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Sujet: Latécoère 631 Mar 19 Oct 2021 - 11:58
Bonjour
En août 1948, j’ai bientôt neuf ans, et je passe l’été dans une colonie de vacances de la Marine nationale, à Mimizan-plages, dans les Landes. Celle-ci est logée dans les baraquements en bois d’un camp, construit pendant l’occupation par la Kriegsmarine pour l’entraînement des servants de la flak embarquée, et réutilisée par la Marine nationale pour l’entraînement de base des futurs matelots. Pendant les vacances scolaires, le site est utilisé pour les enfants des personnels de la Marine. Il y a des douches chaudes, dont je ne bénéficie pas chez moi, et nous dormons dans des hamacs.
Le camp de la Marine de Mimizan-Plage, en 1946. Un camping occupe sa place, de nos jours
Une vingtaine de baraquements s’étalent sous les pins, en arrière de la dune, et sur celle-ci, les emplacements de tir s’alignent, sur une longue dalle de ciment. Deux kiosques de sous-marins en ciment dotés d’affûts de flak légère, dominent le site. Ils communiquent entre eux par un passage souterrain, très ensablé. C’est un de nos terrains de jeux favoris.
Je suis allé quatre années de suite dans cette colonie, de 1946 à 1949. La première année, beaucoup de pièces (rouillées) de flak légère, où d’affûts, sont encore en places, ainsi que des réseaux de barbelés. Il y a aussi un radar, un Würzburg géant, comme je l’apprendrai bien plus tard. Des douilles de différents calibres sont enfouies dans le sable. C’est notre chasse aux trésors…
Les kiosques de sous-marin en béton en 1946 et en 1987. Ils ont depuis été remblayés
Un prisonnier de guerre allemand est chargé de l’entretien. Il n’est pas très jeune, peut-être la bonne trentaine, et certainement père de famille. Nous nous sommes pris d’affection pour ce géant blond.
Un jour, on nous embarque dans un car, pour une visite qui a marquée mon enfance, et dont les détails sont gravés dans ma mémoire. Après une bonne heure de route dans la forêt de pins, nous débarquons dans un endroit bien propre à enflammer l’imagination d’un jeune garçon. Sur une immense esplanade de béton, au bord d’un lac, des hydravions géants sont au sec sur leur berceau. D’autres sont mouillés, amarrés à leur bouée, à peu de distance. Deux grands hangars métalliques encadrent la plateforme. Nous sommes sur la base des Hourtiquets, située au nord-ouest de l’étang de Biscarrosse et de Parentis, et les hydravions sont des Latécoère 631 hexamoteurs. Plusieurs de ces engins, aux couleurs d’Air-France, assurent à partir de la base des Hourtiquets les vols vers les Antilles. L’émerveillement suscité par le gigantisme de ces machines, aussi grandes qu’un Airbus A 330, et par le confort qu’ils offraient à leurs passagers, perdure en moi. C’est un des beaux souvenirs de ma vie.
La base des Hourtiquets en 1958, à la fin de son existence. Deux Latécoère 631 sont visibles,
démunis de leurs moteurs, et de leurs ailerons
La carrière de ces machines a malheureusement été entachée de plusieurs drames, qui ont fait de lui « l’hydravion malchanceux ». Voici, résumée, son histoire.
Dans l’immédiat avant Seconde Guerre mondiale, les vols transatlantiques avec passagers ont commencé leur essor, mais on ne jure alors que par l’hydravion pour les effectuer. Pour deux raisons :
- il semble logique d’utiliser un hydravion pour survoler l’océan, même si les faits ont démontré que l’amerrissage en pleine mer se passe rarement sans problèmes
- il n’existe pas, ou peu, et c’est la raison fondamentale, de pistes permettant le décollage à pleine charge d’un avion terrestre emportant suffisamment de passagers pour être rentable.
Les Américains et les Britanniques, mettent donc en service des hydravions gros porteur, essentiellement sur l’Atlantique nord avec des quadrimoteurs Boeing 314 Clipper pour les premiers, vers leurs colonies d’Orient et d’Extrême-Orient avec des Short Empire, également quadrimoteur, pour les seconds.
Le Boeing 314 Clipper du Musée de l'Hydraviation
Le Short Empire du Musée de l'hydraviation
Nos ingénieurs ne sont pas en reste et, au début de 1937, un cahier des charges est présenté par le ministère de l’Air, pour la réalisation d’un hydravion transatlantique, pesant au maximum 40 tonnes, et pouvant franchir 6 000 kilomètres avec 20 passagers. Ce programme donnera naissance au magnifique CAMS 161 (Chantiers Aéro-Maritimes de la Seine, ex-Potez).
Le Potez-CAMS 161 du Musée de l'Hydraviation
A suivre, en fonction de l'enthousiasme des lecteurs... JJ
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Michel Admin
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Sujet: Re: Latécoère 631 Mar 19 Oct 2021 - 13:44
Bonjour JJ,merci beaucoup pour le partage de ses souvenirs,et pour les photos vraiment très intéressant encore merci
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Latécoère 631 Jeu 21 Oct 2021 - 9:56
Bonjour JP Oui, ton plan montre le CAMS 161. A noter, sur ma photo, la peinture "haute visibilité" adoptée pour faciliter le repérage en cas d'amerrissage forcé.
Suite de l'article
Ce n’est qu’un projet de transition, et, fin 1937, un nouveau programme voit le jour, concernant cette fois un appareil de 60 tonnes, susceptible d’emporter 40 passagers. Deux appareils répondront à cette spécification, le SNCASE SE 200, et le Latécoère 631-01 (F-BAHG). La construction des prototypes des trois appareils est entreprise, puis stoppée à la déclaration de guerre. Elle reprend, au ralenti et sous contrôle de l’occupant, après l’armistice. Les appareils font leur premier vol en 1942 puis, après des essais réussis à Marignane, sont réquisitionnés par les Allemands. Convoyés en Allemagne, tous trois finiront leurs jours sous les mitraillages des avions alliés, en 1944.
Le concurrent du Laté 631, le SE 200. Il est un peu moins performant que ce dernier, et seuls
trois exemplaires seront construits, en plus du prototype, dont deux seulement voleront
Le Latécoère 631-01 à Marignane. Il sera détruit en Allemagne
Après la libération, l’assemblage du Latécoère 631-02 (F-BANT), construit pendant l’occupation, est entreprise à Biscarrosse, où l’entreprise possède son usine (Bréguet-Latécoère) et son hydrobase, située non loin de la base des Hourtiquets. Cette dernière, terminée avant la guerre, et utilisée en 1939-40 par l’Aéronavale, a été gravement endommagée par son dernier occupant, la Kriegsmarine, qui a détruit avant son départ les deux hangars métalliques, de 60 mètres d’ouverture libre, ainsi que le superbe hangar en béton de 150 mètres d’ouverture libre, réalisé juste avant la guerre. Seuls les deux hangars métalliques seront reconstruits.
Le grand hangar de l'usine Bréguet-Latécoère
Les photos montrant le grand hangar des Hourtiquets sont rares. En voici une, avec un Arado 196 au premier plan
Baptisé Lionel de Marmier, le F-BANT exécute son premier vol le 6 mars 1945. Dix appareils de série sont commandés, et construits à grand frais. Mais la guerre et les progrès techniques induits sont passés, et l’appareil, très moderne à sa conception, est devenu obsolète. Des avions gros porteurs terrestres ont vu le jour, et les pistes en dur se sont multipliées de part le monde. La compagnie Air-France, à qui plusieurs exemplaires sont destinés, ne déborde pas d’enthousiasme à l’idée d’exploiter ces appareils trop lents, qu’elle juge non rentables. Seule la liaison vers les Antilles parait envisageable, Fort-de-France et Pointe-à-Pitre ne disposant pas de pistes de grande longueur.
Le Latécoère 631-02 F-BANT en vol au-dessus du lac de Biscarrosse
Le 31 octobre 1945, le premier accident d’une trop longue série, a lieu. Il n’engage nullement la conception de l’appareil. Lors d’un vol d’endurance et de présentation en Amérique du sud, entre Rio et Buenos Aires, l’hélice du moteur intérieur gauche se détache. Sous le choc, le moteur tombe à la mer. Une pale de l’hélice traverse le fuselage, et tue deux passagers, une autre pale percute le moteur voisin, qui reste en place par miracle, mais sous un angle négatif impressionnant. Le pilote réussit un amerrissage de fortune sur une lagune. L’appareil gagnera Montevideo sur quatre moteurs, après des réparations provisoires, puis Biscarrosse. L’accident a été provoqué par la rupture de l’axe d’hélice, réalisé en aluminium pour gagner du poids. La recherche de gains de poids, rendus nécessaires par la sous-motorisation de l’appareil, sera la cause de deux autres accidents.
L'accident du F-BANT. Au premier plan, le moteur 2, affaissé, puis la nacelle du moteur 3, privée
de son moteur. On voit bien les dégâts causés par la pale d'hélice qui a tué deux passagers.
Le 21 février 1948, le Latécoère 631-07 F-BDRD s’écrase en mer près de Sainte-Mère-Eglise, dans la Manche. Son pilote, inexpérimenté sur ce type d’appareil, a pris la responsabilité de décoller à destination de Biscarrosse avec cet appareil neuf, sur lequel la radio n’a pas encore été installée, et malgré une météo très défavorable. Parti du Havre, il va jusqu’à Cherbourg, puis fait demi-tour pour tenter, apparemment, un amerrissage à l’abri de la presqu’île du Cotentin. Il s’empale sur les débris du port artificiel d’Utah Beach. Il n’y a aucun survivant parmi les 20 membres d’équipage et passagers. Le Latécoère 631-07 F-BDRD, perdu devant Utah Beach
Le Latécoère 631-06 F-BDRC, perdu dans l'Atlantique le 31 juillet 1948. Il est le seul a avoir été décoré aux couleurs d'Air-France
Le 31 juillet 1948, le Latécoère 631-06 F-BDRC, un de ceux exploités par Air-France sur la ligne des Antilles, disparait sans explication entre Fort-de-France et Port-Etienne, son escale intermédiaire, avec 40 passagers et 12 membres d’équipage. Il n’y a pas eu d’appel de détresse, et peu de débris seront retrouvés. Plusieurs appareils participent à sa recherche, dont le Latécoère 631-04 F-BDRA, qui bat un record jamais égalé, en tenant l’air 26 heures sans interruption. Aucune conclusion valable sur les causes de l’accident ne sera émise par la commission d’enquête. Cet accident marque la fin du transport de passagers sur ce type d’avion, et il faudra attendre le suivant pour en comprendre les causes. Le Latécoère 631-04 F-BDRA
Ma visite à la base des Hourtiquets se situe immédiatement après cet accident, et je me souviens parfaitement du guide qui nous avait expliqué, sans donner de détails, que les avions étaient immobilisés, suite à des difficultés techniques.
Le hangar nord des Hourtiquets, tel que conservé intact dans ma mémoire...
Le même, au Musée de l'hydraviation, à Biscarrosse
A suivre...
JJ
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Sujet: Re: Latécoère 631 Jeu 21 Oct 2021 - 15:24
De magnifiques avions (hydravions) , j'avais vue un reportage sur la 24 je crois sur L'hydraviation et la base des Hourtiquets .
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Eva Admin
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Sujet: Re: Latécoère 631 Jeu 21 Oct 2021 - 20:06
Un récit souvenir, très bien détaillé. Merci Patard
« Lorsque dans notre pays on parle de courage et de grandeur, c’est vers les croix de guerre que se tournent les regards » Alphonse JUIN Maréchal de France
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Sujet: Re: Latécoère 631 Jeu 21 Oct 2021 - 20:42
Encore Merci et vite la suite mon JJ .
Le 631-01 F-BAHG sur le lac de Constance .
L'appareil qui intéresse les autorités allemande , est pris par l'occupant et convoyé en Allemagne par le pilote Von Engel en Mars 1944 .
Ancré sur le lac de Constance , il est détruit peu après son arrivée le 07 Avril 1944 par les bombes alliées .
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Latécoère 631 Jeu 21 Oct 2021 - 20:54
Latecoere était un pionnier de l’aéropostale et employait des pilotes prestigieux comme Mermoz. Celui-ci avait battu le record de la traversée de l'Atlantique sud avec un Latécoère 28 baptisé le Comte-de-la-Vaulx en mai 1930.
A noter que les vainqueurs de la coupe Schneider et qui battaient des records de vitesse étaient des hydravion, comme le Macchi M 39
ou le Supermarine S 6 qui sera la matrice du célèbre Spitfire
« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
Dernière édition par Alexderome le Jeu 21 Oct 2021 - 21:02, édité 2 fois
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Sujet: Re: Latécoère 631 Jeu 21 Oct 2021 - 20:57
La couleur rouge du M.39 est rouge comme pour les Ferrari, couleur attribuée à l’Italie, bleu à la France ( Bugatti), vert aux anglais, argent aux allemands.
« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier
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Patard membre confirmé
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Sujet: Re: Latécoère 631 Jeu 21 Oct 2021 - 21:20
Oui, JP... Une curiosité: l'immatriculation allemande: 63+11 631 pour Laté 631 et 1 pour N°1 Logique... Pareillement, ils avaient immatriculé le CAMS 161: 16+11, et le SE 200: 20+01.
Alex, Mermoz, avec son Laté 28-3 a réussi la première traversée commerciale de l'Atlantique sud. Le retour s'est moins bien passé, car le Laté a fait un amerrissage forcé au milieu de l'Atlantique. Panne de moteur, sans doute provoquée par la fatigue de ce dernier, suite aux 53 tentatives de décollage depuis Natal. L'appareil a fini par couler. On touche du doigt la réserve émise plus haut, au sujet des amerrissages en plein océan. La coupe Schneider est une autre aventure, certes passionnante, mais hors sujet. JJ
Réplique, vue à Biscarrosse, du Laté 28-3 de Mermoz, réalisée pour les besoins d'un téléfilm. Elle est actuellement dans les hangars de Melun-Villaroche
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Sujet: Re: Latécoère 631 Jeu 21 Oct 2021 - 23:34
Bonjour
Suite et fin...
Le 15 mars 1950, le Latécoère 631-03 F-WANU ex-F-BANU (1), transformé pour le transport de fret, s’écrase en mer lors d’un vol d’essai, au large du cap Ferret. Les dits essais ont naturellement pour objectif la recherche des causes de l’accident du F-BDRC. On a une idée sur ces causes, et les essais vont porter sur l’analyse des phénomènes vibratoires, à différents régimes moteurs. Les personnels sont conscients des risques encourus, et un des ingénieurs prenant part au vol s’en est confié à un camarade resté au sol : « nous allons au casse-pipe ». Mais cette fois, il y a des témoins. Ils affirment avoir vu un morceau important de l’avion se détacher de l’aile gauche, avant que l’appareil parte en vrille et s’écrase sur le dos. Encore une fois, pas d’appel de détresse, et aucun survivant parmi les 12 membres d’équipage et de l’équipe d’essais.
Le Latécoère 631-03 F-BANU aux Hourtiquets
La quasi-totalité des débris de l’appareil est récupérée, et après essais en soufflerie d’un élément d’aile prélevé sur un autre appareil, le verdict tombera : fatigue du métal due aux vibrations induites par les moteurs. Principale incriminée, une biellette de commande d’aileron, réalisée, là encore, en aluminium pour gagner du poids. La rupture de la biellette provoque le braquage brutal de l’aileron, qui entraine la rupture par torsion de la partie externe de l’aile, au-delà du moteur extérieur. Il semble que le défaut soit aggravé par le montage sur cet appareil de moteurs plus puissants, vibrants davantage, dont était également équipé le F-BDRC. L’accident de ce dernier se trouve ainsi expliqué, d’autant qu’un de ses mécaniciens avait noté que son appareil vibrait anormalement.
Le Latécoère 631-08 F-BDRE au Hourtiquets
Après ces accidents, les modifications nécessaires sont réalisées, et on peut penser que l’appareil en a fini avec ses problèmes de jeunesse. A partir de 1952, sous les couleurs de la société France-Hydro, le Latécoère 631-08 F-BDRE va entreprendre une série de vols d’endurance à destination de Saigon, via Bizerte. On envisage en effet d’utiliser les six machines disponibles (2) pour les transports militaires vers l’Indochine. Mais ce sont, en définitive, les sept SE 2010 Armagnac qui seront choisis pour assurer cette liaison, sous les couleurs de la SAGETA.
Le F-BDRE à Bizerte-Karouba, en mai 1952
Un Armagnac à Bizerte Sidi-Ahmed
Le SE 2010 Armagnac, conçu pendant l'occupation, est également un échec commercial. Malgré l'adoption des moteurs les plus puissants disponibles à cette époque, ceux du Boeing B-29, il est trop lourd, et donc sous-motorisé et trop lent. De plus, le caisson de son aile traversant la cabine, un escalier est nécessaire pour le franchir, ce qui ne facilite pas le service. Je l'avais visité lors d'un salon, et cette particularité m'avait frappé. De 1953 à 1955, le F-BDRE est utilisé en Afrique, et se rend fort utile pour le transport vers le port de Douala du coton récolté au Tchad. Plusieurs milliers de tonnes sont ainsi transportées, et un autre appareil, le F-BANT, est préparé à Biscarrosse pour faire face à l’augmentation de la demande. Mais, le 10 septembre 1955, le F-BDRE se disloque en vol au-dessus du Cameroun, après avoir traversé un orage tropical. On supposera qu’il a été victime d’un phénomène vibratoire, qui a provoqué la rupture de l’empennage. Les huit membres d’équipage sont tués, ainsi que les huit passagers. C’est la fin des Latécoère 631, et les sept appareils survivants, sont stockés à Biscarrosse, puis ferraillés dans les années suivantes.
Le F-BANT, transformé en cargo, prêt à s'envoler pour l'Afrique. La disparition du F-BDRE lui coupera les ailes...
L’hydrobase des Hourtiquets est définitivement fermée, et le site est inclus dans le périmètre du Centre d’essais des Landes, à sa création en 1962. Les deux hangars sont démolis à la fin des années 1990. En 1960, je suis passé plusieurs fois à proximité de la base, lorsque le camp de la Naouas (ou de Naouas), utilisé surtout pour l’entrainement des personnels des régiments d’artillerie antiaérienne, servait aussi pour l’endurcissement des recrues du GIBPOM. Les 30 kilomètres du parcours Ychoux-Naouas étaient parcourus de nuit et, au petit matin, la bifurcation de la route vers la base était comme l’annonce de la fin de leur souffrance.
Le panneau du Touring-club de France, au musée de l'hydraviation
Quant à moi, le panneau du Touring-Club de France « Hourtiquets Base transocéanique 1km2 » me faisait rêver! La base Bréguet-Latécoère n’existe plus, mais un musée de l’hydraviation a été installé à proximité. On peut y voir, entre autres merveilles, des maquettes du Latécoère 631, et de rares et précieux objets le concernant.
Cabine double de Latécoère 631 reconstituée au musée de l'hydraviation.
Les fauteuils se transformaient, pour la nuit, en lits superposés
Les accidents des Latécoère 631 ont marqué durablement le monde de l’aviation, et l’opinion publique, par la soudaineté de leur déclanchement, l’absence de toute alerte radio, et leur terrible bilan. Personne n’a survécu à ces crashs, longtemps enveloppés de mystère.
Voler, à cette époque, présentait encore des risques certains. Comment ne pas être admiratif devant le courage et l’abnégation des équipages d’essais, qui, dans les années suivants la Seconde Guerre mondiale, se sont sacrifiés pour la renaissance de l’aviation française.
Caractéristiques et performances
Envergure : 57,430 mètres, longueur : 43,46 mètres, hauteur hors-tout : 10,35 mètres, tirant d’eau : 1,75 mètres au poids de 70 tonnes, capacité d’essence : 46 000 litres.Altitude de croisière : 3 000 mètres, vitesse de croisière pratique : 320 km/h, autonomie : 6 000 km, avec les réserves Moteurs : 6 x Wright R-2600 A5B 6 de 1620 ch au décollage, puis 6 x Wright R-2600-20 76 C14BB1 de 1930 ch au décollage (le Wright R-2600-20 Cyclone 14 motorisait, entre autres, le Grumann TBM Avenger, le Curtiss SB2C Helldiver, le North American B-25 Mitchell, etc…).
Masse maximale au décollage : 72 t avec les moteurs A5B 6, ou 75 t avec les moteurs 76C14BB1
Moteur Wright R-2600-20 Cyclone, en double-étoile
1) Les aéronefs modifiés reçoivent, pour de leurs essais, une immatriculation en F-W…
2) Le dernier appareil de la série n’a pas reçu sa voilure
JJ
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Michel Admin
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« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Eva Admin
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« Lorsque dans notre pays on parle de courage et de grandeur, c’est vers les croix de guerre que se tournent les regards » Alphonse JUIN Maréchal de France
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Sujet: Re: Latécoère 631 Lun 1 Nov 2021 - 17:42
Merci pour votre contribution...
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Sujet: Re: Latécoère 631 Lun 1 Nov 2021 - 18:25
Superbe quelle époque, c'est bien de le montrer; pour la mémoire Bravo et merci
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Patard membre confirmé
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Sujet: Re: Latécoère 631 Mer 3 Nov 2021 - 11:59
Bonjour Je ne sais si certains l'ont remarqué sur la vidéo, mais l'intérieur des nacelles moteurs du 631 étaient accessible de l'extérieur. Une porte, bien visible à 0,20, permettait de pénétrer dans la nacelle pour accéder à l'arrière du moteur. L'arrière des moteurs était également accessible de l'intérieur. Une galerie, située derrière le bord d'attaque de l'aile, autorisait la visite en vol, à partir du poste des mécaniciens situé derrière le poste de pilotage. JJ
Accès à la galerie de visite, située dans l'épaisseur de l'aile
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Commandoair40 Admin
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« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Tregor22/85
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Recherche tout (doc, photos etc..).sur les 601ème et 602ème GIA entre 1935 et 1940
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Patard membre confirmé
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Sujet: Re: Latécoère 631 Ven 5 Nov 2021 - 16:30
Bonjour Une belle vue, prise à Biscarrosse sur la base Latécoère. Il s'agit du 02 F-BANT, en 1945, au début de ses essais. La guerre n'est pas finie, et les poches de l'Atlantique sont proches. C'est pourquoi il porte les bandes d'identification. JJ
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Commandoair40 Admin
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