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 Carnet de guerre d’un jeune Viêt-Minh à Diên Biên Phu .

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MessageSujet: Carnet de guerre d’un jeune Viêt-Minh à Diên Biên Phu .   Carnet de guerre d’un jeune Viêt-Minh à Diên Biên Phu . Icon_minitimeJeu Oct 03 2019, 20:18

Carnet de guerre d’un jeune Viêt-Minh à Diên Biên Phu

"CR de lecture par Timothée Garrigos-Pobel"


Carnet de guerre d’un jeune Viêt-Minh à Diên Biên Phu . PhamThanhTam_CarnetGuerreVietMinh-197x300

Ce livre à été publié à partir des carnets de guerre de Pham Thanh Tâm à Diên Biên Phu.

Alors jeune reporter de guerre dans l’armée Viêt Minh rattaché à la division d’artillerie lourde, l’artiste produit un ensemble impressionnant de croquis, aquarelles et de textes, parfois ses propres observations, parfois des récits de soldats.

L’intérêt principal de ce texte réside dans ces deux manières de dire la guerre, le dessin et le récit, mais aussi dans la vision de la guerre d’un militant Viêt-Minh.

L’historien Stéphane Audouin-Rouzeau pointe dans sa préface l’élément clé de la compréhension de ce texte, qui nous incite à repenser notre rapport à la « propagande » que l’on a tendance à considérer comme un élément occultant la réalité des souffrances des soldats et de l’horreur de la guerre.

Il nous dit « Ce que nous appelons un peu vite ‘la  propagande’ peut être constitué de tout un corpus […] qui donna sens, tout simplement, à ce qui se jouait dans le combat au quotidien ».

Le tour de force des Viêt-Minh durant la bataille de Diên Biên Phu, à savoir acheminer sur des centaines de kilomètres et à l’abri des raids de l’aviation française des pièces d’artillerie lourde, qui pilonnèrent des mois durant les positions françaises, ne pouvait pas avoir eu lieu sans un sacrifice réel des soldats, et c’est ce sacrifice humain, dans les mots de ceux qui l’ont vécu que nous propose de redécouvrir l’auteur.

Biographie et contexte historique

Afin de comprendre le contexte historique qui sous tend l’écriture de ce carnet, nous reviendrons sur la biographie de l’auteur et sur le déroulement de la bataille de Diên Biên Phu.

L’auteur

Né en 1933 à Haiphong, Pham Thanh Tâm est très vite confronté à la dureté de la colonisation, et ce malgré qu’il bénéficie d’une l’éducation dans un lycée français.

Dès 1941, un large mouvement autour de la figure d’Hô Chi Minh influence l’engagement du jeune garçon.

Il manifeste dans les rues au milieu d’autres enfants avec des fusils en bois et des drapeaux rouges.

L’un des éléments marquant de l’enfance de Tâm est la famine de 1944-1945. Il dit :

« La façon dont les gens mourraient était épouvantable. Ils n’avaient plus de chair sur les os. A la place des pieds ils n’avaient que des plaies grouillantes d’asticots ». (p.19)

Les événements se précipitent lorsque le 23 novembre 1945 l’accord provisoire de Fontainebleau vole en éclat.

Haiphong est pilonnée par l’armée française et Tâm et sa famille doivent se réfugier dans le maquis.

Il a alors 12 ans et commencent pour lui 7 années de résistance, durant lesquelles, fort d’une formation artistique à Hanoi, il prendra une part active à la production de slogan, affiches, graffitis pour la propagande Viêt-Minh.

Il sera ensuite envoyé en Chine pour parfaire son apprentissage militaire puis devra rejoindre Diên Biên Phu à pieds, une marche longue de 300km par laquelle débute le récit.

La bataille de Diên Biên Phu

La bataille de Diên Biên Phu se déroula du 20 novembre 1953 au 7 mai 1954.

Elle opposa les forces de l’Union française (Para, Légion étrangère, troupes coloniales et troupes vietnamiennes) aux forces Viêt-Minh du Général Vo Nguyen Giap.

La bataille eue lieu au nord-ouest du Vietnam actuel, dans une zone proche de la frontière avec le Laos.

Les stratèges français avaient choisi cette zone de combat pour sa géographie :

Une cuvette entourée de montagnes abruptes, dans une zone agricole, loin des zones de ravitaillement des Viêt-Minh.

Fort de leur expérience à Na San en 1952, où il remportent une victoire contre le même général Giap, les militaires français tablent sur l’impossibilité pour les Viêt-Minh d’acheminer de l’artillerie lourde dans cette région reculée et montagneuse, ainsi que sur leur propre approvisionnement par un pont aérien au fond de la vallée.

Le général Giap va cependant surprendre les militaires français en mobilisant une chaine logistique humaine impressionnante, permettant d’acheminer des pièces d’artillerie lourde (notamment des canons 105 mm récupérés aux Américains, qui sont décris dans le texte de Pham Thanh Tâm comme les anges gardiens de l’infanterie Viet-Minh), et des vivres en masse.

Les canons Viêt-Minh, positionnés dans les montagnes tout autour de Diên Biên Phu vont pilonner en continu les positions françaises.

Très vite, la piste d’atterrissage destinée au ravitaillement est complètement détruite, et 62 avions sont abattus par la DCA communiste au cours de la bataille.

Le général Giap envoie régulièrement des vagues d’infanterie avancer dans les tranchées, où, après bombardement par les canons, elles envahissent les avant postes français dans des combats au corps à corps pour sécuriser des objectifs stratégiques.

Ces opérations sont très couteuses en vies humaines.

Le bilan au 7 mai 1954 fait état de 4000 à 8000 tués pour les forces Viêt-Minh et 9000 à 15000 blessés, pour 80 000 hommes déployés (soldats et logistique), contre 2293 morts et 5195 blessés côté français, pour 14 014 hommes déployés (soldats et logistique).

Il faudra cependant ajouter 7801 morts ou disparus sur les 11 721 prisonniers français, portant le nombre de morts à environ 10 000.

La bataille de Diên Biên Phu a eu un impact extrêmement important sur les discussions de Genève et les accords qui signent le retrait des troupes françaises du Vietnam et officialisent le cessez-le-feu.

Les Viêt-Minh ont pu, grâce à cette victoire, négocier favorablement la suite de la guerre.

A partir de ces éléments biographiques et historiques, nous allons essayer de comprendre comment l’auteur appréhende le point de vue des soldats et le sien.

Le point de vue de l’artiste militant

Le récit débute donc avant la bataille de Diên Biên Phu, alors que Pham Thanh Tâm rejoins la ligne de front, traversant près de 300 km à pied depuis la frontière chinoise.

Durant tout son périple il note tout ce qu’il voit mais aussi ce qu’il entends, et à ce titre recueille le témoignage de soldats Viêt-Minh.

Le rôle des « unités artistiques »

Pham Thanh Tâm fait partie d’une unité artistique, dont le rôle était de rapporter, via des récits et des dessins, les événements de la guerre, afin de participer à la propagande du régime communiste.

L’auteur a effectué une formation en Chine, où les instructeurs du Parti Communiste (PC) dispensaient des cours de « politique », durant lesquels les participants faisaient leur autocritique et apprenaient à penser en « bons communistes ».

Cette formation se ressent dans les écrits de de Tâm, que ce soit dans le vocabulaire (« camarade », recours au sacrifice,…) ou dans la manière dont ses croquis représentent le combat (le croquis rapide était une technique enseignée aux unités artistiques afin de pouvoir dessiner sur le champ de bataille).

Le journal de Tâm n’était pas destiné à être publié, mais il reste écrit dans l’idée de pouvoir restituer les exploits des soldats qui l’entourent.

Il donne le nom et la compagnie à laquelle appartient chaque soldat cité, ainsi que les faits qu’il a accompli.

Il retranscrit les combats fidèlement et réalise des croquis sur le vif, tout en prenant soin de ne pas montrer l’horreur des combats, le sang et la mort, même des ennemis.

Tâm indique qu’il perçoit son statut comme une mission :

Donner du courage aux soldats, leur permettre de s’exprimer, d’être sûr que leurs familles sauront ce qu’ils ont accompli au combat.

A ce titre, il ne montre pas, dans ses dessins, ce qui pourrait démoraliser ses camarades.

Il est intéressant de le noter car malgré son statut d’artiste militaire, Tâm était encore très jeune (21 ans) et n’avait pas à répondre aux même contraintes que pendant la guerre contre les États-Unis, où il sera un artiste officiel du régime et devra donc peindre et écrire de manière beaucoup moins personnelle.

Durant la bataille de Diên Biên Phu, Tâm était donc relativement libre d’exprimer des doutes face à l’horreur de la guerre, en faisant attention à ne pas se faire confisquer ses récits.

On note cependant qu’il ne critique finalement pas ou très peu la guerre, à ceci prêt qu’il relate les conditions de vie difficile des soldats épuisés.

Son récit s’il est éminemment militant, n’est pas pour autant un simple outil de propagande du régime, mais bien plus le miroir de l’espoir qu’incarne à ce moment précis, le mouvement Viêt-Minh pour des jeunes vietnamiens pris dans une guerre de décolonisation.

Percevoir la beauté malgré la guerre

Tout au long du récit, Tâm parle de son pays avec optimisme et admiration.

A plusieurs moments du récit, et ce même pendant la bataille, il décrit des paysages idylliques loin de l’horreur des combats.

Quand une troupe de danseuse vient soutenir le moral des soldats au camp, il s’attache à décrire leur beauté et leur candeur, notant même une affection particulière pour l’une d’entre elle.

Dans les dessins de Tâm reviennent souvent des sourires, des fleurs et des couleurs vives comme pour rappeler qu’à côté de la guerre il y a encore la vie.

Lorsque, lors d’une accalmie dans les combats, l’auteur se rend sur le flanc d’une colline épargnée par le pilonnage de l’artillerie, il dit:

« J’étais étonné qu’un coin aussi paisible puisse encore exister au milieu de ce carnage. Les arbres verts effleuraient la surface de l’eau. » (p. 136)

Le rythme du récit est très rapide durant la bataille car Tâm s’attache à décrire ce que chaque compagnie d’artillerie a effectuée chaque jour.

Cependant, le début du récit, le trajet jusqu’à Diên Biên Phu, et la fin de la bataille sont des événements lents durant lesquels l’auteur prend le temps de décrire les paysages qui l’entourent et la participation de la population à l’effort de guerre.

« […] La région est à l’arrière du front et cela se remarque ! La récolte a été bonne, on trouve des fruits mûrs au marché où le va-et-vient est continu ; des enfants, habillés de vêtements aux couleurs vives, l’air insouciant, chantent à travers les champs. […] C’est incroyable ce que la papaye est fraîche ici. » (p. 47)

Les portraits de soldats sont également réalisés loin des combats et en couleur, afin de pouvoir les transmettre à la famille en cas de décès, la tradition voulant qu’un portrait soit placé sur l’autel des ancêtres.

Ces portraits, montrent des soldats jouant aux cartes, des soldats en tenu de combat souriants, ou encore deux soldats, l’un blessé et l’autre valide, en train de dormir ensemble.


Carnet de guerre d’un jeune Viêt-Minh à Diên Biên Phu . CarnetDeGuerre_PhamThanhTam-409x500
Fac-similé du journal et photographies de l’auteur ; Pham Thanh Tâm / Armand Colin

Les canons et les pièces d’artillerie lourde sont aussi décrites avec fascination.

Ces même canons qui semèrent la mort parmi les troupes françaises et causèrent des destructions énormes sont décrits comme les anges gardiens de l’infanterie, et les soldats qui les hissent à la force de leur bras en haut des montagnes entourant Diên Biên Phu sont considérés comme des héros par l’auteur.

La figure du canon revient sans cesse dans le récit, au point que Stéphane Audoin-Rouzeau se demande dans la préface « Est-il permis de suggérer que les servants nouent ici un rapport d’ordre « amoureux » avec leurs armes si précieuses ? »

Retranscrire ses émotions

L’élément qui apparaît finalement le moins dans le récit de Tâm est son propre point de vue.

Le récit est très factuel, et les seuls témoignages sont ceux des soldats.

Il est rare que l’auteur parle de ses propres sentiments face au conflit, et cela peut témoigner de son engagement militant.

En effet, le sentiment de camaraderie est très fort dans le récit, notamment parce que Tâm a effectué une partie de son entrainement en Chine aux côtés des artilleurs des unités avec lesquelles il se trouve à Diên Biên Phu  .

La parole des soldats se libère alors que celle de l’auteur s’efface.

A certains moments cependant, apparaît la dureté de la mort, soudaine et injuste.

Ainsi, alors que Tâm descend d’une colline après une mission, un de ses amis meurs dans l’explosion d’une bombe.

L’auteur revient sur cet événement, parlant de la souffrance et l’immense tristesse qui s’empare de lui.

Il pleure, mais est cependant déterminé à poursuivre son travail et à soutenir ses camarades.

« […] Deux de mes amis proches ont été tués […] ils sont morts écrasés sous des caisses d’explosifs. Je n’ai que 22 ans, je ne suis que journaliste rattaché à une division […] mais dans mon travail je vais d’unité en unité et beaucoup de soldats deviennent mes camarades. »

« […] A chaque fois que j’ai appris la mort d’un ami, je n’ai pas pu m’empêcher de pleurer. Mais là, j’ai décidé que je ne pleurerai plus. Je n’ai plus assez de larmes, elles me prennent trop d’énergie. C’est la guerre et je sais maintenant que ma volonté et mes forces ne doivent avoir qu’un seul but, celui de vaincre l’ennemi ». (p. 96)


Il est intéressant de remarquer la candeur de ces jeunes soldats, qui ont quittés leurs familles pour le front, et pour qui l’amitié nouée avec leur semblables dans cet environnement meurtrier représente tout ce à quoi ils peuvent se raccrocher.

C’est le seul sentiment fort qui transparait dans le récit, et qui est partagé par l’auteur.

La parole des soldats

Le récit de Tâm est parsemé de témoignages de soldats.

Revenir sur la parole de ces combattants nous amène percevoir comment un soldat Viêt-Minh à pu vivre la bataille de Diên Biên Phu, tout en acceptant qu’une partie des récits ait été occultée.

Les paroles non-retranscrites ne doivent cependant pas diminuer l’importance de celles qui ont été rapportées, car elles représentent aussi un vécu de la guerre.

Souffrances et fatigue

Pham Thanh Tâm va transgresser une règle du Viêt-Minh dans l’écriture de son carnet, en acceptant d’écrire sur les conditions de vie des soldats et leur fatigue extrême durant la guerre.

L’auteur relate les actions des différents corps de l’armée.

Il y a les artilleurs, avec qui il passe la majorité de la bataille.

Ces derniers tractent sur des dizaines de kilomètres des canons de 500 kilos à 2 tonnes, à la force de leurs bras.

Ils les acheminent en haut des montagnes, où il creusent des abris sous terre afin de les camoufler.

Ils habitent dans les abris et doivent se tenir prêts à ouvrir le feu n’importe quand.

Les récits de soldats font plusieurs fois mention de la fatigue qu’ils éprouvent à devoir sans cesse reconstruire les abris au beau milieu de la nuit, voir pour certains, dormir dehors, sans chaussures ou veste pour les protéger.

Ces conditions de vie sont pour les soldats la chose la plus difficile à vivre, certains d’entre eux étant déployés trop loin des lignes d’approvisionnement doivent rationner la nourriture pendant plusieurs jours afin de survivre.

La souffrance des artilleurs se ressent également lors des marches forcées de nuit, afin d’acheminer les canons sans être repéré par l’aviation française.

La fatigue est omniprésente, certains soldats ne pouvant dormir que quelques heures par nuit avant de devoir se remettre en chemin avec les canons.

Les unités d’infanteries avec lesquelles Tâm dialogue au long du récit sont, quant à elles, déployées dans les tranchées, où elles dorment et creusent afin de s’approcher des positions fortifiées françaises et les faire sauter grâce à des explosifs.

Les unités logistiques enfin, chargées de l’approvisionnement, et qui sont présentes au début du récit, font l’aller et retour sur des centaines de kilomètres pour acheminer des vivres, notamment par vélo (des vélos Peugeot modifiés pour pouvoir supporter une charge de 200 kilos).

Afin d’éviter les bombardements, ces hommes et femmes, pour la plupart civils, et donc non armés, doivent passer par les pistes de la jungle, et vivent dans des conditions difficiles d’épuisement extrême.

Les exploits du quotidien

Comme l’indique Stéphane Aundoin-Rouzeau dans sa préface, l’héroïsme a constitué un élément déterminant pour les combattants des deux camps à Diên Biên Phu, précisant qu’ils se conforment à un ethos du combat similaire, où le sacrifice et la mort doivent être acceptés pleinement.

On retrouve cette dimension héroïque dans le récit des soldats Viêt-Minh, pour lesquels les actes accomplis chaque jour permettent de donner un sens aux combats meurtriers qui font rage.

La précision avec laquelle les soldats relatent leurs actes permettent également de retranscrire le caractère vital de chaque mission :

Redescendre des mortiers d’une colline et les positionner dans l’angle de tir exact, prendre d’assaut un point fortifié pour détruire une réserve de munitions, ravitailler une division, creuser deux kilomètres de tranchée…

Chaque mission pouvant être la dernière, les soldats des deux camps vivent dans un mélange de peur, d’anxiété, de fatigue, et d’euphorie à chaque fois qu’ils accomplissent un objectif.

L’auteur qui vit au milieu de ces jeunes soldats souhaite rendre hommage à leur sacrifice.

Dans la première partie du récit, alors qu’il doit rejoindre le front, Tâm voyage avec une division d’artillerie qui achemine les canons jusqu’à Diên Biên Phu.

Il relate :

« La compagnie 804 a parcouru 20 kilomètres de pentes escarpées en sept jours, chaque batterie tirant son canon à bout de bras, et pour cet exploit les hommes ont reçu une médaille militaire de troisième classe ». (p. 69)

Cet héroïsme du quotidien permet à l’auteur non seulement de remonter le moral des troupes, quand ces dernières partagent les nouvelles du front, mais aussi de se convaincre lui même de la victoire imminente et inévitable de son camp.

La parole effacée

Certaines paroles ne sont cependant pas retranscrites par Pham Thanh Tâm et ce pour plusieurs raisons possibles.

Ces récits sont ceux des blessés qui ne veulent pas retourner au front, ou ceux de gradés qui, ayant vu leur division se faire anéantir critiquent la chaine de commandement militaire et souhaitent déposer les armes.

Tâm raconte également l’histoire d’un soldat qui, après avoir assisté avec d’autres à un spectacle de danse par de jeunes filles, ne désirait plus se battre.

L’auteur pense que son origine « bourgeoise » en est la cause, il ne serait pas assez endurci pour poursuivre le combat.

On peut avancer plusieurs hypothèses expliquant pourquoi ces paroles ne sont pas répertoriées :


Tâm, en tant que militant ne souhaitait sûrement pas reprendre les paroles de personnes susceptibles d’être jugées en tant que traîtres ou déserteurs.

De plus, dans son optique de soutenir ses camarades il aurait été peu utile de retranscrire de tels récits.

Ces récits existent cependant, et ils apparaissent de manière succincte dans le texte.

Leur présence nous permet de comprendre que malgré la propagande et l’embrigadement des soldats Viêt-Minh, certains remettent en question la guerre et ses atrocités.

* * *

Ce texte est important car il retranscrit la vision d’un jeune combattant Viêt-Minh et de ses camarades soldats.

Ces récits proviennent de militaires peu ou pas gradés, souvent de jeunes combattants présentés comme enthousiastes à l’idée de livrer bataille.

Au cours du récit cependant, on comprend que la réalité de la guerre pèse sur le point de vue de l’auteur, le nombre de ses camarades tués, et les conditions de vie difficiles au quotidien.

Lorsque les troupes françaises se rendent, le 7 mai 1954, l’auteur écrit :


« Jamais je n’oublierai les rayons du soleil couchant du 7 mai à Diên Biên Phu. […] Je sens que je vais bien dormir, content à l’idée que je suis encore en vie – et peut être aussi parce que je suis si fatigué. » (p. 152)

Dans ce livre, outre la dimension militante et l’écriture dont la forme se rapproche de la propagande communiste, transparaît l’émotion réelle de jeunes soldats Viêt-Minh à Diên Biên Phu.

Leurs difficultés, leurs peurs et leurs souffrances ainsi que l’héroïsme notamment des artilleurs qui ont permis la victoire des forces Viêt-Minh, nous donne à voir une autre vision de cette bataille.

On aurait cependant tort d’essayer d’effacer la vision militante de l’auteur :

Elle nous rappelle en effet qu’au delà de la propagande, l’engagement et les émotions de ces jeunes combattants sont réels, ainsi que la croyance en un avenir meilleur.

Timothée Garrigos-Pobel, promotion ASIOC 2014-2015.

Réf. : Pham Thanh Tâm, Carnet de guerre d’un jeune Viêt-Minh à Diên Biên Phu : 21 février-28 août 1954, Paris, Armand Colin, coll. “Le fait guerrier”, 2011, 190 p.

Source : https://indomemoires.hypotheses.org

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« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

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MessageSujet: Re: Carnet de guerre d’un jeune Viêt-Minh à Diên Biên Phu .   Carnet de guerre d’un jeune Viêt-Minh à Diên Biên Phu . Icon_minitimeDim Nov 10 2019, 21:58

Jamais de la vie je n'irai acheter un livre d'un ennemi de la France quand on sait nos pertes en hommes à Dien Bien Phu
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MessageSujet: Re: Carnet de guerre d’un jeune Viêt-Minh à Diên Biên Phu .   Carnet de guerre d’un jeune Viêt-Minh à Diên Biên Phu . Icon_minitimeLun Nov 11 2019, 18:27

C'est ton point de vue , ma Nikita et je le respecte .

Mais , il faut tout de même connaitre ce qu'il c'est passé en face et en faire une analyse .

J'ai beaucoup de bouquins sur 39/45 , la Corée , l'Indo du coté ennemi .

Chacun faisait son boulot , sans plus .

Par contre "RIEN" écrit par les bougnoules : ils ne sont pas impartiaux , ni fiables .


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