Nombre de messages : 28640 Age : 77 Emploi : Français Radicalisé . Date d'inscription : 07/11/2014
Sujet: 3 octobre1940 : Premier statut des Juifs . Sam Oct 03 2020, 12:09
"3 octobre1940"
Premier statut des Juifs
Soucieux de se concilier les bonnes grâces de l'occupant nazi, le gouvernement de Vichy promulgue dès le 3 octobre 1940 un premier statut des juifs.
Il exclut les Français identifiés comme Juifs de la plupart des fonctions publiques et de nombreuses autres professions.
En dépit de son aspect scandaleux, il passe à peu près inaperçu.
Il est vrai que les Français se battent au même moment dans les difficultés du quotidien et très peu connaissent des juifs concernés par le statut...
Un avatar de l'antisémitisme français
Assommée par la défaite, la France s'est abandonnée en juillet 1940 à une coalition de jeunes technocrates issus d'une grande banque d'affaires, la banque Worms, et de politiciens impatients de rompre avec la politique antérieure et de revenir à ce qu'ils considèrent comme des valeurs nationales menacées :
La terre, la patrie, la religion etc.
Les nouveaux dirigeants appartiennent à la droite comme à la gauche.
Dans le gouvernement présidé par le Maréchal Pétain, le vice-président du Conseil Pierre Laval est lui-même un ancien député socialiste, de même que le ministre de l'Intérieur Adrien Marquet, ancien maire de Bordeaux. L'un et l'autre ont évolué vers la Collaboration par pacifisme.
Parmi ces hommes, plusieurs s'avouent antisémites, dans le droit fil des idées nauséeuses exprimées à la fin du siècle précédent par Édouard Drumond dans La France juive et reprises par l'Action française.
C'est au moins le cas de Raphaël Alibert, un juriste proche du mouvement de Charles Maurras et appelé à devenir ministre secrétaire d'État à la Justice dans le premier gouvernement de Vichy.
La défaite et l'occupation allemande font son affaire et le 1er juillet 1940, il aurait confié au ministre du Travail Charles Pomaret à propos des juifs : « Je leur prépare un texte aux petits oignons ».
Mais ce témoignage tardif, publié en 1968, est sujet à caution d'autant que l'on n'a gardé aucune trace du projet de statut par Alibert.
Son zèle va néanmoins être contenu jusqu'à l'automne par le cabinet de Pétain, l'humiliation de la défaite étant encore trop vive au cœur des Français.
En attendant, dès juillet 1940, Pierre Laval et Adrien Marquet prennent contact avec Otto Abetz, représentant du IIIe Reich dans la zone occupée, pour savoir ce qu'attendent les Allemands du gouvernement de Vichy et se montrer conciliant envers eux.
Il serait ainsi question de créer un parti unique, d'interdire la franc-maçonnerie et d'exclure les Juifs de la fonction publique.
Le statut exclut les Français identifiés comme Juifs de la plupart des fonctions publiques et de nombreuses autres professions.
L'article premier définit les Juifs à la façon des nazis :
« Est regardé comme juif, pour l'application de la présente loi, toute personne issue de trois grands-parents de race juive ou de deux grands-parents de la même race, si son conjoint lui-même est juif. »
Mais tout en évoquant la « race » sans plus de précision, il ne fait pas référence à la religion du fait de la loi française de séparation des Églises et de l'État qui ne reconnaît pas les religions.
En cela, le texte se distingue des lois nazies de Nuremberg.
De manière quelque peu kafkaïenne, il reste en fait muet sur ce qui fait qu'un parent, grand-parent ou conjoint est identifié comme juif !
Dans le droit fil de cette loi, une autre loi abolit quatre jours plus tard, le 7 octobre 1940, le décret Crémieux du 24 octobre 1870 qui avait accordé la nationalité française aux juifs d'Algérie.
Ceux-ci redeviennent dès lors des sujets ou des citoyens de seconde zone.
L'opinion sera plus sensible à la promulgation, l'année suivante, le 2 juin 1941, d'un statut plus rigoureux, en remplacement du premier.
La stigmatisation des Juifs atteindra son paroxysme l'année suivante avec la rafle du Vél d'Hiv (16-17 juillet 1942)...
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».