Libéré début mai 1960, je trouve du travail à Maison-Carrée, d'abord à la Sté Heulin qui construit la future usine de montage RENAULT au lieu-dit « Les Eucalyptus ». Comme tout le monde, j'ai écouté le discours de C2G du 4 novembre, qui évoque la future République algérienne, moins de 6 mois après avoir quitté l'armée, je commence à réaliser, que mon pays de cocagne, C'EST FOUTU ! Le 9 décembre 1960, C2G visite l'Oranie, arrivé en hélicoptère à Aïn-Témouchent, l'accueil est houleux. A Alger, le Monoprix rue d'Isly est attaqué et mis à feu, des voitures brûlent, une voiture conduite par des musulmans, mitraille les passants, des magasins sont dévastés, des européens molestés, lynchés. Le 10 décembre une manifestation du FAF (Front de l'Algérie Française) a lieu rue Michelet, sous la pression des gendarmes mobiles, qui ont reçu une dotation en grenades offensives, les manifestants refluent. Avec des copains, nous sommes attablés à la terrasse d'un café, en train de boire l'anisette, un G.M lance 2 grenades off et j'en reçois une entre les jambes.. Une fois pansé, on me ramène au Champ de Manoeuvres (quartier entre Alger et Belcourt), j'y retrouve ma vieille Aronde, il est 19h environ. Les musulmans encadrés par le FLN, sont descendus des hauteurs, armés de haches, de bâtons, de couteaux et ont tout saccagé......magasins défoncés, autos incendiées, un vrai spectacle de désolation. Mon auto fait tellement pitié, que les arabes ont dû penser qu'elle appartenait à un coreligionnaire.... Je rentre à Maison-Carrée dans ma pension de famille, rue Zévaco, quand la propriétaire, Mme Lopez, me voit avec mon pantalon (bleu-roi) déchiqueté, elle pousse un cri d'effroi et m'emmène chez son médecin. Avec sa secrétaire, ils travailleront jusqu'à minuit, pour extraire 44 éclats d'aluminium, il n'a pas voulu me faire payer et je ne les ai jamais oubliés. Le calme ne sera rétabli, que le 13 décembre, de nombreux meneurs FLN seront arrêtés. Bilan : 118morts dont 6 européens et 2 commissaires de police, 600 européens et 250 musulmans internés.