Éphéméride du 12 novembresamedi 12 novembre 2022
994 : Premières « Ostensions limousines »
Depuis 2013, les Ostensions limousines font partie du patrimoine culturel mondial de l’humanité : ainsi en a décidé la Commission ad hoc de l’UNESCO, réunie cette année-là… en Azerbaïdjan. Les Ostensions limousines sont de grandes processions autour de reliques des saints limousins dans plusieurs villes et villages de la région. Elles ont lieu tous les 7 ans.
La décision de l’UNESCO est une immense reconnaissance pour l’association qui les organise, les Confréries limousines.
Cette inscription est venu à point nommé clôturer l’absurde et mesquine polémique sur les subventions publiques accordées en 2009 à cet événement : elles avaient été purement et simplement annulées par le conseil d’Etat à la demande du mouvement de la Libre-pensée car… contraires à la laïcité !
Dans notre catégorie Racines, voir la note Tous les sept ans, les Ostensions du Limousin.
1746 : Naissance de Jacques Charles
Il fut le premier à formuler la Loi de la dilatation des gaz, sous Louis XVI, en 1787, mais sans publier ses résultats.
En 1802, Louis-Joseph Gay-Lussac reprit ses travaux et formula la Loi Gay-Lussac. La formule reliant pression et température d’un gaz parfait à volume constant porte par contre le nom de Loi de Charles.
Il fut également le premier à faire voler un ballon à gaz gonflé à l’hydrogène.
Le ballon à gaz de Jacques Charles
1774 : Rappel des Parlements
Par le Lit de Justice du 12 novembre 1774, Louis XVI rétablit les Parlements, exilés par son grand-père Louis XV et Maupeou (ci dessous).
Il signe ainsi, de fait, l’arrêt de mort de la Monarchie.
Maupeou, l’artisan du renvoi des Parlements.
Alors que sa réforme fut soutenue par Voltaire lui-même, il aurait eu ce mot, en apprenant leur rappel par Louis XVI : « J’avais fait gagner au roi un procès de trois siècles. Il veut le reperdre, il est bien le maître ». Certains affirment qu’ils aurait ajouté, en aparté, « il est perdu… ».
Sur ce « renvoi des Parlements », qui sauvait la monarchie, permettait la « révolution royale » et évitait la révolution idéologique, voir l’éphéméride du 12 janvier.
De Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XV, Louis XVI et la naissance de la Révolution :
« … À la fin du règne de Louis XV, il apparut que les Parlements, en s’opposant aux changements, par conséquent aux réformes et aux progrès, mettaient la monarchie dans l’impossibilité d’administrer, l’immobilisaient dans la routine, et, par un attachement aveugle et intéressé aux coutumes, la menaient à une catastrophe, car il faudrait alors tout briser pour satisfaire aux besoins du temps. La résistance que la monarchie avait toujours rencontrée dans son œuvre politique et administrative, résistance qui avait pris la forme féodale jusqu’au temps de Richelieu, prenait alors une forme juridique et légale, plus dangereuse peut-être, parce que, n’étant pas armée, elle n’avait pas le caractère évident et brutal d’une sédition.
Choiseul (ici par Van Loo) avait essayé de gouverner avec les Parlements en leur donnant les jésuites en pâture, en flattant leurs sentiments jansénistes, en tirant même de leur sein des ministres et des contrôleurs généraux. L’effet de cette politique était déjà usé. Il ne restait plus qu’à recourir aux grands moyens. En 1771, Maupeou, chargé de l’opération, supprima les Parlements et la cour des aides. À leur place furent institués des « conseils supérieurs ». La vénalité des charges était abolie, la justice devenait gratuite. C’était une des réformes les plus désirées par le pays. La suppression des Parlements, acte d’une politique hardie, permettait de continuer cette organisation rationnelle de la France qui, depuis des siècles, avait été entreprise par la monarchie. La voie était libre. Ce que Bonaparte, devenu Premier Consul, accomplira trente ans plus tard, pouvait être exécuté sans les ruines d’une révolution. De 1771 à 1774, l’administration de Terray (ci-contre), injustement décriée par l’histoire, mieux jugée de nos jours, commença de corriger les abus. Elle adoucit d’abord, avec l’intention de les abolir ensuite, les impositions les plus vexatoires; elle organisa ces fameux vingtièmes qui avaient soulevé tant de résistances; elle s’occupa enfin de créer des taxes équitables, telle que la contribution mobilière, reprise plus tard par l’Assemblée constituante, en un mot tout ce qui était rendu impossible par les Parlements. Si nous pouvions faire l’économie d’une révolution, ce n’était pas en 1789, c’était en 1774, à la mort de Louis XV. La grande réforme administrative qui s’annonçait alors, sans secousses, sans violence, par l’autorité royale, c’était celle que les assemblées révolutionnaires ébaucheraient mais qui périrait dans l’anarchie, celle que Napoléon reprendrait et qui réussirait par la dictature : un de ses collaborateurs, le consul Lebrun, sera un ancien secrétaire de Maupeou. Il y a là dans notre histoire une autre sorte de continuité qui a été malaperçue.
Nous allons voir comment ces promesses furent anéanties dès le début du règne de Louis XVI par le rappel des Parlements. Alors seulement la révolution deviendra inévitable. »
Parlementaire, Jean-Jacques Duval d’Eprémesnil finira lui-même sur l’échafaud; il symbolise bien cette caste de privilégiés qui, par inconscience, par égoïsme et par intérêt, s’opposèrent à toutes les réformes indispensables, rendant ainsi la Révolution inéluctable
1840 : Naissance d’Auguste Rodin
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Et, dans notre album Maîtres et témoins (III) : Léon Daudet, voir la photo « Rodin, « un Triton issu de Vulcain »
1895 : Création de l’Automobile-Club de France
L’association, créée par le marquis de Dion, a pour objectif de faire connaître le monde automobile et organise de nombreuses courses. L’Automobile-Club est le créateur du premier Grand Prix de l’histoire automobile en 1906, avec le Grand Prix de l’Automobile-Club de France.
Si la vie du marquis de Dion est fort intéressante, c’est en raison de sa double activité : économique et politique.
En quelque cinquante années, les usines de Dion-Bouton prendront plus de quatre cents brevets, dont beaucoup tendant à des perfectionnements que l’on retrouve sur les véhicules modernes. En 1923, Raymond Poincaré, président . du Conseil, dira en sa présence :
« Rien ne pouvait m’être plus agréable aujourd’hui que d’apporter au marquis de Dion les félicitations du Gouvernement pour les incomparables services qu’il a rendus à l’industrie automobile pendant le quart de siècle qui s’est écoulé depuis la naissance de cette industrie. »
Sur le plan politique, cet ultra nationaliste et ultra catholique (il sera jeté en prison lors de l’expulsion des Congrégations, malgré l’immunité parlementaire) se signalera d’abord par ses élections triomphales, la plupart du temps au premier tour. Et aussi par le fait qu’il s’abstiendra, lors du vote des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain, proclamant – dès la conclusion de l’armistice – l’impérieux devoir de résistance.
vie du marquis de dion
1937 : Inauguration de l’aéroport international du Bourget
Construit en réponse à une très forte augmentation du trafic aérien, l’aérogare a été conçue par l’architecte Georges Labro. Il sera sérieusement endommagé par les bombardements pendant la guerre.
Il accueille, les années impaires, le Salon international aéronautique.
L’aéroport hier (ci dessus) et aujourd’hui (ci dessous, lors d’un Salon)
En 1909, le premier « Salon du Bourget » s’était tenu… au Grand Palais ! (voir l’éphéméride du 25 septembre) salon-du-bourget
1954 : Création d’Air-Inter
La première compagnie aérienne française de vols intérieurs voit le jour à l’initiative d’un groupe de transporteurs et de banquiers du secteur privé.
Air Inter rejoindra le capital d’Air France en 1958 et son premier vol s’effectuera le 16 Mars 1958 entre Paris et Strasbourg.
Elle fut absorbée par Air France en avril 1997.
2015 : Réouverture du Musée Rodin.
Totalement réaménagé, repensé et redéfini, le Musée Rodin nouveau réouvre ses portes, après trois ans de travaux, dans le splendide Hôtel Biron – l’un des plus fastueux de Paris, qui lui sert de cadre.
Le Musée Rodin est situé dans l’ancien Hôtel Peyrenc de Moras, aujourd’hui appelé Hôtel Biron. Cet ancien hôtel particulier accueille sur deux étages de nombreuses œuvres d’Auguste Rodin, de Camille Claudel, des peintures, sculptures, et des œuvres antiques issues des collections de Rodin.
C’est Abraham Peyrenc de Moras, riche financier, qui fit construire – entre 1727 et 1737 – un hôtel particulier rue de Varenne, à la fois maison de ville et maison de plaisance, qu’il ne verra pas achevé car il mourut en 1732.
Sa veuve loua l’hôtel à la Duchesse du Maine, puis après la mort de la duchesse en 1753, vendit le domaine à Louis-Antoine de Gontaut-Biron, qui fit doubler la superficie du parc et y aménagea un bassin circulaire.
L’Hôtel passa ensuite en de nombreuses mains : y vécurent notamment le Cardinal Caprara, ambassadeur du Pape entre 1806 et 1810, puis l’ambassadeur de Russie de 1810 à 1811. En 1820, la Duchesse de Charost vendit l’ensemble du site à la Congrégation du Sacré-Cœur de Jésus, qui le posséda jusqu’à sa dissolution, en juillet 1904. Mais les décorations intérieures et les jardins avaient disparu.
Dès 1905, des locataires célèbres occupèrent le lieu : Jean Cocteau, Henri Matisse, la sculptrice Clara Westhoff, épouse du poète Rainer Maria Rilke : c’est lui qui fit découvrir le domaine à Auguste Rodin. En 1908, le sculpteur loua quatre pièces au rez-de-chaussée, ouvrant sur la terrasse au sud, pour y installer ses ateliers. Il y découvrit un jardin sauvage, laissé à l’abandon depuis le départ de la congrégation en 1904, où il installa certaines de ses œuvres et une partie de sa collection d’antiques. A partir de 1911, il occupa tout l’hôtel Biron.
Les jardins – de trois hectares – se composent d’une roseraie, côté nord, et d’un grand parterre, au sud; au fond du parc, une terrasse appuyée à un treillage cache un espace de repos. À l’occasion de la rénovation des extérieurs en 1993, deux parcours thématiques ont été conçus à l’est et à l’ouest de la perspective : le « Jardin d’Orphée » comme prélude à la découverte de l’œuvre de Rodin « Orphée implorant les dieux », et le « Jardin des Sources », avec des sentiers sinueux, jalonnés de points d’eau.
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