Nombre de messages : 4937 Age : 83 Emploi : Retraité -Fonction publique Date d'inscription : 08/09/2019
Sujet: Les éphemerides du JSF présentées par Athos79 2023-01-24, 08:08
Éphéméride du 24 janvier
mardi 24 janvier 2023
Evocation de Lyon à l’époque romaine
41 : Accession à l’Empire de Tiberius Claudius Drusus, né à Lyon en 10 avant J-C
Il devient le quatrième Empereur romain.
S’il est célèbre pour avoir conquis la Bretagne (actuelle Grande-Bretagne), il est aussi celui qui a ouvert les portes du Sénat de Rome aux Gallo-romains, accélérant ainsi le processus de romanisation, devenu définitif, des Gaules. Les Tables Claudiennes, retrouvées à Lyon, en commémorent le souvenir :
[url][/url]
« Timidement, certes, Pères conscrits, j’ai dépassé les bornes provinciales qui vous sont accoutumées et familières, mais c’est ouvertement que doit être plaidée maintenant la cause de la Gaule chevelue. Et si on considère que ses habitants ont fait pendant dix ans la guerre au divin Julius, il faut aussi mettre en regard les cent années d’immuable fidélité et d’obéissance plus qu’éprouvée, en nombre de circonstances critiques pour nous ».
Ce discours fondateur, réécrit par Tacite, fut gravé sur deux grandes plaques en bronze et disparut jusqu’à la renaissance. C’est en labourant sa vigne, située au chevet de l’église Saint-Polycarpe, que Roland Gribaux remit au jour en 1528 « deux grandes tables d’airain ou cuivre antiques », comme l’écrit un chroniqueur de l’époque.
Les conseillers de la ville les acquirent pour la somme de 58 écus d’or. Et depuis lors, les Tables Claudiennes ornèrent successivement les différents Hôtels de ville avant de devenir une des pièces maîtresses du musée de la Civilisation Gallo-Romaine.
Sur les Tables Claudiennes :
Tables-Claudiennes
1564 : Début du Tour de France de Charles IX
Voulu et organisé par Catherine de Médicis pour montrer le jeune roi Charles IX à son peuple, ce périple durera plus de deux ans – le Roi restant absent de Paris pendant 27 mois, de janvier 1564 à mai 1566 – et comportera près de 200 étapes, employant de 15.000 à 16.000 chevaux !
Charles IX
Le Larousse des Rois de France raconte ainsi cet « extraordinaire voyage » (page 202) :
« …Il s’agit en fait de renforcer les fidélités dans ce vaste territoire, plus réduit que la France actuelle mais qui paraît beaucoup plus étendu tant la circulation y est difficile et certaines provinces isolées.
Le 24 Janvier 1564 la Cour quitte Paris en un immense cortège de 10 à 15.000 personnes : la famille royale, les courtisans, les serviteurs, mais aussi des marchands et surtout les officiers au service de la Couronne suivent le roi dans ses pérégrinations. Malgré les déplacements, l’administration royale continue de fonctionner, enregistrant les ordres, envoyant les dépêches, réglant affaires ordinaires et affaires extraordinaires, traitées dans des bureaux que dirigent secrétaires et commis.
Cette gigantesque migration requiert une impressionnante organisation pour nourrir et loger tant de personnes, au quotidien. Après un bref séjour à Fontainebleau, l’équipée se rend en Lorraine, en passant par la Champagne, puis se dirige vers le sud, par la vallée du Rhône. Marseille, Toulouse, Bayonne sont ainsi visitées avant que la Cour ne remonte par La Rochelle, Nantes, Moulins, Clermont-Ferrand, et enfin Paris.
La venue du roi donne lieu à de fastueuses entrées urbaines dans les principales villes du royaume, où l’adolescent est fêté par tous ses sujets, renouant ainsi les liens de fidélité, mêlées d’affection, que ces derniers témoignent à leur jeune souverain.
Les relations diplomatiques ne sont pas oubliées. Charles IX et sa mère rencontrent, aux frontières du royaume, leurs puissants voisins : le duc de Lorraine, puis celui de Savoie, à Lyon, enfin l’envoyé du roi d’Espagne, accompagné de la reine, Elisabeth de France, à Bayonne… »
Catherine de Médicis, mère du jeune Charles IX
Finalement assez peu connu du grand public, Charles IX, dont le règne fut marqué par la tragique journée de la saint Barthélemy (voir l’éphéméride du 24 août) est pourtant à l’origine directe de trois grands « temps forts » qui marquent notre société, encore aujourd’hui : le muguet du premier mai, l’année civile débutant le premier janvier (voir l’éphéméride du 9 août, sur l’Edit de Roussillon) et, par voie de conséquence, les plaisanteries et « poissons d’avril » du premier de ce mois (voir l’éphéméride du 1er avril).
1773 : Mort de Philippe Buache
Académicien et géographe, né à La Neuville-au-Pont en 1700, c’est lui qui a jeté les bases d’une nouvelle science, la sismologie, après le tremblement de terre de Lisbonne, en 1755.
Ci-dessous, sa célébrissime Carte de France à la mort de Louis XIV.
mgm/Mappemondepdf
1860 : Etienne Lenoir dépose un brevet pour un véhicule doté d’un moteur à explosion
Leprince-Ringuet a dit de lui :
« Lenoir est un des 100 plus grands inventeurs de tous les temps ! »
L’automobile de Lenoir.
Il parcourra environ 18 kilomètres en trois heures, entre Paris et Joinville.
etienne_lenoir.pdf
1909 : Béatification de Jeanne d’Arc par Pie X
Le 10 juillet 1920, sur proposition de Maurice Barrès, la « Chambre bleu horizon » (dont faisait partie Daudet, comme député de Paris, XVIème arrondissement, IIIème secteur) vota la Loi instituant la Fête nationale de Jeanne d’Arc, ainsi rédigée :
« Le Sénat et la Chambre des députés ont adopté, le président de la République promulgue la loi dont la teneur suit :
– Art. 1er – La République française célèbre annuellement la fête de Jeanne d’Arc fête du patriotisme.
– Art. 2 – Cette fête a lieu le deuxième dimanche de mai, jour anniversaire de la délivrance d’Orléans.
– Art. 3 – Il sera élevé en l’honneur de Jeanne d’Arc sur la place de Rouen, où elle a été brûlée vive, un monument avec cette inscription : « A Jeanne d’Arc, le peuple français reconnaissant ».
La présent loi, délibérée et adoptée par le Sénat et la Chambre des députés, sera exécutée comme loi de l’Etat.
Fait à Rambouillet, le 19 juillet 1920, par le président de la République Paul Deschanel, le ministre de l’Intérieur, T. Steeg, le garde des Sceaux, ministre de la Justice, président du Conseil par intérim, G. Lhopiteau. »
Pour appuyer son projet de loi, Maurice Barrès expliqua ainsi le rôle de « réunion nationale » que joue Jeanne d’Arc :
« Chacun de nous peut personnifier en elle son idéal.
Êtes-vous catholique ? C’est une martyre et une sainte que l’Église vient de mettre sur les autels.
Êtes-vous royaliste ? C’est l’héroïne qui a fait consacrer le fils de saint Louis par le sacrement gallican de Reims…
Pour les républicains c’est l’enfant du peuple qui dépasse en magnanimité toutes les grandeurs établies…
Enfin les socialistes ne peuvent oublier qu’elle disait : »J’ai été envoyée pour la consolation des pauvres et des malheureux. »
Ainsi tous les partis peuvent se réclamer de Jeanne d’Arc.
Mais elle les dépasse tous.
Nul ne peut la confisquer. »
Dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir les deux photos consacrées au Cortège de Jeanne d’Arc : « 10 mai 1920 : Barrès et le Cortège de Jeanne d’Arc » et « La Fête de Jeanne d’Arc »
Jeanne sera canonisée le 16 mai 1920 (éphéméride du 16 mai).
1918 : Henri Bergson est reçu officiellement à l’Académie Française
En réalité, il y avait été élu le 12 février 1914, jour où, chose rare, trois fauteuils furent pourvus à la fois, cette élection étant la dernière avant la Grande Guerre.
Bergson avait obtenu 19 voix, au fauteuil d’Émile Ollivier. Il dut cependant attendre la fin de la guerre pour se voir reçu officiellement, le 24 janvier 1918, par René Doumic.
Charles Péguy a dit de lui : « Il est celui qui a réintroduit la vie spirituelle dans le monde. » Et l’on se rappelle aussi le jugement de Paul Valéry : « Très haute, très pure, très supérieure figure de l’homme pensant. »
1943 : Fin de la Rafle de Marseille (qui a duré trois jours) et début de la destruction méthodique des Vieux quartiers historiques de la ville
Effectué par les troupes d’occupations allemandes, ce crime contre l’Histoire et la Culture (26 siècles partis en fumée, et en gravats) recoupait bizarrement les plans d’urbanisme de la municipalité.
Ce furent ainsi près de 1.500 maisons qui furent détruites – trésors architecturaux compris -, sans que la Ville n’ait à débourser le moindre centime d’indemnité : le « hasard » (!) ne fait-il pas, parfois, bien les choses ?
En tout cas, ce « hasard » (!) a permis à la Ville de réaliser son plan dit d’urbanisme, consistant à remplacer un ancien bâti pittoresque par d’horribles édifices qui ont très vite et très mal vieilli, et dont la laideur laisse rêveur.
Seul contre tous, ayant écrit au Maréchal Pétain et frappé à toutes les portes pour empêcher ce crime contre la population, contre l’Art et l’Histoire, le curé de Saint-Laurent, l’abbé Caillol, s’enferma dans son église de Saint Laurent (ci dessous), sur l’esplanade de la Tourette, l’église des pêcheurs, l’une des plus anciennes de Marseille, bâtie sur le temple d’Apollon.
Il fit sonner le glas sans interruption pendant les vingt jours que dura le carnage, et le saccage de vingt-six siècles d’histoire… que les ouvrages municipaux osent appeler « les opérations de démolition » mais qui n’était en réalité rien d’autre qu’un crime contre l’Histoire.
Les explosions furent si fortes, si nombreuses et si durables que l’église Saint-Laurent trembla sur ses fondations.
Marseille/Vieux_Port.pdf
2015 : Bicentenaire de l’installation de la Maison Vilmorin à Verrières-le-Buisson
Les origines de la Maison de graines Vilmorin remontent à 1743, lorsque Claude Geoffroy fut reçue Maîtresse Grainière. Elle tenait une boutique, à Paris, quai de la Mégisserie, à l’enseigne du Coq de la Bonne Foy.
En 1745, elle épousa Pierre d’Andrieux, botaniste du roi Louis XV : le couple eut une fille, Adélaïde, qui, en 1774, épousa Philippe-Victoire de Vilmorin… et la France est encore aujourd’hui le premier exportateur mondial de semences !
vilmorin-jardin
En 1815, la société Vilmorin s’installa à Verrières-le-Buisson, où elle créa un somptueux arboretum :
arboretum-vilmorin
Puis, en 1820, Philippe-André de Vilmorin, fils du fondateur de la Maison, fit l’acquisition des 238 hectares du Domaine des Barres, à Nogent-sur-Vernisson, dans le Loiret. Il en fit un site exceptionnel, réunissant 2.600 espèces d’arbres et arbustes exotiques, rares ou insolites (tel un Thuya géant, aux quatre-vingts troncs !).
Pour une plus grande tolérance dans la plus stricte indépendance
Commandoair40, 81/06 et Michel aiment ce message
Alexderome Admin
Nombre de messages : 5896 Age : 57 Emploi : A la recherche du temps perdu Date d'inscription : 22/10/2010
Sujet: Re: Les éphemerides du JSF présentées par Athos79 2023-01-24, 09:39
Claude était moqué parce qu'il begayait et avait un problème de locomotion mais était l’empereur le plus éclairé des Julio claudiens. De tête, il succède à son frère Tibère après la mort de Caligula, un des empereurs les plus dégénérer et c'est Neron qui lui succède. Claude a dû être empoisonné.
Ce que nous voulions nous ne le savions pas, et ce que nous savions nous ne le voulions pas. Ernst von Salomon Les Réprouvés « Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
Commandoair40, 81/06 et Michel aiment ce message
Michel Admin
Nombre de messages : 3304 Age : 64 Emploi : Retraité Date d'inscription : 09/10/2021
Sujet: Re: Les éphemerides du JSF présentées par Athos79 2023-01-24, 17:32
LES TABLES CLAUDIENNES
Les tables Claudiennes sontconstituées de deux plaques debronze sur lesquelles figure le texted'un discours prononcé parl'empereur Claude en l'an 48 denotre ère devant le Sénat romain.
Nombre de messages : 5896 Age : 57 Emploi : A la recherche du temps perdu Date d'inscription : 22/10/2010
Sujet: Re: Les éphemerides du JSF présentées par Athos79 2023-01-24, 21:31
Merci Michel. Claude malgré ses problèmes physiques, les familles se mariaient entre elles et il y avait des cas de consanguinité, était un empereur très énergique. J’ai écrit que Tibère était son frère mais c'était son oncle. J’ai la généalogie sous les yeux des Julio claudiens. En simplifié : L’empereur Auguste a sa mort n’a pas d’héritier mâle. Sa fille Julie se marie avec Tibère. A sa mort, il n’a pas de descendant mâle. C'est son neveu Germanicus qui aurait dû lui succéder, un grand général mais qui meurt prématurément. C'est son fils Caligula qui hérite du trône avec le règne que l’on connaît. Claude devient empereur après le meurtre de Caligula. La première épouse de Claude est Messaline aux mœurs très légers et il se remarie avec Agrippine, fille de Germanicus et sœur de Caligula. Quand Claude meurt, le trône revient à son premier fils Britannicus qu'il a eu avec sa première femme Messaline. Mais son beau-fils Néron, fils du Premier mariage d’Agrippine le fait empoisonner par une esclave gauloise. Pour y parvenir, comme tous les plats étaient goûtés pour éviter l’empoisonnement, Neron a trouvé un stratagème. Il fait servir un repas brûlant et Britannicus demande une coupe d'eau froide immédiatement qui elle, n’a pas été goûtée. L’eau contenait le poison fatal.
Ce que nous voulions nous ne le savions pas, et ce que nous savions nous ne le voulions pas. Ernst von Salomon Les Réprouvés « Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
Commandoair40, 81/06 et Michel aiment ce message
Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 26505 Age : 76 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
Sujet: Re: Les éphemerides du JSF présentées par Athos79 2023-01-24, 21:53
Merci mon Athos ,
Je ne puis lire Marseille , ma ville d'adoption pendant 40 ans , sans en parler .
Le Quartier du "Panier" , le vieux Marseille .
"Esplanade de la Tourette"
Panorama depuis l’Esplanade
La place offre l’un des panoramas les plus connus de Marseille, face à la Bonne Mère et au Vieux-Port, une vue visible sur toutes les chaînes d’information évoquant la Cité phocéenne !
Ce site emblématique est aussi une des portes d’entrées du Mucem via la passerelle du Fort St Jean depuis l’Église Saint Laurent.
L’esplanade de la Tourette a vu ses habitants périr durant la peste de 1720, comme beaucoup d’autres quartiers marseillais.
Un personnage connu de Marseille, Nicolas Roze (chevalier), dégagera l’esplanade de la Tourette de ses morts, ce qui en fera notamment un de ses faits marquants.
Pour accomplir cette tâche, le Chevalier Roze fait ouvrir deux anciens bastions dans le quartier de la Tourette et y jette les cadavres, présentant à peine forme humaine, avec l’aide d’une compagnie d’environ cent cinquante soldats et forçats.
Sa statue y est à découvrir au pied de l’Église Saint Laurent à côté de celle du dresseur d’ourson.
Le Dresseur d'oursons
L’« affaire de la Tourette » ou « affaire de Bournissac »
l’esplanade de la Tourette
C’est un épisode de la Révolution française qui s’est produit à Marseille et s’étale entre le mois d’août 1789 et le mois de mars 1790.
Pendant cette période, l’aristocratie et une partie de la haute bourgeoise mènent une offensive contre le mouvement patriote et populaire pour les empêcher de retrouver la vigueur dont ils ont fait preuve au printemps 1789.
Le matin du 19 août 1789, de mystérieux placards manuscrits, signés « Sans Soucy », sont trouvés aux coins des rues de Marseille appelant les membres de l’ancienne garde citoyenne à se rassembler à l’esplanade de la Tourette.
Personne ne vient, sauf la foule qui accueille la garde bourgeoise avec des huées et des sifflets lorsque celle-ci arrive à la Tourette venant du Cours en fin d’après-midi.
Perdant leur sang-froid, les gardes bourgeois tirent alors sur la foule, blessant une quarantaine de personnes et tuant trois personnes, dont le brigadier Garcin de la garde bourgeoise. Alors que la garde bourgeoise s’est volatilisée, l’émeute s’étend dans tout le centre de Marseille.
l’esplanade de la Tourette
La maison de l’échevin Laflèche, située dans le quartier Noailles, est pillée et des meubles sont brûlés dans la rue.
On arrêtera quarante-trois pillards et incendiaires ou présumés tels.
Le comte de Caraman, commandant en chef de Provence, essaie de prononcer une harangue pour calmer les esprits, mais il est obligé de s’enfuir pour ne pas être molesté par la foule.
À dix heures du soir, la loi martiale est proclamée et, nonobstant les privilèges de la cité, les dragons et les Suisses entrent dans Marseille pour réprimer l’émeute et ramener le calme.
Il y eut encore des attroupements le lendemain devant les forts Saint-Nicolas et Saint-Jean pour demander la libération des personnes incarcérées dans les émeutes de la veille, mais ils furent dispersés par les régiments d’Ernest-Suisses et du Royal-la-Marine.
Après les destructions occasionnées par la seconde guerre mondiale, la reconstruction du vieux port s’est déroulée en plusieurs phases avec notamment l’opération de la Tourette ou îlot de la Tourette en 1953.
Deux immeubles barres ainsi qu’une tour ont été développés pour accueillir près de 260 logements.
Église Saint Laurent
Non loin du Fort Saint Jean, située sur la petite butte Saint Laurent appelée aujourd’hui La Tourette, l’Église Saint Laurent domine le Vieux Port.
Située dans le 2ème arrondissement de Marseille, c’est la paroisse du non moins emblématique quartier du Panier, qui était traditionnellement le quartier des pêcheurs.
Elle est d’ailleurs la paroisse des pêcheurs depuis le 12ème siècle, c’est la seule église paroissiale du moyen âge qui ait subsisté jusqu’à nos jours.
L’histoire de l’Église Saint Laurent commence en 870 après J-C, lorsque l’évêque Babon décide de construire une enceinte fortifiée pour protéger la cité des invasions.
Plusieurs siècles plus tard, devant la prospérité de la ville, l’Église Saint Laurent est construite à l’aide des pierres roses provenant de la carrière de Cap Couronne.
On découvrira plus tard qu’elle a été construite sur l’emplacement d’un ancien temple païen en honneur du dieu Apollon.
Elle devient la 4ème paroisse de Marseille.
De style romano-provençal, simple et aux dimensions modestes, son dépouillement et l’absence de toute ornementation sculptée rappelle le style des abbayes cisterciennes du Thoronet, Sénanque et Silvacane, dites aussi les « Trois sœurs provençales ». Elle est constituée de 3 nefs, chacune séparée par de gros piliers carrés.
Il faudra attendre le XIIIème siècle pour qu’elle devienne la paroisse des pêcheurs marseillais.
Puis, au XVIIème siècle, la chapelle Sainte Catherine est construite par des pénitents blancs car l’Église était devenue trop petite.
Juxtaposée à l’Église, la Chapelle Sainte Catherine ouvre ses portes en 1604.
Plus tard, en 1668, la partie de l’Église qui donne sur la mer est démoli pour permettre la construction du Fort Saint Jean.
Le clocher sera d’ailleurs reconstruit tel qu’il est aujourd’hui.
En 1720, avec l’arrivée de la Grande Peste, l’Évêque de Marseille y célèbre une messe afin de protéger la ville.
Puis, à l’époque de la Révolution, l’Église a été privée de toutes ses richesses en or et en argent afin d’être transformées en monnaie.
Et, quelques mois plus tard, en mars 1794, elle est fermée pour servir d’entrepôt militaire.
Elle sera rouverte en 1801.
Par chance, durant la Seconde Guerre Mondiale l’Église a été en partie épargnée par les bombardements contrairement au reste du quartier du Vieux-Port.
Elle subira en effet d’importants dommages.
Les travaux de reconstruction se feront petit à petit, pour s’achever assez récemment.
L’Église Saint Laurent aujourd’hui
Aujourd’hui, l’Église témoigne de l’histoire de Marseille.
Beaucoup de vagues d’immigrations notamment de napolitains ont donné à ce quartier et à cette paroisse une teinte méridionale appuyée.
Ainsi chaque année pour le 15 août, les habitants du quartier ainsi que le curé de la paroisse se retrouvent pour sortir une statue en bois dorée représentant la Vierge Marie.
Cette dernière est emmenée à la cathédrale de la Major toute proche afin d’y être bénie et de donner lieu à une procession dans les ruelles du Panier.
Cet événement traditionnel est reproduit d’année en année par les descendants des pêcheurs napolitains qui en furent les initiateurs.
Cette procession à l’italienne en plein cœur de Marseille est unique et attire des touristes toujours plus nombreux chaque année.
Classée Monument Historique en 1950, l’Église Saint Laurent a été récemment rénovée et retrouve à présent tout son lustre d’antan.
Vous pouvez d’ailleurs assister à la messe dominicale qui y a lieu chaque semaine et prier à Marseille.
La visite de cette église historique vaut vraiment le coup.
Avec son accès direct au MUCEM depuis l’Esplanade de la Tourette et sa vue imprenable sur le fort Saint Jean et la mer, visiter cette église est une balade que vous apprécierez particulièrement.
Vous pourrez vous restaurer à proximité car les Voûtes de la Major se trouvent juste à côté !
1943 : le nettoyage social du Vieux Port
Le 1er février 1943, l’armée allemande dynamitait le cœur historique de Marseille : le quartier du Vieux Port.
Comme l’analyse Alessi dell’Umbria dans son Histoire universelle de Marseille, ce nettoyage social était préparé, souhaité, orchestré par les élites françaises, promptes à dénoncer cette « plèbe ».
Bien plus que les taudis, c’était la plèbe du Vieux-Port qui incommodait la bonne société.
Commentant le plan Beaudoin dans la revue municipale d’octobre 1942, l’académicien Louis Gillet écrivait ainsi :
« Dans ce cadre, depuis longtemps tombé en roture et déserté par le commerce, l’auteur du plan a le dessein de ramener une grande absente, la noblesse. [...]
Sur la colline des Accoules, entre l’hôtel de ville et la Major, gît une Suburre obscène , un des cloaques les plus impurs où s’amasse l’écume de la Méditerranée, triste gloire de Marseille, dans une décrépitude et un degré de pourriture dont à grande peine sans l’avoir vu on pourrait se faire une idée ; il semble que la corruption, la lèpre, gangrène jusqu’aux pierres.
Cet enfer vermoulu, cet espèce de charnier en décomposition, est un des lieux du monde où la tuberculose fait le plus de ravages.
C’est l’empire du péché et de la mort.
Ces quartiers jadis patriciens, abandonnés à la canaille, à la misère et à la honte, quel moyen de les vider de leur pus et de les régénérer ? »
Le 14 janvier 1943, les autorités allemandes et françaises décidaient de procéder à une gigantesque opération de police, visant « les repris de justice, les souteneurs, les clochards, les vagabonds, les gens sans aveu, les personnes dépourvues de cartes d’alimentation, les Juifs, les étrangers en situation irrégulière, les expulsés, et toutes les personnes ne se livrant à aucun travail légal depuis un mois ».
Trois siècles après le Grand Renfermement, le même vocabulaire désignait les mêmes personnes comme indésirables.
Menée par plusieurs milliers de gendarmes, de gardes mobiles et d’inspecteurs, la plus grande rafle que Marseille eût jamais subie commençait le 22 janvier au soir.
Du Cours à la Belle-de-Mai, de la Villette à la Plaine , de la Joliette à l’Opéra, les quartiers furent passés au peigne fin, maison par maison.
Au total, du 22 au 28 janvier , les forces de l’ordre procédèrent à 400000 contrôles d’identité.
Le 23 au matin, la police avait resserré son étreinte autour du secteur compris entre la rue de la République et le fort Saint-Jean, les quartiers de l’hôtel de ville, de Saint-Jean et du Panier.
Les 25000 habitants reçurent l’ordre d’évacuer leur domicile et de se regrouper sur les quais du Vieux-Port ; 12000 d’entre eux furent embarqués au camp de Fréjus pour vérification approfondie.
La plupart devaient être relâchés une dizaine de jours plus tard ; mais 1650 personnes, livrées par la police française , furent expédiés dans les camps de concentration allemands ; parmi eux, 782 Juifs, dont 200 avaient été raflés dans le secteur du Vieux-Port et les autres dans les quartiers entourant la Canebière.
Des Juifs marseillais, déportés au camp de Sobibor, aucun ne revint.
Cette population juive était elle-même, par sa diversité, emblématique de Marseille :
On y trouvait des Comtadins, lointains descendants de ces Juifs qui participèrent à la république de Marseille au XIIIe siècle ; une majorité de Levantins, réfugiés de Salonique et de Smyrne dans les années 1920, lointains héritiers de la culture judéo-espagnole du Moyen Âge ; quelques Ashkénazes et des Nord-Africains.
La singularité de ces événements tient au fait qu’en outre 870 personnes, principalement des jeunes, furent déportées pour le seul fait qu’elles habitaient le Bagatòuni.
Seule une centaine d’entre eux revinrent du camp de Sachsenhausen. Barthélémy Oliver, raflé à l’âge de vingt et un ans, racontera :
« On en avait tellement dit sur nous les Marseillais... Quand on est arrivés au camp de Compiègne, les gens du Vieux-Port, ceux de Marseille , on avait une mauvaise image, on en avait tellement dit, qu’on était des voyous, des bandits, de la racaille.
À Compiègne, dix jours après, étaient arrivés des résistants de Metz, des gars qui venaient de la Meurthe-et-Moselle.
Avec tout ce qu’ils avaient vu sur l’évacuation du Vieux-Port dans la presse, ils nous ont pris pour des voyous.
Après ils ont vu à qui ils avaient affaire, ils ont compris qu’on avait été des boucs émissaires. [...] Tant qu’on a été au camp, on se demandait “Mais pourquoi, qu’est-ce qu’on a pu faire ?”
Et je suis sûr que beaucoup de résistants au camp devaient se dire “Mais s’ils sont là, c’est qu’ils ont dû faire quelque chose” ; eh oui ! on n’avait rien fait. »
Le 1er février 1943, les artificiers de la Wehrmacht investirent les quartiers évacués et entreprirent de dynamiter lesmaisons l’une après l’autre.
Les opérations de démolition s’achevèrent le 19 février :
Il ne restait plus qu’un immense champ de ruines sur la rive nord du Vieux-Port ; 1482 maisons avaient été rasées.
Ainsi disparurent définitivement les rues des Bannières, Bernard-de-Berre, Bompard, Bourgogne, Bouterie, Cambo d’Aragno, Cambo d’Araire, Castillon, Château-Joli, du Claret, Coin-des-Cabries, Coin-de-l’Humilité, Coin-de-Reboul, du Colombier, du Concordat, Cordellerie, de la Croix-d’Or, Figuier-de-Cassis, de la Galinière, Ganderie, des Gassins, Giperie, de la Glace, Guintrand,de la Guirlande, Ingarienne, Juge-du-Palais, Lancerie, Lanternerie, de la Loge, de la Reynarde, Maïousse, Moise, de la Mure, Négrel, de Nuit, des Olives, Poissonnerie-Vieille, Radeau, Saint-Christophe, Saint-Jaume, Saint-Victoret, Sainte-Anne, Sainte-Catherine, Servian, Servian-la-Figuière, de la Taulisse, Torte, des Trois-Soleils, Ventomagi, ainsi que les places du Mazeau, Vivaux, Villeneuve et Victor-Gelu ; les rues Bonneterie, Coutellerie, des Consuls, des Ferrats, de la Prison et la Grand’Rue furent amputées.
Tout le berceau historique de la ville venait d’être rayé de la carte :
Le site de l’antique Massalia, où était apparue au Moyen Âge la république de Marseille.
L’opération de 1943 avait été réalisée sur ordre des autorités allemandes.
« Marseille est un repaire de bandits internationaux. Cette ville est le chancre de l’Europe, et l’Europe ne peut vivre tant que Marseille ne sera pas épurée », avait déclaré le général Oberg ; il ne faisait que reprendre à son compte le discours martelé depuis vingt ans en France.
Il est certain que, pour l’idéologie nazie, les quartiers du Vieux-Port devaient représenter l’exemple même de ce qu’il fallait anéantir. De plus, un tel dédale de ruelles n’était pas facile à contrôler militairement.
On disait aussi que nombre de déserteurs italiens s’y cachaient, abrités par les habitants – ces quartiers avaient déjà été visés, en 1939, quand Mussolini avait envoyé une escadrille bombarder la ville pour la punir d’avoir accueilli tant de réfugiés antifascistes. On ne peut dire, cependant, que les sollicitations aient manqué du côté français.
En vérité, les officiers allemands suivaient tout le discours moraliste et bien-pensant qui n’avait cessé de montrer Marseille du doigt, et plus spécialement ses vieux quartiers.
Ils avaient trouvé des projets tout prêts, des collaborateurs dévoués qui ne manquèrent pas l’occasion inespérée de régler radicalement le problème de la ville ancienne.
La rumeur publique sut désigner les coupables.
La revue municipale essaya maladroitement, en août 1943, de justifier la constitution d’une société immobilière chargée de la reconstruction, qui avait déposé ses statuts alors même que la destruction du Vieux-Port ne faisait que commencer :
« Les esprits insuffisamment informés ont pu voir, dans la concomitance des dates, une relation de cause à effet, entre la démolition du quartier nord du Vieux-Port (24 janvier 1943) et la constitution de cette société (25 janvier 1943).
Mais pour toute personne avertie et de bonne foi, il ne peut y avoir là qu’une simple coïncidence. »
Drôle de coïncidence :
Le préfet Barraud, en vertu de la loi du 30 mai 1941, avait passé une convention avec cette régie immobilière, filiale de la Banque de Paris et des Pays-Bas, selon laquelle celle-ci se verrait attribuer toutes les opérations de reconstruction des secteurs appelés à être démolis : lesquels coïncidaient exactement avec le périmètre de démolition prévu par le plan Beaudoin...
Les procédures d’expropriation ont souvent tendance à traîner en longueur – plus de vingt ans pour expulser tous les habitants de Derrière-la-Bourse !
L’intervention de la Wehrmacht permit de contourner ce type de problème.
On ne peut davantage oublier la responsabilité des intellectuels qui de leur plume ont appelé au crime.
Du classique Rambert aux modernistes Castel et Ballard en passant par des dizaines de journalistes locaux et nationaux, tous avaient dénoncé les vieux quartiers avec les arguments mêmes que le général Oberg mit ensuite en avant.
Ces donneuses ne parlaient pas dans le vide mais avaient l’oreille des autorités :
Elles constituaient l’intelligentsia officielle.
À l’époque de la rue Impériale, des voix s’étaient élevées pour protester.
Quatre-vingts ans plus tard, les cerveaux étaient suffisamment colonisés pour que plus personne ne réagisse parmi ceux qui avaient la parole.
Seul le curé de Saint-Laurent, l’abbé Caillol, enfermé dans son église sur l’esplanade de la Tourette, fit sonner le glas sans interruption pendant les vingt jours que durèrent les opérations de démolition.
Alessi dell’Umbria, Une Histoire universelle de Marseille
Editions Agone, septembre 2006.
Je ne dirais rien , sur le comportement des Gendarmes et Policiers .
81/06 et Michel aiment ce message
Alexderome Admin
Nombre de messages : 5896 Age : 57 Emploi : A la recherche du temps perdu Date d'inscription : 22/10/2010
Sujet: Re: Les éphemerides du JSF présentées par Athos79 2023-01-24, 22:18
Merci, j’ignorais la ’’contribution ’’de la police française. Il y a une petite erreur, Marseille n’a pas été bombardée en 1939 par l’aviation italienne mais en juin 1940 au moment de l’entrée en guerre de l’Italie..
Ce que nous voulions nous ne le savions pas, et ce que nous savions nous ne le voulions pas. Ernst von Salomon Les Réprouvés « Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
Commandoair40, 81/06 et Michel aiment ce message
Commandoair40 Admin
Nombre de messages : 26505 Age : 76 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
Sujet: Re: Les éphemerides du JSF présentées par Athos79 2023-01-24, 22:49
Merci pour la rectification mon Alex .
Pour les autres , ils ont toujours portés "Allégeance au Pouvoir en Place" .
“Nous avons entendu et nous savons ce que nos pères nous ont raconté, nous n’allons pas le cacher à nos fils. Nous redirons à tous ceux qui nous suivent, les œuvres glorieuses...”
81/06 et Michel aiment ce message
Contenu sponsorisé
Sujet: Re: Les éphemerides du JSF présentées par Athos79