Qu’il est loin le temps où la bonne clémentine de Misserghine ou de Mohammadia (ex-Perregaux) ornait les étals des de fruits et légumes de l’ouest du pays. Ce fruit, qui fait la joie des papilles par son goût sucré et acidulé et sa chair sans pépins, n’est plus disponible a Oran où il avait pourtant vu le jour en 1892. Depuis quelques années, sa culture a reculé devant l’agression du béton. Misserghine, qui était un passage obligé pour les automobilistes se rendant à Aîn Temouchent, a perdu son cachet de « village escale obligée » depuis l’ouverture de l’autoroute Est-Ouest et la réalisation de plusieurs cités d’habitation sur des espaces où poussait à profusion la clémentine. Les vendeurs de fruits et légumes, qui arrivaient à se procurer la clémentine importée du Maroc, d’Espagne et même de France, ont été refroidis par la loi de finances 2018 qui interdit l’importation de ce fruit. « Je vais voir ce que je pourrais faire pour mes clients. Je suis obligé de recourir aux réseaux de contrebande de fruits et légumes encore actifs au niveau du marché de Zouiya à Maghnia », dira un commerçant. Aujourd’hui, les orangeraies où poussait jadis la clémentine ne sont plus qu’un lointain souvenir pour les habitants du village. « Avant on se faisait un plaisir à offrir quelques fruits aux automobilistes de passage chez-nous. Maintenant nous sommes, nous aussi, contraints d’acheter ce fruit à Oran ou Aïn temouchent. Et cette situation est vécue également par les habitants de Mohammadia qui était, il n y a pas si longtemps, considéré comme la Mitidja de l’Ouest. La plaine de la Habra sentait bon la fleur de l’oranger et de la clémentine. Aujourd’hui, les terres sont envahies d’herbes folles et d’eaux usées déversées par les cités nouvellement construites. La clémentine n’est plus qu’un vague souvenir, tout comme les variétés d’autres agrumes qui faisaient la fierté de la région et qui ont fini déracinées en raison d’une urbanisation envahissante et menée sans véritable startégie. La clémentine est un fruit hybride né d’un croisement d’un mandarinier et d’un bigaradier. Le père Clément Rodier, qui était le chef des pépinières de l’orphelinat agricole de Misserghine, avait réussi, en 1892, grâce à un croisement, à donner naissance à ce fruit qui fut reconnu, en 1902, comme nouvelle variété d’agrume. Quelques années plus tard, en 1925, d’anciens colons français, le plantèrent en Corse, une région devenue sa terre d’adoption depuis, avant de devenir un produit agricole exportable pour les agriculteurs d’Espagne et du Maroc à partir des années soixante dix du siècle dernier. Nassim Bensayah Journaliste Algérien Décidément en Algérie tout va mal, guy