La grande histoire les a négligés. Mais ils furent des dizaines de milliers, Français anonymes, à porter secours aux aviateurs alliés abattus au-dessus de l’Hexagone, pendant l’Occupation
Cette nuit du 11 septembre 1941, P. F. Allen, pilote de la Royal Air Force (RAF), ne l’oubliera jamais. Alors qu’il survole l’est de la France, de retour d’une mission de bombardement sur l’Allemagne, l’un des deux moteurs de son appareil, un Vickers Wellington, commence à crachoter. Le pilote estime que son avion ne tiendra pas jusqu’à la côte britannique. Il décide alors de se poser en catastrophe sur une petite colline, près des Riceys, un village connu pour son champagne et son rosé, au sud-est de Troyes;
Le risque est élevé que l’atterrissage dans un pâturage, sans lumières au sol, en pleine nuit, se termine en drame. Le jeune pilote parvient néanmoins à atterrir. Son équipage, six hommes, est indemne. Il ne leur reste qu’à rejoindre le Royaume-Uni en traversant la France occupée sans être capturé…
Les Français au secours des pilotes alliés abattus
Dans son livre Tombés du ciel, Claire Andrieu retrace, dans une enquête passionnante, le sort de ces pilotes britanniques et américains. Elle insiste sur l’importance de l’aide fournie par la population aux aviateurs alliés abattus entre 1940 et 1945. À rebours d’une historiographie encline à voir la population française comme opportuniste et peu résistante, cette historienne aboutit, après le dépouillement et l’analyse des archives militaires du Royaume-Uni et des États-Unis, à une conclusion inverse à ce qui s’est beaucoup répété : durant l’Occupation, « l’aide locale aux Alliés a été un phénomène de masse ».
Quelque 17 000 helpers (les “aidants”), selon la terminologie anglaise, ont été reconnus et remerciés par les autorités britanniques au lendemain de la guerre. Les Américains en ont recensé un nombre équivalent. Malgré la propagande antibritannique du régime de Vichy, l’incompréhension suscitée chez beaucoup de Français par la destruction, en juillet 1940, de la flotte française par la Royal Navy à Mers el-Kébir, l’ampleur des dommages causés par les bombardements alliés (on estime à 50 000 civils français le nombre de
morts sous les bombardements britanniques et américains, presque autant que des victimes civiles britanniques, du fait des bombardements allemands), malgré les risques encourus, aussi, la population de la France occupée n'a jamais cessé d'apporter son concours aux pilotes abattus.
Quatre pilotes alliés leur doivent la vie
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« Lorsque dans notre pays on parle de courage et de grandeur, c’est vers les croix de guerre que se tournent les regards » Alphonse JUIN Maréchal de France