Éphéméride du 19 février
dimanche 19 février 2023
Il y a treize jours, dans l’année, pendant lesquels il ne s’est pas passé grand-chose, ou bien pour lesquels les rares événements de ces journées ont été traités à une autre occasion (et plusieurs fois pour certains), à d’autres dates, sous une autre « entrée ».
Nous en profiterons donc, dans notre évocation politico/historico/culturelle de notre Histoire, de nos Racines, pour donner un tour plus civilisationnel à notre balade dans le temps; et nous évoquerons, ces jours-là, des faits plus généraux, qui ne se sont pas produits sur un seul jour (comme une naissance ou une bataille) mais qui recouvrent une période plus longue.
Ces jours creux seront donc prétexte à autant d’évocations.
• 1. Essai de bilan des Capétiens[url=https://www.jesuisfrancais.blog/2023/02/19/ephemeride-du-19-fevrier/.. Ou : comment la Troisi%C3%A8me R%C3%A9publique naissante, par haine du pass%C3%A9 national, juste apr%C3%A8s avoir fait d%C3%A9molir les Tuileries (1883) dispersa les Joyaux de la Couronne (1887), amputant ainsi volontairement la France de deux pans majeurs de son Hist],[/url] par Michel Mourre (2 février)
• 2.Splendeur et décadence : Les diamants de la Couronne. (12 février)
• 3. Deux hauts-lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. 1. Reims (15 février)
• 4. Deux hauts lieux indissociables de la Monarchie française : la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, et la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale. 2. Saint-Denis (19 février)
• 5. Quand Le Nôtre envoyait à la France et au monde le message grandiose du Jardin à la Française. (13 mars)
• 6. Quand Massalia, la plus ancienne ville de France, rayonnait sur toute la Gaule et, préparant la voie à Rome, inventait avec les Celtes, les bases de ce qui deviendrait, un jour, la France. (11 avril)
• 7. Quand Louis XIV a fait de Versailles un triple poème : humaniste, politique et chrétien. (28 avril)
• 8. Les Chambiges, père et fils (Martin et Pierre), constructeurs de cathédrales, élèvent à Beauvais (cathédrale Saint-Pierre) le choeur ogival le plus haut du monde : 46 mètres 77 (4 mai)
• 9. Quand la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais a reçu, au XIIIème siècle, son extraordinaire vitrail du Miracle de Théophile (28 mai)
• 10. Quand Chenonceau, le Château des Dames, à reçu la visite de Louis XIV, âgé de douze ans, le 14 Juillet 1650. (26 juillet)
• 11. Le Mont Saint Michel (11 août)
• 12. Quand François premier a lancé le chantier de Chambord.(29 septembre)
• 13. Quand Léonard de Vinci s’est installé au Clos Lucé. (27 octobre)
Aujourd’hui
Après la cathédrale Notre-Dame de Reims, cathédrale du Sacre, [15 février] le second des deux hauts lieux indissociables de la monarchie française.
II – la Basilique de Saint-Denis, nécropole royale
Pour en savoir plus
• notre album (49 photos) : La Basilique de Saint Denis, nécropole royale.
• et ce même album mis « en mouvement et en musique vimeo.com/42829624
I – Des origines… au génial Suger
Comme on s’en rendra vite compte, les quatre liens suivants, traitant du même édifice, se recoupent forcément, en partie; ils ont pourtant chacun leur originalité, et chacun apporte un quelque chose que les autres n’ont pas.
tourisme93/basilique/abbaye-saint-denis
architecture.relig/denis
saint-denis.culture
tourisme93/document
Martyrium, Abbaye royale, Nécropole royale… : l’histoire de Saint-Denis commence vers 250, avec le martyre, précisément, de Saint Denis, l’évangélisateur et premier évêque de Lutèce.
Décapité à Montmartre, il aurait pris sa tête dans ses mains et se serait rendu dans la cité romaine de Catulliacus, au nord de Lutèce, où il aurait été enterré (voir l’éphéméride du 9 octobre).
Vers 475, sainte Geneviève fait édifier une première église, but d’un pèlerinage immédiatement très populaire, dont Dagobert, en 630, se fait le protecteur, transformant cette simple église en une abbaye royale, où il installe des moines bénédictins.
Il est le premier souverain à s’y faire enterrer.
Pépin le Bref s’y fait sacrer roi par le pape en 754 : il est le premier roi sacré de l’histoire de France (voir l’éphéméride du 27 juillet) et c’est lui qui aménage, sous le chœur, le martyrium où l’on vient vénérer les reliques de saint Denis et de ses compagnons, Eleuthère et Rustique. Plusieurs carolingiens s’y font enterrer.
Devenu roi, Hugues Capet, dans la volonté affichée de prendre la suite de la dynastie carolingienne, s’y fait inhumer, et l’abbaye devient ainsi officiellement la nécropole royale.
Tous les rois de France y furent enterrés, sauf cinq :
• Philippe 1er, inhumé en 1108 au monastère de Saint-Benoît-sur-Loire.
• Louis VII, inhumé en 1180 à l’abbaye royale Saint-Port de Barbeau près de Fontainebleau. En 1817, Louis XVIII fit transférer ses restes à Saint-Denis.
• Louis XI, inhumé à Notre-Dame de Cléry, près d’Orléans.
• Charles X, inhumé à Kostanjevica (Nova Gorica) en Slovénie.
• Louis-Philippe, inhumé à Dreux.
Le rayonnement, l’importance et l’influence de la l’abbaye devinrent considérables : ainsi, par exemple, elle créa en 1109 la Foire du Lendit : 1.200 loges de bois y accueillaient les marchands, venus de toute l’Europe .
Cette foire gardera toute son importance pendant six siècles (l’Université de Paris y venait, en corps, pour y acheter du parchemin) jusqu’à ce que la Révolution la supprime, en 1793.
Elle durait deux semaines (du 11 juin, jour de la Saint-Barnabé, jusqu’au 24 juin, jour de la Saint-Jean : voir l’éphéméride du 9 juin).
II – Suger, qui a fait Saint Denis
(Pour de plus amples informations sur Suger, voir l’éphéméride du 13 janvier, jour de sa mort)
Cependant, l’homme qui va marquer Saint-Denis – et l’histoire de l’Art – est l’abbé Suger, moine et homme d’état, aux dons exceptionnels, dans un grand nombre de domaine.
Né pauvre, Suger (1081-1151) intègre l’abbaye vers les dix ans; il prend vite une grande influence sur le futur Louis VI : c’est lorsque le prince accède au trône que la carrière de Suger prend une dimension autant religieuse que politique : il devient conseiller du roi, et, après lui, de son successeur Louis VII, dont il a préparé le mariage avec Aliénor d’Aquitaine
C’est à lui que le roi confie la régence du royaume, lorsqu’il part en croisade en 1146 : Louis VII devait l’appeler « Père de la Patrie ».
Devenu ambassadeur à Rome, il est élu abbé de Saint-Denis en 1122. A partir de 1130, il fait reconstruire la basilique et impose des verrières qui donnent aux fidèles l’image de Dieu par la présence de la lumière : mais ceci demande quelques explications.
En réalité, Suger est l’homme qui, à Saint Denis et en construisant Saint Denis, a inventé l’Art ogival, ou Art français, dont Saint Denis est, précisément, à la fois le manifeste, le premier exemple, la première réalisation.
Les cathédrales qui viendront par la suite seront appelées dédaigneusement, à partir de la Renaissance, gothiques, c’est-à-dire barbares, ce qui est surprenant de la part d’hommes aussi raffinés et cultivés que les humanistes de la Renaissance. Mais, dans leur amour bien compréhensible pour l’Antiquité, pour sa Sagesse, pour ses trésors, ils en étaient venus – d’une façon certainement un peu excessive – à tenir pour rien l’âge intermédiaire qui s’était écoulé entre l’Empire romain et sa chute, et leur époque (en gros, 1500), à partir de laquelle on redécouvrait l’Antiquité.
D’où le double contresens de Moyen-Âge et de gothique, pour une époque de mille ans qui fut tout sauf infertile : sa fécondité s’étendit au contraire à tous les domaines de l’Art et de la pensée, mais c’est ainsi, aujourd’hui, l’habitude est prise, et l’on parle de Moyen-Âge et de cathédrales gothiques.
Ces précisons étant données, qu’est-elle donc, cette influence et cette action de Suger ? Et en quoi ont-elles marquées non seulement leur époque mais aussi l’histoire de l’Art. Tout simplement, si l’on peut dire, Suger a illustré à sa façon l’image de l’oeuf de Colomb : et il l’a fait en trouvant, enfin, la façon de tirer toutes ses possibilités d’une technique de construction banale – la croisée d’ogives – que l’on connaissait depuis des siècles (les Romains la pratiquaient déjà).
Mais les possibilités immenses qu’offraient la croisée d’ogives étaient impossibles à exploiter vraiment tant qu’on en restait au fonctionnement par muralité ou par mur porteur.
Dans ce type de schéma, c’est le mur qui supporte la totalité du poids des parties supérieures : charpentes, toits, tours etc…: les murs doivent donc être très épais, ne pas être percés de trop larges fenêtres, et ne pas monter trop haut; d’où l’ambiance intimiste, au demeurant fort belle et fort propre à la prière, des églises romanes.
Avec le nouveau style, et Suger, tout va changer : on va passer du mur porteur au pilier porteur, en faisant se croiser les ogives, comme depuis toujours, mais surtout et essentiellement en faisant reporter maintenant au maximum la poussée des parties supérieures sur des piliers énormes, qui vont soulager les murs.
Ceux-ci pourront, du coup, non seulement monter beaucoup plus haut mais, surtout, être percés de larges baies. Et la lumière pourra entrer à flot dans l’édifice, créant ainsi une ambiance radicalement différente de celle de l’Art roman : la cathédrale d’Amiens, littéralement baignée de lumière; ou bien la Sainte Chapelle, où les murs ont quasiment disparus dans la Chapelle haute le montrent assez.
Suger pourra ainsi, à partir de la pierre, exprimer une véritable théologie de la lumière : la lumière, menant vers la Lumière.
On a presque tout dit de Suger et sur Suger – en tout cas on a cerné l’essentiel de son être profond – lorsqu’on a rappelé sa célèbre et magnifique devise De materialibus ad immaterialia.
Toute la vie, toute l’œuvre de Suger tient en cela en effet : amener les hommes, par des choses matérielles et sensibles, vers les choses supérieures et immatérielles.
Le 11 Juin 1144, sera une date mémorable, et un triomphe personnel pour l’abbé Suger, qui en présence du Roi Louis VII, inaugure le nouveau chevet lumineux de l’abbaye (voir l’éphéméride du 11 juin).
Mais, pour en arriver là, il a fallu « 3 ans, 3 mois et 3 jours » à cet homme qui « petit de corps et de famille, poussé par sa double petitesse, refusa dans sa petitesse d’être petit » (selon son épitaphe) !
III – La plus riche collection de tombes et mausolées
Malgré le vandalisme révolutionnaire et les destructions irréparables qu’il a commises à Saint-Denis, l’Abbaye continue malgré tout de présenter la plus riche et la plus exceptionnelle collection de tombeaux, mausolées et monuments funéraires, puisqu’elle s’étend de Dagobert à Louis XVIII.
Trois tombeaux avaient été détruits lors de la Guerre de Cent Ans : ceux de Philippe Auguste, de Louis VIII et de Saint Louis; tous les autres le furent lors de la Révolution : surtout celui d’Hugues Capet – hautement symbolique… – et, avec quelques autres de rois d’autres dynasties, ceux des Bourbons : Henri IV, Louis XIII, Louis XIV et Louis XV. Là aussi, le vandalisme était hautement symbolique.
Les trois monuments funéraires les plus spectaculaires sont, sans conteste, ceux de Louis XII et Anne de Bretagne, François Premier et Claude de France, Henri II et Catherine de Médicis.
1 – Monument de Louis XII et d’Anne de Bretagne (ci-dessus)
En 1516, François 1er commande le monument de Louis XII. L’exécution en revient à une famille d’artistes d’origine florentine, les frères Juste. On retrouve la tradition gothique du dais à arcades devenu un petit temple à l’antique, un tempietto. Le roi et la reine sont disposés en orants sur la terrasse supérieure ; la nudité des transis, dans le tempietto, traduit un réalisme macabre. Les transis sont réalisés d’après le moulage à la cire des deux cadavres pendant l’embaumement, dont on remarque le détail des points de suture. Les quatre vertus cardinales, la Justice, la Force, la Prudence et a Tempérance ornent les angles du mausolée ; avec une grande variété, les douze apôtres sont disposés sous les arcades.
2 – Monument de François Premier et Claude de France, par Philibert Delorme et Pierre Bontemps (ci-dessus)
C’est une sorte d’arc de triomphe à l’antique, délicatement ciselé, dont le socle porte de remarquables bas-reliefs évoquant la bataille de Marignan.
3 – Monument d’Henri II et Catherine de Médicis, par Germain Pilon (ci-dessus)
Cet ensemble monumental est animé par des marbres de différentes couleurs, une pratique directement inspirée du nouvel esprit italien. Ce qui retient le plus l’attention, ce sont les monumentales vertus de bronze aux quatre angles du tombeau, exemple frappant de l’art maniériste.
Détail ci-dessous.
IV – 1793, l’année terrible. Ou : l’horreur des profanations
Ce fut l’un des épisodes les plus infâmes de cette révolution, qui pourtant n’en manque pas… « Il y a des temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, vu le grand nombre de nécessiteux » (Chateaubriand).
desaix.unblog/profanation-des-tombes.
En 1793, tout comme Notre-Dame de Paris, l’abbaye est transformée en Temple de la Raison. Ce qui les sauvent probablement, l’une et l’autre. Mais elle est affreusement vandalisée. C’est Barrère qui, le premier, demande à la Convention d’effacer les « effrayants souvenirs des rois ».
Certains tombeaux sont carrément détruits (Hugues Capet). Toutes les sépultures sont profanées, et les corps qu’elles contenaient jetés pêle-mêle dans des fosses communes. Alexandre Lenoir avait réussi à faire transporter les tombeaux les plus précieux à Paris, au dépôt des Petits-Augustins, les sauvant ainsi d’une destruction certaine: rentré à Paris, Louis XVIII fera transférer tous les tombeaux à la basilique, dont il ordonnera la remise en état.
– La première vague de profanations eut lieu en août 1793, et affecta les tombeaux de Philippe le Hardi et Isabelle d’Aragon, Pépin le Bref, Constance de Castille (femme de Louis VII) et Louis VI.
– Mais, c’est lors de la seconde vague de « sauvage profanation »(Michel Mourre), en octobre 1793, la pire des deux, qu’ont été véritablement réalisées les exhumations :
• Le samedi 12 octobre furent exhumés les corps d’Henri IV et Turenne (son corps fut exposé quelques temps puis transféré au Jardin des Plantes de Paris, puis au Musée des monuments Français, et enfin sur ordre de Napoléon 1er à l’église Saint-Louis des Invalides).
• Le lundi 14 octobre, ceux de Louis XIII, Louis XIV, Marie de Médicis, Anne d’Autriche, Marie-Thérèse d’Espagne et Gaston de France, fils d’Henri IV.
La profanation, vue par Hubert Robert
• Le mercredi 16 octobre, ceux d’Henriette de France, épouse de Charles Ier d’Angleterre, Philippe d’Orléans, régent de France, Louis XV, Charles V et Jeanne de Bourbon.
• Le jeudi 17 octobre, ceux de Charles VI, Isabeau de Bavière, Charles VII, Marie d’Anjou, Marguerite de France, femme d’Henri IV, François II, et Charles VIII.
• Le vendredi 18 octobre, ceux d’Henri II, Catherine de Médicis, Charles IX, Henri III, Louis XII, Anne de Bretagne, Jeanne II de Navarre, fille de Louis X, Louis X, Jean 1er, Hugues le grand, père de Hugues Capet et Charles le Chauve.
• Le samedi 19 octobre, ceux de Philippe IV le bel, Dagobert et Nantilde, femme de Dagobert 1er.
• Le dimanche 20 octobre, ceux de Bertrand du Guesclin, Bureau de La Rivière, François 1er, Louise de Savoie (sa mère), Claude de France (sa femme), Pierre de Beaucaire, chambellan de Louis IX, et Mathieu de Vendôme, abbé de Saint-Denis.
• Le lundi 21 octobre, ceux de Philippe V, et de Philippe VI de Valois.
• Le mardi 22 octobre, ceux de Barbazan, chambellan de Charles VII, Louis II de Sancerre, connétable de Charles VI, Suger, abbé de Saint-Denis et de l’abbé Troon.
• Le jeudi 24 octobre, celui de Charles IV le bel.
• Et le vendredi 25 octobre, ceux de Jean II le bon et Louise de France, fille de Louis XV.
Les squelettes et les corps embaumés furent jetés dans une fosse commune.
Chateaubriand écrivit dans Le Génie du Christianisme :
« …On voyait autrefois, près de Paris, des sépultures fameuses entre les sépultures des hommes. Les étrangers venaient en foule visiter les merveilles de Saint-Denis. Ils y puisaient une profonde vénération pour la France, et s’en retournaient en disant en dedans d’eux-mêmes, comme saint Grégoire : Ce royaume est réellement le plus grand parmi les nations; mais il s’est élevé un vent de la colère autour de l’édifice de la Mort; les flots des peuples ont été poussés sur lui, et les hommes étonnés se demandent encore : Comment le temple d’Ammon a disparu sous les sables des déserts…
…La sépulture royale de Saint-Denis se trouvait au centre de notre puissance et de notre luxe, comme un trésor où l’on déposait les débris du temps et la surabondance des grandeurs de l’empire français. C’est là que venaient tour à tour s’engloutir les rois de la France…
…D’où vient ce profond silence ? D’où vient que vous êtes tous muets sous ces voûtes ? Vous secouez vos têtes royales, d’où tombe un nuage de poussière ; vos yeux se referment, et vous vous recouchez lentement dans vos cercueils !…
…Mais où nous entraîne la description de ces tombeaux déjà effacés de la terre ? Elles ne sont plus, ces sépultures ! Les petits enfants se sont joués avec les os des puissants monarques : Saint-Denis est désert, l’oiseau l’a pris pour passage, l’herbe croît sur ses autels brisés; au lieu du Cantique de la mort qui retentissait sous ses dômes, on n’entend plus que les gouttes de pluie qui tombent par son toit découvert, la chute de quelques pierres qui se détachent de ses murs en ruine ou le son de son horloge qui va roulant dans les tombeaux ouverts et les souterrains dévastés » (L. II, ch 9).
V – Etat actuel
En 1816, Louis XVIII ordonna la reconstitution de la nécropole royale. Les restes des monarques furent placés dans un ossuaire installé dans la crypte.
Un grand nombre de belles photos sur le lien suivant :
parisii/necropole-gothique-des-rois-de…
Les orants de Louis XVI et Marie Antoinette (ci-dessus)
Le cénotaphe de Louis XVII
et l’urne contenant son cœur (ci-dessus)
Le trésor de Saint Denis bénéficia des dons des souverains, et accumula quatre cent quarante cinq objets rangés dans les « armoires du sacre ».
Il fut dispersé et fondu à la Révolution.
Toutefois, une centaine d’objets furent épargnés pour être déposés au cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale et au Louvre.
Aujourd’hui, Saint-Denis possède les insignes de la royauté reconstitués pour les funérailles de Louis XVIII en 1824.
La vitrine de ces ornements restaurés présente (ci dessus) le grand manteau de catafalque en velours de soie violet orné de trois cent soixante dix fleurs de lis d’or, le heaume et son « timbre », petite couronne royale, les éperons et les gantelets d’or, les copies du sceptre d’or de Charles V et de l’épée dite de Charlemagne, la main de justice et les deux couronnes du roi et de la reine.
Manteau de sacre de Charles X, manteau royal de velours bordé d’hermine
VI – Montjoie Saint Denis !
On appelait autrefois Mont-Joye un monceau de pierres entassées pour marquer les chemins; la coutume des pèlerins était de faire des Mont-Joyes de monceaux de pierres, sur lesquels ils plantaient des croix, aussitôt qu’ils découvraient le lieu de dévotion où ils allaient en pèlerinage :
Constituunt acervurn lapidum, et ponunt cruces, et dicitur Mons gaudii.
La même chose est attestée des pèlerins de Saint-Jacques en Galice :
Lapidum songeries… Galli Mont-Joyes vocant.
Ce nom de Montjoies fut donné aux sept croix élevées au bord de la route de Paris à Saint-Denis sous le règne de Philippe III (1270 à 1285) : petits monuments gothiques, elles furent démolies comme “signes de la religion et de la royauté” en 1793.
Cette gravure anonyme à l’eau-forte de la fin du 17ème siècle (ci-dessous) en restitue l’aspect : hexagonales, trois niches aveugles sur la plaine, trois niches avec trois grandes statues de rois orientés vers la route.
Ces croix furent élevées à chacun des endroits où Philippe III le Hardi, portant le corps de son père saint Louis, le 12 mai 1271, arrêta le convoi pour se reposer. Par la suite, tous les cortèges funèbres royaux s’arrêtèrent traditionnellement aux monts-joie de Saint-Denis.
Ce monument passe pour être une mont-joie, mais il correspond probablement au pinacle d’une culée de l’église abbatiale