La 20. Waffen-Grenadier-Division der SS (estnische Nr.1)

Un dossier sur les volontaires baltes qui ont combattus contre l’armée rouge.


Juin 1941, les troupes allemandes sont accueillies comme des libérateurs par une foule estonienne enthousiaste. 


Après l'ultimatum lancé le 14 juin 1940 par l'URSS sous le prétexte d'occuper des objectifs stratégiques importants, l'armée rouge conduite par le maréchal Semyon Timoshenko franchit les frontières des trois républiques baltes pour procéder à leur annexion. Des gouvernements fantoches soviétiques sont mis en place après des élections truquées. Le NKVD procède à la liquidation ou à la déportation de masse dans les goulags des élites intellectuelles, des prêtres, des officiers de l'ancienne armée nationale et des propriétaires fonciers. On estime que 60 000 Estoniens, 34 000  Lettons et 60 000 Lituaniens ont été déportés en Sibérie ou assassinés conformément à l'instruction Serov (du nom du général-adjoint du NKVD Ivan Serov). La collectivisation des terres et les réquisitions de denrées agricoles poussent les fermiers à se cacher dans les immenses forêts où ils retrouvent les militaires qui refusent l'incorporation forcée dans l'armée rouge. Ils se constituent en unités pour procéder à la guérilla contre l'occupation appelées Frères de la Forêt. Juin 1941, les troupes allemandes sont accueillies comme des libérateurs par une foule estonienne enthousiaste. Lors du déclenchement de l'opération Barbarossa le 22 juin 1941, l'arrivée des troupes allemandes

Lors du déclenchement de l'opération Barbarossa le 22 juin 1941, l'arrivée des troupes allemandes du Heeresgruppe Nord (Generalfeldmarschall Wilhelm Ritter von Leeb) laisse espérer à une restauration de l'indépendance des états baltes dans le cadre de la lutte contre le bolchévisme. Mais l'euphorie laisse bientôt place à l'amertume. Les trois pays sont incorporés avec une partie de la Biélorussie (Russland-Nord) dans le Reichskommissariat Ostland administré par Hinrich Lohse qui est également Oberpräsident du Shleswig-Holstein. Pour mieux assurer les arrières du HG Nord confrontés à la menace des partisans communistes, les Allemands constituent les premiers bataillons d'autodéfense (Selbschutz) et de police auxiliaire ou Schutzmannschaften-Bataillon (Schuma en abrégé).

Les unités estoniennes au service des Allemands.
 Après l'occupation de l'Estonie par l'armée rouge, le pays devient  une République Socialiste Soviétique intégrée de facto à l'URSS le 6 août 1940. Un gouvernement fantoche est mis en place dirigé par Johannes Vares aux ordres de Moscou. L'ancien président Konstantin Päts est arrêté par le NKVD  et déporté en Union Soviétique. L'armée nationale est dissoute et incorporée de force dans l'armée rouge pour former le 22ème Corps de Fusiliers. Des milliers de militaires désertent, des fermiers, des intellectuels, le clergé etc. trouvent refuge dans les immenses forêts et les marais estoniens. Ils se constituent en bandes armées appelées les Frères de la Forêt, menant une guérilla contre l'occupant.

  Lorsque débute l'opération Barbarossa, une unité de volontaires estoniens constituée en Finlande appelée groupe ERNA est parachutée en Finlande. Travaillant pour le compte de l'Abwehr, la petite troupe entre en contact avec l'avant-garde de la 18. Armee (Generaloberts Georg von Küchler) le 4 août 1941. Après sa réorganisation en bataillon ERNA II,  l'unité prendre part aux combats pour la libération des iles estoniennes jusqu'à sa dissolution le 10 novembre 1941. Le pays devient un commissariat-général le 5 décembre 1941, administré par le SAObergruppenführer Karl-Siegmund Litzmann. Il autorise la création d'unités d'autodéfense constituées par les Frères de la Forêt appelées Selbstschutz en Allemand, Omakaitse en estonien et organisées en 13 districts. Les Estoniens sont autorisés à combattre sous l'uniforme allemand régroupés dans des Sicherheistabteilungen au sein de la 18.Armee. La première formation à voir le jour est l' Estnische Sicherheistabteilung 181 (181e groupe de sécurité estonien) suivi par cinq autres numérotés de 182 à 186. Ils sont réorganisés en bataillons (Ost-Btl) numérotés de 658 à 665. Ils portent cousus sur la manche droite l'écusson aux couleurs nationales bleu-noir-blanc. Ces bataillons prennent part aux combats sur le front du Volkhov où le major Alfons Rebane commandant le 658. Btl se voit attribuer l'EK II le 8 avril 1943 et l'EK I le 9 novembre suivant.

Alfons Rebane en tenue de l'armée estonienne. Né le 24 juin 1908, il intègre l'écolde de guerre estonienne et en sort officier. Il sert à bord d'un train blindé. Lors de l'invasion soviétique le 14 juin 1940, il se cache dans les forêts pour échapper aux déportations vers les goulags. Il mène avec d'autres Frères de la Forêt des opérations de guérillas antisoviétiques. Lorsque les Allemands entrent en Estonie, il intègre les bataillons de sécurité et commande l'Estnische Sicherheistabteilung 184 puis comme major à l' Ost-Bataillon 658. Pour son action sur le front dde Novgorod, il se voit attribué la Ritterkreuz. Versé malgré sa réprobation dans la 20. Waffen-Grenadier-Division, il dirige le WaffenGrenadier-Regiment der SS 47. Appelé le Rommel estonien, Rebane signifiant renard, il acquiert une réputation d'excellent tacticien. Après la guerre, il est contacté par le MI6 et prend part à l'opération Jungle (voir article Frères de la Forêt). Il meurt à Augsbourg en Allemagne le 8 mars 1976. Le retour des restes de Rebane en Estonie en 1999 et ses obsèques où lui sont rendus les honneurs militaires ont suscité l'indignation de la communauté juive.

A suivre...

Le 28 août 1942, anniversaire de la libération de Tallin, le commissaire-général Litzmann autorise la création d'une Légion Estonienne (Eesti Leegion) incorporée à la Waffen-SS.  Malgré une intense campagne d'enrôlement, l'afflut escompté de volontaires n'est pas au rendez-vous car les Estoniens  comptaient reconstituer l'ancienne armée nationale. Cinq cents recrues, la plupart provenant des Schuma arrivent au SS-Truppenübungsplatz Heidelager (le camps d'entrainement de Debica), situé dans le Gouvernement Général de Pologne. La levée des classes nées en 1925 permet une sensible augmentation des effectifs passant à 3 375 hommes. L'instruction est menée par des cadres du régiment Deutschland. Les opérateurs-radio sont formés à Poznan et les artilleurs antichars à Hilversum. Les officiers estoniens sont sélectionnés pour recevoir une formation aux standards allemands à la SS-Junkerschule de Bad Tölz, l'école militaire de la SS.  La légion est commandée par l'Obersturmbannführer Franz Ausberger. Elle est constituée d'un seul régiment, le 1. Estnische SS Freiwilligen Regiment  sous les ordres du SS- Standartenführer Johannes Soodla et est composé de trois bataillons à quatre compagnies. Ce commandement bicéphale risquant de créer des problèmes, la nomination de Soodla au poste honorifique d'inspecteur-général de l'Estnische Legion permet d'éviter un conflit de personnalité. 


L'Estnisches SS-Freiwilligen-Panzergrenadier-Bataillon ''Narwa''

Volontaire estonien du bataillon ''Narwa'' photographié en Ukraine. Il porte l'insigne de nationalité sur le bras gauche. La bande de bras de type BeVo porte l'inscription Wiking.


Après leur prestation de serment, le 13 février 1943, les premiers volontaires ayant terminé leur cycle d'instruction sont incorporés au I. Bataillon tranféré à la 5. SS Panzerdivision ''Wiking ''. Il devient l'estnisches SS-Freiwilligen-Panzergrenadier-Bataillon ''Narwa''  commandé par le SSHauptsturmführer Georg Ebehardt. La petite unité est composée de quatre compagnies à trois sections. Elle est composée de 973 hommes, 776 Estoniens et 197 Allemands.
 1.Komp : SS-Haupsturmführer Jaan Raudsoo ;
 2.Komp : SS-Obersturmführer Herbert Burgdorf ; 
3.Komp : SS-Obersturmführer Fritz von Böckmann 
4.Komp. : SS-Obersturmführer Alfred Ensman 

Le bataillon est rattaché au  SS-Panzergrenadier-Regiment 10 ''Westland''. Les Estoniens relèvent les volontaires finlandais du finnischen Freiwilligen-Bataillon der SS  rappelés dans leur pays. Le 7 avril 1943, le bataillon transporté en train arrive en Ukraine, contrairement à l'assurance faite par le SS-FHA de combattre en Estonie. Lors d'un bombardement aérien, le bataillon déplore ses premières pertes, cinq tués parmi lesquels l'SS-Ustuf. Hermann Schacht. Les baltes subissent le premier choc lors de la bataille d'Izium.
 Disloqué près du village d'Andrejevka sur le Donets, le bataillon relève la 2ème compagnie de la 46. Inf-Div. Le 19 juillet 1943, débute la bataille d'Izium. A 10h00 du matin, les T-34 de la 1ere armée de la Garde (12ème armée) appuyés par l'aviation tentent de franchir la ligne de front tenue par la 3ème compagnie. Retranchés dans les abris et les tranchées, ils repoussent les blindés à l'aide de mines magnétiques. Une seconde attaque est également repoussée par la Pak estonienne alors que l'infanterie d'accompagnement est fauchée par le tir des armes automatiques.

Le 20 juillet, à 10 heures du matin, les Soviétiques repartent à l'assaut. L'SS-Ostuf Herbert Burgdorf commandant la 2.Kompagnie dirige la défense, parvient à colmater les brèches créées par les chars russes. Les Estoniens subissent de lourdes pertes mais parviennent à tenir les positions grâce à l'intervention des Stukas et des Heinkel HE-111. Le 21 juillet, troisième jour de la bataille d'Izium, l'offensive reprend, une préparation d'artillerie et d'orgues de Staline fauche les avant-postes, l'infanterie soviétique soutenue par les blindés parvient à franchir les positions estoniennes. La plupart des officiers sont tués ou blessés, le SS-Hauptsturmführer  Georg Ebehardt trouve la mort lors des affrontements. Le SS-Obersturmführer Kurt Schmidt, un Autrichien, prend le commandement de l'unité par intérim. Schmidt rassemble tous les hommes en état de se battre, cuisiniers, coiffeurs, secrétaires et forme un groupe de combat. Il mène une contre-attaque et réussit à repousser les Soviétiques. Une nouvelle fois, l'intervention de la Luftwaffe est décisive, les Russes laissent sur le champ de bataille 9000 morts et 115 chars détruits, chiffres probablement exagérés mais révélateurs de l'ampleur des pertes. Les Estoniens déplorent 69 morts et 326 blessés. Le lendemain 22 juillet, le bataillon est relevé du front. L'Obergruppenführer Otto Gille commandant la division ''Wiking'' vient remettre personnellement 35 Croix de Fer de classe II et 4 Croix de Fer de Classe I. Sur les 650 hommes engagés dans la bataille, il ne reste que 250 valides. Le bataillon est à nouveau durement éprouvé lors des combats de Hadnitz le 3 août 1943 près de Kharkov. Il ne reste que 157 volontaires valides. Il reçoit un contingent de 500 hommes. Il est retiré du front en août afin de permettre de donner une instruction militaire aux nouvelles recrues. D'octobre à janvier 1944, l'unité est affectée dans un secteur calme du front, le long du Dniepr. Début janvier 1944, enfermé dans le Kessel de Tcherkassy, le bataillon ''Narwa'' parvient à s'extirper du piège mortel tendu par les 1er et 2ème Fronts ukrainiens le 16 février 1944. Exsangue, il ne reste plus qu'une centaine d'hommes et un seul officier, l'Obersturmführer Hando Russ, commandant la 3. Kompagnie. En mars 1944, les survivants du bataillon sont renvoyés en Estonie pour constituer le noyau du SSFreiwilligen-Divisions-Füsilier-Bataillon 20 de la 20. Waffen-Grenadier-Division der SS (estnische Nr.1).

La 3. Estniche SS Freiwilligen Brigade 

Franz Augsberger, autrichien d'origine, il est à la tête des SS estoniens jusqu'à sa mort lors des combats sur l'Oder le 19 mars 1945. 

L'incorporation forcée de membres de la police estoniennne et la levée obligatoire des classes nées entre 1919 et 1925 permet la constitution le 5 mai 1943 d'une brigade, l' Estniche SS Freiwilligen Brigade rebaptisée le 22 octobre 1943 3. Estniche SS Freiwilligen Brigade, suite à la numérotation des unités de la SS. Au 31 décembre 1943, la brigade compte 5009 hommes (178 officiers, 864 sous-officiers et 4057 hommes de troupe)
En septembre 1943, l'unité est apte au combat et Himmler vient l'inspecter à Debica en compagnie du SS-Brigadeführer Soodla, inspecteur-général des unités estoniennes. La brigade est employée hors d'Estonie pour participer du 3 octobre au 18 novembre 1943 à des opérations contre les partisans de la république de Rossona sur le front du Nevel dans le cadre de l'Unternehmen 'Heinrich' dirigée par le Chef der Bandenkampfverbänden, le SS-Obergruppenführer Erich von dem Bach-Zelewski. Lors des combats, le SS-Standartenführer Henn-Ants Kurg chef de corps du 42ème régiment trouve la mort lorsque son véhicule saute sur une mine. Le mois suivant, la brigade est aux dépendances de la 16.Armee disloquée à Staraya Rusa, sur le front nord. Une nouvelle mobilisation permet un accroissement des effectifs, la brigade compte 178 officiers, 864 sous-officiers et 4 057 soldats pour un total de 5 099 hommes.