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Sujet: 26 septembre 1854 : Siège de Sébastopol . Sam Sep 26 2020, 13:16
"26 septembre 1854"
Siège de Sébastopol
Après onze mois de siège, l'assaut de la tour Malakoff (8 septembre 1855) entraîna la chute de Sébastopol. Gravure du XIXe siècle.
Il y a 166 ans, le siège de Sébastopol
Sans doute le siège de Sébastopol -octobre 1854 à septembre 1855 - ne résume-t-il pas à lui seul la guerre de Crimée (1853-1856).
Une guerre née de la volonté du tsar Nicolas Ier de tirer avantage du déclin de l'Empire ottoman pour étendre l'influence de la Russie dans les Balkans et se saisir des Détroits.
La victoire des Français et des Britanniques, alliés pour la circonstance aux Turcs, en marqua cependant le point final.
Les acteurs
Pour lancer cette entreprise, Nicolas Ier prend prétexte de la vieille question des chrétiens d'Orient.
En février 1853, il exige du sultan que lui soit reconnue la protection des chrétiens orthodoxes de l'empire, soit 30% de la population, ce qui reviendrait à placer la Sublime Porte sous la tutelle de la Russie.
Devant son refus, il donne l'ordre en juin d'envahir la Moldavie et la Valachie, alors sous souveraineté ottomane.
Le 4 octobre, les Ottomans relèvent le gant et déclarent la guerre à la Russie.
Mais l'escadre ottomane est coulée, le 30 novembre, à Sinope par la flotte russe de la mer Noire.
Ce désastre entraîne l'entrée en guerre de l'Angleterre et de la France.
Celle-ci était dans l'air depuis plusieurs semaines.
Pour les Britanniques, il était impossible de laisser les Russes s'emparer des Détroits et accéder ainsi à la Méditerranée.
Quant à la France, la défense des Lieux saints et des intérêts catholiques figure depuis longtemps parmi les ressorts de sa politique.
Mais la décision de Napoléon III tient surtout à l'occasion qui lui est ainsi donnée d'enfoncer un coin dans l'Europe de 1815 et de rendre à la France son rang dans le concert des grands États européens.
Sans compter que la perspective de mener cette guerre au côté de l'Angleterre le séduit.
Elle s'accorde avec la sympathie dont il s'est pris pour cette nation qui l'a accueilli après son évasion du fort de Ham.
Leurs efforts pour trouver un arrangement avec Saint-Pétersbourg s'étant révélés infructueux, Londres et Paris entrent en guerre au début de mars 1854.
Les Russes lancent leur offensive le 19 mars.
Mais les Ottomans opposent une résistance inattendue à Silistra, tandis que Français et Britanniques débarquent dès la fin mai leur corps expéditionnaire à Varna.
Devant cette nouvelle donne, les Russes lèvent le siège le 23 juin et se replient.
Les responsables français et britanniques décident alors de porter leur attaque sur la Crimée. L'objectif de la campagne devient la prise de Sébastopol, le port d'attache de la flotte russe de la mer Noire.
Forte de 400 bâtiments, la flotte alliée, transportant 28000 Français, 26000 Britanniques et 6000 Ottomans, prend la mer le 7 septembre.
La décision d'attaquer la Crimée n'est pas exempte d'un certain amateurisme.
Elle a été prise sans la moindre préparation ni une connaissance minimale du terrain.
Le général Menchikov, commandant des forces russes en Crimée, dispose de 38000 hommes et de 18000 marins.
Jamais il n'aurait imaginé que Français et Britanniques oseraient lancer cette opération à l'approche de l'hiver.
Ce qu'il ne sait pas, c'est que ceux-ci croient dur comme fer que le climat en Crimée est clément en toute saison.
Les Français sont commandés par le général de Saint-Arnaud, un ancien du coup d'Etat du 2 décembre, les Britanniques par lord Raglan.
Ils ont débarqué leurs troupes dans la baie de Kalamita, située à 45 kilomètres de l'objectif de la campagne.
Il faut donc s'ouvrir maintenant la route de Sébastopol.
C'est l'objet de la bataille de l'Alma, remportée le 20 septembre par les Alliés.
Bataille de l'Alma, le 20 septembre 1854. Tableau d'Isidore Pils, musée des Beaux-Arts de Marseille
La bataille
L'attaque de Sébastopol débute le 17 octobre 1854.
L'entrée de la rade et le port sont défendus par une série de fortifications équipées d'un arsenal de 571 canons.
La tâche des assaillants doit être encore compliquée par la décision des Russes de couler les bâtiments de leur flotte dans le but d'obstruer la rade.
A l'aube du 17 octobre, 125 canons ouvrent le feu tandis que les navires pilonnent les fortifications côtières.
Les résultats de ce bombardement sont limités.
A l'inverse, les contrebatteries russes se sont révélées d'une redoutable efficacité, notamment en détruisant un dépôt de munitions français.
Après ce succès, Menchikov s'estime assez fort pour tenter de briser l'encerclement de la ville.
Mais les Russes connaissent, le 25 octobre, une première déconvenue face aux Britanniques à Balaklava, bataille rendue célèbre par la fameuse «charge de la brigade légère».
Onze jours plus tard, ils subissent à Inkerman un nouveau revers après lequel Menchikov propose au tsar d'évacuer Sébastopol pour mieux défendre le reste de la Crimée.
Le refus de Nicolas Ier signifie que le siège va durer, les Alliés ayant certes marqué un point important, mais ne disposant toujours pas des moyens nécessaires pour achever l'ouvrage.
Cet allongement du conflit a plusieurs conséquences.
Il ne laisse pas d'alarmer les opinions publiques française et anglaise, qui peuvent suivre les événements de Crimée dans la presse grâce au développement du télégraphe et au support de la photographie.
Sur place, les conditions sont exécrables.
Les températures chutent dans la seconde moitié de novembre, les effets du froid frappant particulièrement les Britanniques partis sans vêtements chauds.
L'alimentation manque, tandis que la déficience du soutien sanitaire favorise des épidémies de scorbut et de choléra.
Il ne reste que 11000 Britanniques en état de combattre, soit deux fois moins qu'avant le début de l'hiver.
Du côté russe, la situation est également critique.
Les Alliés contrôlant les aqueducs, Sébastopol connaît une pénurie d'eau alors que les hôpitaux sont saturés des victimes des bombardements et du choléra.
La mort de Nicolas Ier, le 2 mars 1855, aurait pu annoncer la fin de la guerre, mais le nouveau tsar Alexandre II décide de poursuivre la lutte.
A l'arrivée du printemps, les Alliés bénéficient du renfort de 15000 soldats piémontais, après que Cavour a convaincu son souverain d'entrer en guerre à leurs côtés, dans l'espoir de favoriser ainsi la cause de l'unité italienne.
Les deux camps ont aussi mis l'hiver à profit pour étendre leur système de défense. Pendant la durée du siège, Alliés et Russes auront creusé jusqu'à 120 kilomètres de tranchées.
Le front se rallume le 9 avril.
Durant dix jours, les Alliés tirent 160000 obus sur la ville, tuant ou blessant 4 700 défenseurs.
Les 7 et 8 juin, après d'intenses combats, souvent au corps à corps, les Alliés essuient un nouvel échec mais ils ont réussi à couper leurs lignes d'approvisionnement.
Il en résulte une aggravation de la pénurie de nourriture, d'eau et de munitions.
Face à cette situation désespérée, le tsar ordonne l'offensive de la dernière chance pour tenter de dégager la ville.
Son échec, le 17 août, scelle le destin de Sébastopol.
Le coup de grâce est porté le 8 septembre.
Les troupes françaises sont maintenant commandées par le général Pélissier.
L'effort principal est porté le 8 septembre sur la tour Malakoff et son puissant bastion de 350 mètres de large dominant la ville.
L'assaut est donné par la division du général Mac Mahon.
Les combats durent près de trois heures, au bout desquelles la position est prise.
C'est alors que Mac Mahon aurait tenu ces mots célèbres:
«J'y suis, j'y reste», alors qu'on l'informait que les Russes s'apprêtaient à faire sauter l'ouvrage.
La bataille
La chute de Malakoff décide du sort de la bataille et de la guerre, même si Alexandre II commence par vouloir poursuivre la lutte et si les Britanniques entendent affaiblir encore davantage la puissance russe.
Désireux de mettre fin au conflit, Napoléon III réussit à imposer son point de vue.
Le choix de Paris pour accueillir la conférence de la paix à partir du 25 février 1856 dans le tout nouveau Quai d'Orsay illustre le renouveau de l'influence française en Europe.
Signé le 30 mars, le traité de Paris consacre la défaite de la Russie, sans pour autant l'accabler.
Elle est contrainte à démilitariser la mer Noire et à céder à l'Empire ottoman la Bessarabie du Sud et le delta du Danube.
Elle doit renoncer en outre à exercer un protectorat sur les orthodoxes de la Sublime Porte.
La modération montrée par Napoléon III va favoriser un rapprochement entre Paris et Saint-Pétersbourg au cours des années à venir.
Tirant les enseignements de la défaite, Alexandre II engage la Russie sur la voie de réformes intérieures, dont la plus marquante est l'abolition du servage.
La France de Napoléon III remporte un immense prestige, lavant l'affront des traités de 1815 et étendant son influence en Orient.
A Paris, du boulevard de Sébastopol au pont de l'Alma, des monuments et des rues conservent jusqu'à aujourd'hui le souvenir de cette guerre.
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Patard membre confirmé
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Sujet: Re: 26 septembre 1854 : Siège de Sébastopol . Sam Sep 26 2020, 17:04
Bonjour A Sébastopol, sur l'emplacement de la redoute Malakoff, un panorama peint sur 360° commémore les combats pour cette position, dont la prise par les Zouaves, le 8 septembre 1855, entraîna la chute de la ville, et la fin du conflit. JJ
Une partie du panorama. Sur la colline, à l'arrière-plan, on distingue le Général Mac-Mahon, commandant la 1e division, entouré par son état-major. Le premier plan est en relief.
Une autre partie du panorama
A Balaklava, autre nom célère du siège de Sébastopol (charge de la brigade légère), un musée commémore la libération de la ville, en mai 1944. On peut y voir ce tableau (partie), qui illustre la prise par les Soviétiques du mont Sapoun, position clé de la défense, le 7 mai 1944. La reproduction photographique de cette œuvre magnifique orne, avec d'autres, mon bureau.
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Commandoair40 Admin
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Sujet: Re: 26 septembre 1854 : Siège de Sébastopol . Sam Sep 26 2020, 18:34
C'est magnifique ,
Dix ans plus tard des monts tombaient en 1954 : Dien Bien Phu .
« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage. La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure. Être un homme et le demeurer toujours, Quelles que soient les circonstances, Ne pas faiblir, ne pas tomber, Voilà le véritable sens de la vie ».
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Sujet: Re: 26 septembre 1854 : Siège de Sébastopol .