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 La Rose de Tokyo, histoire d'une manipulation US

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Alexderome
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MessageSujet: La Rose de Tokyo, histoire d'une manipulation US   La Rose de Tokyo, histoire d'une manipulation US Icon_minitimeDim Mar 06 2022, 21:07

Cet article était destiné au numéro 100 d'Histomag consacré aux femmes. Pour l'écrire, je me suis basé sur des ouvrages cité en référence à la fin. Cette voix qui parlait à Radio Tokyo est bien réelle. Dans le film La Mémoire de nos Pères, on voit des Marines écouter à la radio une voix annoncer des informations défaitistes destinées  à saper le moral.
Si vous lisez le sujet, même en plusieurs fois, gardez bien une chose en tête, la Rose de Tokyo est une voix, on ne connait pas son nom, son visage. Deux paparazzi américains (je ne veux pas leur donner le nom de journalistes) veulent faire un scoop en étant les premiers à découvrir qui se cache derrière cette voix. Peu importe si c'est la bonne personne, ils sont capables de mentir ou subordonner des témoins. Ils vont trouver la coupable idéale Iva TOGURI.
Bonne lecture. N'hésitez pas à me demander des infos.

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« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier

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MessageSujet: Re: La Rose de Tokyo, histoire d'une manipulation US   La Rose de Tokyo, histoire d'une manipulation US Icon_minitimeDim Mar 06 2022, 21:07

IVA TOGURI D’AQUINO
La rose du bouquet de Radio Tokyo
Alexandre SANGUEDOLCE
Vous aimez cette musique ? Vous aimeriez être chez vous pour danser sur cette merveilleuse musique ? C’est simple, il suffit que la guerre s’arrête.La voix prononçant ces paroles défaitistes lors du programme Zero Hour de Radio Tokyo était devenue familière à des milliers de combattants américains sur le front du Pacifique qui l’ont surnommée “la Rose de Tokyo''. 
Une nisei au Japon.
Iva Ikuko TOGURI est née en 1916, le 4 juillet, jour de la fête nationale américaine. C’est la cadette d’une fratrie de quatre frères et sœurs. Ce sont des nisei, terme désignant la deuxième génération d’enfants japonais née sur le continent américain. Ses parents, Jun et Fumi Toguri sont arrivés à San Francisco respectivement en 1899 et 1913. Soucieux de s’intégrer à la société américaine, ils ne parlent pas japonais à la maison et lorsque Iva se rendra au Japon, elle devra prendre des cours pour apprendre sa langue ancestrale. Les TOGURI sont des patriotes, ils votent Républicains, appartiennent à l’église méthodiste et Iva est membre des Girl Scouts. Ils se sont fondus dans la société américaine.  En 1940, elle obtient un diplôme de zoologie dans la prestigieuse Université de Californie Los Angeles (UCLA).

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Le 5 juillet 1941, elle embarque à bord de l’Arabia Maru pour rendre visite à une tante malade résidant à Tokyo. Son faible niveau en japonais ne lui permet pas de s’exprimer correctement ni de lire les journaux où les nouvelles sur l’état des relations américano-nipponnes s’assombrissent en cette fin d’année 1941. Elle veut retourner auprès de ses parents à Los Angeles. Mais elle est venue au Japon avec un Certificat de Nationalité américaine et au consulat on refuse de lui délivrer un passeport US en bonne et due forme. En novembre, elle tente d’embarquer à bord du Tatsutu Maru qui doit appareiller sous peu. Mais ses valises restent à quai, sans passeport, elle ne peut retourner aux Etats-Unis. Elle ne le sait encore pas, le navire est le dernier à lever l’ancre pour toute la durée de la guerre. Le 7 décembre 1941, l’empire du Soleil Levant attaque la flotte américaine à Pearl Harbour. Les deux pays sont en guerre.
Iva se cloitre chez sa tante mais la Kempetai, la police militaire japonaise se livre à de fréquents interrogatoires et la presse de renoncer à la nationalité américaine ce qu’elle refuse de faire, n’ayant pas la double nationalité. C’est une étrangère dans le pays d’origine de ses parents.  Afin d’éviter des tourments à sa famille, elle quitte leur domicile pour se réfugier dans une pension. Ne pouvant bénéficier d’aucune aide ou assistance, privée de carte de rationnement, Iva est contrainte de trouver un emploi. Elle trouve un travail auprès de l’ambassade du Danemark qui est à la recherche d’une traductrice. Elle prend des cours de japonais pour se perfectionner. Sa situation s’améliore lorsqu' elle est recrutée par l’agence de presse Dōmei, l’équivalent nippon de Reuters et qui dépend du Ministère des Communications. Sa fonction est de traduire des documents et des messages radiodiffusés en anglais. Elle fait la connaissance de Felipe D’AQUINO, un citoyen portugais d’origine nippone avec lequel elle se lie d’amitié. 
Une rose sans épines.
En août 1943, Iva Toguri voit son destin basculer. Elle est embauchée à la NHK (Nihon Hoso Kyokai, la radio japonaise) pour officier avec trois prisonniers de guerre sur Radio-Tokyo. Le major australien John COUSENS, le capitaine américain Wallace INCE et le lieutenant philippin Norman REYES participent à l’émission Zero Hour retransmise en anglais chaque jour sauf le week-end, de 18 heures à 19h30 heure de Tokyo. Les trois officiers proviennent du camp de Bunka, près de Tokyo. C'est un camp regroupant des prisonniers de guerre pouvant être utilisés par la propagande japonaise pour parler au micro de Radio Tokyo. Dirigé par le Major Shigetsugu TSUNEISHI, celui-ci oblige les prisonniers à lire contre leur gré et sous la menace d’être exécutés des scripts rédigés par les nisei. Alors, au micro de la radio écoutée par les Marines sur le front du Pacifique, ils lisent les messages destinés à saper leur moral. Écrit en mauvais anglais, ce charabia échappe à l'attention de la propagande japonaise qui voit ses efforts de subversion sabotés.  Ces messages sont précédés par un programme musical composé d’airs de jazz. Ils mettent Iva dans la confidence, ils ont confiance en elle, la jeune femme leur a passé clandestinement et au péril de sa vie des médicaments et de la nourriture dans le camp de Bunka, surnommé “Bunker Hill”. Elle accepte de participer à cette œuvre de sabotage des programmes.
Elle commence donc sa carrière de speakerine à partir de novembre 1943. Sous le pseudonyme d’Orphan Ann, Anne l’orpheline, elle présente le programme musical. On peut entendre sur les ondes ce message du 22 février 1944 : 
« Bonjour mes ennemis. Comment ça se passe ? C’est Ann de Radio Tokyo et nous allons commencer notre programme régulier de musique [...] Nouvelles et l’Heure Zéro pour nos amis, je veux dire nos ennemis…”. Durant le programme, une douzaine d’autres nisei lisent des dépêches subversives destinées aux Marines qui surnomment la speakerine anonyme Tokyo Rose. À partir de novembre 1944, les retransmissions de Zero Hour diminuent en raison des bombardements sur Tokyo. Le premier avion américain à survoler Tokyo le 1er novembre 1944 après le raid de Doolitlle en avril 1942 est un Boeing F-13 Superfortress du 3rd Photographic Squadron. Il prend le nom de Tokyo Rose avec un nose art représentant la célèbre annonceuse au lieu de la traditionnelle pin-up. En avril 1945, Iva épouse Felipe d’AQUINO et devient citoyenne portugaise.
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 A la recherche de la Rose de Tokyo.
Le 15 août 1945, l’empereur HIRO-HITO annonce à la radio la capitulation du Japon. Deux journalistes américains, Clarck LEE et Harry BRUNDIDGE entreprennent de se mettre à la recherche de la Rose de Tokyo qui n’est encore qu’une énigmatique voix féminine. Ils veulent avoir l’exclusivité du scoop.  Le 30 août, dans le sillage de MAC-ARTHUR et de la police militaire traquant les criminels de guerre, ils se mettent à la recherche de la mystérieuse voix dans les ruines de Tokyo. Ils questionnent les employés de la NKH, personne ne connaît ou n’a entendu parler de la Rose de Tokyo. Un responsable de la radio donne un nom, celui d’Iva TOGURI D’AQUINO sans révéler celui des autres nisei. Les deux journalistes lui demandent de servir d’intermédiaire pour demander une entrevue à Iva en échange de 2 000 dollars, une somme considérable. Désargentée, elle accepte et rencontre les deux reporters à l’Imperial Hôtel le 1er septembre. Elle signe un contrat d’exclusivité pour le magazine Cosmopolitan espérant toucher les 2 000 dollars qu’elle ne verra jamais. Elle raconte son histoire, l’aide qu’elle a apportée aux trois officiers et les tentatives de sabotage des programmes. En quête de sensationnalisme, les deux reporters dénaturent la confession d’Iva que le Cosmopolitan refuse de publier. Elle paraît dans les colonnes du journal Los Angeles Examiner, le 3 septembre 1945 en première page du journal.
Iva est arrêtée le 17 octobre par la police militaire. Elle est incarcérée à la prison de Sugamo de Tokyo. Ses codétenus sont des criminels de guerre en attente de leur jugement. Durant les douze mois de captivité, Iva n’est pas informée des chefs d’accusation. C’est dans sa geôle qu’elle apprend la disparition de sa mère en 1942 dans un camp pour
nisei dans le désert de l’Arizona. Après une année passée en détention, l’enquête menée par le FBI ne donne rien. La justice américaine abandonne les poursuites contre Iva, faute de témoins, rien ne permet d’affirmer qu’elle est la Rose de Tokyo. Une douzaine d’autres ’’roses’’ officiaient à la radio mais elles ne sont même pas recherchées. Sa “confession” arrachée en échange de 2000 dollars est irrecevable. Elle sort libre de la prison de Sugamo le 25 octobre 1946.

Le procès. La Rose de Tokyo, histoire d'une manipulation US Iva-to10

Après sa sortie de prison, Iva retourne vivre auprès de son époux. Elle tombe enceinte. Elle souhaite que son enfant puisse naître sur le sol américain et fait une demande de passeport. Mais cette démarche soulève un vent de contestation auprès des médias qui lui sont encore hostiles alors que pour la Justice, Iva n’est pas la “Rose de Tokyo”. Mais elle n’est pas encore sortie des griffes de BRUNDIDGE qui n’a pas digéré l'affront infligé par le Cosmopolitan. Il publie à nouveau la fausse confession dans les colonnes du journal Nashville Tennessean le 2 mai 1948. Sous la pression des associations de combattants, le procureur Tom Clark, un démocrate proche de Harry Truman, décide d’inculper Iva de trahison. Elle est arrêtée de nouveau le 26 août 1948 et retourne dans la prison de Sugamo. En raison du chef d’accusation, elle doit être jugée sur le sol américain, à San Francisco. Elle arrive aux USA à bord du USS General Hodges le 25 septembre. Les élections présidentielles approchent (en novembre 1948) et il faut montrer aux Américains que les démocrates sont décidés à traquer l’ennemi intérieur. La chasse aux communistes commence avec le début de la guerre froide et annonce le maccarthysme. L’occasion d’offrir à l’opinion publique un procès-spectacle de la présumée Rose de Tokyo est une opportunité non négligeable. La victoire de Truman aux élections propulse Clark à la tête de la Cour Suprême des Etats-Unis. Le Département de la Justice nomme Tom de WOLFF comme Procureur Général. L'accusation a besoin de témoins et offre un vol pour San Francisco et 10 dollars par jour pour toute personne voulant témoigner de la culpabilité d’Iva. Deux hommes acceptent de faire le déplacement pour se rendre au tribunal. Hiromu YAGI et Toshikatsu KODAIRA ont été soudoyés par BRUNDIDGE pour faire un faux témoignage lors d’une rencontre à Tokyo. Shigetsugu TSUNEISHI qui dirigeait l’émission Zero Hour est également témoin à charge au procès qui débute le 5 juillet 1949. Il va se dérouler durant cinquante-deux jours. Il est présidé par le juge Michael ROCHE surnommé Iron Mike. Iva est accusée d’avoir prononcé des messages radiodiffusés destinés à démoraliser les troupes américaines. Les marines qui écoutaient Zero Hour affirment que le son de la voix était voluptueux, voire sexy. Rien à voir avec celui d’Iva, plutôt grave. Malgré les témoignages de COUSENS, INCE et REYES forcés de lire des communiqués lors de l’émission Zero Hour et qui ont été lavés de tout soupçon de haute trahison dans leurs pays, Iva est convaincue de trahison et d’intelligence avec l’ennemi. YAGI et KODAIRA, témoins parjures, accusent Iva d’avoir collaboré à la campagne de démoralisation des troupes US orchestrée par le major TSUNEISHI notamment dans un message d’octobre 1944 (la date exacte n’est pas connue par l’accusation) faisant allusion à la perte de navires. Cette campagne de la propagande nippone n’a eu que peu d’impacts, les Américains à ce moment récoltaient victoires sur victoires. Dans un climat antijaponais hostile à Iva, le jury la déclare coupable de trahison le 29 septembre 1949. La sentence est prononcée le 6 octobre suivant, Iva est condamnée à dix ans d’emprisonnement à la centrale pour femmes du Federal Prison Camp d’Alderson en Virginie Occidentale et à une amende de 10 000 dollars. Elle perd de facto sa nationalité américaine. Ses demandes en révision du procès sont rejetées. En prison, elle retrouve Mildred GILLARS alias Axis Sally, une autre citoyenne américaine accusée de trahison.
Iva TOGURI est libérée le 28 janvier 1956, sa peine ayant été réduite de quatre ans. Elle est devenue apatride malgré l'interdiction de la déchéance de la nationalité formulée par la Déclaration des droits de l’Homme des Nations Unies. Le 20 janvier 1977, le président Gerald FORD lui accorde son pardon, elle retrouve sa nationalité américaine mais n’est toujours pas réhabilitée. BRUNDIDGE n’a jamais été poursuivi pour subordination de témoins. Son mari Felipe d’AQUINO est interdit d’entrée sur le territoire américain, elle ne pourra plus jamais le revoir et seront contraints de divorcer. Iva TOGURI est décédée le 26 septembre 2006 à l'âge de 90 ans.
SOURCES
KAWASHINA Yasuhide, The Tokyo Rose Case. University Press of Kansas. 2013.
Tokyo Rose : The History and Legacy of Iva Toguri and Japan’s most famous propaganda campaign during World War II. Charles River Editors. (Kindle édition). 2017.
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