Cotentin. Un saut « mythique » pour les commandos marine
Les fusiliers marins de Cherbourg et les commandos marine de Lorient ont organisé, mercredi 19 avril 2023, un entraînement de parachutage dans la Manche.
Un parachutage des 12 forces spéciales s’est organisé sur le marais de La Fière, mercredi 19 mars 2023, dans le cadre de l’opération nationale « Orion 23 ». (:copyright:Jean-Paul BARBIER)
Par Ludivine Laniepce Publié le 20 Avr 23 à 20:27
La Presse de la Manche
Mon actu
« Y a du zef ! On est à la limite », plaisante le lieutenant de vaisseau « Jeff », rattaché aux commandos marine de Lorient (Morbihan). À ses côtés, l’enseigne de vaisseau « Georges », de la compagnie cherbourgeoise des fusiliers marins Le Goffic, prend la mesure du vent au sol pour la transmettre au pilote qui n’est plus qu’à 10 minutes de vol de là.
En effet, un parachutage des 12 forces spéciales s’est organisé sur le marais de La Fière, à Sainte-Mère-Eglise (Manche), mercredi 19 mars 2023, dans le cadre de l’opération nationale « Orion 23 ».
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« Notre limite d’entraînement est à 10 mètres par seconde »
« Dernier vent au sol : 5 mètres par seconde », annonce-t-il. Jeff précise : « Le pilote voit ce qu’il en est des vents de son côté pour estimer au mieux le largage, la dérive et la pose des hommes. Notre limite d’entraînement est à 10 mètres par seconde. On est dans les clous. »
Mercredi 19 avril 2023, dans le marais de La Fière (Manche), entre Sainte-Mère-Église et Picauville, douze « chuteurs opérationnels » du commando Kieffer breton ont participé à un exercice de parachutage avec le soutien d’une dizaine de fusiliers marins de Cherbourg, dans le cadre de l’exercice interarmées national Orion 23 (lire ci-dessous). Une opération ici « 100 % Marine ».
À 16 h 44, le « Top ! » est lancé. Le long du Merderet qui serpente le marais, Jeff, Georges et leurs hommes au sol aperçoivent les premières voiles des parachutistes s’ouvrir. « 1… 2… 3… » À 12, le compte est bon : douze forces spéciales dont deux en tandem, l’un comprenant un maître-chien. « Ils sont largués à 3 600 mètres, précise Jeff. Ils sont en chute libre jusqu’à 1 300 mètres environ. »
Quelques minutes pour se poser au sol
Et à partir de là, le « petit train » se forme dans les airs. « Comme un étagement, pointe le lieutenant de vaisseau du doigt. Il y a un leader en tête qui choisit la zone de pose. » Parachutées face au vent, les forces spéciales mettront à peine quelques minutes à se poser au sol autour du point de repère en forme de croix.
Les commandos marine de Lorient ont été parachutés dans les marais de La Fière, entre Sainte-Mère-Eglise et Picauville, avec le soutien des fusiliers marins de Cherbourg. (:copyright:Jean-Paul BARBIER)
Parvenus à terre, l’un d’entre eux s’amuse : « Y avait du vent ! On a fait que reculer pendant tout le saut ! » Un autre, « fusilier marin à Cherbourg dans les années 1997 », précise-t-il comme un clin d’œil.
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Il explique : « C’est une zone qui nous est inconnue, on n’a jamais sauté ici. Elle est un peu délicate mais pour nous, elle demande un peu de technique, mais cela correspond à un saut classique de jour. »
35 semaines de sauts en mer par an
Jeff, qui organise « 35 semaines de sauts par an en mer, sur terre et à l’étranger », l’exercice, qui nécessite une bonne coordination, est une réussite. Mais il est aussi symbolique : « C’est une zone de saut mythique pour un parachutiste. »
« La première mission d’un fusilier marin est la sécurisation au sol et le soutien des commandos marine, explique Georges. Le chef de mise à terre est ici de transmettre les messages météo et d’assurer le marquage au sol pour les commandos. Aujourd’hui, on a assisté à une manipulation assez simple avec un dispositif allégé. »
La Manche et le Morbihan prennent part à l'Orion 23
Mercredi 19 et jeudi 20 avril 2023, en marge de l'Orion 23, « fusiliers marins et commandos ont conduit un entraînement aéroporté de haute technicité dans la Manche et le Morbihan », rapporte la Marine nationale. « Déployés depuis des avions A400M, C130 Hercules et CASA de l’armée de l’Air et de l’Espace, les marins ont réalisé une série de sauts en parachute techniques près de Sainte-Mère-Église et Vannes-Meucon, ainsi qu’un posé d’assaut impliquant le débarquement d’un véhicule terrestre sur l’aéroport de Cherbourg-Maupertus. »
Opération de grande envergure pour des armées Résilientes, Interopérables, Orientées vers le combat de haute intensité et Novatrices : lancée en février, l’Orion 23 « est le plus grand exercice militaire interarmées de ces trois dernières décennies et incarne la volonté de durcir la préparation opérationnelle interarmées et l’aptitude des armées françaises à répondre dès à présent à des conflits de haute intensité ».
Cet entraînement vise à conduire une opération de haute intensité face à une armée conventionnelle à partir d’un scénario fictif développé par l’OTAN et en intégrant la participation de 14 pays alliés. L’Orion 23 se trouve actuellement dans sa quatrième et dernière phase de simulation d’opérations sur terre, en mer et dans les airs, mais aussi dans l’espace et le cyberespace.
Pendant 19 jours, 12 000 militaires sont engagés avec 2 600 véhicules tactiques et une quarantaine d’hélicoptères dans plusieurs départements de France métropolitaine. « La France montre sa capacité à empêcher un fait accompli partout où elle l’estime nécessaire, précise le ministère des Armées. Le contexte international s’est considérablement dégradé, rendant obsolète le continuum paix-crise-guerre, explique le ministère des Armées. Cela rend nécessaire d’envisager la conflictualité par le prisme du triptyque compétition-contestation-affrontement. »
Une trentaine de soldats de réserve du 48e régiment de transmissions d’Agen
Si aucune communication n’avait été faite autour de cet entraînement, un public improvisé a néanmoins pu assister au parachutage, visible depuis la statue « Iron Mike », érigée en mémoire des soldats américains parachutés en juin 1944.
Présent, Jean-Jacques Leducq, vice-président des Amis des Vétérans Américains, partage ses anecdotes avec des visiteurs un peu particuliers : une trentaine d’hommes et de femmes de la compagnie de réserve du 48e régiment de transmissions d’Agen.
Jean-Jacques Leducq, vice-président des Amis des Vétérans Américains. (:copyright:Jean-Paul BARBIER)
« Nous sommes là tout à fait par hasard, reconnaît le capitaine Édouard. Nous faisons un raid sur les traces du Débarquement dans le cadre de nos activités de réserve et du maintien du lien armée-nation. »
Visites des musées, des cimetières américains et allemands de la région, étude des points d’appui, percée et trouées…
Une trentaine d’hommes et de femmes de la compagnie de réserve du 48e régiment de transmissions d’Agen se sont recueillis devant la statue « Iron Mike » du Mémorial de La Fière. Ils ont par ailleurs pu profiter du saut en parachute de 12 forces spéciales venues de Lorient. (:copyright:Jean-Paul BARBIER)
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« Ce déplacement était prévu en 2021 mais il a été décalé à cause de la Covid, explique le capitaine. En 2022, nous étions en mission Sentinelle en Normandie. Cela nous a aussi permis de faire de la reconnaissance et de prendre des contacts. On est là aujourd’hui et on peut dire que le hasard fait bien les choses. »
Ven Avr 21 2023, 08:10
