Doyen des démineurs militaires, le major Philippe Despret a sillonné le monde pour dépolluer les zones de conflits.
Bientôt à la retraite, il compte cependant poursuivre sa mission de formation auprès des jeunes.
L’homme est grand et sec.
Son sourire, lui, est large et avenant.
Le major Philippe Despret, 57 ans, a passé ces trente-six dernières années dans le déminage.
Engagé dans l’armée de l’Air en 1972, à 17 ans et demi, il raconte avec bonheur : « je rêvais d’aventure et de grands horizons ! » Quatre ans plus tard, il faisait partie de la première promotion de stagiaires démineurs des armées.
Cela fait de lui, aujourd’hui, le doyen des militaires démineurs, toutes armées confondues. « Son engagement à promouvoir les unités et les démineurs de l’armée de l’Air, mais aussi des autres armées, est permanent.
Il est l’un des sous-officiers les plus décorés et récompensés de l’armée de l’Air », déclare avec fierté son adjoint, l’adjudant Guy.
Passionné malgré les risques
La carrière embrassée par le major Despret est dangereuse, comme le montre ce 22 avril 1995 à Sarajevo.
« Mon équipe, à qui je donnais les dernières consignes, était en train de neutraliser un obus de 90 quand celui-ci a explosé.
Certains de mes camarades sont morts sur le coup, moi j’ai eu de la chance, confesse le sous-officier.
Malgré l’intensité du choc, je ne me suis pas évanoui et d’après ce que l’on m’a raconté, j’étais d’abord préoccupé par l’état d’un de mes camarades, papa depuis la veille, qui heureusement était sain et sauf.
Puis je me suis rendu compte qu’il me manquait un morceau de la jambe droite… » Polycriblé et amputé de la jambe, Phiphi, comme l’appelle son entourage, a passé douze mois de convalescence aux Invalides.
« Certes, je boite, mais j’ai été si bien entouré que je ne considère pas cet accident comme un mauvais souvenir.
J’ai même quitté l’Institut en pleurant ! Mon seul regret est de ne plus pouvoir partir en opérations extérieures… » En effet, pendant plus de dix ans, de la Mauritanie au Tchad, en passant par l’ex-Yougoslavie, le major Despret a sillonné le monde pour déminer les zones de conflits.
Spécialiste Nedex (neutralisation, enlèvement et destruction d’engins explosifs) depuis 1976, le démineur commande le Grin (Groupe d’intervention Nedex) de Salon-de-Provence depuis 1997 malgré une invalidité de 100 %.
« C’est l’une de mes plus grandes fiertés ! Je suis rentré dans l’armée persuadé de terminer à 47 ans et dans le meilleur des cas, chef de service.
C’est donc au-delà de mes espérances ! J’ai vécu une véritable passion pour mon métier.
Mon parcours est jalonné d’une multitude de bons souvenirs ! J’ai fait des rencontres extraordinaires et vécu des amitiés peu communes… »
Après quatre décennies de service, la retraite arrive pour ce sous-officier qui a parfois roulé sa bosse sur l’avant-scène de l’actualité…
Cet homme actif aborde cette transition avec un pincement au cœur. « Mon avenir sera toujours lié à l’armée de l’Air et au déminage.
Je compte bien continuer à m’investir auprès des jeunes démineurs.
Évidemment, je poursuivrai mon engagement associatif au profit des blessés et des invalides de guerre, confie-t-il.
Et le plus important pour moi sera de voir grandir mes quatre petits-enfants ! »