Mansourah : Saint-Louis lutte avec un mamelouk
1250 : Louis IX, premier roi de France à être fait prisonnier
La Septième Croisade avait pourtant bien commencé. Le roi de France, non sans raison, jugeait que l’Egypte était, de fait, le centre de la puissance musulmane, et qu’en s’assurant d’elle, on s’assurerait définitivement de la Terre sainte.
Partis d’Aigues-Mortes, le futur Saint Louis et son armée étaient parvenus à prendre la ville de Damiette ; encouragés par cette victoire, ils avaient alors imprudemment poursuivi leur route, s’enfonçant à l’intérieur des terres, dans le but de s’emparer du Caire. Ils se heurtèrent alors aux mamelouks – parfaitement à l’aise sur leur terrain – à Mansourah, seule protection de la ville du Caire.
Touchée par la peste (déjà ! : on sait que le roi mourra de la peste, devant Tunis, lors de la Croisade suivante…) l’armée royale dût finalement rendre les armes.
Il fallut payer au sultan Turanshâh une rançon de 400.000 livres (ou un million de dinars), rendre Damiette et s’engager à quitter complètement le pays (ce qui fut fait dès la fin mai). Le roi sera délivré le 6 mai, après avoir donc passé près de trois mois en captivité (Image ci-dessus).
Après Louis IX, deux autres rois seront faits prisonniers sur le champ de bataille : Jean II le Bon, et François premier; un autre, Louis XI, sera prisonnier de fait du duc de Bourgogne pendant près de trois semaines ; enfin, si l’on parle de souverains ayant régné effectivement sur la France, il faut ajouter Napoléon III à cette liste des « souverains capturés ».
• Jean II le Bon fut battu et fait prisonnier à la bataille de Poitiers, le 19 septembre 1356. Il resta presque quatre ans en Angleterre, et dut s’engager à payer une énorme rançon (4 millions d’écus d’or, mais il n’en paiera finalement que 500.000…); il dut céder aux Anglais la Guyenne, la Gascogne, le Périgord, le Limousin, l’Angoumois et la Saintonge en toute souveraineté, ainsi que Calais, le Ponthieu et le comté de Guînes; enfin, le roi d’Angleterre devenait souverain de toutes les terres du comté d’Armagnac : l’Agenais, le Quercy, le Rouergue, la Bigorre et le comté de Gaure !
Rentré en France après ses quatre années de captivité en Angleterre, il repartit cependant pour Londres le 3 janvier 1364 car les otages qu’il y avait laissés (son propre fils Louis d’Anjou, Enguerrand de Coucy, Bonabes IV de Rougé, ainsi que de Derval, son ambassadeur et conseiller) s’étaient enfuis : il y mourut trois mois plus tard, le 8 avril 1364.
•François 1er, fut fait prisonnier le 24 février 1525, après le désastre de Pavie, dont le vainqueur est lui-même un Français, le connétable Charles de Bourbon, qui a servi François 1er à Marignan, dix ans plus tôt, avant de trahir le roi et la France, et de « passer » à son ennemi juré, l’empereur Charles Quint (éphéméride du 18 juillet).
Sitôt après la défaite, François 1er fut conduit à la chartreuse de Pavie. Peu après, il fut transféré à la forteresse de Pizzighetonne, sur les rives de l’Adda, à vingt kilomètres de Crémone, où il passa près de trois mois. Puis le 19 juin 1525, il débarqua à Barcelone, et arriva à Madrid, le 11 août. Resté donc onze mois prisonnier de Charles Quint, il devra se résoudre, pour recouvrer sa liberté, à signer le désastreux Traité de Madrid.
Ayant fait établir devant notaire, dans le plus grand secret, que le Traité qu’il allait signer, obtenu par la contrainte, était nul de plein droit, il signa, partit pour la France, et… ne tint aucun de ses « engagements » ! Mais son fil, le futur Henri II, passa suffisamment de temps comme otage à Madrid pour nourrir une haine tenace envers Charles Quint et son fils, Philippe II.
• Le cas de Louis XI est différent, dans la forme, puisque le roi ne fut pas fait prisonnier à la guerre : mais il fut certainement plus dangereux pour son avenir politique, pour sa vie même, et pour la monarchie. Louis XI commit en effet l’imprudence de se rendre à Péronne, le 9 octobre 1468, pour une entrevue avec Charles le Téméraire. Au moment même où il excitait secrètement la révolte de la ville de Liège contre la Bourgogne. Le Duc, ayant appris qu’on avait reconnu des émissaires royaux parmi les révoltés, fit fermer le château dans lequel il négociait avec le roi et songea même à le tuer. Louis XI lui proposa alors son aide pour rétablir l’ordre à Liège, ainsi qu’un traité en faveur de la Bourgogne. Le Duc accepta : ce fut le Traité de Péronne. Prétextant devoir rentrer à Paris pour présenter le traité au Parlement, Louis XI prit le chemin de Paris, et arriva sur les terres du domaine royal le 5 ou 6 novembre, après presque trois semaines de séjour forcé chez son ennemi.
On s’est toujours demandé – et on se le demande encore – comment un homme aussi rusé que Louis XI a pu commettre une telle imprudence, qui équivalait à se jeter dans la gueule du loup; et, d’autre part, pourquoi le duc de Bourgogne n’a pas saisi l’occasion inespérée de mettre définitivement son ennemi juré hors d’état de nuire, par la mort ou l’emprisonnement perpétuel. Jacques Bainville propose comme explication que le duc de Bourgogne, tout simplement, n’avait pas osé, tant était devenu grand, au fil du temps, le prestige du roi de France, sacré à Reims.
• Napoléon III fut le dernier des « souverains capturés » : dès le 2 Septembre, et sa reddition à Sedan, l’ex-Empereur fut transféré au château de Wilhelmshöhe, dans la Hesse (où l’ex-impératrice Eugénie vint le visiter, le 30 octobre). Il restera donc prisonnier un peu plus de 6 mois, jusqu’en 1871 : le 19 mars de cette année, celui qui était redevenu Louis-Napoléon Bonaparte quitta le château de Wilhelmshöhe pour l’Angleterre. Le lendemain, il débarqua à Douvres puis se rendit à Camden Place, à Chislehurst, dans le Kent, où il devait mourir peu après, et où il est enterré.
Par le calamiteux Traité de Francfort de mai 1871 (éphéméride du 10 mai), la France perdait l’Alsace et la Lorraine, devait payer une indemnités exorbitante de 5 milliards de francs-or, et voyait son armée réduite et cantonnée au sud de la Loire; et Strasbourg devenait un glacis anti-français.
Morts à l’étranger, faits prisonnier sur le champ de bataille, préférant quitter Paris révolté afin d’y revenir après avoir dompté les rebelles, assassinés : plusieurs rois de France ont eu un destin hors du commun, que recensent quatre de nos éphémérides.
• Pour les rois morts à l’étranger, l’éphéméride du 8 avril ;
• Pour les rois faits prisonniers sur le champ de bataille, l’éphéméride du 11 février ;
• Pour les rois ayant préféré quitter Paris révolté afin d’y revenir après avoir dompté les rebelles, l’éphéméride du 21 mars ;
• Pour les rois assassinés, l’éphéméride du 30 juillet.
1650 : Mort de René Descartes
Portrait, par Franz Hals
La Fontaine lui a consacré ces vers :
« Descartes, ce mortel dont on eût fait un dieu
Dans les siècles passés, et qui tient le milieu
Entre l’homme et l’esprit. »
Descartes
1660 : Pose de la première pierre du Fort Saint Nicolas, à Marseille
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Louis XIV y fit graver l’inscription suivante :
« De peur que la fidèle Marseille, trop souvent en proie aux criminelles agitations de quelques-uns, perdît enfin la ville et le royaume, ou par la fougue des plus hardis, ou par une trop grande passion de la liberté, Louis XIV, roi des Français, a pourvu, en construisant cette citadelle, à la sûreté des grands et du peuple ».
Après les désordres de la Fronde, c’est le troisième et dernier grand avertissement envoyé par le Roi à la France entière :
• aux Grands (avec la chute de Fouquet), voir l’éphéméride du 5 septembre ;
• aux brigands, avec les Grands jours d’Auvergne;
• aux Communes, avec la mise au pas de Marseille;
L’ordre est remis partout, les désordres « ne sont plus de saison » (l’expression est de Colbert, aux membres du Parlement); le Grand siècle peut commencer.
Sur un ton plus badin, sachant que les riches Marseillais donnaient à leur demeure à la campagne le nom de Bastides, Louis XIV déclara ! « Moi aussi, je veux avoir ma bastide à Marseille » : l’humour était sauf !
Louis XIV viendra en personne châtier la ville qui avait oser braver son autorité (le Conseil municipal était allé jusqu’à faire brûler un édit du roi ! Voir l’éphéméride du 11 février) : il décida d’abord de l’occupation militaire de la ville, avec plus de 7 000 hommes aux ordres de M. de Mercœur; puis il ordonna que la cité fût désarmée, les canons sciés, les serrures de portes des murailles arrachées; la porte de la Réale fut également démolie.
Louis XIV arriva à Marseille le 2 mars 1660. Il refusa les clefs de la ville, et pour montrer qu’il venait en vainqueur, il rentra dans la cité par une brèche que ses soldats avaient faite – au canon ! – dans les murailles.
Le lendemain, avec toute sa suite, le Roi embarquait sur les galères de la ville pour un pique-nique royal sur l’archipel du Frioul.
Ces événements se passèrent lors lors du grand voyage de presque une année qui emmena Louis XIV se marier à Saint-Jean de Luz avec la fille du roi d’Espagne ; et qui le mena entre autres, à Orange (éphéméride du 27 mars) et au Pont du Gard (éphéméride du 10 janvier).
Beaucoup l’ignorent : ce n’est pas Vauban – à qui l’on attribue généralement cet ouvrage – mais Louis-Nicolas de Clerville qui édifia ce Fort Saint Nicolas, en un temps record : à peine quatre ans !
Vauban n’a pas été mêlé à la construction de la citadelle et, lorsqu’il visita le fort, le 16 mars 1679, il écrivit ce jugement sévère : « J’ai visité la citadelle de Marseille qui est un assemblage fort magnifique de tout ce qui a jamais passé d’extravagant et de ridicule par la tête des plus méchants ingénieurs du monde. »
1699 : Naissance de Bertrand-François Mahé de la Bourdonnais
Portrait par Antoine Graincourt
Gouverneur de l’île Bourbon (La Réunion) et de l’île de France (Maurice), Amiral, administrateur de la Compagnie française des Indes orientales.
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Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes, voir la photo « Rêves d’Empire : Indes françaises (I/II) ».
1858 : Bernadette Soubirous, 14 ans, témoigne d’une apparition de la Vierge Marie à la grotte de Massabielle, à Lourdes
Il s’agit de la première des 18 apparitions.
Ci dessous, la Basilique de l’Immaculée Conception, surplombant la grotte des apparitions.
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1868 : Mort de Léon Foucault
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1879 : Naissance d’Honoré Daumier
Ci-dessous, caricature contre l’expansionnisme prussien : « la Prusse annexant le Hanovre. »
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1944 : Le château de Beynac classé Monument historique
L’une des plus authentiques et des mieux conservés de tout le Périgord, la forteresse de Beynac, durant la Guerre de Cent ans, était l’une des places fortes françaises lorsque la Dordogne servait de frontière entre la France et l’Angleterre : non loin de là, de l’autre côté de la Dordogne, le château de Castelnaud était, lui, aux mains des Anglais (éphéméride du 28 octobre).
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1973 : Inauguration à Marseille du premier monument commémoratif du génocide arménien de 1915
Dès 1969, un projet de plaque commémorative fut lancé, mais le préfet de l’époque s’opposa à son inauguration.
Joseph Comiti, alors ministre, ami de la cause arménienne, se saisit du dossier, qu’il porta à la connaissance du président Pompidou : l’affaire provoqua de vives tensions au gouvernement, car Robert Schumann – ministre des Affaires étrangères – ne voulait pas froisser la Turquie.
Finalement, Pompidou arbitra en faveur de Joseph Comiti, et celui-ci put inaugurer le monument, visible dans l’enceinte de la cathédrale apostolique arménienne de l’avenue du Prado.
Immédiatement, l’ambassadeur de Turquie fut rappelé à Ankara.
« A la mémoire des 1.500.000 Arméniens victimes du génocide ordonné par les dirigeants turcs de 1915 » : dans le Jardin de la cathédrale arménienne du Prado, située… à quelques dizaines de mètres à peine du consulat de Turquie ! 2015 : Lancement réussi à Kourou pour IXV
leparisien.fr/sciences/en-direct-espace-suivez-en-video-le-vol-test-du-vaisseau-europeen-ixv-11-02-2015Le mini vaisseau expérimental européen IXV a réussi son baptême spatial : le lanceur léger Vega s’est élancé comme une flèche depuis la base spatiale de Kourou à 10h40 locales (14h40 à Paris) pour emporter la navette sans ailes.L’escapade d’IXV n’aura pas été longue: 100 minutes et un peu plus de 32.000 km parcourus depuis le décollage en Amérique du sud jusqu’à l’amerrissage sous parachute dans le Pacifique, après avoir culminé à 420 km d’altitude (à peu près l’altitude de la Station spatiale internationale).« 100 minutes seulement, mais 100 minutes pour entrer dans le futur » (Jean-Jacques Dordain, président de l’Agence spatiale européenne). Dans notre album L’aventure France racontée par les cartes…, voir la photo « L’Europe a son port spatial en France, à Kourou. »