«… Lorsqu’aujourd’hui un homme vous parle de la Résistance, fait étalage de ses certificats, et fait preuve, à ce sujet, d’une intransigeance toute fraiche, il y a 99 chances sur 100 qu’il s’agisse d’un coquin. Car les braves, les honnêtes, les désintéressés, sont morts ou sont rentrés chez eux, en toute simplicité, comme ils s’étaient battus… »
(André Figueras, en 1965).
La traditionnelle réunion de la gauche et l’extrême-gauche sur le plateau des Glières au mois de mai voudrait faire croire au vulgum pecus que la Résistance française a été massive et qu’elle fut principalement l’œuvre des gaullo-communistes. C’est totalement faux !
Selon Henri Amouroux (1), le peuple français était très majoritairement pétainiste jusqu’au débarquement en Normandie le 6 juin 1944. C’est aussi l’avis de presque tous les historiens de cette période. Mais l’histoire d’après-guerre, réécrite, enjolivée et magnifiée par les gaullo-communistes, a scindé le pays, de façon assez caricaturale, en deux camps : les résistants et les « collabos », ce qui permettait de minimiser voire de faire oublier les crimes odieux commis à la Libération : une période trouble et terrible appelée « l’Épuration ».
Mais, qu’on le veuille ou non, la France de 1940 à 1944 a été pétainiste et passive à 90 ou 95%.
Il y a bien eu une faible proportion de la population, pour fournir les « résistants de la première heure ». La rupture du pacte germano-soviétique (22 juin 1941) a fait basculer les communistes – pas tous ! – dans la Résistance, puis l’instauration du STO en mars 1942, a poussé plus massivement des jeunes de tous bords vers les maquis. Mais la vraie Résistance restera cependant très marginale.
Depuis, l’histoire – écrite par les vainqueurs – tente de nous vendre des résistants – gaullistes, communistes, socialistes – et une droite « maréchaliste » voire collaborationniste.
Or la droite d’avant-guerre était, dans son immense majorité (Charles Maurras en tête) fortement antiallemande. Deux partis, et pas un de plus, se déclaraient fascistes: le « Faisceau » de Georges Valois (2) et le « Franscisme » de Marcel Bucard.
Le chantre de la collaboration fut Pierre Laval, ancien député socialiste. Les partis les plus collaborationnistes furent le « Parti Populaire Français » créé et dirigé par Jacques Doriot, ancien député-maire communiste de Saint-Denis, et le « Rassemblement National Populaire » du député socialiste Marcel Déat, éphémère ministre de l’Aviation en 1936, sous le « Front populaire ».
La droite nationale, souvent favorable au Maréchal Pétain, va s’impliquer massivement dans la Résistance. Son premier martyr connu (photo ci-contre) fut l’officier de Marine Honoré d’Estienne d’Orves, fusillé au Mont-Valérien le 29 août 1941. L’amiral Darlan était sur le point d’obtenir sa grâce quand, le 21 août, le communiste Pierre Georges tira dans le dos de l’aspirant Moser, au métro Barbés.
Aux lecteurs qui voudraient se faire une idée plus objective de cette période, je conseille l’« Histoire critique de la Résistance »(3) et, l’« Histoire de la Collaboration » (4) de Dominique Venner, « La droite était au rendez-vous » (5) d’Alain Griotteray, et la série de 13 ouvrages écrits par Henri Amouroux sous l’intitulé générique de « La grande histoire des Français sous l’Occupation ».
On pourra m’objecter que – même si Amouroux était gaulliste – les références précédentes émanent d’auteurs de droite. Alors, citons aussi l’imposant dossier réalisé par un collectif de résistants de toutes les accointances politiques, intitulé: « Le patriotisme des Français sous l’occupation » (6). On y parle, entre autres, d’un officier proche du Maréchal Pétain, Guillaume de Tournemire, chef des « Compagnons de France » et grande figure de la Résistance maréchaliste.
Hélas, trop souvent, tels les ouvriers de la vingtième heure, certains résistants tardifs se montreront les pires épurateurs (parfois pour faire oublier un passé de « collabo » ou une fortune bâtie au marché noir.) C’est une époque où l’armée française, qui veut se persuader qu’elle a gagné la guerre, reconstitue ses effectifs en incorporant des FFI et des [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] L’inflation aux galons était monnaie courante à l’époque: Jacques Delmas (Chaban dans la Résistance), aspirant en 1939, sera… général en 1944, à 27 ans ! Malgré des états de service honorables, on n’avait plus vu ça depuis Bonaparte ! Mais, en ces temps troublés, tout est permis, il suffit d’oser : on a même vu, chez les FTP, des « colonels à 6 galons », dont un qui avait échoué à son peloton de… caporal en 1939 !
De Gaulle, décorant à Bordeaux, une rangée d’une douzaine de colonels FFI ou FTP trouve, en bout de file, un simple capitaine auquel il déclare en souriant : « Vous ne savez pas coudre ? ».
Tout ceci pourrait prêter à sourire, mais la France de la Libération, c’est aussi celle des crimes de l’épuration. Même si certains « épurés » étaient, sans doute, d’authentiques criminels, l’épuration – sauvage ou légale – est une honte, une tache de notre histoire.
L’épuration judiciaire « officielle » n’a d’ailleurs pas attendu le débarquement en Normandie ; elle est née à Alger, le 18 août 1943, sur ordre d’un comité coprésidé par de Gaulle et Giraud.
A la Libération, en métropole, commencera une kyrielle de procès, plus ou moins expéditifs, mais auxquels ont veut donner une apparence de légalité.
Le 27 janvier 1945, la Cour de justice de Lyon rend son verdict : Charles Maurras, 76 ans, l’un des plus grands écrivains de son temps, est condamné à la réclusion perpétuelle et à la dégradation nationale pour « intelligence avec l’ennemi ».
Or, si quelqu’un n’avait jamais eu d’« intelligence » avec l’Allemagne, c’était bien Charles Maurras. Lutter contre le germanisme avait été l’un des buts de sa vie. Mais le seul fait d’être proche de Pétain vous valait d’être taxé de collaboration.
«… On s’étonne de rencontrer des traîtres chez des hommes pour qui, de Pétain à Darnand, la patrie était tout et qui avaient été d’héroïques combattants… » a écrit, plus tard, Dominique Venner (7).
Durant la même période s’ouvre le procès de Robert Brasillach. Libéré d’un Oflag en 1941, Brasillach, directeur du journal « Je suis partout », a repris ses écrits antisémites dès son retour. A la Libération, les « épurateurs » ont emprisonné… sa mère et il s’est rendu à la police pour la faire libérer. Condamné à mort (8), il a bénéficié d’un soutien massif des intellectuels – gaullistes et communistes – qui ont signé une pétition pour demander sa grâce à de Gaulle.
Le « premier résistant de France » a refusé son recours en grâce et il a été fusillé le 6 février 1945 au fort de Montrouge.
De Gaulle justifiera sa décision, plus tard, par « son indignation d’avoir vu Robert Brasillach en uniforme allemand sur la couverture d’un magazine … ». Or, Brasillach n’a jamais porté l’uniforme allemand. De Gaulle l’a simplement confondu avec Jacques Doriot. Un « détail », peu glorieux, un de plus, qui entache la belle histoire du gaullisme !
Le 15 août 1945, en plein été, la Cour rend son verdict au procès Pétain : la peine de mort (9). Ce vieux Maréchal, qui, en juin 1940 avait « fait don de sa personne à la France pour atténuer ses malheurs… » paie pour la lâcheté de tout un peuple.
En effet, arrêtons de faire croire que ce vieillard aurait fait, avec la complicité de Pierre Laval, une sorte de coup de force pour s’emparer du pouvoir. Rappelons les chiffres : les parlementaires français ont accordé les pleins pouvoirs à Pétain par 569 voix pour et 80 contre, soit, en gros, 85% des suffrages exprimés. Pour tous, il était le recours pour ne pas dire le secours. La France revancharde aurait bien aimé condamner Pétain pour haute trahison.
Malgré un procès instruit uniquement à charge, cette accusation ne fut pas retenue :
« Attendu que…la preuve n’est pas suffisamment rapportée qu’il y ait eu un véritable complot contre la sûreté intérieure de l’état… Attendu, par contre, qu’il ressort que, en prenant le pouvoir, Pétain a eu pour objet de changer la forme du gouvernement… Attendu, enfin, qu’il a entretenu des intelligences avec l’Allemagne… crimes prévus et punis par les articles 75 et 82 du code pénal ; pour ces motifs : condamne Pétain à la peine de mort, à l’indignité nationale, à la confiscation de ses biens… »
(Procès Pétain; arrêt du 15 août 1945).
Et, même si personne ou presque n’avait de sympathie pour Pierre Laval, que la droite traitait de « maquignon levantin », que dire de son simulacre de procès et son exécution barbare ? Condamné à mort, Laval tente de se suicider par empoisonnement. On lui fait un lavage d’estomac pour pouvoir le fusiller, assis sur une chaise, le 15 octobre 1945.
Laval n’a, en fait, pas eu de procès.
Or, que lui reprochait-on ? Une politique de « collaboration » – le fait est indéniable – mais surtout d’avoir dit, dès 1941 : « Je souhaite la victoire de l’Allemagne… ». Il a bien tenu ces propos, et il a ajouté : « car sinon le Bolchevisme s’étendra partout… ». Au lendemain de la guerre, le Communisme s’est répandu comme une traînée de poudre sur les pays de l’Est, la Chine, Cuba, le Vietnam, une partie de l’Afrique… Il a fallu construire un mur à Berlin et l’étau communiste ne s’est desserré qu’après la chute du mur en 1989.
Laval avait simplement compris, avant d’autres, que la « peste brune » était à peine moins nocive que le « choléra rouge ».
L’épuration a été sanglante dans presque toute la France. Citons les « purges » effectuées, en toute impunité, par les FTP du Limousin. Des comportements monstrueux qui finiront par indigner Georges Guingouin, commandant des FTP du Limousin, bien qu’il s’agisse de ses propres troupes (10).
L’épuration, c’est aussi cet exploitant agricole en Charente, Paul de M…., qui a vu son père et son frère fusillés sous ses yeux parce qu’ils étaient catholiques et châtelains. L’enquête prouvera qu’ils aidaient la Résistance non-communiste. Robert Aron écrira : « C’est un véritable armorial, un annuaire des châteaux… que l’on pourrait constituer avec les victimes. D’autant que beaucoup d’entre elles ont eu le tort inexpiable, tout en étant antiallemandes, de faire confiance à Pétain, ou bien d’être, dans la Résistance, d’un camp différent de celui de leur assassin… » (11).
C’est aussi, cette jeune fille, catholique et cheftaine des guides de France, qu’on viendra chercher le jour de son mariage pour la fusiller devant ses proches au motif que sa famille – mais pas elle ! – aurait été « collabo »…
C’est enfin le comte Christian de Lorgeril, parent de d’Estienne d’Orves, mais à qui on reproche ses idées monarchistes, arrêté le 22 août 1944 : « Complètement nu, le malheureux dut s’asseoir sur une baïonnette. Puis il eut les espaces métacarpiens sectionnés, les pieds et les mains broyés. Les bourreaux lui transpercèrent le thorax et le dos avec une baïonnette rougie au feu. Le martyr fut ensuite plongé dans une baignoire pleine d’essence à laquelle les sadiques mirent le feu. Leur victime s’étant évanouie, ils le ranimèrent pour répandre ensuite sur ses plaies du pétrole enflammé… Il devait mourir 55 jours plus tard, dans les souffrances d’un damné… ».
Ce récit, d’un sadisme écœurant, est paru dans le quotidien « L’Aube » en novembre 1950 (12).
L’époque, comme la sinistre Révolution de 1789, n’était pas tendre pour les aristocrates. En Dauphiné, le chef des assassins était un certain Henrot, responsable, entre autres, du massacre d’une partie de la famille de Buffières et du pillage de leurs propriétés de Dolomieu et Milliassière, près de Grenoble, dans l’Isère : « Le 16 août 1944 au matin, une équipe fut placée sous la responsabilité d’Henrot, pour ramener au maquis le comte et la comtesse…L’équipe de tueurs est arrivée à la porte. Lourdement armés, ils enfoncèrent la porte et abattirent Philibert venu à leur rencontre les bras levés. Il fut abattu d’une rafale de mitraillette… Son épouse, qui protégeait leur petit garçon Michel, resta au premier étage…Marcelle et son fils Michel furent emmenés au camp du Châtelard… Arrivée au camp, Marcelle fut soumise aux pires tortures… une nuit d’orgies, devant son fils… Marcelle fut exécutée, son fils également, sans qu’il soit question de jugement ou d’une décision de condamnation… » (13).
Le rapport d’enquête stipule que l’enfant de cinq ans reçut une balle dans la tête, allongé sur le corps de sa mère. Quelques jours plus tard, le 22 août, toujours sous les ordres du « lieutenant » Henrot, la bande investit le domaine de Milliassière : « Elisabeth de Buffières nota dans son livre de messe, une phrase prémonitoire : « Aimer c’est se donner jusqu’au sacrifice. 22/08/1944 ». Les FTP pillent et saccagent le château. Puis, vers 22 h 30 ils repartent vers d’autres forfaits : « Elisabeth ne réapparaissait pas… Etendue sur son lit, elle avait reçu trois balles de revolver dont une dans la tempe, après avoir été violée… ». Philibert de Buffières avait un frère résistant en camp de concentration. Il mourra en déportation. Son fils Bernard était sous-officier dans l’armée de Lattre.
Le « lieutenant » Henrot, ne rendra jamais de compte à la justice : tué d’une balle en pleine tête, sans doute par ses hommes, le 3 septembre, à Lyon. Et le silence sur les méfaits de son équipe de tueurs sera bien gardé : il est malvenu d’oser critiquer la Résistance communiste !
Parlons aussi d’un autre volet honteux de l’épuration : celui des femmes tondues. Pour les « épurateurs », coucher avec l’occupant était sanctionné, à minima, par la tonte des cheveux. Ces femmes étaient accusées de « collaboration horizontale », un acte qui n’est pas incriminé dans le code pénal et qui n’a donc rien d’illégal. Certaines femmes ont été violées, torturées ou massacrées.
Le compte de ces victimes est difficile à établir. On parle de 20 ou 30 000, peut-être plus ? Au nom de l’épuration, on a martyrisé et tondu des femmes amoureuses, puis celles qui, après tout, n’ont fait que leur métier (entraîneuses, prostituées…).
L’épuration : Michel Audiard, le dialoguiste des « tontons flingueurs », du « singe en hiver », et de bien d’autres chefs-d’œuvre… est moins connu comme romancier. Il a pourtant écrit un roman dont le pessimisme désabusé rappelle le « voyage au bout de la nuit » de Céline. Il y parle avec nostalgie de Myrette, la petite prostituée dont il était amoureux pendant la guerre :
« … « Les fifis (FFI) sont en train d’avoiner Myrette »… édentée, disloquée, le corps bleu, éclaté par endroits, le regard vitrifié dans une expression de cheval fou, Myrette s’offrait aux mouches, abandonnée sur les sacs de sable d’une barricade, au carrefour de la Gaieté… On a eu les détails par des témoins dont un certain « colonel » Palikar… un ancien de la guerre d’Espagne. Sans s’annoncer, ils avaient enfoncé la porte et surpris Myrette… D’après les gens, on l’entendait hurler de la rue tandis qu’ils lui cassaient les dents. « A coup de bites » devait préciser par la suite le plaisant Palikar. A coups de crosse plus vraisemblablement. Elle était sûrement déjà très abîmée quand l’équipe lui est passée sur le ventre, colonel Palikar en premier… Myrette fut certainement très martyrisée puisqu’elle avait les bras et les jambes brisés lorsqu’ils la tirèrent par les cheveux sur la petite place et l’attachèrent au tronc d’un acacia. C’est là qu’ils la tuèrent. Oh, sans méchanceté, à la rigolade, comme on dégringole les boîtes de conserve à la foire, mais au lieu des boules de son, ils balançaient des pavés… Quand ils l’ont détachée elle était morte depuis longtemps. Après l’avoir jetée sur un tas de sable, ils ont pissé dessus …puis s’en sont allés, comme on dit, arroser ça … »(14).
Après-guerre, des femmes tondues, battues, violées ont tenté des actions en justice mais leur action a été disqualifiée, elles n’étaient pas considérées comme des victimes.
Parlons aussi de l’épuration « légale » avant de clôturer cet article. Le GPRF rédigea une série d’ordonnances permettant d’épurer légalement la société française. Ces ordonnances concernaient toute la population (ordonnances du 26 juin 1944, du 26 août 1944…), ou des catégories spécifiques (ordonnances du 18 janvier 1945, du 5 mai 1945…). Ces textes posent un problème, en droit, sur la rétroactivité de leur action. La non-rétroactivité est un principe fondamental de l’égalité d’une loi. Pour éviter que des « collaborateurs » puissent occuper des postes à responsabilités, il fallait en limiter l’accès. La « nécessité d’une purification de la patrie » a autorisé tous les abus : la loi n’a pas défini toutes les formes de collaboration, or « des personnes ont soutenu les idées totalitaires » (lesquelles ?) et on entendait les punir.
L’ordonnance du 26 août 1944 visait à compléter la liste des « crimes » relevant de la collaboration et instaurait l’« indignité nationale ». Les chambres civiques des Cours de justice étaient donc chargées de déclarer les personnes frappées d’indignité nationale. Lorsque l’accusé est frappé d’indignité nationale, il est condamné à une peine de « dégradation nationale ». La peine est infligée pour une durée donnée ou à perpétuité. La notion de « citoyen indigne » démontre bien la volonté d’infliger une véritable mort civique au condamné.
L’épuration « légale » (celle avec jugement) a concerné plus de 300 000 dossiers, dont 127 000 ont entraîné des jugements et 97 000 condamnations, les peines allant de cinq ans de « dégradation nationale » à la peine de mort.
L’ordonnance du 4 octobre 1944 autorisait les préfets à faire interner des présumés « collabos » jusqu’à la fin des hostilités. En décembre 1944, le ministère de l’intérieur donne une liste de 171 sites d’internement. Ce sont des camps, mais aussi : un lycée, des casernes, des châteaux, etc… Le chiffre des internés est difficile à connaître. Les archives nationales mentionnent la présence de 49 000 internés en décembre 1944. Ce chiffre est un minimum : ces données n’intégrant pas tous les départements, et l’Alsace et la Lorraine n’étaient pas encore libérées.
Mais toutes les régions ont subi une épuration « extrajudiciaire » (ou épuration sauvage). Le chiffre officiel de l’épuration, communiqué par Adrien Texier, alors ministre de l’intérieur, au « colonel Passy » (le capitaine Dewavrin) est de 105 000 victimes. Ce chiffre émanait des rapports des préfets. Il n’a jamais trouvé de démentis sérieusement étayés.
Maurice Bardèche (15) – mais il était le beau-frère de Brasillach – retient 112 000 victimes de l’épuration. Les enquêtes historiques parues dans « Rivarol » en 1951, « Défense de l’Occident » en 1957, ou « Lectures françaises » (« Le livre noir de l’épuration » d’Henry Coston en 1964 (16)) reprennent les chiffres les plus conséquents. Robert Aron a mis dix ans (1965-1975) pour écrire les trois tomes de son « Histoire de l’épuration ». A partir de statistiques gouvernementales, il arrive à 40 000 victimes de l’épuration. Mais, dans un souci louable de réconciliation nationale, on peut supposer que ces chiffres sont très fortement minorés.
En 1951, une loi d’amnistie a rendu impossible les sanctions contre les criminels de l’épuration.
Elle couvrait « tous faits accomplis postérieurement au 10 juin 1940 et antérieurement au 1er janvier 1946 dans l’intention de servir la cause de la libération du territoire ou de contribuer à la libération de la France » (article 30).
Avant même le vote de cette loi, les familles de victimes d’exécutions se sont vues, pour beaucoup, refuser une enquête digne de ce nom ce qui a abouti à une amnistie de fait entérinée ensuite par une amnistie de droit.
On a tendance, pour minimiser les crimes de l’épuration, à les mettre en parallèle avec ceux de la Milice, de sinistre mémoire. Mais les exactions de la Milice, dans les derniers mois de la guerre, représentent environ 2 000 victimes. C’est énorme (sur une courte période et avec des effectifs armés d’environ 10 à 15 000 hommes à peine) mais cela représente en gros 5% des crimes commis par les FTP et/ou d’autres (vrais ou faux) résistants…
Une chose est certaine, tant pis si elle choque les bien-pensants : durant la Seconde Guerre Mondiale, sur le sol de France, les bombardements anglo-américains et les « purges » commises à la Libération ont fait 3 à 4 fois plus de victimes civiles que les Boches.
Dans mon livre « Mythes et Légendes du Maquis » (17) j’ai consacré un chapitre entier à l’épuration. Cet article n’est qu’un résumé succinct, juste pour rappeler à l’ultra-gauche qui se réunit chaque année aux Glières qu’elle nous raconte des sornettes et qu’elle devrait, de temps en temps, adopter un profil bas car son passé n’a pas toujours été glorieux.
Ceci ne m’empêche pas d’avoir un profond respect pour les vrais résistants.
Eric de Verdelhan10/06/2022