Il y a 85 ans, début du siège de l'Alcazar de Tolède
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Alexderome Admin
Nombre de messages : 9338 Age : 59 Emploi : A la recherche du temps perdu Date d'inscription : 22/10/2010
Sujet: Il y a 85 ans, début du siège de l'Alcazar de Tolède Dim Juil 18 2021, 22:53
Le 19 juillet 1936 l'annonce du pronunciamiento des généraux rebelles, la garnison de Tolède se rallie au camp nationaliste. Elle est commandée par le colonel José Moscardó Ituarte, directeur de la Escuaela Central de Gimnasia, l'Académie Militaire de Tolède. Pour défendre la place-forte, il dispose de 690 gardes civils du II Tercio de la Guardia Civil, 357 officiers et instructeurs militaires de l'Académie, une centaine de phalangistes et moins d'une dizaine de cadets, les élèves de l'École étant en congés d'été. Le colonel José Moscardó Ituarte se retranche dans l'Alcazar, assiégé par les troupes du général Riquelmé, envoyées de Madrid. L’Alcazar est le siège de l'école d'infanterie espagnole.
Le 21 juillet le général José Riquelme y López, chef de la 1ª División Orgànica, est envoyé à Tolède avec une colonne forte de 1400 hommes pour obliger le séditieux colonel à livrer les munitions demandées de l'arsenal de Tolède que Moscardo s'est empressé de s'emparer.. L'arrivée de l'avant-garde de la colonne Riquelme contraint Moscardó à replier ses troupes dans l'Alcazar et de s'y enfermer en attendant l'arrivée d'une colonne de secours. Les assiégés ne disposent pas de moyens pour communiquer avec l'extérieur. Les liaison téléphoniques sont coupées mais peuvent être rapidement remises en fonction par les Républicains et ainsi Riquelme renouvelle chaque jour ses injonctions de reddition que Moscardó rejette par un : « Nous ne nous rendrons jamais ! ».
Le 23 juillet, alors que Moscardó tient un conseil de guerre avec ses officiers, la sonnerie du téléphone retentit. A l'autre bout du fil se tient Candido Cabello, le chef de la milice républicaine. Il exige la reddition de l'Alcazar dans les dix minutes qui suivent ou alors il fera fusiller Luis en représailles.Il passe le combiné au fils de Moscardó :
-Papa !
-Qu'est-ce qu'il se passe mon fils ?
-Ils disent que si tu ne te rends pas, ils vont me fusiller.
-Si c'est vrai, recommande ton âme à Dieu et meurs comme un héros en criant Vive l'Espagne !
Vive le Christ-Roi ! Je t'embrasse mon fils.
-Je t'embrasse papa.
Reprenant le combiné des mains de Luis, Cabello reçoit comme réponse laconique : « L'Alcazar ne se rendra jamais ».
La menace sera mise en exécution, Luis sera fusillé le 23 août près de la synagogue du Transito. Son père n'apprendra la nouvelle qu'à la libération de l'Alcazar. L’Alcazar est bombardé par l'escadrille Espana, Malraux raconte cet épisode dans l'Espoir : page 173 :" ...l'Alcazar même qui continuait à tirer; ses pointeurs étaient des officiers de l'école d'artillerie.." Seulement il n'y a que deux canons de montagne dans l'Alcazar et pas de DCA. Malraux n'était même pas pilote. Et Tolède était le siège d'une école d'infanterie, pas d'artillerie. Tous les furieux assauts républicains sont repoussés, les nationalistes retranchés dans les décombres tiennent bon. Les murs sont épais de 3,50 m. Pour les Républicains, s'emparer de l'Alcazar est une question de prestige. C'est par cette école que sont passés Franco, Yagüe et d'autres généraux, si Tolède n'était pas un objectif stratégique car le but des armées du Sud était de marcher sur Madrid, secourir l'Alcazar allait donner un certain prestige à Franco, il n'oublie pas les assiégés et aussi au souvenir de son passage en tant qu'élève-officier. Yagüe était contre l'avis de Franco de se dérouter sur Tolède, il a été remplacé par Varela mais Franco ne lui en a pas tenu rigueur, c'était une erreur stratégique, il le savait mais une victoire pour la propagande et asseoir son prestige. Quelques clichés de l'Alcazar en ruines : source : http://www.uclm.es/Ceclm/b_virtual/imagenes/Gue_Civil/toledo/alcazar/C6F209.htm
Le sacrifice du capitaine Luis Alba Navas.
source cliché : http://toledogce.blogspot.fr/2014/05/la-mision-del-capitan-alba.html Pensant que la prise de l'Alcazar n'est qu'une question de jours, le gouvernement républicain annonce le 25 juillet à la radio et dans les journaux la reddition des rebelles. Les assiégés qui sont dans l'incapacité de communiquer avec l'extérieur mais qui disposent d'un récepteur bricolé avec les moyens de fortune, entendent cette fausse proclamation. Dans la journée, trois avions républicains survolent l'Alcazar et larguent des tracts invitant la garnison à se rendre ou déserter. Le capitaine Luis Alba Navas, instructeur à l'Académie d'Infanterie se porte volontaire pour une mission-suicide. Il entend franchir les lignes ennemies, marcher à la rencontre des troupes nationalistes du nord commandées par le général Mola et avertir que l'Alcazar continue de résister. Le colonel Moscardó accepte le plan, conscient des risques courus par le courageux capitaine. Le soir-même, vers 23 heures après avoir salué une dernière fois ses camarades, Alba parvient à se faufiler au travers des positions républicaines. Ayant traversé le Tage à la nage, il parcourt 38 kilomètres durant la nuit. Vers 8 heures du matin, il est arrêté par une patrouille et malgré ses faux papiers il est reconnu par un ancien soldat ayant servi sous ses ordres. Il est fusillé sans aucun jugement, son corps profané. Il sera décoré à titre posthume après la guerre de la Cruz Laureada, la plus haute distinction militaire espagnole.
Le texte provient en partie de mon article paru dans la Revue d'Histoire Européenne en novembre dernier.
Je vous propose de suivre chronologiquement l'Histoire du siège et d'attendre août pour la suite.