Nombre de messages : 29167 Age : 78 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
Sujet: Le joyeux avenir qui nous attend : En Fable . Dim Nov 01 2020, 18:11
"Le Chien et les Chacals"
Petite fable à "la manière" de Jean de la Fontaine
Du coquin que l'on choie, il faut craindre les tours Et ne point espérer de caresse en retour. Pour l'avoir ignoré, maints nigauds en pâtirent. C'est ce dont je désire, lecteur, t'entretenir.
Après dix ans et plus d'homériques batailles, De méchants pugilats, d'incessantes chamailles, Un chien estoit bien aise d'avoir signé la paix Avecque son voisin, chacal fort éclopé A l'allure fuyante, que l'on montroit du doigt, Qui n'avoit plus qu'un œil, chassieux de surcroît, Et dont l'odeur, partout, de loin le précédoit.
Voulant sceller l'événement Et le célébrer dignement, Le chien se donna grande peine Pour se montrer doux et amène. Il pria le galeux chez lui, Le fit entrer, referma l'huis, L'assit dans un mœlleux velours Et lui tint ce pieux discours :
« Or donc, Seigneur Chacal, vous êtes ici chez vous ! Profitez, dégustez, sachez combien je voue D'amour à la concorde nouvelle entre nous ! Hélas, que j'ai de torts envers vous et les vôtres, Et comme je voudrois que le passé fût autre ! Reprenez de ce rôt, goûtez à tous les mets, Ne laissez un iota de ce que vous aimez ! »
L'interpellé eut très à cœur D'obéir à tant de candeur. La gueule entière à son affaire, Il fit de chaque plat désert Cependant que son hôte affable Se bornoit à garnir la table.
Puis, tout d'humilité et la mine contrite, En parfait comédien, en fieffée chattemite, Il dit : « Mais, j'y songe, mon cher, Nous voici faisant bonne chère Quand je sais là, dehors, ma pauvrette famille : Mes épouses, mes fils, mes neveux et mes filles, Mes oncles et mes tantes que ronge la disette, Toute ma parentèle tant nue que maigrelette. Allons-nous les laisser jeûner jusqu'au matin ? »
« Certes non ! » répliqua, prodigue, le mâtin, Qui se leva, ouvrit, et devant qui passèrent Quarante et un chacals parmi les moins sincères.
Sans tarder cliquetèrent les prestes mandibules Des grands et des menus, même des minuscules. Ils avoient tant de crocs, de rage et d'appétit, Ils mangèrent si bien que petit à petit Les vivres s'étrécirent comme peau de chagrin Jusqu'à ce qu'à la fin il n'en restât plus rien.
Ce que voyant, l'ingrat bondit :
« Ah ça, compère, je vous prédis Que si point ne nous nourrissez Et tout affamés nous laissez Tandis que vous allez repu, La trêve entre nous est rompue ! »
Ayant alors, quoi qu'il eût dit, Retrouvé forces et furie, Il se jeta sur son mécène, Et en une attaque soudaine il lui récura la toison, Aidé de toute sa maison.
Puis, le voyant à demi mort, De chez lui il le bouta hors. Et l'infortuné crie encore « La peste soit de mon cœur d'or ! »
Retenez la leçon, peuples trop accueillants : À la gent famélique, point ne devez promettre. Vous en invitez un, l'emplissez d'ortolans, Et c'est jusqu'à vos clefs qu'il vous faut lui remettre.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
81/06 membre confirmé
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Sujet: Re: Le joyeux avenir qui nous attend : En Fable . Dim Nov 01 2020, 18:37
C'est tout à fait comme ça . Je pense que Jean de la Fontaine écrierais la même chose aujourd'hui .
Commandoair40 Admin
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Sujet: Re: Le joyeux avenir qui nous attend : En Fable . Dim Nov 01 2020, 19:59
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: Le joyeux avenir qui nous attend : En Fable .