Bonjour
Non, c'est bien Breil-sur-Roya.
JP, tu es sur la bonne voie... Il y a effectivement un truc français sur ce sommet.
Il est très facile d'en trouver le nom, avec un peu de logique et master Google, ou de tout autre navigateur...
La ligne franco-italienne Vintimille-Coni est un chef d'oeuvre de génie civil, mais aussi militaire, car nous sommes ici très près de la frontière italienne. Inaugurée le 30 octobre 1928, elle est tout en tunnel et viaducs. Une bretelle, entièrement française, relie Nice à la gare frontière de Breil-sur Roya.
Les travaux ont commencé avant la Première Guerre mondiale, mais ils ont été interrompus à la déclaration de guerre.
Ils ont repris dès le début des années 20. L'armée a exigé des dispositifs particuliers; des dispositifs de mine pour les viaducs et les tunnels, mais surtout la fortification des têtes de tunnel. Cinq tunnels sont ainsi fortifiés, aux deux extrémités, car ils étaient prévus pour servir d'abris à des effectifs importants. Les Italiens ont bien entendu fait de même sur leur partie de la ligne, mais plus modestement. Il est vrai que le terrain leur était très favorable, car ils étaient maîtres de la crête surplombant la frontière, Napoléon III avait accordé cette faveur au roi de Piémont-Sardaigne, Victor-Emmanuel II, nouveau roi d'Italie, lors du rattachement de Comté de Nice à la France. Le prétexte officiel étant de conserver au nouveau roi ses terrains de chasse du Mercantour. Ce fut une erreur, car les Italiens s'empressèrent de couvrir la crête de fortifications, essentiellement au dessus du col de Tende. Mussolini renforça considérablement cette défense, par des centaines de petits ouvrages, poussés jusque très près de la frontière, le "Vallo alpino".
En ce qui concerne la défense française, nous sommes là sur une des parties les plus puissante de la Ligne Maginot, le secteur fortifié des Alpes-Maritimes (SFAM), forte, rien qu'à Sospel, de six ouvrages d'artillerie. Ce qui fait de cette petite bourgade une des villes les plus fortifiées de France, sans que pratiquement rien ne soit visible, toute l'infrastructure étant souterraine. Ce dispositif est complété par un ouvrage d'infanterie, et plusieurs casemates. Le tout précédé par une ligne d'avant-postes, et par les fameux tunnels fortifiés. En juin 1940, l'offensive italienne se heurtera à la ligne d'avant-postes, et n'ira pas plus loin, sauf à Menton, où les Italiens auront tout loisir de contourner l'avant-poste du Pont Saint-Louis, dont la défense remarquable leur interdisait la nationale 7, pour se heurter à la ligne des ouvrages Maginot, particulièrement puissante dans ce secteur. Ils n'allèrent pas plus loin!
Pour revenir à la ligne Vintimille-Coni, le trafic y étant essentiellement italien, la signalisation y était, et y est toujours, italienne. Et ce, même sur le parcours français, entre Breil et Saint-Dalmas-de-Tende (avant 1947), et le col de Tende (après les accords de 1947). Ces accords ont repoussé la frontière sur la crête, Tende et la Brigue devenant françaises, suite au vote de leurs habitants.
Quant on vient de Vintimille, on parcours d'abord la partie italienne sud, jusqu'à Breil, puis la partie française, jusqu'à Tende, puis la partie italienne nord. Ce qui ne manquait de poser des problèmes avant la réalisation de l'Union européenne, puisqu'il fallait passer deux fois la frontière. C'est pourquoi il y avait plusieurs gares frontière. A Piène (devenue française en 1947) du côté italien sud, à Breil-sur-Roya, du côté français sud, puis à Fontan-Saorge, du côté français nord, et à Saint-Dalmas-de-Tende (devenue française en 1947), du côté italien nord. Cette dernière, du pur style mussolinien, est un immense bâtiment, sensé faire ressentir au voyageur la puissance de l'Italie fasciste. Elle est aujourd'hui murée, remplacée par un simple abri de quai.
Les ouvrages d'art de la ligne ont été pratiquement tous détruits par les Allemands en retraite, en avril 1945. Il a fallu attendre 1979 pour que le trafic reprenne, mais l'avenir de cette ligne extraordinaire est actuellement incertain, par manque de volonté politique des deux côtés des Alpes.
JJ

La tête nord du tunnel de Berghe, et ses deux créneaux de tir supérieurs

Créneaux de tir à l'intérieur du tunnel

La tourelle de 75 Mle 33 du Bloc 5 de l'ouvrage du Monte-Grosso, à Sospel

La gare de Breil-sur-Roya

La gare se Saint-Dalmas-de-Tende, bien connue des randonneurs de la Vallée des merveilles

Le viaduc de Scarassoui, en 1935

Le viaduc de Scarassoui, après sa destruction par les Allemands. Remarquez la galerie pare-avalanche,
au-dessus. Elle marque le débouché du tunnel hélicoïdal de Berghe, qui fait un 360° sous la montagne,
seul moyen pour gagner de l'altitude en respectant la rampe maximale de 25 pour mille

Le viaduc de Scarassoui, de nos jours