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Sujet: Le Général Séré de Rivières Lun Jan 17 2022, 16:34
Raymond, Adolphe, Séré de Rivières voit le jour à Albi dans le Tarn, le 20 mai 1815. En 1833, il est admis à l’École militaire de Saint-Cyr, puis entre à l’École Polytechnique à l’âge de 20 ans (en 1835) avant de rejoindre l’École d’Application de l’Artillerie et du Génie de Metz d’où il sort deux ans plus tard avec le grade de sous-lieutenant. C’est là qu’il apprendra les notions de la fortification. En 1839, il intègre le second régiment du Génie d’Arras où il perfectionnera ses connaissances en s’inspirant des idées du Marquis de Montalembert. Au fil de son évolution militaire, en Algérie notamment, il devient lieutenant en 1841 puis capitaine de deuxième classe en janvier 1843 avant d’être nommé à la Chefferie de Toulon au cours de la même année, ce qui lui permet de montrer ses capacités en matière de fortification. En 1859, il participe à la guerre d’Italie en tant que chef de bataillon sous les ordres du général Bazaine, il est blessé à la jambe gauche au combat de Mélégnano ce qui lui vaut la croix d’officier de la légion d’honneur au mois de juin 1859. De retour en France,il occupe des postes de plus en plus importants et appliquera ses idées dans les différentes villes où il a exercé telles que Toulon, Nice, Lyon ou encore Metz vers 1864 où il fit construire ses premiers forts (quatre forts détachés). En octobre 1870, il est promu au grade de général de brigade suite à son action à Lyon en calmant l’insurrection et en mettant la place en état de défense, mais lors de la guerre de 1870 son rôle fut des plus limité. Il est ensuite nommé commandant du Génie du IIème corps de l’armée de Versailles (l’armée de l’Est) en janvier 1871 pour son rôle important lors de la victoire d’Arcey. En mai 1871, il dirige la reprise des forts de Vanves et d’Issy tenus par les Fédérés de la « commune » puis, malgré ses réticences il est chargé de l’instruction du procès du maréchal Bazaine. Par la suite, il dirige l’opération de reconnaissance de la défense de la frontière italienne en automne 1871. Suite à ses bonnes actions pendant la guerre de 1870, il est promu au poste de Secrétaire du Comité de défense en juin 1873 où il exposera sa thèse sur un nouveau système de défense des frontières. Il devient ensuite directeur du service du Génie au Ministère de la guerre en 1874 où il aura pour mission de construire une ligne de défense fortifiée allant de Dunkerque à Nice. Le système sera approuvé le 17 juillet 1874 et entraînera la construction de plus de 400 ouvrages sur tout le territoire et portera son nom. Après des mésententes politiques avec le service du Génie en 1880, il est mis à la retraite avant d’être remplacé par le Général Cosserons de Villenoisy qui continuera son programme. Le général Séré de Rivières décède le 16 février 1895 à Paris.
Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
Sujet: Re: Le Général Séré de Rivières Lun Jan 17 2022, 21:33
Merci mon Michel ,
Qu'est ce qu'un fort de type Séré de Rivières ?
Après la guerre de 1870, il apparait que l’enceinte urbaine fortifiée n’est plus la réponse adaptée à l’artillerie nouvelle, et qu’il faut arrêter l’ennemi à plus grande distance de la ville à protéger.
Le Comité de Défense rend un rapport, le 9 mai 1874, initiant les caractéristiques détaillées de ce que l’on appellera désormais un fort « Séré de Rivières » ; ce qui peut se traduire par l'abandon du système bastionné pour l'adoption du système polygonal.
L’ancienne enceinte fortifiée, là où il y en a une, encadre toujours le noyau central concentrant les organes militaires « supports », l’État Major, etc…
Mais, et c'est là la nouveauté, on édifie une ceinture de forts situés à distance variable (jusqu'à environ 13 km du noyau central), et séparés de +/- 4 km l’un de l’autre, de telle sorte que chacun peut aider, le cas échéant, à la défense de son voisin.
Ces forts de « ceinture » ou « détachés » ont leurs façades des casernements et leur entrée tournées face au noyau central, de façon à offrir leur dos à l’ennemi.
Les forts « d’arrêt » quant à eux, sont situés bien plus isolément, souvent bien éloignés de la place forte, car ils ont pour mission d’interdire le passage à l’ennemi via un point particulier, vallée, route, voie ferrée, canal…
Le fort d’arrêt dispose ses organes de défense tout autour de lui, car il est susceptible d’être attaqué de tout point. La disposition de ses organes en tient évidemment compte.
Enfin les forts de « rideau », sont également des ouvrages isolés mais qui, comme leur nom l’indique, sont alignés face à l’ennemi potentiel, et peuvent se soutenir mutuellement.
Sur l’ensemble de ces forts, l’essentiel de l’artillerie est disposée à ciel ouvert, devancée par des talus de terre, encadrée par les « traverses-abri ».
On distingue 3 façons de disposer les pièces d’artillerie, on parlera de « batterie haute » ou de «cavalier d'artillerie» lorsque les pièces d’artillerie sont situées au plus haut ; de « batterie basse » lorsque le sommet du fort est dévolu aux observatoires et à l’infanterie tandis que les pièces d’artillerie sont disposées en retrait des fronts latéraux et de tête et, enfin, de fort à « crête unique » lorsque artillerie et infanterie se retrouvent au même niveau, en arc de cercle autour d’une cour centrale. (souvent le second type et le troisième sont identiques ou se chevauchent).
Cette disposition à ciel ouvert rend les pièces d’artillerie vulnérables et, très vite, avec le béton spécial puis le béton armé, on protègera les pièces d’artillerie sous une épaisse carapace de métal et/ou de béton .
Le fort Séré de Rivières de 1ere génération - plan théorique
Les critères de construction de chaque ouvrage tiennent compte des points suivants :
-La fonction dévolue à l’ouvrage, fort d’arrêt, de rideau ou de place.
-Les positions où l’ennemi peut prendre pied, et installer son artillerie pour menacer le fort.
- La nature du terrain, le relief…
- Le nombre de pièces prévues et, par conséquent, les quantités de munitions, poudres, cartouches.
-Par voie de conséquence, le nombre de soldats nécessaire à la mise en œuvre de ces pièces, et au fonctionnement du fort. Cela détermine la taille et surface des casernements.
En visitant un grand nombre de forts, on se rend compte que s’il y a forcément des « grandes lignes » communes, chaque fort est différent de l’autre.
En effet, chaque chefferie dispose de chefs du Génie chargés de l’exécution et de la surveillance des travaux, dont le projet et les plans ont été validés. Ainsi, chaque chefferie aura ses marottes spécifiques dans la conception des ouvrages fortifiés
La construction d’un ouvrage s’étend sur deux à cinq années.
De façon plus concrète, un fort Séré de Rivières de « 1ère génération » (avant 1885) se caractérise par une construction en pierre (ou tout autre matériau local), des cours avec des façades de casernements à larges ouvertures, un flanquement des fossés assuré par des caponnières, de gorge, simples, doubles, voire triples.
Par la suite, après 1885 et la « crise de l’obus torpille », la puissance croissante des projectiles avec l’invention d'un explosif brisant suffisamment stable pour ne pas exploser sous le coup du départ (ex. la Mélinite) rendit ces forts de « 1ère génération » obsolètes.
Le mortier de certains forts à peine sec, que déjà il fallait tout reprendre !
Il y eut plusieurs étapes :
Renforcement des voutes et façades avec du « béton spécial », on ajoute une couche de sable de 1 m d’épaisseur, formant couche d'amortissement, par-dessus les voutes de pierres, pour limiter les déconstructions et réutiliser ce qui peut l’être.
Suivant les priorités stratégiques, des renforcements importants furent concrétisés dont la démolition des caponnières, jugées trop vulnérables et remplacées par des coffres de contrescarpe bétonnés.
Des casernements bétonnés « à l’épreuve » (des bombardements) sont également coulés.
Les travaux portent aussi sur la sécurisation des accès, la diminution des ouvertures, les traverses-abris et les canons à l’air libre sont remplacés par des tourelles de 75 ou de 155.
Le fort Séré de Rivière bétonné - plan théorique.
Des tourelles de mitrailleuses sont installées pour la défense rapprochée des glacis des ouvrages.
Il y eut aussi des travaux d’électrification, l’amélioration des systèmes de ventilation, voire de chauffage.
Évidemment les travaux ne se résument pas à ces quelques travaux détaillés.
Ce furent de nouveaux chantiers de grande ampleur, la refonte complète de certains ouvrages, équivalente à la construction d’ouvrages nouveaux.
Un effort financier et logistique énorme à l’échelle du pays ; tel que pour l'essentiel, seules quatre places furent modernisées :
Verdun, Toul, Épinal et Belfort.
Le déplacement des frontières aboutit aussi au déclassement de certaines places fortes, jugées trop lointaines, de faible importance stratégique telles Dijon, Reims, Lille,...
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Michel Admin
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Sujet: Re: Le Général Séré de Rivières Mar Jan 18 2022, 09:02
Vraiment très intéressant ton post jean-pierre,je ne connaissais pas merci.
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Sujet: Re: Le Général Séré de Rivières Mar Jan 18 2022, 11:56
Ce topic est intéressant, Digne d'intérêt, dans le sens de tous les détails et liens. Si j'avais un peu de temps, je relierais en détail, les liens que je viens d'ouvrir.
« Lorsque dans notre pays on parle de courage et de grandeur, c’est vers les croix de guerre que se tournent les regards » Alphonse JUIN Maréchal de France
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Sujet: Re: Le Général Séré de Rivières Mar Jan 18 2022, 13:05
Ayant vécu dans l’est de la France, je me suis intéressé aux fortifications de Séré de Rivière. Toute l’ex frontière avec l’Allemagne était couverte d’une série de fortifications ainsi que la ceinture de Paris avec les forts de Champigny, de Noisy le Grand et de Sucy en Brie que j’ai visités. Vers Toul, on peut encore visiter une casemate avec un canon qui tire du moins à mon époque, il y a 40 ans.
« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
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Sujet: Re: Le Général Séré de Rivières Mar Jan 18 2022, 13:14
http://fortiffsere.fr/toul/index_fichiers/Page3350.htm La batterie est en fait à Villiers le Sec près de Toul. Vous pouvez constater avec le lien qu'elle est en parfait état. Dans la colonne de gauche, les fortifs type Sérénité de Rivière sont listées. Des idées d’excursions dans l’est de la France un peu trop pour certains membres qui sont du côté du littoral ! En plus de ces fortifications, il y a celles de Vauban et bien sûr la ligne Maginot. Je voulais acheter depuis longtemps un ouvrage, Séré de Rivière, le Vauban de la défense mais je ne sais pas s'il est encore trouvable.
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Dernière édition par Alexderome le Mar Jan 18 2022, 13:23, édité 1 fois
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Sujet: Re: Le Général Séré de Rivières Mar Jan 18 2022, 13:21
Elle tire encore. Prenez le temps, quelques minutes de regarder. On voit la tourelle monter actionnée par un système à l’intérieur et les deux canons de 75mm tirent encore. Cela mérite d'être vu !
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