Quand les aigles attaquenr. - texre - image - video
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Athos79 modérateur
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Sujet: Quand les aigles attaquenr. - texre - image - video Mar Déc 15 2020, 14:26
Exercice Eagle Volunteer
Quand les aigles attaquent
Texte et photos : ADC Jean-Raphaël DRAHI
8e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (8e RPIMa), les véhicules en attente de réparation ont laissé place à un rassemblement hétéroclite. Aux côtés des 300 soldats français participant à l’exercice Eagle Volunteer, des Américains de la 173rd Airborne brigade attendent, parfaitement alignés face au chef de corps. Dans quelques minutes, ils recevront le célèbre “brevet para” en conclusion de 72 heures d’entraînement durci.
« Se placer dans les conditions d’un déploiement réel est le moyen le plus sûr de se préparer aux chocs les plus durs. »
Colonel Prod’homme
Il y a quelques mois, le chef d’état-major de l’armée de Terre dévoilait sa vision stratégique pour les dix prochaines années. Pour préparer les forces à de possibles combats de haute intensité, le général d’armée Thierry Burkhard fixait les grands axes de réflexion et de mise en œuvre pour guider les unités dans leur préparation opérationnelle et leur capacité à répondre à tout type d’engagement. Pour le régiment castrais, l’application de cette doctrine prend tout son sens cette semaine. « Le régiment a mis tous les moyens nécessaires pour obtenir le plus haut niveau de réalisme lors des quatre jours d’Eagle Volunteer », explique le capitaine Nicolas du bureau opération instruction (BOI), un des organisateurs de la manœuvre. Aujourd’hui, un entraînement doit se rapprocher le plus possible des conditions de projection. Pour cela, l’exercice se déroule dans un environnement interarmes et interalliés. Aux côtés de soldats du 8, une section de sapeurs du 17e régiment de génie parachutiste et deux binômes du 132e régiment d’infanterie cynotechnique viennent renforcer la partie française. Depuis deux semaines, une centaine de soldats américains de la 173e brigade aéroportée basée à Vicence en Italie, complètent le dispositif.
Les sapeurs du 17e RGP, intégrés à la compagnie américaine, apportent leur expertise pour la reconnaissance des sites suspects. Les sapeurs du 17e RGP, intégrés à la compagnie américaine, apportent leur expertise pour la reconnaissance des sites suspects. Pendant l’exercice le poste de commandement est soumis aux mêmes conditions de rusticité que les compagnies de combat.
Pendant l’exercice le poste de commandement est soumis aux mêmes conditions de rusticité que les compagnies de combat.
Une interopérabilité sans faille Trente légionnaires du 4e régiment étranger, mis en place le dimanche après-midi, se préparent à défendre coûte que coûte la base avancée du terrain d’entraînement du Causse à quelques kilomètres de Castres. Malgré les patrouilles régulières autour de l’ouvrage, ils n’ont pu détecter les commandos parachutistes (GCP) infiltrés la veille. Tapis sous un épais camouflage, les soldats d’élite renseignent depuis plusieurs heures le poste de commandement régimentaire prêt à donner l’ordre d’assaut à la compagnie portée. L’attaque ne dure que quelques minutes. Une section de combat, placée à plusieurs centaines de mètres, effectue une manœuvre de déception : elle concentre l’attention des forces ennemies quand la majeure partie de la troupe arrive par le point opposé. Les tirs sont nourris et couvrent maintenant les ordres des chefs de groupe se rapprochant inexorablement du but de la mission de la matinée. La résistance des bérets verts cède face à l’impressionnante force d’assaut, sous l’œil des arbitres chargés du bon déroulement de l’action. À peine les comptes rendus terminés, de nouveaux coups de feu éclatent près de la zone technique du régiment située à moins de deux kilomètres en lisière de l’aéroport. La coordination est parfaite. Cette fois-ci ce sont les soldats de la 173 qui montent à l’assaut d’une poche de résistance tenue par une section du 14e régiment d’infanterie et de soutien logistique parachutiste, l’autre composante de la force adverse. Près des bâtiments pris sous les tirs des assaillants, le colonel Allen Pepper, attaché de défense américain auprès de l’ambassade des États-Unis à Paris, observe la scène. « C’est important pour moi de me déplacer sur le terrain. Cela me permet de voir la coordination entre nos unités et de comparer nos méthodes de travail. Nos deux pays sont de vieux partenaires et continuent de travailler ensemble notamment sur le continent africain. La réussite de ces opérations passe par une interopérabilité sans faille, et c’est ici, en exercice, qu’elle se bâtit. » L’action terminée, les unités se réarticulent. Il faut tenir la position jusqu’au lendemain matin et la nuit risque d’être longue.
Après une simulation de crash d’hélicoptère, les spécialistes santé doivent traiter une dizaine de blessés graves. Après une simulation de crash d’hélicoptère, les spécialistes santé doivent traiter une dizaine de blessés graves Entraînement durci
Adossé contre un arbre, un marsouin parachutiste profite d’un moment de calme pour grignoter une barre énergétique. À ses côtés, son binôme maintient l’observation. Les militaires se préparent à de longues heures de veille dans une fraîche ambiance automnale. Personne cette nuit ne pourra se reposer confortablement et pour cause : les sacs de couchage ne sont pas autorisés pour la manœuvre. À quelques pas de la sentinelle, près de son véhicule de commandement, le chef de corps prend quelques notes à la lueur de sa lampe frontale. « Pour cette manœuvre privilégiant la souplesse et l’agilité, mes paras se doivent de n’emporter que le strict nécessaire. Très concrètement cela signifie le matériel transmission, optique et optronique, des munitions en quantité dont des moyens anti-char règlementaires et de circonstance. Pas de place pour les éléments de confort car le peu d’espace restant dans les musettes 20 litres est dédié à l’alimentation, explique le colonel Prod’homme. Les gilets balistiques sont équipés de plaques lestées et les pochettes regorgent de chargeurs et de grenades en tous genres. Se placer dans les conditions d’un déploiement réel est le moyen le plus sûr de se préparer aux chocs les plus durs. » Tout au long de la nuit, sous la bâche abritant le poste de commandement, le grésillement des communications radio trouble régulièrement le calme relatif. Les officiers du BOI préparent l’action du petit matin.
Face aux blindés Cette fois-ci, l’objectif est une ferme nichée au milieu de la Montagne Noire. Les partisans sécessionnistes d’un pays ami (soutenu par les soldats français) sont décidés à ne pas se laisser déloger. C’est sans compter sur les soldats d’outre-Atlantique renforcés pour l’occasion par l’équipe GCP. Après d’âpres combats et la prise de la maison, la combinaison interarmes prend tout son sens. La bâtisse est certainement piégée et seules les équipes de reconnaissance du génie, aidées par un binôme cynotechnique, permettent d’assurer une intervention en toute sécurité. Une fois la mission terminée, comme la veille, les actions se multiplient pour repousser l’ennemi. Loin de crier victoire, le régiment se prépare maintenant à la deuxième phase de l’exercice qui marque l’entrée dans le combat de haute intensité. Face aux soldats à pied, des chars et véhicules blindés sont prêts à en découdre. Si le rapport de forces paraît déséquilibré, il n’impressionne pas le capitaine Roch, commandant d’unité de la compagnie portée. « Contrairement aux apparences, le parachutiste, naturellement léger et sans blindage, a toute sa place dans le combat de haute intensité. Sous l’impulsion du chef de corps, nous avons réorganisé la section d’appui pour apporter une puissance de feu supplémentaire face à un ennemi supérieur en termes de capacité de combat. Aujourd’hui, je dispose d’un groupe mitrailleuse et d’un groupe antichars. De plus, pour me renseigner, un groupe de reconnaissance sur P4 m’offre un temps d’avance sur l’ennemi. Fort de ces atouts, je peux mener un combat de harcèlement sur les blindés tout en gardant l’agilité nécessaire pour me réarticuler dès l’action terminée. »
Les trois jours de combat ont laissé des marques sur les visages des 470 participants. La fatigue n’a pourtant pas altéré la rigueur des militaires alignés sur des rangs espacés, Covid oblige. Paras, légionnaires, binômes maîtres de chiens et personnel de santé entourent la compagnie américaine face au chef de corps. Les soldats écoutent sans un bruit le discours du colonel. Dans quelques instants, ils arboreront fièrement leur nouveau brevet comme le témoin d’un esprit de corps indéfectible. Aujourd’hui tous n’ont qu’une hâte : se retrouver réunis… en opération.
Le saviez-vous ? La 173rd Airborne Brigade américaine est la première grande unité déployée au Vietnam. Elle y perdit 1 790 soldats et reçut 13 medal of honor, la plus haute distinction américaine attribuée à un militaire. À 18 heures, alors que les véhicules reprennent la direction du camp, trois équipes de soudeurs dont une équipe libanaise continuent la découpe des poutres métalliques sur le port de Beyrouth. Le major Frédéric, du Service du commissariat des Armées, est venu prêter main forte. Soudeur de formation, il s’est immédiatement porté volontaire : « le travail sur cette zone est colossal. On ne se pose pas de questions, on donne un coup de main ». Aux côtés du caporal-chef Julien et de l’équipe libanaise, ils vont découper ces mastodontes de métal jusqu’au petit matin. Dans la zone portuaire, les commerçants reprennent possession de leurs marchandises et ne manquent pas de saluer les soldats français pour leur travail. Petit à petit, le port de Beyrouth reprend vie…
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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