Histoire : le 11e R.E.I. dans la Bataille de France en 1940.
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Commandoair40 Admin
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Sujet: Histoire : le 11e R.E.I. dans la Bataille de France en 1940. Mer Juin 30 2021, 17:06
"Histoire"
Le 11e R.E.I. dans la Bataille de France en 1940.
Chefs de corps du 11e R.E.I.
Octobre 1939 : colonel Maire ; 24 décembre 1939 : colonel Robert (nommé chef de l’infanterie divisionnaire le 10 juin) ; juin 1940 : chef de bataillon Clément. Organigramme du 11e R.E.I.
Chef de corps : colonel Robert.
État-major : chef de bataillon Robitaille ; médecin-capitaine Blanc-Perducet puis Lados ; officier adjoint : lieutenant Cardonne ; officier de renseignement ; lieutenant Virenque ; officier ‘’Z’’ : lieutenant Lamor ; vétérinaire : sous-lieutenant Lemoine ; aumônier : capitaine Watel puis Houet. Compagnie de commandement : capitaine Perret puis Lignez ; officier transmissions : lieutenant de Rousiers ; chef des éclaireurs motos : lieutenant Malaud ; officier pionnier : lieutenant Martin.
Compagnie hors rang : capitaine Chiron ; officier d’approvisionnements : lieutenant Papot ; officier de ravitaillement : lieutenant Laparra ; officier de dépannage : lieutenant de Besset puis Seillon et Corduant ; pharmacien : lieutenant-pharmacien Carraz. Compagnie régimentaire d’engins : capitaine Costa.
1er bataillon : chef de bataillon Auffrey puis capitaine Rouillon ; capitaine adjudant-major : capitaine Rouillon puis capitaine Clément ; officier adjoint : lieutenant Girard ; médecin-lieutenant Pressard et médecin-sous-lieutenant Devaux ; et les capitaines, commandant les compagnies : Lemoine à la 1ère, Truffy à la 2e, Emanuelli puis lieutenant Gheyssens à la 3e, Clément à la CA 1.
2e bataillon : chef de bataillon Brissard puis chef de bataillon Rzekiecki d’Alegron ; capitaine adjudant-major : capitaine d’Alegron ; officier adjoint : lieutenant Chapo puis Coubard ; officier adjoint : lieutenant Brochet de Vaugrineuse puis capitaine Lemoine ; médecin-sous-lieutenant Rousson ; médecins-adjudants Hypoustheguy et Fitsche ; et les capitaines, commandant les compagnies : Lanchon à la 5e, Magne à la 6e, Pérossier puis Coquet à la 7e, de Closmadeuc à la CA 2.
3e bataillon : chef de bataillon Guyot puis capitaine Rio et Gaultier ; capitaine adjudant-major : capitaine Marguet ; officier-adjoint : lieutenant Lannelongue puis de Rebeval ; médecin-lieutenant Jaegerschmidt et médecin-aspirant Dejean ; et les capitaines, commandant les compagnies : Marguet puis lieutenant Jayet à la 9e, Février puis Trimaille à la 10e, Lignez puis Lhuisset à la 11e, Baron à la CA 3.
1er novembre 1939 : le 11e R.E.I., avec des gardés et des légionnaires venus d’Afrique et des réservistes E.V.D.G., est créé à La Valbonne sous le commandement du colonel Maire, figure légendaire de la Légion Etrangère, tiré de sa retraite, qui inculque l’esprit de corps.
Son effectif est important dès sa création : 79 officiers, 184 sous-officiers et 2 390 gradés et légionnaires.
Le colonel Robert succède au colonel Maire fin 1939.
Il maintient le régiment avec le même esprit.
Les légionnaires du 11e R.E.I. sont des anciens issus des régiments d’A.F.N. ou des engagés pour la durée de la guerre. Pas de légionnaires d’origine germanique, sauf cas très particulier.
Quelques-uns s’y glissent toutefois.
Antinazis notoires venus chercher refuge à la Légion, des Allemands, des Autrichiens, ont un vieux compte à régler avec le Führer.
Ils seront des soldats fidèles et intrépides, farouchement accrochés à la cause choisie.
17 décembre 1939 : sa formation achevée, le 11e R.E.I. arrive dans la zone des armées en Lorraine ; il est chargé de tenir les intervalles de la ligne Maginot dans la région de Sierck au ravin d’Aspach. Il participe à la drôle de guerre.
Le 11e R.E.I. appartient à la 6e D.I.N.A. de la 2e armée.
A la veille de Noël, le colonel Maire doit, vu son âge, céder la place au colonel Robert. La Légion perd avec lui une de ses têtes d’affiche.
Dans la nuit du 1er au 2e janvier 1940, le 11e R.E.I. monte aux avant-postes.
Le trajet, bien qu’à peine de la valeur d’une demi étape normale, est un véritable calvaire.
Sur les routes glacées, il y a tous les quelques mètres, un cheval ou un homme à terre.
Pour faire la relève en temps voulu sans se laisser surprendre par le jour, il faut porter ou tracter à bras tout le matériel.
Enfin les légionnaires sont face à face avec les ‘’boches’’.
Le jour, l’ennemi reste invisible. Mais, dès que la lourde nuit d’hiver jette ses ombres sur les bois et les ravins, des groupes de rôdeurs, guidés par des chiens, pénètrent partout dans cette ridicule ligne de petits postes où les défenses sont embryonnaires.
Mais les légionnaires s’installent sur la position et commencent à se promener dans les propriétés d’en face. La guerre des patrouilles est engagée.
Alors que la période de ligne est de cinq jours, le 11e R.E.I. demande à doubler la dose afin de ne pas être relevé au moment où il commence à connaître le secteur.
La relève du Régiment arrive finalement après trente jours de ligne. Les ‘’boches’’ sont beaucoup moins hardis et ne s’infiltrent plus dans les lignes françaises.
A 2km500 en avant des petits postes, une longue bannière rouge à croix gammée flotte au sommet d’un pylône électrique. Trois légionnaires, guidés par leur lieutenant, contournent le village occupé et décrochent cet étendard qui les narguait.
14 avril 1940 : le 11e R.E.I. est intégré à la 6e D.I.N.A. du général Verdilhac. Cette grande unité relève de l’armée d’Afrique et inclut, outre le 11e R.E.I., le 21e R.T.A. du colonel Thouvenin et le 9e R.T.M. du colonel Lancon.
20 avril 1940 : l’état numérique par nationalité donne 914 Polonais, 664 Espagnols, 545 Français, 290 Italiens, 112 Belges, 105 Suisses, 62 Russes, 24 Tchèques, 24 Hongrois soit 2 740 hommes sur un total général qui est à ce jour de 3 015.
30 avril 1940 : le 11e R.E.I. du colonel Robert reçoit son drapeau à Boulay, à proximité des positions tenues par l’ennemi. La prise d’armes est présidée par le général Condé.
13 mai 1940 : la division est au repos ; mais il n’est pas question pour la Légion de rester inactive dans un secteur occupant les secondes lignes. Trois groupes francs du Régiment vont chaque nuit explorer le terrain. Au cours d’un des engagements entre patrouilles dans le bois de Merle, en bordure du ravin du Diable, tombent les premiers légionnaires du 11e R.E.I. Parmi eux, un jeune officier des plus prometteurs : le lieutenant Marc Jurion, à Filstroff en Moselle.
14 mai 1940 : à quatre heures du matin, la 6e D.I.N.A. commence à faire mouvement en camions vers la région de Sedan où la 2e Armée est étrillée par les Panzers.
16 mai 1940 : la 6e D.I.N.A. débarque à Dun-sur-Meuse, un peu en retrait de la ligne de combat. En réserve du corps d’armée durant quelques jours, dans le secteur de Damvillers.
20 mai 1940 : le lieutenant Jean Hafenscher, Hongrois, du 11e R.E.I. est tué au combat.
Dans la nuit au 21 au 22 mai, la 6e D.I.N.A. relève deux divisions éprouvées de la 2e Armée, la 3e D.I.N.A. et la 6e D.I., avec mission de tenir face au nord le mouvement de terrain entre la Meuse et la Chiers, en avant de Stenay.
Cette région de bois et de marécages est dure à tenir ; elle est la hantise des régiments de relève.
Affecté au secteur de Sedan, installé au bois d’Inor, sur la rive droite de la Meuse, le 11e R.E.I. est chargé d’interdire l’avance ennemie aussi bien par les hauts que par la vallée de la rivière. La départementale 964 Sedan-Stenay, après Inor, longe les fonds et représente un axe de pénétration convoité par l’adversaire.
La 3e D.I.N.A., constituée par le 14e R.T.A., le 15e R.T.A. et le 24e R.T.T., aux ordres du général Chapouilly, a perdu 3 000 hommes du 15 au 22 mai face à la 68e I.D. et la 71e I.D. du 7e Corps d’Armée du général Von Schobert.
Sous un bombardement violent, les légionnaires occupent les emplacements de combat.
Après le bombardement intense par les Stukas, avec les feulements crescendo des piqués, arrivent les obus de l’artillerie et au besoin les chars.
Sous les feulements nerveusement intolérables des piqués, n’importe quelle troupe commence par s’aplatir : il y a des troupes qui restent là et d’autres qui fichent le camp, parfois l’état-major en tête.
Les légionnaires s’aplatissent, se terrent dans leurs trous sous les bombardements en piqué, mais ne décampent pas.
Ils reprennent leur faction et réparent en vitesse leurs positions.
Évacuer les blessés, enlever les morts.
27 mai 1940 : après une semaine de bombardements intensifs par les Stukas, tous les jours, c’est l’artillerie et les attaques de blindés soutenus par l’infanterie ; le 11e Régiment étranger, premier formé, rattaché à la 2e Armée, est le premier à connaître le feu.
A sept heures du matin, après une intense préparation d’artillerie, les 56e et 71e ID allemandes se lancent à l’assaut. Après la percée de Sedan, les Allemands se ruent sur le 11e Etranger.
La 56e Division d’infanterie, renforcée par les Stosstruppen de la 52e division, après une puissante préparation d’artillerie, se lance à l’assaut des positions du Bois d’Inor.
Un premier assaut est stoppé net à 5 heures ; l’ennemi trouve à s’infiltrer ; l’occasion est magnifique et, dans une clairière, quelques centaines de mètres en arrière, deux officiers allemands rassemblent leurs hommes, au nombre d’une soixantaine, pour préparer un coup sur la seconde ligne des légionnaires, quand, du bois surgissent deux hommes, un sergent et un caporal, fusil mitrailleur à la hanche.
En quelques secondes, la moitié du groupe est fauchée et le reste, terrorisé par ces deux hommes qui leur crient en allemand ‘’rendez-vous ou vous êtes morts’’ se rend.
Quelques minutes plus tard, l’un des deux officiers allemands fait prisonnier, l’autre étant resté tué dans la clairière, dit aux officiers :
‘’Ces deux soldats ne sont pas des hommes mais des démons’’.
A 7 heures, à 9 heures et à 13 heures, les attaques allemandes sont repoussées avec des combats au corps à corps.
En dépit d’une lutte à un contre deux et des pertes subies, le régiment tient ferme.
Dans ce secteur de Verdun, le 11e R.E.I. repousse victorieusement cette puissante attaque allemande.
Les légionnaires tiennent dans le bois d’Inor parce qu’ils sont des hommes courageux et que leurs officiers donnent constamment des ordres très précis et parce que ces légionnaires, ceux de l’active et les rappelés remis dans le bain, sont des soldats avec cinq ans de service.
Ils ont, ou ils ont retrouvé, les réflexes inculqués par cinq années d’instruction, d’entraînement ou de combat (au Maroc) :
Utilisation du terrain, réparation de positions après chaque coup dur.
Tout aussi combattifs et courageux que leurs camarades des autres régiments étrangers, les volontaires du 11e R.E.I. se battent farouchement avec le peu de moyens mis à leur disposition et tiennent des positions impossibles à tenir.
L’ennemi se retire et abandonne près de 2 500 des siens sur le terrain.
Plus de 300 légionnaires sont tombés pour la France : parmi eux l’aumônier Jean Wattel.
Le général Verdilhac salue cette farouche résistance par un ‘’Bravo la Légion !’’ qui fait oublier un moment les difficultés qui se prolongent.
Plusieurs jours durant, les Allemands relancent leurs attaques. Vainement.
1er juin 1940 : à cette date, sur un effectif total de 3 085 officiers, sous-officiers et légionnaires, les pertes totales, tués et blessés, se chiffrent à 504.
Il reste donc en ligne à cette date 2 581 hommes.
7 juin 1940 : le 11e R.E.I. remanie son dispositif pour occuper des positions abandonnées par d’autres unités.
10 juin 1940 : alors que le front n’est plus qu’un souvenir, le 11e R.E.I. reçoit l’ordre de se replier sur la Woëvre, dans la région de Verdun, quinze kilomètres en arrière.
Il couvre le décrochage des troupes françaises.
Saint-Mihiel, Commercy, Vaucouleurs, autant de combats désespérés dans la Meuse.
Du 11 au 19 juin 1940 : après une résistance exemplaire au bois d’Inor, avec le 6e D.I.N.A. le 11e R.E.I. décroche sur ordre en direction de Verdun par la rive droite de la Meuse et Juvigny-sur-Loison ; ce mouvement en retraite voit les légionnaires marquer des temps d’arrêt sur des hauts lieux de 1914-1918 : le Mort-Homme, le bois des Caures.
Lors du repli, un légionnaire doit abandonner dans un fossé son camion neuf avec 5 000 litres d’essence. L’arrière-garde du G.R.D. ne peut le dépanner. Lorsqu’il rend compte à son sergent d’échelon, celui-ci décide de régler la situation. Les deux hommes sautent sur une moto ; aux avant-postes à une douzaine de kilomètres, ils sont arrêtés par les cavaliers du G.R.D. Le lieutenant de l’escouade décide de laisser passer les deux hommes qui ont trois kilomètres à faire au milieu des boches. Cinq minutes plus tard, une immense flamme embrase le ciel et les cavaliers voient rentrer les deux hommes sur leur moto.
L’avance allemande est inexorable avec la 55e I.D. réputée comme l’une des plus belles unités.
Chaque journée ou presque, un repli supplémentaire s’impose pour éviter le débordement par les Panzers du Guderian qui foncent vers le sud-est.
Le 11e R.E.I. reçoit l’ordre de la 6e D.I.N.A. de tenir trois ponts sur la Meuse et six kilomètres de front le long de cette rivière, jusqu’au 19 mai à 4 heures du matin ; la valeur du 11e Régiment étranger s’illustre et se confirme au combat de Saint-Germain-sur-Meuse.
Les Allemands concentrent toutes leurs forces sur les bataillons de Légion.
Une tornade de feu et d’acier s’abat sur les légionnaires.
A plusieurs reprises, les chars et l’infanterie allemande se lancent à l’assaut.
Ils sont systématiquement repoussés.
Du coquet village, il ne reste que des ruines fumantes autour d’un clocher effondré ; mais le 11e R.E.I. tient toujours ses trois ponts sur lesquels reflue la 6e D.I.N.A.
Le discours du Maréchal Pétain, nouveau chef du gouvernement, annonçant qu’il fallait cesser le combat, a sapé la combativité de plus d’un.
Mais au 11e R.E.I., il n’est pas question de baisser la garde.
Le 18 juin, le 11e R.E.I. est encore sur la Meuse, à Saint-Germain-sur-Meuse, un peu au sud de Commercy.
Vaucouleurs n’est qu’à quelques kilomètres.
Le régiment a mission de sacrifice.
La vallée s’est élargie et autorise les infiltrations.
Le 11e R.E.I. doit en verrouiller les passages.
Les Allemands veulent passer.
Ils ont des moyens : blindés, artillerie ; aviation.
Les légionnaires ne disposent que de leurs F.M., de quelques canons de 25 et de leur courage.
La résistance est héroïque.
A la nuit, sur ordre, les défenseurs du bois d’Inor doivent décrocher, juste avant d’être encerclés.
Ces hommes sont pleins de colère en quittant les positions qu’ils ont tenues.
Ils commencent à comprendre la situation en se trouvant mêlés au grand gâchis qui prend par instants des allures de sauve-qui-peut.
Le 11e R.E.I. décroche mais il a été laminé.
Ses compagnies ne sont plus que de grosses sections avec un seul officier.
C’est une unité très éprouvée qui entame la dernière semaine de la campagne de France.
Le 2e bataillon se sacrifie pour couvrir le repli du régiment : les légionnaires comprennent de quoi il retourne ; ils attaquent la division allemande toute fraîche, en pleine forme, pourvue d’artillerie, de chars et de blindés et soutenue par l’aviation tactique.
Son commandant Henri Rzekiecki dit d’Alegron se porte à la tête de ses hommes pour un ultime assaut ; il tombe au milieu de ses légionnaires, entraînant avec lui de nombreux ennemis.
Il se fait hacher sur place à la veille de l’armistice.
Le 2e bataillon perd 75% de son effectif.
Le 11e R.E.I. est encerclé à Saint-Germain-sur-Meuse, après avoir perdu les deux tiers de son effectif.
Mais il reste une unité cohérente. C’est le Camerone du 11e R.E.I.
Le 11e R.E.I. a perdu un commandant, deux capitaines, quatre lieutenants, un médecin.
Les docteurs, les infirmiers et les brancardiers font des prodiges pour ne pas laisser un seul blessé sans pansement.
Le colonel Robert ayant pris le commandement de l’infanterie divisionnaire, le commandant Clément le remplace comme chef de corps du 11e R.E.I.
Après l’éclatement de la 2e armée, la 6e D.I.N.A. est incorporée dans le groupement du général Dubuisson, qui comprenait initialement la 3e D.I.C. et la division légère Burtaire, issue des secteurs fortifiés de Montmédy et Marville.
Le 11e R.E.I. est donc entrainé dans la retraite de ce groupement.
Le 11e R.E.I. est cité à l’ordre de l’armée.
Le régiment disparaît ; son drapeau est brûlé à Saint-Germain-sur-Meuse sur ordre du commandant Clément qui en dresse procès-verbal.
La cravate et le fanion du 1er bataillon sont enterrés dans une boîte en fer-blanc, au pied de l’Église de Crézilles dans la clairière d’Ochey, par le commandant Robitaille, chef d’état-major ; la boîte sera récupérée par la suite en 1941, sur les indications du commandant Robitaille, de retour de Syrie.
Une femme, L.-C. Meifredy lui fera passer la ligne de démarcation et la remettre au commandant.
Cravate et fanion seront déposés à la salle d’honneur à Sidi-Bel-Abbès en février 1942.
Le 19 juin, au matin, le reliquat du 11e R.E.I. au terme d’une pénible marche de nuit, atteint la forêt de Meine, au sud-ouest de Toul.
Surveillés en permanence par un Henschel 126 qui patrouille au-dessus d’eux, les légionnaires ont du mal à se déplacer tout en restant camouflés.
A trois heures du matin, les Allemands s’emparent de la cave où le médecin-chef est resté pour ne pas abandonner ses 95 blessés qui n’ont pas pu être évacués à temps.
Leurs officiers disent alors à ce remarquable officier :
‘’Il est inimaginable que votre Régiment ait pu tenir hier sous le feu d’enfer que nous lui avons fait subir, qu’il n’ait pas lâché ce village malgré nos assauts et vos pertes, surtout que vous n’avez pas eu un seul obus français pour vous soutenir. Partez, monsieur le docteur, avec vos blessés ; ils ont besoin de vos soins’’.
Sur la route de Blenod-lès-Toul, les engins blindés allemands font pour la seconde fois connaissance avec les canons de 25 des légionnaires.
Cette rencontre n’est pas plus heureuse que celle de l’avant-veille, puisque les quatre engins apparus sont détruits.
Les fantassins portés allemands tentent malgré tout deux fois l’assaut des positions des légionnaires qui ne sont que des lisières de bois sans l’ombre d’une organisation ; mais deux fois, ils doivent faire demi-tour à la vue des légionnaires décidés qui n’hésitent pas à sortir des couverts pour mieux ajuster leurs coups et pourchasser ces Feldgrau téméraires.
En milieu de journée, devant la ferme des Quatre-Vaux, les légionnaires repoussent une nouvelle attaque allemande fortement appuyée par l’artillerie.
A vingt-trois heures, les légionnaires reprennent leur marche en direction de Blenod-lès-Toul.
Après des heures de combats, de marches et de contremarches, les hommes titubent de fatigue.
Pâles, barbus, les yeux creux, ils sont méconnaissables.
Pour avancer, ils doivent faire appel à l’énergie du désespoir.
Les pièces de 25 sont sabotées, car les servants sont épuisés, en les tirant à bras.
Les mitrailleuses et les mortiers sont détruits ou jetés dans la rivière.
L’armement collectif est réduit au F.M. 24-29.
Heureusement, les munitions ne manquent pas, même si elles alourdissent les sacs.
Fatigue et dénuement ne font pas vaciller le moral.
La cohésion du 11e R.E.I. ne faiblit pas.
Le 20 juin à l’aube, la 6e D.I.N.A. s’organise au mieux pour se mettre en garde face à l’est.
La Légion tient le centre du front de la division.
Mais le danger provient du sud.
L’ennemi déborde la division et, avec elle, l’ensemble du groupement Dubuisson.
Trois divisions allemandes (24e, 36e, 76e I.D.) font pression pour les envelopper depuis la rive gauche de la Meuse.
Au soir du 20 juin, l’encerclement au sud de Toul du groupement se précise.
Le général Dubuisson ordonne de brûler les drapeaux et de resserrer le dispositif.
Au 21e R.T.A. et au 11e R.E.I., cet ordre est mal perçu.
Les chefs de corps refusent d’obtempérer.
Ils font valoir l’épuisement de leurs troupes et la chance qu’ils ont d’occuper une position dominante sur laquelle ils sont bien décidés à faire Camerone.
Le général Verdilhac doit faire preuve de toute son autorité pour faire exécuter l’ordre de repli ordonné par le sexagénaire Dubuisson.
Le 21 juin à l’aube, légionnaires et tirailleurs reprennent la route, vite repérés par le mouchard.
Heureusement ni l’artillerie ni l’aviation ne se manifestent.
Le sort en est jeté.
Cinq divisions allemandes, 24e, 58e, 71e, 76e, 212e I.D., encerclent maintenant le 42e C.A. et le groupement Dubuisson. 68 000 hommes sont pris dans la nasse, sur la rive gauche de la Moselle, au sud-est de Toul.
Le 11e R.E.I. est pris au piège avec eux.
De son P.C. de Viterne, le général Dubuisson, officier général le plus ancien, fait savoir à l’adversaire, qu’il est prêt à déposer les armes.
A vingt-deux heures, les commandants d’unités en sont informés.
Le 22 juin, à quinze heures trente, le colonel Cuzin signe l’acte de capitulation sans conditions.
Au 11e R.E.I., les légionnaires songent d’abord à dormir afin de récupérer et d’être en condition de reprendre le combat.
Apprenant la reddition, le commandant Gaultier, chef du 3e bataillon, réunit des compagnies et laisse chacun de ses hommes, libre de filer individuellement pour traverser les lignes allemandes. Il reste dans sa ligne : il préfère l’honneur.
En soirée, le commandant Clément convoque ses bataillons et le commandant Robitaille, son chef d’état-major.
La consigne est vite donnée :
Fermer les yeux si des légionnaires s’échappent.
Chaque officier est libre devant sa conscience de sa propre décision.
Mais il doit en rester un par compagnie pour ne pas abandonner les hommes.
La convention de capitulation prévoit une mesure inacceptable pour une unité de Légion : rendre les armes.
Armes, véhicules, matériel sont sabotés.
Les munitions sont enterrées.
Les moteurs des camionnettes tournent sans huile ni eau.
Depuis le 1er juin, 226 hommes ont été tués.
Le 23 juin au matin, en colonnes, la 6e D.I.N.A. prend la route de Toul où l’attend l’internement.
Le 11e R.E.I. ferme la marche.
Sur 3 000 légionnaires montés en ligne et le renfort de 98 hommes fournis par le dépôt de Sathonay, ils ne sont plus qu’environ 700, formant la queue de la colonne des prisonniers qui se dirige sur Toul.
Il reste 23 officiers sur 79.
15 ont été tués et 17 blessés.
Les évasions commencent dès la première heure.
Nombreux sont les officiers partis tout droit en direction de Sidi-Bel-Abbès. :
Les commandants Robitaille et Gaultier, le capitaine Trimaille, le lieutenant Sigmann, des sous-officiers, chefs de section, Liebuda, Brushcaus, Sigenthale.
D’autres, comme les lieutenants Beaumont et Binoche, s’évaderont dès qu’ils auront repris des forces.
Au total 28 officiers se sont évadés.
Nombreux sont les sous-officiers, les gradés et les légionnaires qui s’évadent :
Environ 500 hommes s’évaderont de Verdun ; moins de 200 officiers et légionnaires seront prisonniers en Allemagne.
Les légionnaires du 11e R.E.I. se sont battus en bons et vrais Français ; ils n’ont pas démérité des anciens.
Mais leurs grands chefs étant partis en captivité, le Régiment ne se voit pas discerner les brevets officiels attestant sa bravoure.
Il fera figure de parent pauvre, quand les camps allemands s’ouvriront et que ceux qui n’ont pas réussi à s’évader, rentreront. Ils n’auront pas même à présenter un brevet individuel puisque leurs chefs ne sont pas là pour attester qu’ils furent vraiment des Héros.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
Alexderome, Tregor22/85 et 81/06 aiment ce message
Tregor22/85
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Sujet: Re: Histoire : le 11e R.E.I. dans la Bataille de France en 1940. Mer Juin 30 2021, 17:20
Ola
Quelques figure du 11ème...
colonel-Fernand MAIRE
Colonel Georges Robert
Henryk Rzekiecki d’Alegron. Commandant du 2e Bataillon du 11e REI en 1940.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
Tregor22/85 aime ce message
Alexderome Admin
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Sujet: Re: Histoire : le 11e R.E.I. dans la Bataille de France en 1940. Mer Juin 30 2021, 23:06
Je viens d’en prendre connaissance. Et dire que certains croient dur comme du fer que les Français se sont rendus sans combattre !
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Histoire : le 11e R.E.I. dans la Bataille de France en 1940.
Histoire : le 11e R.E.I. dans la Bataille de France en 1940.