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 La légende Bigeard : Une rage de vaincre rare aujourd’hui .

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Commandoair40
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MessageSujet: La légende Bigeard : Une rage de vaincre rare aujourd’hui .   La légende Bigeard : Une rage de vaincre rare aujourd’hui . Icon_minitimeLun Oct 28 2019, 22:39

La légende Bigeard

Une rage de vaincre rare aujourd’hui


Francis Gruzelle : Journaliste .

La légende Bigeard : Une rage de vaincre rare aujourd’hui . Z

Pendant 25 ans, le « para » Marcel Bigeard, officier supérieur sorti du rang, né il y a un siècle à Toul, dans l’Est de la France, et son célèbre bataillon ont été le joker des chefs militaires français.

Comme Achille dans l’Antiquité grecque fit tomber Hector devant les murailles imprenables de Troie, dès qu’une bataille semblait perdue ou qu’une ville sombrait sous le terrorisme, le bataillon Bigeard et ses 900 paras étaient largués dans l’urgence.

Le succès était au rendez-vous :  

La victoire changeait de camp en quelques heures.

En  Indochine,  puis  en  Algérie,  le  gamin  de  Toul,  que  les  guerres  du XXe siècle ont conduit à être l’officier le plus décoré de France, est devenu plus célèbre que ses chefs, les Castries, Navarre, Gilles, Massu ou Salan.

Il avait tout fait pour cela :

Guerrier d’exception en Indochine et en Algérie, immortalisé avec sa célèbre pipe, se révélant un audacieux stratège, il devint rapidement le théoricien de la contre-guérilla.

Il fut le premier à utiliser l’hélicoptère pour déposer ses « p’tits gars » au plus près de l’objectif.

« Bigeard n’a jamais obéi qu’à Bigeard » disaient de lui les chefs de l’armée française, séduits par sa manière instinctive de considérer qu’un combat se gagne ou se perd aussi dans les têtes.

Cette leçon, il l’administrera souvent.

Partout où il passera,  il  haranguera,  rectifiera,  fera  retailler  les  treillis,  imposera  la  fameuse « casquette Bigeard » pour donner à ses « p’tits gars », « de la gueule ».

Il devient«  Bruno  »,  un  indicatif  radio  devenu  un symbole.

Ses hommes, les « Bigeard Boys», et son régiment, le « Barnum Circus », sont tout pour lui.

Il impose à chacun un rythme infernal,  celui  qu’il  s’impose.  

C’est  cette  énergie qui sauvera son bataillon à Tu Lê, après un raid  d’une  semaine,  2  divisions  viêt-minh aux  trousses,  en  octobre  1952.  

L’état-major s’apprêtait à rayer son bataillon des effectifs quand celui-ci se présentera, presque intact,au général de Linarès.

Il y gagnera le surnom historique de « bataillon Zatopek » (du nomde l’ancien coureur de fond tchécoslovaque).


Ce sont les temps forts de cette légende qui m’ont séduit pendant les nombreuses années où j’ai été proche de Marcel Bigeard.

En cette année du centième anniversaire de la naissance du Général, demeure intact « l’esprit Bigeard », une rage de vaincre qui manque à de nombreux jeunes aujourd’hui.

Un gamin de Toul devenu « Maréchal d’Empire »

C’était un soldat de l’an II devenu Maréchal d’Empire.

Le général Bigeard est entré très jeune dans la légende.

En Indochine, il n’est que chef de Bataillon lorsque ses premiers exploits font la « Une » des grands quotidiens nationaux, à l’image de France-Soir.

Dès les premières campagnes, ce guerrier d’exception met en scène sa propre gloire, en organisant des parades après chaque action d’éclat, des défilés conçus comme autant de triomphes à la romaine, convoquant la presse, la régalant de coups de gueule, de poses martiales et de répliques de cinéma en adéquation avec son personnage.

Bigeard était d’abord un « centurion », à mi-chemin entre Gabin et Ventura avec les mots taillés pour sa stature :

« Arlette Laguiller ? Il faudrait la marier à un para ».

Dans son bureau de Toul à la fin des années 1980, au milieu des trophées et des médailles, sous le fanion noir « Croire et oser », trônait la photo de Sentenac,jeune  sergent-chef  tué  en  Algérie,  archange  du  demi-dieu  Bigeard  :  tout  un symbole.

Bigeard n’avait-il pas connu tous les grades de l’armée française, assumé pleinement  avec  humilité  souvent,  avec  gloire  parfois,  leur  grandeur  et  leurs servitudes ?

César, dans ses Commentaires, n’était pas moins emphatique.


Il n’en revenait pas de ce qu’avait été sa vie.

Qui aurait pu prédire au jeune conscrit de1936,  entrant  dans  la  caserne  du  23e régiment  d’infanterie  de  forteresse  à Haguenau pour accomplir son service militaire, qu’il ne raccrocherait les Rangers qu’en 1975 pour s’établir au secrétariat d’État à la défense nationale, où l’appellerait le président de la République ?

« J’ai été rendu à la vie civile en 1938, caporal-chef et antimilitariste, je suis retourné à la Société générale, où je travaillais depuis mes 15 ans », m’a souvent raconté Marcel Bigeard.

« Mon destin premier était de devenir directeur d’agence à Nancy ou Verdun. La guerre en décida autrement... ».

Celle de 1914-1918 d’abord, qui fait irruption dans sa vie dès le berceau.

Marcel est né en 1916, dans la Lorraine en guerre et son spectacle de désolation :hommes mobilisés et, dans les rues, toute son enfance marquée par un cortège d’éclopés, de gazés, de veuves et d’orphelins.

En me confiant ses débuts, Marcel Bigeard m’expliquait :


« En 1939, mobilisé, j’ai été volontaire pour les corps francs.J’ai été fait prisonnier, je m’évade, je suis repris, je m’évade à nouveau. À la troisième tentative, je rejoins l’Angleterre et j’entre dans la Résistance.

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Nice, l’Afrique,Londres.

En 1944, je suis parachuté dans l’Ariège, je libère Foix.

Je commande alors à une poignée de maquisards (des Républicains espagnols, pour la plupart) .

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Face à des milliers d’Allemands, mais je fais croire à l’Occupant que ma troupe est dix fois plus nombreuse ».

« Je suis rentré à Toul après la guerre, au volant du cabriolet  Mercedes  du  chef  de  la  garnison  allemande,  que  j’avais  immatriculé MG 6-1-42 : la date de mon mariage... ».

Kessel et Jules Roy lancent la légende


Déjà, Marcel Bigeard possède le culot, la flambe, cette manière instinctive de considérer qu’un combat se gagne ou se perd aussi dans les têtes.

Cette leçon, il l’enseignera souvent.

Ses paras sont tout pour lui :

Leurs entraînements, la qualité des repas, leur moral.

Car « Bruno » veille sur son bataillon, puis ses régiments,comme sur ses premiers combattants issus de la Résistance dans l’Ariège de 1944.

Toute sa vie, « l’homme » sera sa priorité, et les durs entraînements imposés le seront dans un seul but : préserver des vies.

« Entraînements faciles, guerres difficiles ; entraînements difficiles, guerres faciles », m’a souvent répété Marcel Bigeard.

Il sera une fois encore « la vedette » de la bataille de Diên Biên Phu, insufflant son énergie à l’ensemble du corps expéditionnaire assiégé.

Avec ses soldats oubliés de la Métropole, il connaîtra la défaite et la captivité.

Mais « Bruno » ne baissera jamais la tête.

Chaque  fait  d’armes  est  suivi  d’un  défilé,  ou  d’une  prise  d’armes.  

Les Champs-Élysées, le stade de Hanoï, les rues d’Alger sont les témoins de sa popularité, relayée dans la Presse grâce à des reporters de guerre admirateurs nommés Lartéguy, Kessel, Jules Roy, qui lui tressent des lauriers jusqu’à en faire un personnage de roman et de cinéma (dans Les Centurions, c’est Anthony Quinn qui incarne Bigeard).

Dans son bureau de Toul, Marcel Bigeard conservait une vieille affiche du film, dédicacée en ces termes par Anthony Quinn :

« Vous l’avez fait, je l’ai seulement interprété ».

Partout où il passe, Diên Biên Phu ou Philippeville, il ne veut pas seulement être le meilleur, il veut être le premier :

« C’est une leçon que m’a transmise la mère Bigeard », m’a souvent raconté l’officier le plus décoré de France,

« Quand je n’étais pas premier à l’école, je prenais une trempe ».

C’est d’abord elle, Sophie Bigeard, qui a fait Marcel :

Une femme de fer,l’accablant pour sa promotion jugée trop lente, l’injuriant à son retour d’Indochine pour s’être laissé prendre.

Un aiguillon pour aller de l’avant, envers et contre tout.

L’autre femme de sa vie s’appelle Gaby.

Elle habitait la maison à côté de la sienne,il l’a épousée en 1942 et elle l’a suivi partout, rejoint au fin fond de la jungle ou de la
brousse, accompagné des remparts de Toul aux lambris des palais de la République.

Officier adulé ou haï, Bigeard ne sera jamais du sérail.

Les généraux de bureaux et d’état-major se méfient de lui, le regardent de haut.

Il n’est pas saint-cyrien.

Alors il feint de mépriser ces filières.

Pour lui, déontologiquement, les généraux sont des « cons ».

Et les cours d’état-major ?

« Face à une situation, il n’y a que deux solutions : celle de l’École de Guerre et la bonne ».

Il plaisante. Mais pas seulement.

Face aux bêtes à concours de l’institution militaire, il pallie ses lacunes par une exceptionnelle intuition, des colères et du culot.

Et ça marche.

Lorsque  le  général  de  Gaulle  se  rend  en  Algérie  pour  la  «  tournée  des popotes  »,  sa  visite  est  pour  ce  chef  atypique  mais  hors  pair  qui  a  réalisé  des prodiges sur le terrain.

À Saïda, l’homme du 18 Juin s’entend dire quelques vérités sur la situation.

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Caractère contre caractère, cette attitude est peu appréciée.

En1960, Bigeard est envoyé en République centrafricaine, histoire selon de Gaulle d’apaiser  l’impétueux  colonel.  

Cette  mutation  le  sauvera  des  déchirements  que connaîtront ses pairs, les Antoine Argoud, Hélie de Saint-Marc, Pierre Château-Jobert, en 1961 et 1962 suite au « putsch des généraux ».

En accédant au pouvoir, en 1974, Valéry Giscard d’Estaing prend conscience d’un fait : l’armée va très mal.

Les blessures de l’Algérie sont encore ouvertes et Mai 1968 y a mis du sel.

Des comités de soldats fleurissent dans les casernes.

Dans les rues des villes françaises, l’uniforme est mal vu.

La Grande Muette gronde sourdement.

Une solution :

Bigeard et son bagou.

Giscard le connaît depuis le milieu des années 1950 quand, ministre des Finances, il envoyait au jeune colonel des lettres de félicitations pour ses faits d’armes.

Jamais leur amitié ne se démentira.

En 1978, le vieux soldat sera encore député et battra les estrades en 1981 pour le Président  candidat  ;  VGE  sera  là  pour  l’inauguration  à  Toul  de  l’avenue  du Général-Bigeard.

Les  dernières  années  de  son  existence,  lorsque  je  le  rencontrais  à Toul , Bigeard fut le conservateur en chef de l’épopée Bigeard, répondant à l’abondant courrier que les Français lui envoyaient.

Il recevait des visiteurs de passage, vieux amis ou admirateurs anonymes pour qui il incarnait un pays au combat.

Il passait ses journées à répondre, bouillonnait encore, pestait de ne plus pouvoir courir ou nager comme il le faisait quotidiennement au temps de sa splendeur.

Toutes générations confondues, ses admirateurs aimaient qu’il leur fasse oublier le temps des défaites.

L’incroyable baraka de l’officier Bigeard ,son retrait de la vie publique fut assombri par les polémiques sur l’usage de la torture en Algérie.

Personnalité emblématique de la gloire militaire contemporaine, il fut nommément accusé par une militante du FLN (Front de libération national), Louisette Ighilahriz.

Une fois encore, le « centurion » Bigeard monta au feu pour « laver son honneur » :

« Le problème est que je n’étais pas à Alger au moment des faits qu’elle me reproche », martelait l’officier le plus décoré de France.

Lors d’entretiens privés, chez lui à Toul, dans les années 1990, l’ex-chef de guerre m’expliquait « qu’il avait tenu récemment à rencontrer à Alger la famille de Larbi Ben M’hidi, ce chef du FLN qu’il avait arrêté et pour qui il confessera avoir eu de l’estime, avant qu’il soit exécuté par les services d’Aussaresses.

Le déjeuner avait été, selon ses dires, plus que chaleureux : la paix des braves... ».

Le général Bigeard avait été plusieurs fois blessé.

D’abord à Bône, où il avaitéchappé à un attentat et ensuite dans la baie de Diego-Suarez, où il s’était relevé d’un  accident  de  parachutisme.  

Il  demeurait  suspendu  à  ce  qu’il  nommait  sa« baraka».

« Ma vie, c’est une histoire beaucoup trop rapide. La guerre, la gloriole. J’ai aimé ça, quoi ».

Bigeard, inspirateur d’officiers américains

Au début des années 2000, Marcel Bigeard m’avait remis plusieurs lettres du  général  Américain  Mc Crystal,  le  patron  des  troupes  américaines  en Afghanistan.  

Le  héros  de  l’armée  américaine  lui  expliquait  combien  ses  livres,notamment ceux consacrés à la contre-guérilla, avaient été précieux pour lui, et confiait  que  de  nombreux  officiers  américains  s’étaient  inspirés  de  la  stratégie Bigeard en Afghanistan et en Irak, ce qui leur avait permis de remporter quelques victoires là où les Russes avaient échoué.  

Un nouvel hommage qui renforçait la vision de Marcel Bigeard, un antimilitariste devenu général.

Chronologie : une carrière exceptionnelle

• Naissance de Marcel Bigeard, le 14 février 1916 à Toul (Meurthe-et-Moselle).

• Parachuté dans l’Ariège en 1943, où il dirige un maquis de la Résistance sous le pseudonyme du « CommandantAude ».

• De 1945 à 1954, effectue 3 séjours en Indochine où il devient lieutenant-colonel pendant son action de défensede la cuvette de Diên Biên Phu.

• Envoyé en Algérie en 1956 où il prend le commandement du 3eRégiment de chasseurs parachutistes. En 1958,toujours en Algérie, il dirige le centre d’entraînement à la guerre subversive.

• 1963, il commande la 25e Brigade de parachutistes.

• Général de brigade en 1967. Le président Charles de Gaulle a attendu 9 ans pour lui octroyer les deux étoiles.

• Promu général de division, il prend en 1971 le commandement supérieur des Forces françaises du Sud de l’océan Indien.

• Est nommé adjoint au Gouverneur militaire de Paris le 20 juin 1973.

• Promu général de corps d’armée en décembre 1973.

• Prend en mars 1974 le commandement de la 4e région militaire, à Bordeaux.

• 31 janvier 1975 : nommé secrétaire d’État à la Défense. Démissionne le 4 août 1976.

• Élu député (UDF-Union pour la démocratie française) de Meurthe-et-Moselle en 1978, réélu au premier tour en1981 et en 1986, il est battu aux législatives de 1988, suite au redécoupage électoral de sa circonscription par le ministre de l’Intérieur RPR (Rassemblement pour la République) Charles Pasqua .

Éléments de bibliographie

Bergot Erwan : Bataillon Bigeard(préface du général Marcel Bigeard) ; Presses de la Cité, 1993 ; 291 pages.

Bigeard Marcel : Pour une parcelle de gloire; Plon, 1975 ; 450 pages.

Archives personnelles de l’auteur et archives du général Marcel Bigeard .

Source : http://www.fnapara.fr

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« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
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MessageSujet: Re: La légende Bigeard : Une rage de vaincre rare aujourd’hui .   La légende Bigeard : Une rage de vaincre rare aujourd’hui . Icon_minitimeSam Nov 09 2019, 14:25

Bonjour
A Castres, en 1967...
JJ

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MessageSujet: Re: La légende Bigeard : Une rage de vaincre rare aujourd’hui .   La légende Bigeard : Une rage de vaincre rare aujourd’hui . Icon_minitimeSam Nov 09 2019, 15:52

Merci mon JJ ;

Je ne connaissais pas cette photo : est ce une de tes photos persos ?????

Quel Homme ce Bruno , quelle gueule ....................... La légende Bigeard : Une rage de vaincre rare aujourd’hui . 926774

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MessageSujet: Re: La légende Bigeard : Une rage de vaincre rare aujourd’hui .   La légende Bigeard : Une rage de vaincre rare aujourd’hui . Icon_minitimeSam Nov 09 2019, 17:41

Oui, quel homme! Un para du 3...
Ce n'est pas une photo perso, mais de ma collection..
Bruneau commande alors la 20e brigade, et remet le drapeau du 8 à son nouveau chef, le colonel Paul Mourier.
C'est peu de temps avant qu'il accède au grade de général de brigade.
JJ
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MessageSujet: Re: La légende Bigeard : Une rage de vaincre rare aujourd’hui .   La légende Bigeard : Une rage de vaincre rare aujourd’hui . Icon_minitimeSam Nov 09 2019, 18:30

Merci mon JJ .

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