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Sujet: Requiem pour l’Europe Dim Juin 05 2022, 21:36
Réquiem pour l'Europe
L'Europe est morte. Et l'on ne peut même pas ajouter "Vive l'Europe!" car elle ne renaîtra pas de sitôt. En fait, l'Europe a existé entre les traités de Westphalie et la fin du XXè siècle. Et la Russie a été un élément majeur de sa construction. Car l'Europe n'était pas une construction naturelle: elle est née de la volonté des peuples européens de construire une façon de coexister, de créer, de produire, de rêver à un monde meilleur, après que les guerres de religion avaient fait éclater la Chrétienté médiévale. L'Europe est née avec les traités de Westphalie, elle avait été engloutie apparemment par les deux guerres mondiales, mais elle semblait renaître de ses cendres en 1990 . Elle s'est finalement brisée sur quatre écueils: sa soumission au modèle américain, le dogmatisme de l'Union Européenne, les guerres de Yougoslavie et, pour finir, le rejet de la Russie. Requiem.
Il n’y a pas d’Europe sans la Russie L’Europe est morte. Car il n’y a pas d’Europe sans la Russie. C’est ce que le vieux Henry Kissinger a voulu dire, entre autres choses, quand il a demandé, à Davos, que la diplomatie reprenne ses droits dans la guerre d’Ukraine.
Kissinger a créé avec Nixon la puissance américaine des cinquante dernières années mais il n’oublie pas ce qu’il doit à l’Europe et à son équilibre des puissances.
La Russie n’était pas signataire des traités (Münster, Osnabrück) qui ont mis fin à la guerre de Trente Ans ainsi qu’à l’affrontement franco-espagnol (Paix des Pyrénées en 1660) et qui fondent une Europe des États. Mais elle rejoint le système au début du XVIIIè siècle. Et elle en est une pièce maîtresse: aussi bien pour mettre fin à la démesure napoléonienne que pour abattre la plus terrible menace que l’Europe ait suscité en son sein: l’Allemagne national-socialiste. A tel point que, lorsque la Russie est absente, comme entre 1917 et 1922, entre la révolution de février et le traité de Rapallo, l’Europe se défait.
« Lorsque dans notre pays on parle de courage et de grandeur, c’est vers les croix de guerre que se tournent les regards » Alphonse JUIN Maréchal de France