que je suis un homme ? - vincentdidier
Macron colle bien à son époque quand, par provocation, il choisit comme « marraine de la Francophonie » la chanteuse Yseult. Rappelons au passage que cette grosse noire, née en France où elle a gagné beaucoup d’argent, est allée vivre en Belgique en prétextant que la France serait un pays odieusement raciste (5). Qu’on ne vienne pas me traiter de raciste ou de « grossophobe », j’ai le droit de penser que Brigitte Lahaie, ex reine du porno, avait une autre classe qu’Yseult !
« L’art contemporain » fait, lui aussi, l’apologie de la laideur et de la vulgarité : Le « Plug anal » de Paul McCarthy, les chiens gonflables de Jeff koons ou …l’urinoir de Marcel Duchamp sont, parmi tant d’autres, les marqueurs d’une décadence voulue et encouragée.
Petit à petit, la langue de Villon, de Ronsard, de Molière, d’Hugo, de Zola, de Dutourd ou de Raspail se dénature, au profit du pathos du monde des affaires et des gens branchés, les nouveaux précieux ridicules. Ce charabia prétentieux, mitigé de franglais, est incompréhensible, bien sûr, pour le commun des mortels. Et que dire de celui Lacrim – Allez nique ta mère Lyrics | Genius Lyricsdes banlieues ? On y parle une langue bizarre (en plus de dialectes africains : le Wolof, le Peul, le Sérère, le Diola, le Saafi, le Soninké, le Bambara…liste non limitative) illustrée par une gestuelle qui aide à la mieux comprendre : « C’te meuf, j’la kiffe grave », « J’nique les keufs ! ». Et, tant qu’on y est « j’nique ta mère, eh bouffon ! » accompagné d’un doigt d’honneur qui vous informe que le primate à capuche qui gesticule devant vous a des pulsions sexuelles inassouvies. Yves Duteil chantait « c’est une langue belle » mais qui écoute encore Duteil ?
Ne vous leurrez pas, tout ceci est voulu. Pour ma part, je suis convaincu que tout ce qui est laborieux est beau. Une belle œuvre – architecturale, littéraire, musicale ou artistique – nécessite un vrai travail, un véritable effort. On doit accorder un crédit au principe de labeur. La pratique et les croyances sont indispensables ! Mes croyances sont liées au territoire, aux valeurs identitaires et au travail. Je suis profondément, viscéralement, patriote. Or Imposer la laideur, dans l’architecture, le pub, l’art ou le cinéma, révèle un profond mépris du peuple. Comme si les gens étaient trop niais, trop frustres, trop incultes pour être touchés par la beauté. Et dans cette beauté il y a les mots, ceux de notre belle langue française appelée à disparaître au profit du franglais ou du sabir des banlieues.
Beaucoup de gens résistent encore à cet envahissement de la laideur, mais on est en droit de se demander pourquoi le peuple ne se révolte-t-il pas contre l’enlaidissement ?
Tout simplement parce que la population n’a plus la mémoire de la beauté.
A force de culpabilisation perpétuelle, de reniement de sa grandeur passée, de honte de son pays, elle s’est habituée à la laideur, elle vit avec. Au point même qu’il y a des canons de la laideur, elle est normalisée, labellisée, et elle nous arrive massivement des États-Unis, ce grand pays sans passé, sans histoire, qui a la chance d’avoir les plus beaux paysages au monde mais qui se plaît à tout détruire, à tout dégueulasser, à tout avilir, à tout enlaidir, et à supprimer les peuples attachés à leurs racines. Quand il ne le fait pas à coup de bombes incendiaires (comme à Tokyo ou Dresde), de bombes atomiques (comme à Hiroshima et Nagasaki), de napalm (comme au Vietnam), il utilise la conjonction de sa malbouffe, de ses mœurs dégénérées et de la laideur.
C’est plus indolore mais tout aussi efficace !
Éric de Verdelhan
10 avril 2023
1)- Ecole Nationale d’Assurance.
2)- « La laideur se vend mal » a été publié en France en 1953 et réédité plusieurs fois depuis.
3)- De nos jours tout est « durable et responsable », le café, le shampoing, les fruits et légumes, les maisons, les voitures…etc… Les seuls « irresponsables » sont …au pouvoir.
4)- Qui est, à l’origine, l’hymne aux morts irlandais.
5)- Elle aurait pu s’exiler au Cameroun d’où sa famille est originaire mais elle a préféré la Belgique.