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Sujet: LES EPHEMERIDES du JSF. du 23 mars par Athos79 Jeu Mar 23 2023, 07:39
Éphéméride du 23 mars
jeudi 23 mars 2023
1821 : Découverte de la Bauxite, qui tire son nom du village des Baux-de-Provence
1594 : Première partie de Jeu de Paume pour Henri IV, un jour après son entrée dans Paris
La veille, le roi a fait son entrée dans Paris (voir l’éphéméride du 22 mars), la ville qu’il assiégeait depuis le 30 juillet 1589 (presque cinq ans !…) et qui se refusait obstinément à lui.
Pourquoi donc, car cela paraît surprenant plusieurs siècles après, commencer en quelque sorte ses activités dans une capitale si chèrement et si longuement convoitée par… une partie de Jeu de Paume ? On le comprendra mieux si l’on se replonge quelques instants dans la mentalité, les mœurs et les goûts de l’époque..
Ancêtre direct du Tennis, mais aussi de la Pelote basque et, plus généralement de tous les jeux de raquette, le Jeu de Paume était extraordinairement populaire sous la Royauté (le mot anglais « tennis » vient du français « tenez ! », mot que dit le joueur à son partenaire en lançant le service).
La paume consistait à se renvoyer une balle, appelée éteuf, au-dessus d’un filet ; on jouait en individuel (1 contre 1) ou en double (2 contre 2). Très vite (XIIIème siècle) les joueurs portèrent un gant de cuir, afin de protéger la main qui frappait la balle ; au début, la paume se pratiquait en plein air, mais à partir du XIVème siècle on se mit à jouer dans des terrains de jeu couverts : les salles de jeu de paume, également appelées tripots..
Au XVème siècle apparut le battoir, raquette pleine en bois; la première mention d’une raquette date de 1505 : à la différence du battoir, la raquette possédait un cordage en chanvre ou en boyau. Il y eut donc jusqu’à quatre écoles, ou façon de pratiquer le Jeu de Paume :
– à main nue;
– à main gantée;
– avec un battoir;
– avec une raquette.
Le jeu connut un tel succès – aussi bien dans les classes supérieures de la population que dans le petit peuple – qu’on peut le comparer à une sorte de folie collective (qui touchait également les femmes) : Le 22 juin 1397, le prévôt de Paris interdit la pratique du jeu de paume tous les jours, sauf le dimanche « parce que plusieurs gens de métier et autres du petit peuple quittaient leur ouvrage et leur famille pendant les jours ouvrables, ce qui était fort préjudiciable pour le bon ordre public » !
Des lettres patentes de François 1er (du 9 novembre 1527) officialisèrent le professionnalisme sportif, en jeu de paume notamment, car les paris et enjeux avaient transformé de fait cette activité sportive et distrayante en métier pour beaucoup.
Et, le 23 mars 1594, au lendemain de son entrée royale dans Paris, Henri IV disputa donc une partie de jeu de paume : cette partie disputée à La Sphère fut très appréciée par le peuple parisien et fit beaucoup pour la popularité du nouveau roi dans la capitale.
En 1596, il y avait 250 salles de jeu de paume à Paris et 7 000 personnes vivaient – directement ou indirectement – de l’activité qu’elles généraient. On jouait aussi beaucoup en Province : Orléans comptait 40 salles ! À la suite d’un séjour en France en 1598, Sir Robert Dallington publia – en 1604 – The View of France, ouvrage dans lequel il relatait son étonnement du goût pour le sport des Français : « Les Français naissent une raquette à la main » y écrit-il, et la France est « un pays semé de jeux de paume, plus nombreux que les églises et des joueurs plus nombreux que les buveurs de bière en Angleterre ». « Les Français aiment beaucoup ce jeu et ils s’y exercent avec une grâce et une légèreté merveilleuses » rapporte pour sa part un ambassadeur de Venise : le nombre de terrains et salles était, en dix ans, passé à 1.800 pour la seule ville de Paris.
Ce sont Louis XIII et surtout Louis XIV qui donneront le coup de grâce au Jeu de Paume, avec leur passion dévorante pour la chasse (ou, en ce qui concerne Louis XIV, le billard, jeu où il excellait..). Encore Louis XIV laissera-t-il construire un Jeu de Paume à Versailles, qui s’illustrera malheureusement sous la Révolution….
Mais, comment le Jeu de Paume a-t-il donné naissance au Tennis ?…
Tout commença en 1415 : après le désastre d’Azincourt, le duc d’Orléans fut emprisonné pendant près de vingt-cinq ans en Angleterre. Captif à Wingfield, dans le Norfolk, le prince poète et sportif y introduisit le jeu de paume, auquel il jouait presque chaque jour. Quatre siècles plus tard, le descendant du châtelain de Wingfield, Walter Clopton Wingfield, inventa le tennis, en adaptant le jeu de paume au jeu sur l’herbe, en plein air…
Cela peut paraître surprenant, mais c’est ainsi : après avoir connu une telle vogue chez nous (les contemporains parlaient, à son sujet, de « folie » ou de « raz de marée »), le Jeu de Paume disparut presque subitement, à partir du XVIIIème siècle.
Il reste cependant à l’origine de huit expressions très usuelles en français, aujourd’hui encore :
– Épater la galerie : se disait lorsqu’un joueur réussissait un beau coup qui « épatait » les spectateurs, regroupés dans la galerie couverte en surplomb entourant en partie la salle de jeu (ci-dessus).
– Qui va à la chasse… perd sa place : « chasser » signifie que, à la fin d’une phase de jeu, les joueurs changent de côtés de terrain, et que le serveur perd donc sa place favorable.
– Les enfants de la balle : on nommait ainsi les enfants des paumiers (fabricants des balles), très souvent habile au jeu, puisqu’ils y jouaient dès leur plus jeune âge. Les comédiens jouant parfois dans les salles de paume, leurs enfants qui exerçaient le même métier reçurent le même surnom.
– Jeu de main, jeu de vilain : les pauvres, ne pouvant s’offrir une raquette, jouaient avec leurs mains.
– Récupérer la balle au bond : se disait d’un paumiste qui réussissait la reprise de volée. Aujourd’hui, l’expression se réfère à l’adresse à saisir une occasion (on parlera d’ « opportunisme »…).
– Tomber à pic : si la balle tombe au pied du mur du fond, côté dedans, elle marque une « chasse pic ». Avoir la possibilité de réaliser ce point à un moment décisif de la partie, assure un avantage non négligeable au bon moment…
– Rester sur le carreau : le sol d’un jeu de paume était autrefois constitué de carreaux; le « carreau » en vint à désigner le sol du terrain de jeu : l’expression signifie donc la chute d’un joueur, ou sa défaite.
– Chassé-croisé : on l’a vu, « chasser » signifiait « changer de côté ». « Deux chasses posées, traversez ! » criait le marqueur, ou commissaire.
Autour village des Baux-de-Provence, qui lui a finalement donné son nom : le chimiste Pierre Berthier cherchait du minerai de fer, cette année-là, sur le territoire de la commune des Baux. Il donna le nom de terre d’alumine des Baux à ce qu’il trouva sur place, alors qu’il cherchait autre chose.
Le nom fut ensuite transformé en beauxite par Armand Dufrénoy (1847) puis en bauxite par Henry Sainte-Claire Deville (1861).
L’aluminium n’a donc été isolé qu’au milieu du XIXème siècle. C’est un métal jeune comparé au fer, au cuivre ou à l’or, connus depuis les temps les plus reculés. D’abord utilisé pour la fabrication des bijoux, puisque rare et précieux, il s’est peu à peu imposé dans une foule de domaines et a participé aux grandes mutations technologiques contemporaines : transports, habitat, alimentation, modes de vie, esthétique.
Aujourd’hui, l’aluminium représente un très important secteur industriel ; il est le métal le plus consommé après le fer. Les Français utilisent plus de 20 kilos d’aluminium par an et par personne.
annales/archives/berthier
Et, sous le titre L’aluminium, un métal d’exception, on aura ci-dessous de très intéressants renseignements :
Portrait de Stendhal par Ducis, 1835, Bibliothèque Sormani, Milan. Portrait mélancolique.
armance
1918 : Paris bombardé
A Paris, pendant l’office du Vendredi saint, un obus tombe sur l’église Saint-Gervais, tuant 88 fidèles et en blessant 68.
Du 23 mars au 9 août, la ville est bombardé par 3 énormes canons à longue portée allemands Wilhelmgeschutze (l’arme de Guillaume), surnommés Pariser Kanonen ou Parisgeschütz (canon de Paris), disposés en batterie au nord de Crépy-en-Laonnois et séparés de 800 mètres les uns des autres, d’un calibre de 210 mm, qui propulsent des obus de plus de 100 kg à près de 30 kilomètres d’altitude et à 126 km de distance : sur 400 obus tirés, 351 atteignent la capitale faisant 256 morts, 620 blessés et d’importants dégâts.
Ces canons à longue portée sont généralement confondus avec la « Grosse Bertha » (du nom de la fille de l’industriel Krupp), obusier d’un calibre de 420 mm tirant des obus de 800 kg à 12 km, qui fut utilisée dès le début de la guerre, devant Liège.
Le Wilhelmgeschutze
canons/canparis
Dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet , voir la photo « Notre-Dame des Victoires, Vendredi Saint 1918… » et les six photos suivantes.
1998 : Lancement du Satellite Pour l’Observation de la Terre de deuxième génération, Spot 4
Le delta du Rhône et la Camargue
spot4.cnes
2013 : A 17 heures, le nouvel ensemble campanaire de Notre-Dame de Paris – détruit sous la Révolution et reconstitué – sonne pour la première fois
Le 23 juillet 1793, un Décret de la Convention ordonne la fonte des cloches de toutes les églises de France, afin d’en faire des canons : eh oui, on est pour la « fraternité » mais on déclare la guerre au monde entier (éphéméride du 23 juillet) ! On est pour la « liberté » mais on interdit aux chrétiens de pratiquer leur culte et on détruit ou saccage leurs sanctuaires ! On est pour « l’égalité », mais une seule religion à désormais droit à l’existence : la NRR, la nouvelle religion républicaine.
Une seule cloche devra rester dans les clochers, afin d’avertir la population, en cas de danger : c’est cette restriction à un Décret stupide qui – si l’ensemble des cloches de Notre-Dame sera bel et bien perdu, pour toujours – sauvera malgré tout le bourdon Emmanuel (dans la Tour Sud, ci dessous) dont l’histoire mérite d’être brièvement retracée.
Le bourdon Emmanuel, seul rescapé de l’ensemble initial des cloches de Notre-Dame…
La « grande cloche » – Jacqueline – dont parle François Villon dans son Grand testament, daté de 1461, avait été donnée en 1400 à la cathédrale Notre Dame par Jean de Montaigu. On refondit Jacqueline une première fois en 1680, puis une nouvelle fois en 1682, et enfin en 1685, son installation définitive ayant lieu en mars 1686 : la cloche reçut alors les noms d’Emmanuel-Louise-Thérèse en l’honneur du roi Louis XIV et de la reine Marie-Thérèse d’Autriche.
Le bourdon Emmanuel se trouve dans la tour sud de Notre Dame : il pèse 13 tonnes, son battant pèse 500 kilos, et il sonne en fa dièse ainsi qu’en atteste ce récit d’Ernest Laut, extrait du Petit Journal Illustré, du 19 avril 1908.
Au XIXème siècle, lorsqu’on restaura Notre-Dame, on y remit (en 1856) un ensemble de cloches, mais qui fut « raté » : il sonnait faux, l’alliage des cloches étant de mauvaise qualité, et le son de l’ensemble n’était plus du tout conforme à ce qu’il était « avant » la tourmente révolutionnaire.
2 février 2013 : les nouvelles cloches sont arrivées.
Mais la roue tourne. Il fut enfin décidé de remettre les choses en l’état, et que tout serait installé en 2013, à l’occasion du 850ème anniversaire de la cathédrale Notre-Dame.
Et ce qui fut décidé fut fait… Si bien que, ce 23 mars 2013, à 17 heures, veille des Rameaux, eut lieu la première sonnerie du nouvel ensemble campanaire – huit cloches et un bourdon – à l’unisson du gros bourdon Emmanuel, resté en place, lui, depuis 1686.
Et les Parisiens, les Français, les touristes, tout le monde peut, désormais, entendre le son qu’entendirent Louis XIV, Louis XV, Louis XVI.
Pour suivre l’arrivée des nouvelles cloches, identiques à celles du XVIIIème siècle :
L’ordre de sonnerie des tours de Notre-Dame est donc maintenant reconstitué, tel qu’il était à la fin du XVIIIème siècle. Et, pour écouter – tel qu’autrefois, tel qu’ « avant »… – « le Grand Solennel » :