Éphéméride du 27 mars
lundi 27 mars 2023
Le théâtre romain d’Orange, « la plus belle muraille de mon Royaume » (Louis XIV)
1660 : Louis XIV visite Orange
Le 28 juillet 1659, Louis XIV a quitté Paris pour Saint Jean de Luz : l’une des clauses du Traité des Pyrénées, en cours de signature avec l’Espagne, stipulait en effet que le Roi de France devait épouser la fille du Roi d’Espagne.
En réalité, les pourparlers et la signature du traité traînant en longueur – le mariage espagnol manquant même d’échouer, et le Roi étant presque sur le point d’épouser une autre princesse ! – le voyage durera quasiment un an, le Roi ne rentrant à Paris, avec sa jeune épouse Marie-Thérèse, que le 13 juillet 1660.
La Cour quitta d’abord Fontainebleau pour Bordeaux, où elle resta du 19 août au 5 octobre ; elle alla ensuite à Toulouse, du 14 octobre au 27 décembre, puis à Montpellier, du 5 au 8 janvier 1660 ; elle arriva à Nîmes le 9 janvier, et le Roi visita le Pont du Gard le lendemain, 10 janvier (voir l’éphéméride du 10 janvier). Ensuite, le 17 janvier, la Cour arriva à Aix-en-Provence, où elle resta 12 jours, avant de se rendre à Toulon, pour douze jours également.
Louis XIV en profita pour aller en pèlerinage à Cotignac pour témoigner sa reconnaissance à Notre-Dame de Grâce, à qui il devait sa naissance. Le 2 mars, le Roi entra dans Marseille, mais pas par la porte de la Ville : il fit ouvrir une brèche dans le rempart, afin de punir l’indocilité des habitants (le 17 octobre précédent, un Ordre du Roi avait en effet été déchiré en pleine séance à l’Hôtel de Ville : voir l’éphéméride du 11 février).
Le 27 mars, le Roi était à Orange : c’est là que, visitant le Théâtre antique, il eut le mot fameux : « Voici la plus belle muraille de mon royaume ! »
Enfin, les choses finissant par se dérouler comme prévu au départ, et le mariage espagnol se précisant, après avoir manqué d’échouer, le Roi, avec toute la Cour, se rendit à Saint Jean de Luz, pour s’y marier, le 9 juin 1660 (voir l’éphéméride du 9 juin), avant de retourner à Paris, presque un an après l’avoir quittée.
Le Théâtre antique le mieux conservé au monde, inscrit au patrimoine mondial de l’Humanité par l’Unesco.
theatre-antique
Depuis 1869, le Théâtre d’Orange accueille le festival français le plus ancien : les Chorégies d’Orange (éphéméride du 17 juin).
1785 : Naissance de Louis-Charles, duc de Normandie
Terrible destin que celui de l’enfant qui naît ce jour-là : il sera l’Enfant massacré, qui ne devint jamais grand; il sera le deuxième Roi martyr.
« Les Français le savent-ils ? Au cœur de leur Histoire, il y a un infanticide. Cet infanticide fonde la légitimité de leur Etat moderne. Un enfant-roi a été sacrifié volontairement sur l’autel du Moloch républicain. La Terreur ? Un procédé de gouvernement inventé par la République, recopié jusqu’aujourd’hui et on sait comment. Des têtes coupées pour exprimer un nouveau droit absolu de diriger le monde ? C’est qu’il fallait que le sang royal et populaire giclât pour fonder l’ordre nouveau. C’est ainsi que la France se dit encore aujourd’hui un modèle pour le monde. Effectivement ! Et l’Enfant-roi Louis XVII ? Eh bien, ce fut pire : après avoir tué le roi parce qu’il était roi, la bande qui prétendait diriger la Révolution, comité de salut public en tête avec Robespierre et Commune de Paris avec son procureur et son substitut, Chaumette et Hébert, décidèrent de faire du petit Capetl’instrument de la condamnation de sa mère et il eut à cet effet pour précepteur Simon l’alcoolique. Puis l’horreur, savamment voulue, ayant été accomplie, il fallait, en enfermant l’enfant de manière ignoble, le réduire en rebut de l’humanité. Ce fut consciemment voulu, strictement exécuté. Thermidor ne le sauva pas. Mais, du moins, un peu d’humanité entoura ses derniers moments. Il mourut, il avait dix ans… Le crime est là, injustifiable » (Hilaire de Crémiers)
Le martyre du petit Roi constitue le crime absolu, l’horreur suprême. A la tache indélébile qu’il représente pour ceux qui l’ont accompli s’ajoute, comme pour le rendre pire encore, sa négation même. Le fait qu’il soit totalement occulté, totalement nié, est constitutif du délit de négationnisme, qui se mue en mémoricide, exactement comme pour le génocide vendéen, jamais reconnu, toujours ignoré dans l’histoire officielle, qui repose sur le mensonge.
Pour évoquer sobrement l’enfant-martyr, voici la splendide Ode à Louis XVII que lui a consacré Victor Hugo, et le terrible portrait de Greuze, des tous premiers mois de 1795, soit très peu de temps avant la mort du petit Roi.
I : L’Ode à Louis XVII, de Victor Hugo
I
En ce temps-là, du ciel les portes d’or s’ouvrirent ;
Du Saint des Saints ému les feux se découvrirent ;
Tous les cieux un moment brillèrent dévoilés ;
Et les élus voyaient, lumineuses phalanges,
Venir une jeune âme entre de jeunes anges
Sous les portiques étoilés.
C’était un bel enfant qui fuyait de la terre ;
Son œil bleu du malheur portait le signe austère ;
Ses blonds cheveux flottaient sur ses traits pâlissants ;
Et les vierges du ciel, avec des chants de fête,
Aux palmes du martyre unissaient sur sa tête
La couronne des innocents.
II
On entendit des voix qui disaient dans la nue :
– «Jeune ange, Dieu sourit à ta gloire ingénue ;
Viens, rentre dans ses bras pour ne plus en sortir ;
Et vous, qui du Très-Haut racontez les louanges,
Séraphins, prophètes, archanges,
Courbez-vous, c’est un roi ; chantez, c’est un martyr !»
– «Où donc ai-je régné ? demandait la jeune ombre.
Je suis un prisonnier, je ne suis point un roi.
Hier je m’endormis au fond d’une tour sombre.
Où donc ai-je régné ? Seigneur, dites-le moi.
Hélas ! mon père est mort d’une mort bien amère ;
Ses bourreaux, ô mon Dieu, m’ont abreuvé de fiel ;
Je suis un orphelin ; je viens chercher ma mère,
Qu’en mes rêves j’ai vue au ciel.»
Les anges répondaient : – «Ton Sauveur te réclame.
Ton Dieu d’un monde impie a rappelé ton âme.
Fuis la terre insensée où l’on brise la croix,
Où jusque dans la mort descend le régicide,
Où le meurtre, d’horreurs avide,
Fouille dans les tombeaux pour y chercher des rois»
– «Quoi ! de ma lente vie ai-je achevé le reste ?
Disait-il ; tous mes maux, les ai-je enfin soufferts ?
Est-il vrai qu’un geôlier, de ce rêve céleste,
Ne viendra pas demain m’éveiller dans mes fers ?
Captif, de mes tourments cherchant la fin prochaine,
J’ai prié ; Dieu veut-il enfin me secourir ?
Oh ! n’est-ce pas un songe ? a-t-il brisé ma chaîne ?
Ai-je eu le bonheur de mourir ?
Car vous ne savez point quelle était ma misère !
Chaque jour dans ma vie amenait des malheurs ;
Et, lorsque je pleurais, je n’avais pas de mère
Pour chanter à mes cris, pour sourire à mes pleurs.
D’un châtiment sans fin languissante victime,
De ma tige arraché comme un tendre arbrisseau,
J’étais proscrit bien jeune, et j’ignorais quel crime
J’avais commis dans mon berceau.
Et pourtant, écoutez : bien loin dans ma mémoire,
J’ai d’heureux souvenirs avant ces temps d’effroi ;
J’entendais en dormant des bruits confus de gloire,
Et des peuples joyeux veillaient autour de moi.
Un jour tout disparut dans un sombre mystère ;
Je vis fuir l’avenir à mes destins promis
Je n’étais qu’un enfant, faible et seul sur la terre,
Hélas ! et j’eus des ennemis !
Ils m’ont jeté vivant sous des murs funéraires ;
Mes yeux voués aux pleurs n’ont plus vu le soleil ;
Mais vous que je retrouve, anges du ciel, mes frères,
Vous m’avez visité souvent dans mon sommeil.
Mes jours se sont flétris dans leurs mains meurtrières,
Seigneur, mais les méchants sont toujours malheureux ;
Oh ! ne soyez pas sourd comme eux à mes prières,
Car je viens vous prier pour eux.»
Et les anges chantaient : – «L’arche à toi se dévoile,
Suis-nous ; sur ton beau front nous mettrons une étoile.
Prends les ailes d’azur des chérubins vermeils ;
Tu viendras avec nous bercer l’enfant qui pleure,
Ou, dans leur brûlante demeure,
D’un souffle lumineux rajeunir les soleils !»
III
Soudain le chœur cessa, les élus écoutèrent ;
Il baissa son regard par les larmes terni ;
Au fond des cieux muets les mondes s’arrêtèrent,
Et l’éternelle voix parla dans l’infini :
«O roi ! je t’ai gardé loin des grandeurs humaines.
Tu t’es réfugié du trône dans les chaînes.
Va, mon fils, bénis tes revers.
Tu n’as point su des rois l’esclavage suprême,
Ton front du moins n’est pas meurtri du diadème,
Si tes bras sont meurtris de fers.
Enfant, tu t’es courbé sous le poids de la vie ;
Et la terre, pourtant, d’espérance et d’envie
Avait entouré ton berceau !
Viens, ton Seigneur lui-même eut ses douleurs divines,
Et mon Fils, comme toi, roi couronné d’épines,
Porta le sceptre de roseau.»
Décembre 1822
II : Le portrait de Greuze
Portrait de Louis XVII, par Greuze, premiers mois de 1795 (peinture à l’huile, 466 mm x 368).
L’enfant a les yeux d’un bleu vif, les cheveux blonds, chemise blanc crème; bretelles gris brunâtre.
Le portrait où l’enflure du visage, le teint blafard, l’attitude affaissée, trahissent un état de maladie avancée, date, selon toute vraisemblance, de 1795. Il ne peut avoir été exécuté que d’après une impression directe.
Greuze essaie une dernière fois d’idéaliser cet enfants que ses bourreaux ont transformé en loque humaine, que Laurent a décrassée et revêtue de linge blanc. Mais il devra le peindre enflé, jaune, dos courbé, poitrine rentrée, yeux injectés de sang, assis semble-t-il sur son lit, avec une chemise et des bretelles, manquant de force pour se lever. Comme on n’a jamais retrouvé le profil tracé par Belanger le 31 mai 1795, le portrait de Greuze, où l’on sent une impression directe, est le dernier portrait certain de Louis XVII.
Le fils de Louis XVI s’y reconnaît encore au nez fin et rectiligne, au menton fort et à fossette, aux sourcils légers, aux yeux bleus et écartés, aux cheveux blonds et soyeux. Mais, dit M. G. Lenotre (références ci dessous), ce « teint blafard, ce nez aminci, ces yeux bouffis et touchants, c’est déjà presque le masque d’un mort » :
« Une peinture de GREUZE (ci-dessus, donc) nous le montre tel qu’il était quelques semaines plus tard (après la visite de Barras). Laurent, le créole, son nouveau gardien, l’a soigneusement peigné, lavé et revêtu de linge blanc…: le teint blafard, le nez aminci, les joues bouffies et tombantes – car l’enfant « tournait au gras » ; c’est déjà presque le masque d’un mort; c’est la dernière image, en effet, qu’on ait du fils de Marie-Antoinette, car le dessin pris au Temple par Bellanger huit jours avant le décès, n’a jamais été retrouvé. »(G. Lenotre, De Belzébuth à Louis XVII. Grasset 1950, p. 119-120).
Sur Louis XVII, voir également l’éphéméride du 8 juin (jour de sa mort, qu’il conviendrait d’appeler – mieux – sa délivrance) et du 19 avril (sur les travaux de Philippe Delorme, établissant définitivement que l’enfant mort au Temple est bien Louis XVII).
Et, sur les travaux de Philippe Delorme, plus précisément :
• louis17/bio_louisXVII
• louis17.chez.com
1793 : Proclamation de la Roche-Bernard
Elle est envoyée par les Chouans du Morbihan aux représentants de la Convention : depuis le 13 mars, le peuple s’est soulevé contre les décrets venus de Paris; après un rapide combat, il s’est emparé le 15 de La Roche Bernard, d’où il envoie cette Proclamation aux Conventionnels :
« Écartez de nous le fléau de la milice, et laissez aux campagnes des bras qui leur sont nécessaires. Vous nous parlez d’ennemis qui menacent nos foyers : c’est là que nous saurons les repousser, s’ils viennent nous attaquer ; c’est là que nous saurons défendre contre eux et contre tous autres, nos femmes, nos enfants, nos bestiaux et nos récoltes, ou périr avec eux.
Rendez à nos vœux les plus ardents nos anciens pasteurs ; ceux qui furent, dans tous les temps, nos bienfaiteurs et nos amis ; qui, partageant nos peines et nos maux, nous aidaient à les supporter par de pieuses instructions et par leur exemple. Rendez-nous avec eux le libre exercice d’une religion qui fut celle de nos pères et pour le maintien de laquelle nous saurons verser jusqu’à la dernière goutte de notre sang.
Rendez à nos campagnes ceux de ces dignes pasteurs que vous retenez dans vos murs, et permettez à ceux qui se sont exilés de revenir nous distribuer les consolations dont nous avons grand besoin ; leur retour ramènera partout la paix, l’union, la concorde.
Telles sont nos principales demandes. Nous y joignons notre vœu pour le rétablissement de la royauté, ne pouvant vivre sous un gouvernement républicain, qui ne présente à nos esprits que des idées de division, de troubles et de guerres. »
Le blason de La Roche Bernard : D’or à une aigle éployée bicéphale de sable, becquée, lampassée et membrée de gueules
C’est, à proprement parler, le robuste bon sens populaire qui s’oppose à l’idéologie; le pragmatisme et l’empirisme qui s’opposent à ce que Maurras, plus tard, appellera les « Nuées ».
Une telle déclaration est à rapprocher de cet autre chef d’œuvre de bon sens qu’est la déclaration de Charette à ses soldats :
« Notre patrie à nous, c’est nos villages, nos autels, nos tombeaux, tout ce que nos pères ont aimé avant nous. Notre patrie, c’est notre Foi, notre terre, notre Roi… Mais leur patrie à eux, qu’est-ce que c’est ? Vous le comprenez, vous ?… Ils l’ont dans le cerveau; nous l’avons sous les pieds… Il est vieux comme le diable, le monde qu’ils disent nouveau et qu’ils veulent fonder dans l’absence de Dieu…
On nous dit que nous sommes les suppôts des vieilles superstitions; faut rire ! Mais en face de ces démons qui renaissent de siècle en siècle, sommes une jeunesse, Messieurs ! Sommes la jeunesse de Dieu. La jeunesse de la fidélité ! Et cette jeunesse veut préserver pour elle et pour ses fils, la créance humaine, la liberté de l’homme intérieur ».
Voir notre album Totalitarisme ou Résistance ? Vendée, « Guerre de Géants ».
1893 : Mort d’Alphonse Beau de Rochas
Il est le père du moteur à quatre temps.
clariond/biographies/bauderochas
1917 : Les Allemands dynamitent le donjon et les tours du château de Coucy
« Roi ne puis, prince ne daigne, je suis Sire de Coucy »
Dans le département de l’Aisne, sur la commune de Coucy-le-Château-Auffrique, dominant les vallées de l’Oise et de l’Ailette, les impressionnants vestiges du château, à l’extrémité d’un éperon rocheux où s’est établi la ville et dont il est séparé par un fossé large d’environ 50 mètres…
De Michel Mourre (Dictionnaire Encyclopédique d’Histoire, page 1206) :
• COUCY. Nom d’une ancienne famille de Picardie qui tirait son nom de Coucy-le-château (Aisne). Ses membres avaient pour devise : Roy ne suis, ne prince, ne duc, ne comte aussy : je suis le sire de Coucy. La forteresse, qui avait été élevée dès le Xème siècle à Coucy par un archevêque de Reims, fut occupée vers la fin du XIème siècle par le fondateur de la dynastie des Coucy, Enguerrand de Bouves (mort en 1115). Son fils, Thomas de Marle, seigneur pillard, fut aux prises avec plusieurs expéditions menées contre lui par Louis VI;
• ENGUERRAND III de Coucy, dit le Grand, avait combattu aux côtés de Philippe Auguste à Bouvines, mais fut le chef de la ligue formée pendant la minorité de Louis IX, contre Blanche, mère du jeune roi : c’est lui qui fit construire le château et ses fortifications (voir article suivant).
• COUCY (château de). Ancien château fort de la région de Laon, au Sud-Ouest de cette ville. La forteresse, élevée au Xème siècle par un archevêque de Reims, fut complètement reconstruite vers 1230/40 par Enguerrand III de Coucy. Avec son énorme donjon (31 mètres de diamètre, 54 mètres de hauteur) et ses quatre tours d’angle flanquant les remparts, c’était l’un des chefs-d’oeuvre les plus typiques de l’architecture militaire médiévale. Vers 1380/87, Enguerrand VII, le dernier des Coucy, fit aménager le château dans le goût des résidences princières du temps. La place ayant été défendue par les frondeurs contre les troupes royales, Mazarin fit démanteler Coucy en 1642. Passé à l’Etat en 1856, le château fut restauré par Viollet-le-Duc (« Auprès de ce géant, les plus grosses tours connues, soit en France, soit en Italie ou en Allemagne, ne sont que des fuseaux. » déclara-t-il, ndlr), mais il fut détruit en mars 1917 par les Allemands.
(Illustration : Blason des Coucy : Fascé de vair et de gueules de six pièces.)
Pendant la Première Guerre mondiale, la ville de Coucy-le-Château-Auffrique fut occupée pendant 3 ans par les armées allemandes. En 1917, lors de leur repli sur la ligne Hindenburg, elles décidèrent de détruire le site fortifié. Cela ne se justifiait pas d’un point de vue stratégique mais résultait bien d’une décision prise en amont qui était de détruire les lieux culturels majeurs de France. 28 tonnes de cheddite furent placées dans le donjon et plus de 10 tonnes dans les tours du château. L’explosion eut lieu le 27 mars 1917. Au même moment, la ville de Coucy-le-Château-Auffrique fut bombardée et dévastée par des tirs d’artillerie. Quelques jours avant, le 19 mars 1917, le château de Ham avait subi le même sort.
Sur les crimes commis par les Allemands durant la guerre de 14, voir, dans notre album L’Aventure France racontée par les cartes, la photo « 1914 : La France dévastée… » et les deux suivantes…; et, dans notre Album Reims, cathédrale du sacre, la partie 3 (édifiante !) : martyre et restaurations
Deux visions, forcément anciennes, du Coucy d’avant… :
« …le peuple allemand a le devoir de travailler pendant deux ou trois générations pour réparer son crime… » (Jacques Bainville, Journal, Tome II, page 107, note du 24 juin 1921).
Histoire du château de Coucy, par le chanoine Jean Jovet :
:http://barisis.free.fr/castelaisne/HistoirechateauCoucy.htm
Site de l’Association pour la mise valeur du château de Coucy :
http://www.amvcc.com/
1926 : Mort du duc d’Orléans
Il aurait été Philippe VIII, « le grand roi qui a manqué à la France » comme l’écrivait Maurras dans L’Action française, où on l’appelait affectueusement Philippe (« Philippe, comme nous disions. »).
Voici un court extrait de l’article que lui consacra Maurras dans L’Action française du 28 mars (et dont on a l’intégralité sur le site maurras.net : Le tombeau du Prince. :
« …Était-ce de ce mélange complexe, singulier, unique, que naissait la grâce brillante de sa personne ? Les dons physiques le comblaient. Ni la majesté de la taille, ni la beauté du visage, ni l’air de force et de santé qui émanait de lui ne suffisent pour expliquer la puissance incomparable de son attrait. Ses familiers disaient : Je l’aime. Les passants, les visiteurs d’un jour étaient empaumés. Il lui suffisait d’être Lui. Que de Français le rencontrant à l’étranger, celui-ci dans les rues de Bruxelles, celui-là dans le canal de Suez, ou en chemin de fer le long du Nil, le quittaient émus, éblouis ou bouleversés d’un contact de quelques minutes !… » (illustration : les armes de Philippe VIII)
Léon Daudet « raconte » la messe des obsèques à Notre-Dame de Paris : dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir la photo « La reine de France aux obsèques de Philippe VIII ».
C’est lui que Maurras et Pujo sont allés visiter à Londres, durant trois jours, en 1914 : Bainville a raconté cette visite dans son Journal (tome 1914, page 194/195, note du 29 novembre) :
« Maurras et Pujo ont passé trois jours à Londres avec le Duc d’Orléans. Ils publient aujourd’hui dans L’Action française les déclarations du prince. C’est une page émouvante et de haute allure qui a produit grand effet, surtout aux passages où le descendant des rois qui ont fait la France raconte ses efforts infructueux pour servir dans les troupes françaises, belges, anglaises et même indiennes. L’enrôlement incognito – selon le précédent du duc de Chartres s’enrôlant en 1870 sous le nom de Robert le Fort – ne lui a même pas été possible en raison des filatures de police : il était dénoncé dès qu’il se présentait dans un bureau de recrutement… »
L’inique Loi d’exil (prise le 26 juin 1886 et abrogée le 24 juin 1950) empêchera donc le Duc de servir la France, alors que la tradition du service militaire est très fortement ancrée dans la Famille de France.
Tout comme est fortement ancrée une autre tradition : celle de léguer au Pays. Comme le fit avant lui le Duc d’Aumale (léguant Chantilly et tous ses trésors inestimables à l’Institut), le Duc, grand voyageur, explorateur, naturaliste, lèguera ses exceptionnelles collections au Muséum d’Histoire naturelle, où on les admire encore aujourd’hui : voyages du duc d’orléans.pdf
Dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir les photos « 1904 : Rencontre avec le duc d’Orléans, à Londres. » et « La dernière Saint-Philippe d’avant-guerre. »
1927 : Naissance de François Furet
academie francaise/les immortels/francois furet
Deux traits caractérisent François Furet : d’abord – comme historien – son érudition et ses compétences, bien sûr : François Furet est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la révolution : « La Révolution : 1770/1880 » et « Dictionnaire critique de la Révolution Française », « Penser la Révolution Française », et, comme il l’expliquait lui-même, son intérêt pour cette période de l’Histoire ne l’a jamais quitté.
Mais Furet fut aussi un esprit libre, dont l’honnêteté intellectuelle égalait l’érudition. Si son intérêt pour la Révolution fut comme porté par un passé de révolutionnaire (il passa cinq ans au Parti Communiste), il lui a fallu énormément de courage, dans une France de l’après-guerre intellectuellement dominée – d’une façon quasi exclusive (on pourrait même dire, « confisquée »…) par la pensée marxiste – pour rompre totalement avec ses premières illusions, voir et accepter la réalité en face, et la dire : il fut pour cela totalement rejeté par ses premiers amis. Dire que ceux-ci n’apprécièrent pas du tout la publication de son « Le Passé d’une illusion. Essai sur l’idée communiste au XXème siècle », relève de l’euphémisme.
Pour Furet, finalement,la Révolution a commencé en 1770 avec Turgot et son idée d’une société fondée sur la raison, et s’est achevée en 1880 avec Jules Ferry : à partir de là, elle règne sur la France, « calme » mais fidèle à ses principes destructeurs et déconstructeurs.
Après l’avoir fait, à ses débuts, Furet ne divise plus, après son évolution, sa maturation, la Révolution en deux parties : 1789 la plus brillante et 1793, la Terreur. Non, pour lui, le centre du phénomène est 1789, date grosse de tous les événements futurs.
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Le 14 juillet 1789, on promène des têtes au bout des piques… François Furet l’affirme : dès cet épisode, la Terreur est en gestation, « la culture politique qui peut conduire à la Terreur est présente dans la révolution française dès l’été 1789 », et la prise de la Bastille inaugure « le spectacle de sang, qui va être inséparable de tous les grands épisodes révolutionnaires ».