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Sujet: 15 novembre 1940, Le « Manifeste des Douze » Lun Nov 15 2021, 21:36
15 novembre 1940, Le « Manifeste des Douze »
Robert Bothereau
Le 15 novembre 1940, trois dirigeants de la CFTC et neuf confédérés (majoritaires alors à la CGT) signent le « Manifeste des Douze », début de la résistance syndicale.
Les signataires, qui vivent encore dans la légalité, réaffirment la mission purement économique et sociale du syndicalisme, l’indépendance vis-à-vis de l’État, la lutte contre l’antisémitisme et le pluralisme syndical.
Les cadres ex-unitaires (minoritaires alors à la CGT, liés au Parti Communiste) n’entrent en résistance qu’après l’invasion de l’URSS par Hitler, en juin 1941, mais avec une plus grande habitude de la clandestinité depuis l’interdiction du PCF en septembre 1939. En résidence surveillée depuis novembre 1940, Léon Jouhaux n’a pas encore les mains totalement liées.
Après l’occupation de la zone Sud par les nazis en novembre 1942, il sera rapidement arrêté puis déporté, coupé de tous.
Mais en 1941, il passe un accord secret avec le grand résistant Emmanuel d’Astier de la Vigerie pour que les confédérés entrent dans les mouvements de résistance Libération-Nord et Libération-Sud.
Les ex-unitaires, sur ordre de Moscou, sont appelés à prendre contact avec toutes les autres forces de la Résistance, dans un premier temps pour défendre l’URSS en clouant des divisions nazies en France, et, si le cours de la guerre est favorable au maître du Kremlin, envisager un noyautage généralisé au moment de la libération.
À l’automne 1942, les ex-unitaires approchent les confédérés.
Le 22 septembre, Léon Jouhaux accepte de rencontrer le communiste Sémat, ancien Secrétaire de la fédération des Métaux, en présence de Louis Saillant.
Ce dernier, résistant infatigable, organise six mois plus tard une fédération clandestine CGT des PTT.
On le retrouvera à Alger, représentant de la Confédération au GPRF (Groupement provisoire de la République française).
Le 17 avril 1943, Robert Bothereau et Louis Saillant rencontrent clandestinement au Perreux, dans la banlieue parisienne, les ex-unitaires Henri Raynaud et André Tollet.
Sur cet accord, uniquement verbal et non ratifié, Léon Jouhaux s’est exprimé :
« Lorsque l’unité devint la réalité souhaitée, je n’étais plus là, malheureusement. Mais je puis bien dire que je n’y fus pas étranger et qu’elle se réalisa dans le sens des accords passés avec mes camarades chargés d’en poursuivre la conclusion. »
Le nouveau Bureau confédéral est alors composé de cinq ex-confédérés et de trois ex-unitaires.
Par rapport à la « réunification » de mars 1936, les communistes gagnent un siège au Bureau.
Mais les ex-confédérés, échaudés par 1922-1936-1939-1941, restent vigilants, comme le prouve la lettre de Robert Bothereau à Benoît Frachon :
« Ou je me trompe, ou bien je dois considérer que nous n’avons pas, dès le départ, envisagé sous le même angle le pourquoi de notre unité... ».
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».