Elle fut chanteuse, comédienne, femmes d’affaires, reine des nuits parisiennes dans des lieux où défilaient les célébrités. Star des années 1960-1970, Régine est décédée ce dimanche 1er mai 2022 à l’âge de 92 ans, c’est sa petite-fille qui l’a annoncé à l’AFP. « La reine de la nuit s’en va : fermeture pour cause de longue et grande carrière », a salué l’humoriste Pierre Palmade.La chanteuse et comédienne Régine s’est éteinte à l’âge de 92 ans. C’est sa petite-fille, Daphné Rotcajg, qui l’a annoncé à l’AFP ce dimanche 1er mai 2022.
« Régine nous a quittés paisiblement ce 1er mai à 11 h » à Paris, a précisé Daphné Rotcajg.
« La reine de la nuit s’en va : fermeture pour cause de longue et grande carrière », indique un communiqué écrit, à la demande de la famille, par l’humoriste Pierre Palmade, ami proche de Régine depuis de nombreuses années.
« Partie avec sa boule à facettes et sa gouaille chaude et rassurante », Régine « avait fait danser pendant plus de 30 ans dans ses boîtes de nuit les stars du monde entier », poursuit ce texte transmis à l’AFP.
« Régine est synonyme d’une époque insouciante où se mélangent aisément hommes politiques, capitaines d’industrie, artistes, sportifs, pour faire, le temps d’un soir, la fête ensemble, Chez Régine », écrivait la maison de vente Mirabaud-Mercier, en janvier 2021, alors qu’elle procédait à la vente d’une collection de l’ancienne reine de la nuit parisienne.
Des vêtements et objets ayant appartenu à Régine lors d’une vente aux enchères par la maison de ventes Mirabaud-Mercier à Paris.
Quelles vies, cette Régine, née Régine Zylberberg à Anderlecht (Belgique)… Années 1940 : son père court les casinos. « C’est lui qui a fait de moi une noctambule et une joueuse », disait-elle.
En 1952, elle devient disquaire et barmaid, au Whisky à gogo, à Saint-Germain-des-Prés. Elle a 23 ans, divorcée, un fils. Cinq ans plus tard, elle ouvre sa première boîte, Chez Régine… qui attire le tout-Paris. Puis, elle achète le New Jimmy’s au début des années 1960, boulevard du Montparnasse.
Une gouaille appréciée par Serge Gainsbourg
« J’avais plein d’amis qui me ramenaient de leurs voyages les musiques en vogue. C’est moi qui ai importé le cha-cha-cha, le twist, le hoola-hop, puis le disco », raconte-t-elle au
Parisien. C’est elle qui inaugure le concept de la discothèque.
Régine et le chanteur-compositeur Serge Gainsbourg au club le Palace, le 24 octobre 1984.
Serge Gainsbourg aime sa voix, sa gouaille. Il écrit pour elle
Les P’tits papiers, en 1965, son grand succès. Et une quinzaine d’autres titres.
Régine devient aussi chanteuse. Au fil des années, le casting de ses auteurs est impressionnant : Charles Aznavour (
Nounours), Henri Salvador (
Oublie-moi), Barbara (
Gueule de nuit), Françoise Sagan, Jean-Loup Dabadie, Pierre Delanoë, Étienne Roda-Gil, Serge Lama, Patrick Modiano, Luc Plamondon…
Elle joue aussi dans quelques films, dont
Les Ripoux, en 1984.
« La reine noire de nos nuits blanches »
Les années 1960 et 1970 sont les grandes années de la reine de la nuit, que Françoise Sagan baptise « la reine noire de nos nuits blanches ». Au point que, en femme d’affaires avisée, elle ouvre des établissements à New York, Monaco, Rio, Kuala Lumpur… Jusqu’à une vingtaine. Toutes les stars y passent, d’Elisabeth Taylor à Michael Jackson en passant par Björn Borg.
La comédienne Brigitte Bardot et son ami Patrick Gilles, la chanteuse Régine et le comédien Omar Shariff à Deauville, le 2 avril
« C’est son image de marque parisienne qui a empêché Régine de s’imposer vraiment », regrette, dans son livre
Le music-hall français (1978), le journaliste et parolier Pascal Sevran. Selon lui, « son côté femme des nuits mondaines, à tu et à toi avec les grands de ce monde, a faussé le jeu. On ne peut décemment pas chanter le trottoir, le métro et son peuple et rentrer se coucher en Rolls à l’heure où les ouvriers de Billancourt s’en vont pointer. » Pascal Sevran salut cependant « un répertoire d’une qualité exceptionnelle ».
Le chanteur français Charles Aznavour (au centre) fête le premier disque de Régine (à sa droite) avec le comédien Michel Auclair (à droite), le 27 novembre 1964.
Dans l’Ouest, elle avait pignon sur rue à Deauville reprenant, dans les années 1960, le Brummel, la discothèque du casino, qui deviendra plus tard Le Régin’s. Elle avait aussi créé, en 1964, à deux pas de là, le Réginskaïa. Et avait longtemps habité l’ancien presbytère d’Englesqueville-en-Auge.
En duo avec Bernard Lavilliers, Fanny Ardant ou Boy George
En 1970, Régine se remarie avec l’homme d’affaires Roger Choukrou, dont elle divorce en 2004. Les années 1990 sont plus difficiles, avec divers déboires financiers. En 2006, son fils unique, Lionel, disparaît. Elle le raconte dans
À toi Lionel, mon fils (Flammarion, 2010).
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En 2009, elle publie un album de duo,
Régine’s Duets, avec un formidable casting : Jane Birkin, Paolo Conte, Boy George, Maurane, Bernard Lavilliers, Julia Migenes, Didier Wampas, Cali, Fanny Ardant, La Grande Sophie…
En décembre 2019, pour ses 90 ans, Régine s’était offert une intégrale, en dix CD, de 1964 à 2009, intitulée
De la p’tite poule à la grande Zoa, son surnom, donné par une chanson. Régine aura incontestablement marqué toute une époque.