Nombre de messages : 4355 Age : 66 Emploi : Retraité Date d'inscription : 09/10/2021
Sujet: L’ennemi, c’est aussi le froid Mar Fév 22 2022, 11:53
a 1re compagnie du 1er régiment d’infanterie et les éléments du 19e régiment du génie et du 3e régiment de hussards, ont effectué un stage d’acculturation en milieu montagne et grand froid, au groupement d’aguerrissement en montagne de Modane. Organisée du 3 au 14 janvier, cette préparation est indispensable pour participer à l’exercice interalliés Cold Response, qui se déroulera sur les terres polaires de Norvège, en mars prochain.
La 2e section de la 1ère compagnie du 1er régiment d'infanterie progresse sur la piste menant au plateau de l'Orgère.
« Halte en tête ! » annonce l’un des fantassins tractant la pulka (traîneau). À bout de souffle, le groupe s’arrête. Alerté, le reste de la 2e section de la 1re compagnie du 1er régiment d’infanterie stoppe son ascension. Il est 8 h 30. Dans la vallée de la Maurienne, les massifs masquent le soleil, la température frôle les -10°C. Le groupe relayé, la progression reprend. Seul le raclement des raquettes à neige rompt le silence, dans ce décor monochrome. Perchés à 1 700 mètres d’altitude, les marcheurs ont effectué le premier tiers de la piste. Plus que quatre kilomètres et trois cent mètres de dénivelé pour atteindre le plateau de l’Orgère (2 000 mètres). Pour le sous-groupement, composé des sections du 1er régiment d’infanterie, du 19e régiment du génie et du 3e régiment de hussards, l’année 2022 débute les pieds dans la neige. En effet, pour affronter les conditions glaciales des fjords norvégiens qui l’attendent en mars pour l’exercice Cold Response, celui-ci participe à la formation d’ʺacculturation montagne et grand froidʺ, organisée par le groupement d’aguerrissement en montagne (GAM) de Modane (Savoie). « Depuis le mois de décembre, nous préparons toutes les unités qui seront déployées sur cet exercice. Pour cela, nous leur transmettons les techniques indispensables pour vivre et combattre, dans ce milieu particulier et exigeant, qu’impose la montagne. », explique le chef de bataillon Julien, directeur des stages du GAM.
Un fantassin du 1er RI vérifie le toit de son abri jurassien.
Moins 15°C annoncés
Une fois arrivés à l’Orgère, les fantassins enfilent des effets chauds et mangent sur le pouce. Le temps est compté. La nuit tombe vite. Chacun doit s’activer pour construire des abris d’urgence pour la nuit. La veille, les instructeurs montagne du GAM leur ont présenté les diverses techniques de construction. L’instruction, axée sur la vie en campagne en milieu grand froid, comprend plusieurs volets à respecter : l’hygiène et l’alimentation pour le personnel, la présentation de matériel comme le tipi français (tente équipée d'un chauffage à bois plus efficaces que le gaz quand les températures sont négatives) et le réchaud poly-carburants ainsi que l’entretien de l’armement et des véhicules. « Cette première nuit en bivouac, en milieu grand froid est l’occasion de restituer ce qu’ils ont appris. Chaque homme doit être bien organisé s’il ne veut pas subir les morsures du froid. », explique l’adjudant Maxime, instructeur au GAM. À la lisière des pins, les équipes du sergent Morgan, chef de groupe anti-chars, montent des abris de type jurassien : de petits "nids douillets" avec pour murs, des blocs de neige et comme toit, une bâche tendue sur des branches. À l’intérieur, pour compléter l’isolation, les tapis de sol reposent sur les branchettes de sapin diffusant une odeur boisée. Pour Morgan, la vigilance reste de mise. « Cette nuit, avec les -15°C annoncés, je dois m’assurer que chacun puisse manger chaud et rester au sec. En Norvège, on nous annonce des températures bien plus froides, proches des -30°C. » Le lendemain matin, la section se réveille et se reconditionne pour redescendre dans la vallée. « On n’a pas eu froid. Aucune gelure ni blessure à déplorer dans mon groupe. La nuit a été bonne ! Les conseils de nos instructeurs nous ont été très précieux », souligne le sergent.
Deux fantassins se réchauffent les mains autour d'un feu improvisé.
La 2e section rejoint la vallée, après une nuit passée sur le plateau de l'Orgère.
Descente en rappel sur une paroi rocheuse pour les stagiares.
La force du collectif
Quelques jours plus tard, les instructeurs du GAM confrontent le détachement à la verticalité avec une descente en rappel sur le site de Villarondin et de l’équipement de passage. À trente mètres de hauteur, le parcours offre une vue imprenable sur la vallée de la Vanoise. Glissantes, les parois rocheuses, recouvertes de neige et de glace, rendent les appuis difficiles. Si certains descendent aisément, d’autres, aux gestes moins précis, sont conseillés par les instructeurs. Quant à ceux qui n’osent pas regarder en bas, ils finissent par se lancer, grâce à la force du collectif. « Ces exercices sont l’occasion pour eux de continuer à manipuler les équipements d’escalade et de se familiariser un peu plus avec la verticalité. Cette journée est un avant-goût de ce qui les attend sur l’exercice de synthèse », explique le major Sébastien, instructeur au GAM. L’acculturation touche bientôt à sa fin. Les trois derniers jours sont consacrés à cet exercice de synthèse. Embarqués dans les GBC 180, les stagiaires quittent la vallée de Modane pour se rendre cette fois-ci, en haute montagne, près de Valloire. Sur la route, déjà, le vent glacial raidit les corps. Après plus d’une heure de trajet, l’arrêt des moteurs annonce la fin du calvaire. Les têtes sortent enfin des épaules. Tout le monde débarque sur le parking. Plus loin, un panneau indique le lieu-dit « Bonne nuit ». Signe d’un bon présage ou farce des instructeurs ? Une par une, les sections s’engagent pour rejoindre le col des Rochilles (2 419 mètres). Soit une ascension de 6 kilomètres et 600 mètres de dénivelé. Rapidement, le détachement est coupé de la civilisation. Alors que la pente s’accentue, des rafales de vent soulèvent la poussière neigeuse, en fouettant, au passage, les visages rougis par l’effort. Avec l’armement, le sac de quinze kilogrammes sur le dos, sans oublier la pulka chargée du matériel collectif, la marche est rude. Au fil des lacets, les sections s’emparent un à un des objectifs désignés jusqu’au sommet. « Enfin arrivés ! On est à la fin du stage, les corps sont bien éprouvés. Maintenant, on établit notre camp de base pour 72 heures, avec plusieurs postes d’observation sur les hauteurs. On espère passer la nuit sans subir le froid. Demain on sera dans le dur », raconte le sergent Morgan. .
Deux stagiaires s'apprêtent à descendre une paroi rocheuse de 30 mètres, en rappel.
Plus que quelques mètres à gravir
À l’aube, le bivouac se réveille. La nuit n’a pas été de tout repos. Toutes les heures, les groupes se sont relevés pour armer les postes et effectuer les patrouilles légères d’observation. « Pour cette synthèse, ce lieu n’est pas anodin. Ici, le froid est garanti, expose le directeur des stages. On s’appuie sur une tactique de contrôle de zone mais notre attention se porte essentiellement sur l’organisation de la compagnie dans la réalisation de sa base opérationnelle avancée en montagne grand froid. C’est une occasion d’évaluer aussi la restitution des cours sur l’entretien des personnels et des matériels. L’ennemi, c’est aussi le froid. » Après une brève ascension jusqu’au col, la 2e section entame la journée avec l’activité la plus redoutée, le franchissement d’un équipement de passage (progression dans un parcours vertical équipé au préalable de pitons et de cordes par la section d’éclaireurs skieurs du GAM) sur le pic de l’aigle (2 776 mètres), mis en place, la veille, par la section des éclaireurs à ski du GAM. Les détonations provenant des séances de tirs, en contrebas sont à peine audibles. Le camp des Rochilles paraît minuscule. Sur les hauteurs, la sensation de vide est accentuée. Un stress supplémentaire pour les grimpeurs. Morgan, le chef de groupe, vient de franchir la cheminée. Plus que quelques mètres à gravir. Une fois le parcours effectué, la section redescend avec un rappel suisse2. Une séance de tirs sur neige et la poursuite de l’amélioration du bivouac les attendent. « Nous sommes venus pour apprendre à vivre et à faire notre métier de combattant, les pieds dans la neige », déclare le capitaine Florian, commandant d’unité de la 1re compagnie du 1er RI et chef du sous-groupement. « Au cours de cette formation, mes hommes ont pris conscience des conditions extrêmes qu’ils rencontreront en Norvège. Nous poursuivrons donc notre entraînement chez nous, au pied des Vosges. Le GAM nous a donné toutes les clefs pour réussir. »
Les sections progressent en ambiance tactique, pour rejoindre le col des Rochilles.
Un binôme se prépare pour passer la nuit en tente, sous -15°C
Un stagiaire progresse le long d'une paroi rocheuse , sur le pic de l'aigle. En contrebas, le camp des Rochilles.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
81/06 et Michel aiment ce message
Eva Admin
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Sujet: Re: L’ennemi, c’est aussi le froid Mar Fév 22 2022, 22:51
Merci Michel Pour ce superbe topique et photos et vidéo.
« Lorsque dans notre pays on parle de courage et de grandeur, c’est vers les croix de guerre que se tournent les regards » Alphonse JUIN Maréchal de France